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Réveillé par du bruit dans la pièce, je me redresse en sursaut.
La tête dépassant du dossier du canapé, j'observe le lit à présent vide de mon maître, et me lève, affolé.
La tête me tourne un moment, et à l'instant où j'allais me mettre à sa recherche, il passe la porte menant aux toilettes.
_ Finalement, j'ai su la tenir tout seul, soupire-t-il, de sa voix rauque et encore plus grave du matin.
Le souffle court et le bassin fourmillant, je le regarde s'affaler dans le sofa face à moi, tout en m'observant intensément.
_ Va chercher deux servantes, et pas les mêmes qu'hier, ordonne-t-il, en fermant les yeux.
_ Je reviens vite, réponds-je, en quittant les lieux.
L'esprit vide de toutes pensées, je ne cherche qu'à le satisfaire.
Toquant timidement à la porte de Boyoung, je suis heureux quand celle-ci ouvre.
Souriant, je lui demande l'endroit où se trouvent les personnes que je cherche, et la suis pour plus de facilité.
Reconnaissant, je presse le pas derrière elle, et m'arrête une fois arrivé à destination.
Une grande loge s'offre à nous, avec une dizaine de lits.
Plusieurs femmes manquent à l'appel, mais heureusement pour moi, il en reste bien plus que deux.
_ C'est à qui le tour pour le Prince ? demande sans gêne mon amie.
Elles se regardent toutes, l'expression amorphe, et d'un commun accord, une métisse aux yeux verts magnifique, et une brune adorable aux impressionnants tatouages jurant avec son côté sage, s'avancent vers moi.
Young les laisse passer, et celles-ci précèdent la marche.
_ Ça va, avec lui ? pose alors mon amie, avançant à mes côtés.
_ Oui, soufflé-je. Il ne me demande rien de spécial, et ne semble pas vouloir me faire de mal. Pour le moment, disons que je suis une distraction intéressante, dis-je, l'air blasé.
_ Je vois, répond-elle, songeuse. Eh bien, on va dire que c'est plutôt pas mal comme situation. Je suis soulagée.
_ Oui, marmonné-je, malgré tout, je le suis un peu aussi.
_ Tout ira bien, tu as la chance de ton côté pour l'instant, souffle-t-elle, d'un sourire désolé. Prends soin de toi, je dois y aller. À bientôt Wonho, conclut-elle, en faisant demi-tour.
_ Merci beaucoup, toi aussi prends soin de toi, à bientôt, dis-je, d'un petit signe de main, en la regardant s'éloigner.
Je n'ai besoin de rien faire lorsque nous arrivons dans la suite du Prince.
Avant même que je ne puisse refermer la porte derrière moi, les deux femmes m'accompagnant se déshabillent et s'approche de lui.
Les yeux ouverts, il ne sourcille même pas lorsque l'une d'elle lui enlève son haut, placée à quatre pattes à ses côtés, alors que l'autre lui enlève son jogging, agenouillée face à son sexe endormis.
La bouche de la métisse déjà occupée autour de celui-ci, la tatouée n'hésite pas à mordiller ses tétons.
Son regard plonge dans le mien, et d'un geste du doigt, il m'ordonne de m'asseoir sur le canapé d'en face.
Déglutissant toutes les cinq secondes, je ne quitte pas ses yeux, peur de me le faire encore reprocher.
Sa main se pose sur la tête brune entre ses jambes, et alors qu'il passe sa langue longue et pointue sur sa lèvre inférieure, la mordillant ensuite violemment, mon état se dégrade de plus en plus.
Ce sourire en coin me torture le bas-ventre.
Nos regards ne se lâchent plus, et cette situation me déstabilise réellement.
Il semble ne retirer aucun plaisir de ces actes, mais par ennuis, ils les réitèrent, encore et encore.
C'est triste.
Pourquoi ne trouve-t-il pas une autre occupation ?
Il devrait bien trouver ça.
Et puis, pourquoi me fixe-t-il ?
Son sourire hautain et satisfait me hérisse les poils.
Qu'attend-il de moi dans ces moments-là ?
Je lui demanderai dans la salle d'eau.
J'imagine qu'aujourd'hui encore je serai en charge de laver les restes de sperme sur son corps fin et joliment proportionné.
Le bruit de succion que la bouche de la personne autour de son sexe produit va me rendre dingue, et pour ne pas perdre le contrôle, j'en viens à repenser à tout ce que j'aimerais oublier.
Même si ça me fait mal, au moins ça m'aide, alors par obligation plus que par envie, je continue de me torturer.
Les minutes se font très longues, mon ventre commence malgré moi à se faire frémissant, et enfin, comme une délivrance partagée, il semble éjaculer.
On dirait bien que celle-ci est du genre à avaler.
Mon Dieu, je deviens vulgaire.
Je ne me serais jamais permis de telles pensées en temps normal.
Mais les temps ne le sont plus, Wonho.
Plus rien ne tourne normalement.
Tu n'es plus le même.
Ce traumatisme t'a changé.
À peine terminé, les deux jeunes femmes se rhabillent et s'en vont.
Par automatisme, je me lève, et le regarde toujours m'observer.
Il ne m'a pas lâché une seule fois du regard.
Il quitte le canapé à son tour, et la situation de la veille se reproduit.
Machinalement, je fais les choses vite et bien, ayant appris de mes petites erreurs de la veille.
La main gantée frottant son dos, je tente le tout pour le tout, rongé par la curiosité.
Qu'ai-je à perdre de toute façon ?
_ Pourquoi me fixez-vous ainsi lorsqu'elles sont occupées sur vous, Prince ? tenté-je, mielleux.
Il ricane.
_ Tu te permets déjà beaucoup trop de choses, ange déchu, gronde-t-il, alors que je frottais à présent ses pectoraux, le regard fixe dessus.
_ Pardonnez-moi, Prince.
Alors que j'allais nettoyer le gant pour ensuite le reposer sur le rebord, sa poigne brûlante maintient ma mâchoire, tout en poussant celle-ci vers le haut pour que mes yeux tombent dans les siens.
_ J'aime voir l'innocence s'échapper seconde après seconde de ton corps souillé. J'aime voir tes forces t'abandonner et la luxure te bouffer les pores, sourit-il, narquois. Chaque être vivant fini perverti. Nous naissons comme ça. Nous sommes sales par nature, et j'aime par-dessus tout te voir le comprendre petit à petit.
Par pitié, tu parles trop, arrêtes.
Tes paroles me rendent sale.
Je ne veux pas, stoppe ça, je t'en supplie.
_ Tu n'as encore rien vu petit lapin. Prépare-toi à ne voir que le plus mauvais en chaque personne. Sèche-moi, et ensuite nous irons à la séance du jour. Celle d'une longue lignée, crache-t-il, debout, au-dessus des escaliers. Ce sera ainsi que les choses se passeront, et ce, pour l'éternité. J'espère que tu vas te plaire à mes côtés, parce que je ne suis pas prêt de laisser ton âme se reposer, souffle-t-il, sadique.
Les mains tremblantes, et les larmes au bord des yeux, je le sèche, légèrement chancelant, et sans un mot, encore bien trop sonné par cette tirade détruisant un peu plus ma personne, je le suis, jusqu'à me retrouver dans cette gigantesque salle, dans la même position que la veille.
Les yeux fixent sur le lustre en fer, je tente de me faire le plus sourd possible.
Pour échapper à tout ce cinéma, pour ne plus rien voir ni entendre de ce qu'il se passe dans cette affreuse salle des jugements, je me perds dans mes pensées.
Les paroles de mon maître passent en boucle dans mon esprit.
Je pensais ne plus être le même depuis ma venue ici, depuis mon bannissement.
Je pensais que ce traumatisme m'avait changé, mais en fin de compte, ce ne sont que des idioties.
Tu tentes encore de te voiler la face, comme tu l'as toujours fait, tout au long de ta vie, pas vrai Wonho ?
Cela fait des centaines d'années maintenant que tu n'es plus innocent.
Tu en as vu bien des choses sur Terre.
Tu en as vu des personnes perdues, souillées, brisées.
Mais ton rôle était de les ramener sur le droit chemin, alors pour tenter d'apporter un peu de bien sur cette planète, tu faisais abstraction de leur état déplorable.
Il n'empêche que ces situations malsaines t'ont changé au fil des ans, t'ont forgé.
Tu as été souillé par la nature humaine.
Le mal y est férocement accroché.
L'Enfer n'est pas spécialement plus inhumain.
L'homme a appris seul, il sait faire ça sans aucune aide démoniaque.
Se faire du mal, faire du mal aux autres.
Noyez ses congénères pour survivre soi-même à la noyade.
L'être humain est le pire des démons.
Le Prince à raison, chaque être vivant fini perverti un jour ou l'autre, qu'ils soient consentants ou non.
La perversion s'étend en de biens nombreuses versions, mais le mal reste le mal, même à différentes échelles.
Mais il est malgré tout plus facile de tenter de vivre paisiblement à travers les démons humains, plutôt que les démons de sang pur.
Essayer de vivre dignement.
Trouver un travail, tomber amoureux, fonder une famille.
Se divertir dans des passions moins malsaines.
Le panel qu'offre la Terre est bien plus enrichis que celui qu'on nous offre ici, et ce, qu'on soit bien placé ou non dans la hiérarchie.
La vie est si triste ici-bas, et personne ne déroge à la règle.
Tout ça est bien désolant.
Mais ai-je mon mot à dire ?
Pas le moins du monde.
Et est-ce que quelqu'un a réellement cette opportunité, à part le Seigneur ?
Pas même son fils n'en a le droit, cela m'étonnerait beaucoup.
Il a juste la chance de partager le même sang.
Il n'a aucune obligation, aucune demande, aucune punition à éventuellement recevoir.
Il est immunisé de tout, et tout le monde le craint.
Hormis ça, il n'a rien.
Je serais aussi blasé que lui si je vivais la même vie.
Il ne sort pas, ne trouve aucune activité intéressante à faire ici, et n'est entouré que de femmes intimidées par lui, qui n'ose rien faire, peur de représailles.
Tout le monde le craint, et finalement, c'est bien là qu'est le problème.
Son statut l'oblige à être solitaire.
Comme quoi, le pouvoir n'apporte que très rarement le bonheur.
_ Avez-vous terminé ? posé-je automatiquement, alors que son assiette vide répond à sa place.
Une fois de retour dans la salle à manger, je l'observe se frotter l'arête du nez.
_ Tout va bien, Maître ? m'enquis-je, malgré moi.
Il se redresse en un millième de seconde, et de son petit sourire en coin pervers, m'observe longuement.
_ Sortons, conclut-il simplement, en quittant la pièce.
Tout en trottinant, je le suis, jusqu'à arriver à une grande porte en bois, que je me presse d'ouvrir pour le laisser passer.
Lorsque la clarté rougeoyante du ciel attaque mes pupilles, mon coeur loupe un battement, et repart ensuite à un rythme effréné.
_ S-sortir, marmonné-je, angoissé, en observant le mur de pierre cachant tout ce qu'il pouvait y avoir en dehors du château.
Soulagé, alors que le Prince s'avance déjà, je le suis un peu moins anxieux.
_ Tu ne verras rien, j'ai demandé qu'on installe ces murs pour cacher cet immonde paysage de mon jardin, souffle-t-il, en tournant à droite.
_ Votre jardin ? répété-je, abasourdis devant ce parterre beau et triste à la fois.
Des centaines de fleurs jonchent le sol. Des rosiers rouges par ci, des Lys par là. Tout un tas de fleurs dont je ne connais pas le nom s'éparpillent un peu partout, entre les bancs de pierre, et les arches décorées de fleurs elles aussi.
Toutes rouges, et incroyablement élégantes.
_ C'est magnifique, soupiré-je, éblouis.
Tout en s'asseyant, il observe les centaines de mètres carrés de cet endroit, l'air apaisé.
L'air est étouffant, je transpire en dessous de ma chemise bleu nuit, mais pour une fois, j'arrive à ne pas trouver ça horrible.
Le silence est immense, et cela est surprenant, comme agréable.
Debout à ses côtés, je me surprends à fermer les yeux, souriant face à la sérénité des lieux.
Ce n'est pas l'endroit le plus paradisiaque qu'il m'a été donné de voir, mais quand on voit où nous nous trouvons, cela ressemble à un véritable Eden.
Quelle comble.
_ Assieds-toi, ordonne-t-il, en regardant devant lui.
Je m'exécute, et surpris de la chaleur de la pierre sous moi, je me tétanise lorsque d'un même mouvement, le Prince pose sa tête sur mes cuisses, les yeux clos, et l'air sereins.
Le coeur quadruplant la vitesse de ses battements, je tente de respirer le plus discrètement possible, essayant par la même occasion d'évacuer le stress acquis en de biens trop courtes secondes.
Je n'arrive pas à lâcher du regard son visage.
Tant de pureté sur une personne si impure.
Son âme, si par chance il en a une, semble si sombre, alors que sa carapace protectrice, elle, est si claire.
Ses sourcils épais, son piercing à l'arcade, son nez long et fin, sa bouche légère et délicatement pulpeuse, cette mâchoire masculine et saillante, cette pomme d'Adam ajoutant un côté sexy en plus à son cou fin et sensuel. Tout n'est que perfection chez ce démon.
Et ses yeux. Ses yeux bridés, fins et si profonds.
Si intense, malicieux, narquois, hautain.
Il est très attirant, et il le sait.
Il l'a fait exprès.
Comme certains animaux, certains insectes, il se munit de sa plus belle forme, pour attirer, et ensuite emprisonner, avant de dévorer.
Cet insecte est si intelligent.
Pourquoi, alors que durant ces deux jours à ses côtés, je n'ai vu que de la souffrance et de la souillure, ai-je cette irrépressible envie de glisser la main dans ses cheveux noir charbon semblant bien trop doux ?
Tu es né ange Wonho, tu ne pourras pas te changer entièrement.
Tu es fait pour voir le meilleur en chacun, même si parfois c'est difficile.
Le Prince a raison sur toute la ligne.
Même si j'ai connaissance de tout ce mal, je garde l'espoir.
Peut-être que c'est pour ça finalement, que je suis ici.
C'est sans doute la tâche la plus compliquée qu'on ait pu me confier, mais pour une telle personne, il fallait sûrement le plus courageux de tous.
Là est peut-être ta destinée Wonho.
Trouver le meilleur en Mammon, Prince des Enfers, et tenter de le remettre sur le droit chemin, ou du moins, tenter de lui faire comprendre que les choses ne sont pas toutes destinées à être chaos et désolation.
Les heures passent, mon cerveau cogite, encore et encore, et mon dos commence à me faire souffrir.
Appuyé sur la paume des mains, placées derrière moi, j'essaye de faire partir cette douleur.
Durant des heures, alors que le démon couché sur moi s'est endormi, je me suis retenu de ne pas le toucher.
Lui caresser le nez, les joues, les lèvres, les cheveux.
Ce fut bien compliqué, mais j'y suis arrivé.
Qui à part moi, voudrait envisager ce genre de chose avec lui ?
Personne, certainement, étant donné qu'à part le Seigneur, tout le monde le craint.
Je ne sais pas du tout comment le temps fonctionne ici.
Qui et comment on décide du jour ou de la nuit ?
Quand sonne l'heure de dormir, ou de se réveiller ?
Je ne peux même pas lui dire qu'il commence à se faire tard, pour qu'il envisage de se lever et ainsi me laisser l'occasion de récupérer mon dos, parce que je n'en ai aucune idée.
Soupirant de désarrois, je sursaute lorsque les yeux du Prince s'ouvrent et se plongent automatiquement dans les miens.
Les bras croisés, il reste comme ça durant bien trop de temps.
Les bras tremblants à force d'être appuyé dessus, je les enlève et les pose le long de mon corps.
Observant encore et toujours mes iris, comme par miracle, il finit par se lever.
Je le suis, le corps endoloris, et me change en même temps que lui une fois atterris dans le dressing.
_ Est-ce que je peux prendre ça, Prince ? posé-je, stressé, en montrant un drap plié en dessous de la dizaine de vêtements accrochés aux cintres.
Un hochement de tête en signe de réponse, et nous rejoignons chacun nos couches, dans un silence calme et presque apaisant.
_ Bonne nuit, Prince, tenté-je, la poitrine martelée par mon organe vital.
Aucune réponse.
Le contraire aurait été étonnant.
Mais je l'aurai à l'usure, ça c'est certain.
Qu'il le veuille ou non, je vais tout faire pour qu'il change.
Il ne le remarquera même pas, tout sera fait avec délicatesse et douceur.
Me donner cette mission me donne un gain de force et d'espoir incroyable.
Mon optimisme est de retour, même dans le pire endroit qui puisse exister.
Personne n'avait tort finalement. J'ai toujours été aveuglément positif.
Il y a du bon en chacun, et même si parfois ce côté est infime, je sais qu'il existe.
Pour la première fois depuis mon arrivée forcée ici, je m'endors sans larmes, après avoir repassé de long en large cette longue journée éprouvante.
« Tu ne verras rien, j'ai demandé qu'on installe ces murs pour cacher cet immonde paysage de mon jardin »
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