Chapitre 61

Wilkerson me fait face, les mains dans ses poches.
Nous nous toisons longtemps, chacun d'un côté de la pièce.
Moi, derrière les barreaux, et lui, devant à me regarder.

- Ouvrez, ordonne-t-il.

L'homme qui jouait aux cartes avance et ouvre les barreaux qui grincent en s'ouvrant difficilement.
Wilkerson, suivi de quatre des hommes, entrent et referment derrière eux.
Le vieil homme chuchote à l'oreille d'un des hommes qui sort de la pièce rapidement.

- Alors Jonathan ? Commence-t-il en enlevant ses mains de ses poches. On m'a dit que tu sais tout et que tu as eu l'audace d'aller tout raconter à la police.

Je souris.

- Exact.

Son sourire narquois s'efface en un millième de seconde.

- N'essaye surtout pas de me défier, dit-il en haussant légèrement la voix.

- Je te défis ? Mais non, mais non ! Je ne fais que répondre à tes questions, répondis-je.

Il est hors de question que je m'affaiblisse. Si j'ai retenu une chose de mon long séjour en prison, c'est qu'il ne faut jamais montrer ses faiblesses.

L'un des bras droit de Wilkerson rentre dans la pièce, et fait glisser une table à roulette devant lui pour enfin faire rentrer la table dans la "prison".
Qu'est ce que c'est ?
Je regarde la table puis retourne le regard vers Wilkerson. Il me regarde et avance jusqu'à la table, où il ouvre un long tiroir et commence à fouiller.

- Personne ne défie Wilkerson. Jamais personne ne m'a suspecté jusque-là, alors ne pense même pas que je vais te laisser gâcher mon business.

Il arrête enfin de fouiller et sort du tiroir un marteau noir.

- Je vais être gentil et ne pas me débarrasser de toi, siffle-t-il. Mais si tu ouvres encore une seule fois ta sale bouche alors on va parler autrement.
Peut-être que tu ne comprends pas comme ça, alors je vais te le dire autrement: Tu me laisses tranquille, je te laisse tranquille, dit-il.

Il commence à rire puis me regarde bizarrement.

- Tu ne vas pas t'en tirer aussi facilement, répliquais-je en le fusillant du regard.

- Ah oui ? Tu penses ? Sourit-il. Et ta famille ? Tu penses à ce qui va se passer si tu craches le tout à la police ?

Il sourit et joue avec son marteau.

- Oui, ajoute-t-il, je sais: te menacer à travers ta famille est un peu cliché mais en ce moment je suis assez occupé alors je n'ai rien trouvé de plus original.

Je souffle et passe ma main dans mes cheveux.
Si un regard pouvait tuer, ce vieux criminel serait déjà mort et enterré.

- Enfin ! Tu m'ouvres plus la bouche hein ? Se moque-t-il. Mais bon, tu ne vas pas t'en sortir comme ça, lance-t-il en reprenant son sérieux. Met ta main, ne défie-t-il en montrant la table.

Je pose ma main gauche brutalement sur la table, lui rendant son même regard défiant.
Qu'il fasse ce qu'il veut, je ne montrerais aucune faiblesse.
Wilkerson sourit fièrement.

- Celle-ci c'est pour avoir essayé de me piéger, murmure-t-il.

Il lève son marteau et frappe un grand coup en plein milieu de mon majeur.
Je me mords la joue jusqu'au sang en retenant mon cri alors que la douleur s'empare de mon doigt.
Je rouvre les yeux et retourne mon regard vers Wilkerson, qui attend toujours d'entendre un cri de douleur.

- Celle-là c'est pour m'avoir tenu tête et me défier.

Encore un gros coup de marteau sur mon index.
Le sang me monte au visage à une vitesse ahurissante. Je sens mes veines se gonfler à chaque battement de cœur, et la douleur augmente de plus en plus.

Wilkerson sourit en me voyant, et cogne le marteau violemment sur mon annulaire.
Je ferme les yeux rapidement et tente de contenir le cri qui risque de déchirer mes poumons.

Putain j'aurais jamais cru que ça fait aussi mal !

Wilkerson met ses mains dans les poches de son costume et quitte la salle accompagné de ses quatre gaillards.
Le dernier d'entre deux me bande les yeux et me sort rapidement.

On dirait qu'on monte dans une voiture, et le moteur qui tousse mille et une fois avant de fonctionner me montre qu'il s'agit bien de la mienne.
Quelques minutes plus tard, l'homme me détache les yeux et part sans dire un mot.

Une fois mes yeux habitués à la lumière, je sors de la voiture et regarde autour de moi.
Je suis sur une rue presque déserte, exactement là où on m'avait enlevé.
Je jette un coup d'œil à mes doigts gonflés et rouges de sang.
Je grimace à cette vue qui ne fait pas très plaisir, et continue mon chemin jusqu'à chez moi.

***

Ce criminel est arrivé au point de me menacer.
Prévenir la police était vraiment stupide, je dois me débrouiller seul, je n'ai aucune preuve alors ils ne me croiront surtout pas. Je ne dois penser qu'à ma vengeance, et cette histoire de trafic d'organe pourra sûrement m'apporter ma vengeance sur un plateau d'argent !

Mais ça ne sera pas si facile...
Cet homme a des contacts partout, s'il sait que je travaille derrière son dos, je serais mort. Moi ou un membre de ma famille... Et c'est ce qui m'effraie le plus.

***

Le soleil se lève enfin, encore une nuit où je n'ai pas dormi.
Je dois m'habituer, après ce qui s'est passé hier, je doute pouvoir encore dormir !

Sur la route de l'entreprise, ma voiture roule dangereusement vite.
Chaque voiture est mon ennemi, chaque véhicule qui freine un peu trop fort me fait pivoter sur place.
Je deviens vraiment paranoïaque !
Wilkerson a déjà tout dit, pourquoi m'enlèverait-il encore une fois ?
Et puis, que pourrait-il faire ? Il ne me tuera sûrement pas, et si je reste silencieux, il ne me demandera rien du tout.

Malheureusement, rester silencieux ne fait pas partie de mes plans.
Hors de question que je le laisse comme ça.
C'est à cause de lui que j'ai pourri sept années de ma vie en prison, et c'est à cause de lui que des milliers de personnes perdront leurs organes, alors que lui, il restera milliardaire adoré de tous, surtout de sa fille...
Sa pauvre fille qui l'aime plus que tout et qui ne connaît rien de tout ce qui se trame autour d'elle.

J'ouvre les portes de mon bureau et me laisse aller sur mon fauteuil.
Je ne devrais pas être là. Je suis en train de travailler pour un criminel, et je déteste ça !
Si seulement, c'était plus facile, j'aurais démissionné directe.
Mais je ne pourrais pas le faire, trop de choses m'en empêchent.

- Bonjour, dit Samar en avançant dans mon bureau, les yeux rivés sur une pile de dossiers qu'elle a à la main. J'ai besoin de ta signature sur ces fichiers.

Elle les pose sur mon bureau et me sourit. Je signe les papiers vite fait et les lui donne.

- Merci, sourit-elle.

- Comment ça va ? Demandais-je.

- C'est moi qui devrais te poser cette question, répond-elle. Tu vas bien ? Et ta mère ? Tu l'as visitée ?

J'arrange ma cravate et me redresse.

- Je... Je ne l'ai pas vue depuis hier, bégayais-je.

Elle ne répond pas et me regarde sans bouger.

- Qu'est-ce que tu as à la main ?

Un souffle sort de ma bouche alors que j'essaie de cacher ma plaie.

- John, lance-t-elle visiblement inquiétée.

- Ce n'est rien, un petit accident chez moi, soufflais-je.

Elle lâche ma main et croise les bras tristement.

- D'accord, murmure-t-elle. Il faut vraiment qu'on parle, lance-t-elle.

Il faut qu'on parle ? Ça ne sonne pas bon, pas bon du tout. Surtout que je ne suis pas tout à fait honnête avec elle, alors les "il faut qu'on parle" ne m'annoncent rien de bon.

***

Nous arrivons près d'un parc.
Samar gare sa voiture et nous descendons.

- Attends, lance-t-elle.

Elle contourne la voiture et ouvre la porte du siège arrière, puis revient vers moi, une boîte de premiers secours à la main.

- Pitié Samar, me plaignais-je.

- Ne commence pas, j'ai bien vu l'état de ton bandage alors avant quoi que ce soit on doit arranger ce truc.

Je grimace un instant puis cède au regard insistant de ma jeune directrice, et hoche la tête.

- Et après ça, dit-elle. On doit absolument parler.

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À votre avis, ce "il faut qu'on parle" annonce quoi ? XD
Moi je pense que ça sent pas bon !

J'espère que mon histoire vous plaît toujours, si vous avez des critiques, des avis, des questions, des conseils ou des commentaires en général n'hésitez pas à me le dire ;).

En multimédia: Jonathan.

Allez, peace !

~M.F~
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