Chapitre 65

- Oui c'est une bonne offre, mais on devrait peut-être attendre de voir si on en aura une meilleure non ?

Penché sur le bureau d'Isabelle, j'observe attentivement les différentes offres des entreprises de production. Différentes entreprises proposent de nous vendre leurs matières premières.

- Comme tu veux, on attend un mois ? Demande-t-elle en me regardant.

- D'accord.

Je m'éloigne du siège d'Isabelle pour marcher dans son bureau.
Cette dernière range les papiers.

- Alors, comment ça va ? Demandais-je.

- Ça va merci, sourit-elle.

Cela fait presque deux mois que Samar est au Japon.
Cet appel chaque jour à six heures du matin est devenu un vrai rituel quotidien. Je ne pourrais pas m'en passer.

Nous terminons le travail et sortons du bureau pour notre pause.

- Je t'offre un café, on y va ? Demandais-je en souriant.

- Avec plaisir.

Nous arrivons près d'un café et choisissons une table à l'extérieure.
Je joue du bout des doigts avec la vapeur qui s'échappe de mon café, le regard passif.
Isabelle ajuste ses gants noirs et ajuste le col de son manteau. Finalement, s'asseoir dehors en plein décembre alors que la température atteind à peine une valeur positive est une mauvaise idée.
Les décorations de Noël donnent une ambiance assez chaleureuse malgré que la rue est assez déserte, les gens marchent rapidement, presque en courant, fuyant le temps glacial et sec de l'hiver, alors que nous sommes assis comme des imbéciles dehors, le vent nous frappant violamment.

Finalement, Isabelle me regarde et nous rions ensemble tout d'un coup.

- On est vraiment cons ! Rit-elle.

- Vient on s'asseoit dedans, décidais-je en prenant nos deux cafés et changeons de table pour une autre à l'intérieur située à quelques pas d'une cheminée de bois.

Alors que je jouais il y a quelques secondes avec la vapeur de mon café brûlant, celui-ci est maintenant assez tiède. Si je ne le bois pas maintenant, il va bientôt être imbuvable.

- Ça va avec Justin ? Demandais-je en approchant mon verre de café de mes lèvres.

Ses mains sont fortement accrochées à son verre de café, probablement pour se chauffer.
Elle relève la tête et semble réfléchir.

- Ça fait des mois que je ne l'ai pas vu, il m'a complètement oublié.

- C'est une bonne nouvelle n'est-ce-pas ? Demandais-je en souriant.

- Bien sûr, s'empresse-t-elle. Je ne pouvais plus supporter ses "surprises" qu'il me faisait, dit-elle en mimant les guillemets avec ses mains.

Je lui souris et dépose le verre de café vide sur la table.
Je lance un soupir presque inaudible et reserre ma veste en cuir.

- Et toi, tu as quelqu'un dans ta vie ? Demande-t-elle innocemment.

Je la regarde et relève un sourcil.

- Non, pas vraiment, lançais-je en me frottant la nuque.

Elle me regarde en souriant en coin. Ses cheveux blonds courts sont coincés sous son manteau, et seule une mèche rebelle sors de cette prison pour venir se pendre gracieusement sur son visage.

- Pour combien de temps tu vas essayer de cacher ?! Rit-elle comme si elle savait quelque chose depuis des années.

- Quoi ? Demandais-je en essayant de paraître innocent.

Mais une bouche oblique et un sourire de psychopathe n'est pas vraiment proche de l'allure "innocente".

Elle ne répond toujours pas, gardant son sourire en coin. Finalement elle penche la tête légèrement et me détaille.

- Tu vises haut dis-donc, sourit-elle. Samar Wilkerson, c'est pas rien.

Je fronce les sourcils et la regarde stupéfait alors qu'elle repose sa tête sur sa main, en riant vivement. Si l'endroit n'était pas assez rempli de bruit, tout le monde se serait retourné pour voir ce qui fesait autant rire cette jeune femme.

- Comment t'as su ? Demandais-je en esquissant un micro-sourire.

- Je vous ai vu en train de vous embrasser dans le parking sous terrain de l'entreprise.

J'ouvre grand les yeux et passe la main dans mes cheveux nerveusement.

- Ne t'inquiète pas vous étiez assez discret, se moque-t-elle.

Je la regarde puis finis par céder et souris. Je sors mon portefeuille.

- N'y pense même pas, lançais-je sans la regarder, sachant pertinemment qu'elle va essayer de sortir le sien.
On rentre, notre pause est presque terminée, lançais-je.

- Tu as intérêt à tout me raconter Sagara, menace-t-elle en me pointant du doigt. N'oublie pas qu'on doit se réunir encore pour voir les offres restantes, et je ne travaillerais pas avant que tu ne me raconte tout.

Elle se lève et s'accroche fortement à son manteau, pour enfin baisser la tête et ouvrir la porte du café pour faire entrer une tempête de vent froid, ses cheveux virevoltant follement.

***

- Ça fait presque trois mois et quelques jours qu'on sort ensemble, racontais-je. En fait ça fait deux mois qu'elle est en voyage donc techniquement nous ne sommes ensemble que depuis un mois et quelques jours, rectifiais-je.

Un mois et je ne peux déjà plus me passer de sa présence. Je pense que ça a toujours été le cas, avant même que je ne commence à ressentir des sentiments envers elle. Sa présence me calmait toujours, même si je ne le savais pas encore.
Non mais, ressaisit-toi John ! On dirait une tapette qui ne fait que rêvasser. J'ai du travail à faire, et une vengeance à accomplir, que Samar soit là ou non !

Isabelle et moi rangeons enfin les papiers, elle enfile son manteau et moi ma veste, pour quitter le doux bureau chauffé pour aller se jeter dans une rue froide et glacée.
Dire que sans ce satané voyage de merde j'aurais pu passer Noël et le nouvel an avec Samar... bon peut-être qu'elle passera le nouvel an avec son putain de père, mais je pourrais la voir et la serrer dans mes bras pour la réchauffer, et enfin lui souhaiter une bonne année.

***

Une fois chez moi, allumer de chauffage d'appoint me semble être la première chose à faire pour survivre.
Je prend une bonne couverture chaude et enfile un jogging noir ainsi qu'un sweatshirt de la même couleur, m'encercle de la couverture et me colle au chauffage pour essayer de me chauffer le plus possible.
Bordel de merde, c'est quoi ce froid ?! On se croirait au pôle nord.

Le temps passe incroyablement vite, et je commence progressivement à m'auto-convaincre que la chambre à coucher n'est pas si froide que ça, et qu'aller me coucher n'est pas une si mauvaise idée que ça. Bon, le sifflement de la fenêtre qui n'a toujours pas été réparée et qui laisse toujours entrer du froid ne m'aide pas beaucoup.
Alors que je me levais, la sonnerie de mon téléphone rettentit. Qui peut bien me téléphoner à dix heures du soir ? C'est lorsque le numéro japonais s'affiche que je répond.

- C'est à mon tour de me lever tôt pour pouvoir te parler, murmure-t-elle.

Entendre sa voix me fait sourire, c'est mieux que rien finalement.

- Tu n'étais pas obligée de te lever à six heure du matin, pour moi me lever chaque jour au son de ta voix est un délice, lançais-je en m'asseyant.

Elle marque une pause assez longue avant de répondre.

- C'est le même cas pour moi alors, répond-elle. J'ai le droit de me lever et d'entendre ta voix le matin moi aussi non ? Rit-elle.

Je lui rend son rire et marque une pause.

- Ça fait deux mois bordel j'en peux plus, souriais-je nerveusement.

Pourquoi j'ai dis ca ?! Je suis vraiment un con. On dirait un gamin.

J'entends son souffle, puis son petit rire cristallin.

- Tu en as encore dix à attendre, répond-elle.

- Ces dix mois seront un enfer croit moi.

Elle ne répond rien.

- Pour moi aussi, lance-t-elle.

Je ne répond pas non plus et me contente de sourire tout seul, elle finit par briser le silence.

- Il neige chez vous ? Demande-t-elle.

- Pas encore mais vu la température ça va pas tarder, et chez toi ?

- Cinq degrés C° et pas une goutte de pluie. Il n'y a que cinq heures de soleil c'est vraiment fou, raconte-t-elle.

- Tu vas passer le nouvel an à travailler ?

- Je n'ai pas le choix, sort-elle en inspirant longtemps. On est déjà assez en retard dans le programme, on a même pas encore choisi l'étudiant qui viendra travailler chez nous alors on a même pas filmer la publicité.

- Si tu me dis que tu passeras plus qu'une année là-bas je perd mon calme, plaisantais-je.

- Je ne pense pas non, rit-elle.

Nous discutons encore un bon moment, et elle finit par presque me raccrocher au nez car elle a encore du travail.
Cette femme est incroyable. À chaque fois que je lui parle, je me souviens que tout ça ne va sûrement pas durer, et je suis de plus en plus proche de la fin, bien que je m'accroche à elle encore plus chaque jour et mes sentiments envers elle s'intensifient chaque seconde...
"Mes sentiments" ? Je pense que cest beaucoup plus que de simple sentiments, il est temps que j'avoue que j'aime Samar. Oui, je l'aime plus que tout au monde même.
Et si cet amour est une erreur, alors je préfère qu'on me laisse sombrer dans l'erreur.

Je m'endors avec cette seule idée en tête: si je lui raconte tout, elle me détestera, si je ne lui raconte rien, elle le saura tôt ou tard et me détestera encore plus de lui avoir tout caché.

____________________________________

Z'avez vu ? J'aime bien vous publier des chapitres plus tôt que prévu pour vous faire plaisir :)
J'espère que ça vous a plu ;).

En multimédia: The Wonderful Isabelle ( interprétée par Taylor Swift ♡ ).

Allez, peace !

~M.F~
____________________________________

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top