⛧ 𝟐 ⛧

     

🔥

     

     

_ Wonho ? s'écrie quelqu'un derrière la porte, tout en frappant contre le bois de celle-ci.

      

La tête dans le brouillard, je m'assieds rapidement, et me gratte les cheveux par instinct.

Boyoung passe la tête par l'entrebâillement, timide, et me sourit tendrement.

     

_ Le Prince te demande, souffle-t-elle, en ouvrant la porte en totalité.

       

Le coeur martelant ma poitrine, je me lève, encore un peu perdu, les paupières lourdes, et la suis sans rien dire.

     

Le stress m'envahit de la tête aux pieds.

     

Mon estomac se tord dans tous les sens, mon Dieu, je ne me sens pas bien.

   

    

Nous montons deux escaliers en colimaçon, faits de pierres grises et froides, et arrivons après de trop courts instants, devant une gigantesque porte double en bois épais.

La respiration entrecoupée, je fixe cette porte, la vision floue.

     

_ Hey, ça va aller, d'accord ? tente de me rassurer mon amie. Tout ira bien.

     

Je hoche la tête faiblement, inspire une énorme goulée d'air, et acquiesce à nouveau, pour lui faire part de mon accord.

Elle toque alors, et se présente à voix haute.

      

_ Prince ? Votre serviteur est ici.

_ Entrez, s'écrie une grosse voix.

     

Une voix rauque, grave, profonde, puissante, impressionnante.

     

Je frissonne malgré moi, et avance la tête baissée derrière mon infirmière.

   

    

    

Tu dois le regarder dans les yeux Wonho, tu le sais pertinemment.

Que cherches-tu, hormis les problèmes ?

    

    

Le ventre se contractant de manière douloureuse, je lève la tête, et tombe rapidement dans le regard sombre et intense du jeune Prince.

Les oreilles rougies, je fixe ses orbes hypnotisants, en essayant de tout mon être de ne pas regarder les deux jeunes femmes accroupies face à son corps nu.

     

_ B-bonjour, Prince, soufflé-je, gêné, en me courbant de manière polie.

     

Sa chambre est immense, vêtue de beaucoup de draperie d'un velours rouge gracieux et sophistiqué.

Un énorme lit à baldaquin trône sur le côté droit de la pièce, tandis que deux gigantesques canapés d'un cuir magnifique sont installés dans le centre de celle-ci, l'un en face de l'autre.

    

Le Prince est assis sur l'un d'eux, nu, les bras étendus le long du dossier, et la tête légèrement basculée sur le côté.

       

Trouvant une excuse plausible pour envisager quitter son regard qui me déstabilise bien trop, je tourne la tête dans tous les sens, observant ainsi plus en détail la décoration que je fais semblant d'apprécier.

     

Il me sonde entièrement de ses prunelles sombres, alors que ces deux jeunes femmes sont en train de lui faire une fellation.

    

     

Il semble ne ressentir aucune sensation, et j'en viens presque à culpabiliser pour ces pauvres demoiselles.

   

   

   

Vont-elles être punies pour ne pas l'avoir satisfait ?

Ou alors, est-ce une habitude pour lui ?

    

    

Cette situation me chatouille le bas-ventre, et ainsi, difficilement, je tente de me reconcentrer sur la décoration onéreuse des lieux.

    

     

Son regard est toujours bloqué sur moi, et par obligation, plus que par envie, je plonge à nouveau mes prunelles tremblantes et humides dans les siennes, sensuelles et malicieuses, bien qu'également sérieuses et blasées.

    

_ Je vais vous laisser, conclut alors Young, en se courbant devant lui. Bonne journée Prince, souffle-t-elle, avant de déguerpir.

   

    

N'aurait-elle pas dû attendre son consentement oral ?

   

J'imagine qu'il n'est pas du genre bavard, en plus d'être solitaire.

   

    

Enfin...

    

Solitaire, en dehors de son besoin de soulager son propre plaisir.

    

    

_ Assieds-toi, susurre-t-il, en donnant un coup de tête vers le canapé, face à lui.

    

Tout en déglutissant, j'avance à pas de loup, l'estomac dans un état déplorable, et le bassin fourmillant dangereusement.

Une fois assis, nous continuons à nous fixer. 

    

Son visage ne change d'expression à aucun moment, c'est vraiment triste.

   

   

Comment peut-il ne rien montrer, alors que deux jolies femmes sont en train de le dévorer corps et âme ?

    

J'imagine que l'habitude le rend las de tout.

    

    

_ Tu ne sembles en rien choqué, sourit-il, de manière malicieuse, sa voix grave décuplant mes frissons. Tu mérites bel et bien ta place parmi nous, conclut-il, cinglant, alors que ma gorge se noue, et que mes larmes menacent de passer la barrière de mes paupières.

    

Je fixe son menton, pour tenter de perdre moins pied, et souris tristement, en réponse.

    

_ Regardes-les, ordonne-t-il alors, la malice lui bouffant le visage.

     

L'organe vital sur le point de s'arrêter complètement, je fixe leurs cheveux semblant doux et soyeux, puis finalement leurs fesses, agréablement positionnées face à moi.

     

Elles sont magnifiques, je ne comprends vraiment pas comment il peut être aussi stoïque.

    

    

_ Tu viendras avec moi dans la salle d'eau, j'ai grand besoin d'un bain, déclare-t-il ensuite, me laissant poser les yeux dans les siens.

   

    

Finalement, ses iris bridés et noir charbon me déstabilisent bien plus que le corps de ces dames.

    

Il est effrayant, et attirant à la fois.

    

Il est bien plus dangereux qu'il ne le laisse paraître.

     

    

_ Disons, dans trente secondes. Plutôt vingt, dit-il, en fixant les servantes à genoux, son érection dans leurs bouches.

    

Son air dominant ne laisse place à aucune réponse, et j'ai l'impression que si elles ne lui offrent pas sa délivrance dans le temps indiqué, les représailles seront assez corsées.

    

Mon Dieu.

    

Que va-t-il se passer si un jour je n'arrive pas à répondre correctement à l'une de ses demandes ?

Quelles sont ses punitions ?

En donne-t-il seulement ?

     

Boyoung a dit qu'il n'était pas méchant avec les servantes.

     

Le sera-t-il avec un serviteur ?

    

    

Mettant toutes les chances de leur côté, les filles s'accrochent à son membre dur et excité avec force, et lui offre de rapide va-et-vient.

Mon bas-ventre s'échauffe atrocement, et pour m'aider, j'essaye durement de ne pas fixer, tantôt leurs mains en action, tantôt le visage penché et les yeux clos du Prince.

    

La couleur rougeoyante de la décoration est vraiment, vraiment très belle.

     

_ C'est bon, sortez, conclut-il, d'une manière si banale. Allons-y, dit-il ensuite, en se levant.

     

Il passe à côté de moi, et je me lève juste après, le suivant d'un pas peu assuré.

     

Je n'arrive pas à poser les yeux ailleurs que sur son corps.

     

Il est magnifique.

Purement et simplement sublime.

    

    

Passant une porte différente de celle d'entrée, nous arrivons dans un énorme dressing.

     

Cette pièce doit faire environ trois fois la taille de ma chambre, et est remplie à ras bord de vêtements.

Il continue son chemin, traverse l'endroit rapidement, et part vers une nouvelle pièce.

    

    

Je sais qu'il est censé prendre un bain, mais il aurait au moins pu les laisser essuyer le sperme sur son torse.

     

Les joues rouges, j'observe les yeux grands ouverts la nouvelle pièce découverte.

Une grande salle avec en son centre, un immense bain, entouré de fleurs, de mousse verte, et de tout un tas de jolies choses que la nature fait l'honneur de nous offrir.

       

Je suis étonné de voir que même de jolies choses sont capables de pousser ici.

    

    

Le Prince ne s'attarde pas, et plonge lentement dans l'eau parsemée de pétales rouges.

    

Soudainement gêné, je reste devant les escaliers du bain, ne sachant réellement ce qu'il attend de moi.

    

Une fois dans l'eau jusqu'à la taille, il se tourne, et me fixe, l'air neutre.

    

_ Tu attends la fin du monde ? soupire-t-il, en bougeant les bras sur la surface. Je ne vais pas me laver tout seul, confie-t-il, me soumettant ainsi ma future tâche.

     

Les mains tremblantes, je me déshabille en quatrième vitesse, et entre dans l'eau sans plus de réflexion, bien trop effrayé à l'idée même de lui désobéir ou d'être trop lent à exécuter ses demandes.

     

Je me retiens de justesse de ne pas couiner lorsque j'entre très vite dans cette eau bouillante.

     

Debout face à lui, je tourne la tête pour apercevoir un gant et du savon.

Ni une ni deux, j'accours jusque-là, et me munis des objets.

     

Une fois placé derrière lui, j'inspire sans doute tout l'air de la pièce, le plus discrètement possible, et pose le gant doux et moussant dans son dos.

Dans de petits dessins circulaires, je le nettoie le plus délicatement possible, passant de ses omoplates au bas de son dos, pour finir par ses bras.

     

Stressé et les oreilles toujours aussi bouillantes, je m'avance et me plante devant lui.

Sans croiser son regard, je passe le tissu spongieux sur ses pectoraux et ses abdos sales, finement dessinés.

     

_ Est-ce que je dois, commencé-je, alors qu'il s'écarte pour rejoindre le bord.

     

Les bras le long de celui-ci, il s'allonge petit à petit, pose la tête sur le rebord, et laisse son corps dépasser de l'eau.

     

J'imagine que ma réponse se trouve là.

     

J'avance à mon tour, et nettoie ses jambes, puis son sexe, et enfin ses pieds, le coeur au bord de l'arrêt.

Une fois terminé, il se remet debout, et me fixe posément.

     

_ Retourne-toi, ordonne-t-il.

     

La mâchoire crispée, la poitrine et le ventre douloureux, je m'exécute.

      

Durant de longues secondes, rien ne se passe, et puis finalement, je sens ses doigts sur ma peau.

Tout en frissonnant, je le laisse contourner mes plaies récentes, encore protégée par des compresses, et coupe ma respiration quand il arrache ces dernières.

     

Lorsqu'il glisse les doigts sur mes blessures en pleine cicatrisation, je geins de manière incontrôlée, mais heureusement pour moi, il se contente de les frôler.

     

     

_ Elles te manquent ? marmonne-t-il, son souffle se collant à ma nuque.

_ Énormément, confié-je, les yeux humides.

_ Changerais-tu les choses, si tu le pouvais ?

_ Sûrement.

_ Dommage que ce ne soit pas possible, conclut-il, en partant vers les escaliers.

     

Dos à moi, il reste là, debout, sur le sol extérieur au bain, et je comprends après bien trop de temps qu'il attend de moi que je l'essuie.

Angoissé, j'accours à lui, et m'exécute.

    

    

Je ne m'habituerai jamais à devoir faire ça.

    

Laver et essuyer les parties intimes d'un homme, c'est vraiment trop embarrassant.

    

Une fois dans le dressing, habillé d'un costume noir très élégant, il me tend des vêtements, à savoir, un pantalon de costume noir et une chemise couleur sang.

J'attrape les habits, et ne pose pas plus de questions.

    

    

    

J'imagine que je dois faire bonne impression à ses côtés.

    

« Un serviteur se doit d'être irréprochable »

    

    

_ Suis-moi, dit-il, en quittant la pièce.

    

    

    

Une fois en dehors de sa chambre, nous avons marché d'un pas rapide vers ce qui semblait être au premier abord une réunion entre personnes de haut rang.

    

J'ai compris bien vite que je me trompais.

   

Assis sur son trône, le Seigneur m'a observé avancer derrière le Prince, jusqu'à ce que celui-ci soit correctement installé à sa place.

Je me suis alors tenu debout, à sa gauche, en retrait, et j'ai attendu que quelque chose se passe.

    

    

Si depuis mon bannissement, je trouvais les sentences bien trop lourdes au Paradis, ici, en Enfer, cela n'est même pas comparable.

    

Entre l'exil, la promesse d'une future torture, sur base d'écartèlement et j'en passe, pour terminer par la destruction, aujourd'hui, j'ai assisté non seulement à une séance de jugement, mais c'est aussi durant ces heures passées derrière cet homme, que j'ai compris ce qu'était vraiment le mal.

    

Le Prince n'a dit mot durant des heures entières, et finalement, alors que mes jambes allaient sincèrement me lâcher, tout le monde s'est levé.

La fin de cette éprouvante séance venait de sonner.

     

     

     

Au bord de l'évanouissement, je ne cesse de me remémorer le meurtre de ce démon, tué pour avoir volé, séquestré, et violé la servante d'un autre démon, sans son consentement.

    

Le consentement du démon bien évidemment, pas de celui de la servante.

    

    

Je me sens faible, et nauséeux.

   

Le Seigneur s'est approché de cet être à genoux, et de ses grandes mains puissantes, lui a retourné et arraché la tête, avant de la jeter dans le feu de la grande cheminée installée juste derrière son trône. Son corps n'a pas traîné à suivre.

Les larmes aux yeux, je n'ai pu que fermer les yeux face à ce spectacle.

    

Dieu soit loué, le démon n'a pas hurlé ou gémit.

Auquel cas, je n'y aurais sûrement pas survécu.

    

    

Peu importe les actes horribles commis par cet être, enlever la vie de quelqu'un m'est toujours inconcevable.

    

Je crois que je n'arriverai jamais à m'enlever ces épouvantables images de l'esprit.

    

    

_ Je meurs de faim, marmonne le Prince en quittant la grande salle, sans même un regard derrière lui pour vérifier que je le suivais bel et bien.

     

    

Une fois assis dans la salle à manger, seul, sur un siège à l'allure d'un trône, je l'observe quelques secondes avant de partir vers les cuisines, après une courbette de politesse.

     

_ Bonjour Audrey, souris-je, en la voyant s'affairer à la tâche, aider par une dizaine d'autres femmes. Et bonjour tout le monde, soufflé-je, intimidé.

     

Tout le monde se retourne instantanément vers moi, et je m'approche de la seule personne que je connaisse, histoire de me sentir moins déstabilisé.

     

_ Le Prince est là ? Je prépare son repas de suite, dit-elle, en parcourant de long en large sa cuisine.

     

À peine dix minutes plus tard, et me voilà de retour dans la grande pièce, munis du repas princier.

      

Le dos et la tête posés contre l'énorme dossier du siège, il se repose, les yeux clos et les doigts tapotant la surface boisée de la table.

Il se redresse en entendant les assiettes se poser, et ensuite, nerveux et maladroit, je me tiens debout à côté de sa chaise.

Alors qu'il se munit de sa fourchette, un morceau de viande saignante sur les pointes de celle-ci, déjà placée en face de sa bouche, il m'ordonne avec calme et dominance ma tâche suivante.

     

_ Tu peux retourner en cuisine.

_ Bon appétit, Prince, conclus-je, en me courbant à nouveau.

     

Une fois assis sur une chaise haute, face au comptoir de cette grande salle immaculée, je soupire lourdement et baisse les épaules, éreinté de cette journée stressante et traumatisante.

     

Je ne me laisse pas trois minutes une fois allongé dans mon lit avant que la pression ne redescende violemment, et que mes pleurs se fassent bruyants et interminables.

     

       

_ Tiens, mange, sourit la vieille dame, en déposant une assiette remplie de bonne nourriture devant moi.

_ Merci beaucoup, soufflé-je, ému, mais je ne suis pas certain de pouvoir avalé quoi que ce soit.

_ Chaque jour est un combat ici mon petit, soupire-t-elle, en me regardant de manière maternelle. Mange quelque chose, tu as besoin de forces pour affronter tout ce qui te blesse et t'effraye.

_ Vous avez raison, souris-je, tristement, avant d'avaler une première bouchée.

     

Ne pense à rien Wonho.

Contente-toi d'avaler, et de repenser à toutes les belles choses que tu as vécues dans le passé.

     

_ C'est très bon, marmonné-je, la bouche peine, et le baume au coeur.

_ Bien évidemment que ça l'est ! s'écrie-t-elle, fière.

    

Je pouffe, amusé de sa nonchalance, et dévore entièrement mon premier repas de la journée.

    

     

_ Alors, est-ce que la vie est aussi horrible que tu l'imaginais ? demande-t-elle, l'air inquiète.

_ Je pense que j'aurais pu vivre bien pire. Je me console comme ça, souris-je, un peu plus refermé sur moi-même.

_ Tu as raison, tu es chanceux dans ton malheur, termine-t-elle, en retournant à ses occupations.

     

     

🔥

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top