Chapitre 58
°•○Suite du point de vue extérieur○•°
- Eh bien...
L'officier regarde le mur derrière lui, pour enfin sourire au vieil homme aux traits si accueillants devant lui.
- Celui qui a porté plainte s'appelle Jonathan Sagara.
Les traits "si accueillants" du milliardaire se relâchent d'un coup, donnant à l'homme une expression vide, sans sentiment.
Cette expression vide porte en elle une grande stupeur et une colère infinie.
Mr. Wilkerson sort de sa transe et offre un sourire exagéré à l'officier qui sourit bêtement, alors qu'il vient de compromettre son travail pour satisfaire un homme qu'il croyait gentil et aimable. Ce qui est tout le contraire.
°•○Retour au point de vue de Jonathan○•°
- Il n'est sûrement coupable de rien du tout. Mon père n'est pas comme les hommes des prisons, il est gentil, fidèle, généreux. Non, non, c'est sûrement impossible.
Sa tête repose toujours sur mon épaule.
Je la laisse parler, se vider. Bien que chaque mot qu'elle sort me touche personnellement. Elle en a besoin. C'est un choc et elle doit tout sortir. C'est comme un rhume, si elle ne vide pas tout elle ne se sentira pas mieux... finalement cette métaphore n'est pas super bien placée vu la situation.
Elle se redresse légèrement, effaçant une larme rebelle qui est malencontreusement descendue de ses yeux mi-clos.
Elle reprend son souffle, pour allumer l'écran de son portable.
Je lui caresse la joue du bout des doigts et prend son menton en main pour lui retourner le visage, et lui faire face.
Ses yeux s'illuminent légèrement en me regardant.
- L'image que tu as de moi a dû se vérifier, lance-t-elle en riant nerveusement.
- Quelle image ?
Je la regarde sérieusement. Elle se mord la joue et penche la tête légèrement.
- L'image de la fille gâtée par son père et qui pleure à chaque occasion, dit-elle en passant sa main dans sa tignasse noire.
Mes lèvres rencontrent les siennes dans un baiser rapide et passionné.
- La seule larme que j'ai vu est celle que tu as maltraitée avant même qu'elle n'atteigne ta joue, murmurais-je en retraçant le trajet effectué par la larme rebelle et effleurant au passage sa joue rosie par l'émotion.
C'est pas facile, ton père que tu considère comme ton modèle, ton mentor, est maintenant arrêté comme un chien et menotté comme le pire des criminels.
Les mots sortent seuls, je parle de mon ennemi comme s'il était l'homme le plus saint de la Terre.
On dirait que mon désir d'effacer toute trace de souffrance des yeux de Samar me donne l'inspiration.
Peut être que j'essaye de la préserver parce que je sais que ce qui l'attend est dur.
Bref, je ne suis pas psychologue, je veux juste l'aider.
- Tu as le droit de te sentir impuissante, inutile, et je te comprends bien. Même mon père, s'il était arrêté comme ça j'aurais ressenti la même peine que toi, dis-je en lui caressant les cheveux. Mmh tu sais quoi ?Finalement non je retire ce que je dis mon père est nul, lançais-je en grimaçant.
Elle glousse légèrement.
- Oui voilà, souriais-je en prenant son visage entre mes mains. Tu montre le meilleur de toi même devant tes employés, tu montre la Samar forte et professionnelle. Mais tu ne peux pas tout garder en toi, je suis fier d'être la personne chez laquelle tu te confie, affirmais-je un sourire béa aux lèvres. Mais je t'avoue que je préfère te voir sourire.
Son sourire s'agrandit encore plus.
- Oui, c'est ça que je veux voir, souriais-je en montrant les lèvres de Samar des doigts.
Elle s'approche et je la serre vivement dans mes bras.
- Tu es le meilleur Jonathan, chuchote-t-elle.
Elle enfouie lentement son visage dans mon cou. Je frisonne de ce contact et serre mon emprise encore plus, rapprochant son corps du mien.
- Allez je dois y aller, lance-t-elle.
Elle se lève et je la suis.
- L'entreprise ne va pas s'effondrer si tu fais une petite pause, si ?
Je lui offre mon meilleur sourire et l'attrape par la taille.
Je ne veux pas qu'elle parte.
Elle ne répond pas et met ses mains sur les miennes.
Le bruit de l'ouverture de l'ascenseur met Samar au garde-à-vous.
Elle reste silencieuse, et écoute.
- Monsieur Wilkerson ! Vous êtes de retour, lance une secrétaire.
Samar me regarde de ses yeux pétillants et sort de mon bureau précipitamment.
Quant à moi, en ce moment, je ne sais pas quoi penser.
Être heureux ? Samar est contente, n'est ce pas ce que je veux ?
Ou bien être déçu ?
Wilkerson entre calmement dans le hall, comme si ne rien n'était.
Samar le rejoins rapidement et prend de ses nouvelles, puis l'enlace rapidement.
Appuyé contre la porte, je la regarde faire.
Quand elle saura qui est réellement son père, fera-t-elle la même chose ?
Et quand elle saura qui je suis réellement, reposera-t-elle sa tête sur mon épaule ?
- Il faut que tu me dises ce qui s'est passé avec toi, lance Samar.
- Ne t'inquiète pas ma chérie, rien de très spécial, répond-t-il en ajustant sa cravate.
Il fait quelques pas dans le hall et m'aperçoit.
À peine pose-t-il ses yeux sur moi que je sens que son regard me brûle.
Il s'approche et je fais de même, nous nous retrouvons à mi-chemin en plein milieu du hall.
Quant à Samar, elle s'est éclipsée dans le fond du couloir, probablement à son bureau ou celui de son père, me laissant seul face au monstre.
- Alors Sagara, sourit-il. Comment ça va ?
- Ça va bien merci, bégayais-je.
- Bien.
Il pose sa main sur mon épaule, et me regarde gentiment.
- Quelqu'un essaye de m'accuser d'un crime que je n'ai pas commis, surprenant n'est ce pas ?
Il écarquille les yeux et sourit.
Puis il s'approche doucement de moi et finit par chuchoter:
- Si tu suspecte quelqu'un n'hésite pas à me le dire.
Je hoche la tête.
Il finit par lâcher brusquement mon épaule et retourne sagement à son bureau.
Il sait ?! Ou non ?
Oh bon sang !
Je retourne en trombe à mon bureau.
Je ne sais pas si un trafiquant d'organe est après moi ou s'il me considère encore comme un de ses meilleurs employés.
Y a-t-il une position encore plus délicate que celle-ci ?!
***
Le son démoniaque du téléphone me réveille de ma méditation.
Je ne suis toujours pas apte à travailler.
Je réfléchis, je pense, j'analyse...
Il sait, ou il ne sait pas ?
Dévoiler le nom de celui qui a porté plainte est totalement interdit, surtout auprès de celui auquel la plainte est destinée !
Je réponds à l'appel.
- Oui ?
- Jonathan, comment ça va mon chéri ?
Je souris.
- Ça va bien maman et toi ?
- Ça va très bien, mais tu me manque mon amour. Tu as déjà décalé deux de nos rendez-vous, est ce que ça va ?
Avec mon travail, les nouveautés de l'affaire Wilkerson, et Samar, je n'ai pas vraiment offert de temps à ma mère.
- Tu as raison, souriais-je. Et si tu venais chez moi après mon travail ? Ça te va ?
- Si tu as du travail ce n'est pas nécessaire...
- Je n'ai rien du tout maman, alors ? Tu ne veux pas me voir ? Plaisantais-je.
J'entends son rire.
- Bien sûr que si, alors c'est bon.
***
Le vent froid se fait de plus en plus ressentir.
L'automne est à son comble, et l'hiver approche. On ne peut même plus rester dehors sans une bonne veste, et les moyens de chauffage chez moi ne sont pas les meilleurs.
Devant mon immeuble, je resserre ma veste en cuir et laisse sortir une large buée blanche à chaque expiration.
Enfin, je remarque la petite silhouette de ma mère, qui marche rapidement, accrochée à son manteau beige bon marché.
J'approche mes doigts de ma bouche et sort un sifflement strident la fesant sursauter.
- Maman ! Ici ! Lançais-je en levant la main.
Ses yeux s'illuminent en me voyant. Elle s'approche et me frappe gentiment avec son sac.
- C'est comme ça qu'on appelle sa mère ? On dirait un voyou ! Plaisante-t-elle.
Je souris et la serre dans mes bras.
Vu ma silhouette assez longue, et celle courte de ma mère, sa tête atteind à peine mon épaule.
- Allez entre, il fait froid. Mais je te préviens ce n'est pas un palace.
Je la guide jusqu'au coeur de l'immeuble.
L'ascenseur est en panne, ben oui... je dois avouer que j'esperais qu'un miracle se produise et que ma mère n'ai pas à monter les étages à pied.
Mais finalement on dirait que l'ascenseur ne compte pas se réparer de si tôt.
- Tu n'as pas de chauffage interne ? Il fait un froid de canard, chuchote ma mère en voyant l'état de mon appartement.
- Non mais j'ai un chauffage d'appoint et je pourrais aussi te donner une...
- Non non mon chéri ce n'est pas pour moi, m'apprend-t-elle en me tenant les bras. Je n'ai pas froid, mais toi qu'est ce que tu vas faire quand l'hiver viendra dans toute sa splendeur ?
Je ne répond pas et me contente de hocher la tête nonchalamment.
Qu'est ce que je pourrais faire ? À part enfiler un bonnet, une couverture et mon bon vieux chauffage d'appoint je ne pourrais rien faire d'autre.
Une fois assis dans un divan, loin de la fenêtre trouée qui ne fait qu'empirer la situation, j'allume le chauffage d'appoint et m'installe près de ma mère.
- Alors, commence-t-elle en mettant sa main sur ma cuisse. Tout va bien pour toi ? Ton travail ? Tes amis ?
Depuis la dernière fois qu'on s'est vus il s'est passé bien des choses...
- Oui, ça peut aller, la rassurais-je en souriant.
Elle regarde le chauffage, puis retourne son regard vers moi en souriant malicieusement, montrant les quelques rides de vieillesse qui lui vont comme un gant.
- Tu m'as l'air parfaitement bien, sourit-elle. Cette lueur dans tes yeux, je ne l'ai jamais vu auparavant. Qui est cette jeune femme qui fait briller tes yeux comme ça ?
J'évite son regard et rit nerveusement.
- Et n'essaye même pas de nier, je te connais bien moi, ajoute-t-elle. Alors ?
Je la regarde et sourit.
- Tu as raison, sortais-je en passant ma main dans mes cheveux blonds.
- J'en étais sûre, chuchote-t-elle. Alors dis-moi, tu aimes cette fille ? Qui qu'elle soit, est-ce que tu l'aimes vraiment ?
Je réfléchis un instant puis la regarde.
- On ne va pas dire que je l'aime, c'est encore beaucoup trop tôt. Je viens de sortir de prison, peut être que c'est naturel que je sois attiré comme ça et...
Je me tais et passe mes doigts dans mes cheveux en réfléchissant.
- Comment elle est ? Décris la moi, demande-t-elle.
- Elle est... splendide, magnifique, commençais-je nerveux. Sa marche, sa voix, ses paroles, tout en elle est professionnel et sérieux. Mais quand elle est avec moi c'est différent, elle est plus spontanée, plus fluide. Elle est gentille, sympathique, forte, charismatique talentueuse...
Les mots dévalaient en cascade. Je disais tout ce qui me trottait à la tête, et putain il y a tellement de mots que je n'ai pas dit !
Après avoir tout dit, ma mère commence à rire silencieusement, puis rit longtemps en me regardant.
- Je n'arrive pas à croire que c'est mon Jonathan qui dit ça. Mais tu te rends compte ?
Toi, le petit garcon de 10 ans qui refusait de me montrer les plaies qu'il s'était fait en jouant dehors, le garçon fier de lui, qui n'accepte l'aide de personne, qui ne dévoile jamais ses sentiments et ses points faibles... tu es en train de me raconter qu'il y a une belle jeune femme qui te plaît.
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Hey !! Mais finalement cet officier a tout dit !!
Alala Jonathan va avoir des ennuis!
Mais bon je ne voulais pas clôturer ce chapitre en suspens ( vous avez déjà eu votre dose de suspens au dernier chapitre xD ), alors j'ai laissé parler mon petit côté sentimental :).
Vous avez vu ?! J'ai presque atteint les 15K de vues ! C'est pas croyable waow !!!
En multimédia: Monsieur Wilkerson
Allez, peace !
~M.F~ la folle trouveuse de scénarios catastrophe ( ça c'est pour toi pimouse !! )
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