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Légèrement nerveux, je le deviens un peu plus lorsque la chaleur étouffante de l'extérieur m'attaque de plein fouet, à peine la porte de la chambre ouverte.
Je ne me sentirai jamais à l'aise sur ce balcon.
Heureusement que les barrières en métal ne permettent pas de voir au travers.
Il ne manquerait plus que ça.
Comme si l'idéal lorsqu'on faisait trempette était d'avoir une vision sur des corps humains entassés sur un bûcher perpétuel.
Tout en secouant la tête pour chasser ces pensées que je déteste, je me déshabille et le rejoins sans plus tarder.
Après m'être battu avec moi-même, pour pouvoir entrer sans couiner dans cette eau bouillante, je m'assieds enfin à ses côtés.
Les yeux clos, la tête penchée en arrière, la respiration calme et sereine, sa pomme d'Adam titille mon self-control.
Il me paraît plus beau de jour en jour.
Est-ce qu'il ressemble à sa mère ?
Est-il réellement le fils du Seigneur des Enfers ?
Alors comme ça, tout ça n'est pas factice ?
Cette apparence n'est pas totalement inventée ?
Cela ne le rend que plus fascinant.
Ça veut donc dire que sa beauté relève en partie du don de Dieu ?
Une part de son âme est humaine.
Je ne m'étais pas trompé.
Je me savais proche de la vérité, mais pas à ce point.
Le bien en lui est ancré plus fort que je ne le pensais.
Ça me réconforte dans l'idée que ma mission est bien celle-ci.
Quand je pense que pour la réussir, j'ai dû tout perdre.
De mes ailes, à ma force, et même ma dignité.
Mais est-ce que le jeu n'en vaut pas la chandelle ?
Une partie rationnelle de moi me crie que ça ne le vaut pas du tout, et puis, une partie moins rationnelle me hurle bien plus fort le contraire.
Comment ne pas écouter la deuxième partie de mon esprit, alors que j'observe en ce moment même cet être pur et sensible ?
Comment ne pas écouter cette partie de moi, alors qu'il m'a confié toutes ces choses dans la salle à manger ?
C'est toujours cette partie que j'ai écoutée.
Ça ne m'a pas apporté que de la joie, mais je lui ai toujours fait confiance.
Je la suivrai à jamais, parce que même si parfois les obstacles se font nombreux et douloureux, au moins, à un moment, je sais que je peux y trouver le bonheur.
Oui.
J'écouterai mon coeur, et ce, jusqu'à la fin des temps.
Parce que je sais qu'il me fera avancer avec sincérité et détermination.
J'ai confiance en lui.
_ Où est-elle aujourd'hui ? murmuré-je, les yeux observant ses petites joues cachant le plus beau des trésors.
Souris-moi sincèrement, s'il te plaît.
Je ne demande que ça.
_ Qui ça ?
_ Ta-ta maman.
_ J'étais bien trop fort pour elle. Elle est morte avant même ma naissance, conclut-il, rapide.
La poitrine m'élançant à nouveau, les larmes menacent encore et toujours de passer la barrière de mes paupières.
_ Tu n'as donc réellement jamais ressenti ce qu'était l'amour, soupiré-je, déchiré.
_ Tu es le seul à être triste de ce constat. Arrête de te prendre la tête, cale-t-il, imperturbable.
Les joues humides, je me redresse et enlace sa nuque de mes bras, la tête collée à la sienne.
Le corps de mon ami se crispe, et la paume de ses mains tentent de me repousser en appuyant sur mon torse.
Je sais aussi bien que lui qu'il pourrait s'arracher facilement de moi.
Et on sait aussi bien lui que moi, qu'il ne le fera jamais.
_ Qu'est-ce que tu fais ? crache-t-il, sur la défensive.
_ Laisse-toi faire.
_ Qu'est-ce que tu fous encore ? soupire-t-il, bruyamment.
_ Tais-toi.
Une forte claque sur les fesses en guise de punition pour mon insolence me fait violemment sursauter, mais amusé, je garde toujours mes bras autour de sa nuque.
Sa main ne s'enlève pas de ma fesse, et après quelques caresses légères, il me l'agrippe avec une grande pression.
Le coeur ratant un battement, je sursaute une nouvelle fois.
_ Oh, susurre-t-il à mon oreille. Si ferme.
_ Pas touche ! râlé-je, en retirant sa main, les joues bouillantes.
Il lève les mains en signe de paix, et me fixe de son sourire narquois, un sourcil relevé.
Gêné par cette attention nouvelle, je m'assieds à nouveau, et regarde devant moi, honteux des pensées qui me dévorent l'esprit.
Amusé, il m'observe durant encore de très longs instants, et finalement, se réinstalle correctement, avant de fermer les yeux, pour profiter de ce moment de sérénité.
Une heure ou deux plus tard, et nous voilà séchés, habillés, et emmitouflés sous les draps.
Un sourire satisfait aux lèvres, je l'observe m'observer, durant un temps infini.
Que j'aime ces moments simples, mais intenses.
_ Alors ? Content de ne pas dormir dans ton ancienne chambre ? sourit-il, malicieux.
Idiot.
_ Je n'y serais jamais retourné, pourquoi être content de quelque chose qui est devenu une habitude ? questionné-je, les coins de la bouche bien trop étirés.
_ Je devrais t'y renvoyer maintenant pour ton insolence, gronde-t-il, sérieux.
_ Mais tu ne le feras pas, parce que tu aimes dormir aux creux de mes bras, souris-je, insouciant.
_ Elle était comment, celle pour qui tu es arrivé ici ? souffle-t-il alors, calme.
La respiration coupée, je me tétanise quelques instants, tout en remettant durement mes idées en place, et puis, après une intense réflexion, je me pose sur le dos, et regarde le dessus du lit.
Un noeud dans l'estomac, et la poitrine en vrac, je me confie à lui.
_ Tout le monde ici pense que je me suis fait bannir parce que j'ai commis le péché de luxure, confié-je, à voix basse, mais je sais que faire l'amour à quelqu'un qu'on aime n'est pas aussi durement punis.
_ Tu es sérieux là ? s'offusque-t-il. Tu as attendu tout ce temps pour me faire ce genre de révélations ?
_ Tu veux du pop-corn ? levé-je un sourcil, blasé.
_ Je n'en demandais pas tant, mais si tu insistes ! s'écrie-t-il pratiquement. Qu'est-ce qui est pire que ça ? Qu'a bien pu faire Wonho, l'ange irréprochable ?
Après un soupir volumineux, je me lance.
_ Je n'ai fourré ma queue nulle part, confié-je, en utilisant ses mots, les joues bouillantes.
_ Pardon ? Qu'as-tu fait dans ce cas ? pose-t-il, de plus en plus perdu et curieux.
_ Ce n'est pas moi, qui l'ai fourrée, marmonné-je, en tournant la tête vers lui.
_ Oh, j'y crois pas, s'étonne-t-il, après une courte réflexion. C'est pour ça que tu es si doué de tes lèvres ! hurle-t-il, enjoué. Tu m'étonnes et m'impressionnes de jour en jour, petit ange, sourit-il, amusé.
_ Content de voir que mon passé t'aura au moins été utile, placé-je, la mâchoire contractée, blessé de ces pensées qui resurgissent en moi.
_ Excuse-moi, c'est une habitude, souffle-t-il, sur le dos, en regardant le plafond.
_ Par contre, que tu t'excuses, ça n'en est pas une, arrivé-je à placer, étonné et heureux.
_ Ne me fait pas regretter Wonho, claque-t-il.
_ Merci.
_ Merci ? Pour quoi ? demande-t-il, son regard cherchant le mien.
_ Pour t'être excusé, et pour t'ouvrir doucement à moi, avec sincérité, souris-je, tendre.
_ Arrête d'être sérieux, je te l'ai déjà dit, je n'aime pas ça, râle-t-il, allongé à nouveau sur le côté.
_ Tu peux continuer d'être arrogant et agressif avec les autres si ça te rassure, commencé-je, les larmes aux yeux, un sourire délicat aux lèvres, et les doigts caressant doucement sa joue chaude et soyeuse, mais tu n'es pas obligé de l'être avec moi. Tu peux être qui tu veux, tu peux faire ce que tu veux, nous ne sommes que deux ici, personne ne te verra. Sens-toi libre de faire tout ce qui te chante. Sois la personne que tu veux vraiment être quand je suis seul avec toi. Je ne porterai aucun jugement sur toi Mammon, jamais. Sois l'homme que tu veux être, je te soutiendrai quoi que tu choisisses, qui que tu sois, conclus-je, en embrassant son front, avant de m'éloigner à nouveau, la main toujours posée sur sa joue.
Ses iris humides toujours plongés dans les miens, il me sonde à nouveau, avant de clore les paupières.
_ Je ne sais pas moi-même, qui je veux être.
_ Alors fais des tests, tenté-je, réconfortant. Tu as l'éternité pour apprendre à te connaître et savoir ce que tu désires au fond de toi. Essaye, et vois ce que tu aimes ou non. Réfléchis, réfléchis-bien. Va chercher les réponses au plus profond de toi, parce que c'est là que se trouve ce que tu désires vraiment.
_ Pourquoi tu insistes autant ? Ça t'apporte quoi ? murmure-t-il, une larme glissant sur sa joue, pour s'échouer contre l'oreiller.
_ Ça rend le monde plus beau, confié-je, d'un sourire mélancolique, étonné et soulagé de le voir dans cet état. Et puis, je trouve ça si triste qu'un être comme toi gâche sa si longue vie à faire encore et encore les mêmes choses, sans en retirer aucun plaisir, aucun bonheur. Tu mérites d'être heureux, le rassuré-je, sincère, alors si ce n'est qu'ici que tu peux l'être, dans cette chambre, alors vas-y, lâche-toi, sens-toi libre de tout te permettre. Je serai là pour te soutenir et t'accompagner.
Désormais, dans ce silence apaisant et lourd de sens, je le laisse reprendre ses esprits, les doigts frottant toujours sa joue.
Mon petit chaton se fragilise de plus en plus.
Au bout d'une éternité, il inspire une immense goulée d'air, et les yeux toujours clos, il remonte sa main pour la poser contre la mienne, elle-même placée au chaud contre son visage.
_ Comment un ange comme toi a pu se retrouver ici ? soupire-t-il, de manière presque inaudible.
_ Peut-être que ma destinée depuis le début était bien plus grande que tout ce que j'ai pu croire, tenté-je d'avouer, autant à lui qu'à moi. Ils m'ont conduit à toi. Ce n'est pas une coïncidence, j'en suis certain. Je ne suis pas ici par hasard.
_ Donc, commence-t-il, en ouvrant les yeux, tu penses que ton rôle, c'est d'être mon protecteur ?
_ C'est ça, souris-je, heureux.
_ Quelle arrogance.
_ Je ne suis pas arrogant, c'est toi qui ne l'acceptes pas encore, insisté-je, toujours aussi souriant. Tu as le droit d'être aidé et protégé chaton, même si tu es le prince d'un royaume de souffrance. Laisse-moi te protéger, terminé-je, en caressant cette fois-ci sa tignasse sombre.
_ Tu es au courant que sans moi, tu aurais été blessé et détruit en bien trop peu de temps ? tente-t-il de se rassurer.
_ Je le sais, et crois-moi, je t'en serai à jamais reconnaissant. Tu vois ? dis-je, plus heureux et satisfait que jamais. Tu es quelqu'un de bien. Tu es mon protecteur, et en bien d'autres façons, je suis le tien.
_ As-tu seulement un exemple ? pose-t-il, en ignorant tout le reste.
_ Si tu avais tué ce démon, dans le couloir, sans même un jugement, marmonné-je, en jouant avec une mèche de ses cheveux noir de jais. N'aurais-tu pas eu de problème avec ton père ?
_ Tu m'agaces, claque-t-il, rapide, en me regardant, blasé.
_ Je sais, souris-je.
_ Tu es bien trop pur pour être ici, place-t-il ensuite, alors que je m'attendais à une autre pique cinglante.
_ Alors partons ! m'écris-je. Allons visiter le monde, ensemble. Toi non plus tu ne mérites pas d'être enfermé ici.
_ Plus tard, conclut-il. Apprends-moi déjà à ne pas vouloir t'égorger quand tu t'approches trop près de moi.
_ Tu n'as plus cette envie depuis déjà bien longtemps, pouffé-je, amusé par son seul moyen de défense, les bras à présent autour de sa nuque. En as-tu déjà eu l'envie seulement ? Tu étais juste effrayé, parce que l'affection était un sentiment qui t'était totalement inconnu.
Soudain, après un soupir agacé, sa main se place brusquement contre ma nuque, et la respiration cassée, je réceptionne ses lèvres sur les miennes.
Le coeur au bord de l'arrêt, et l'estomac retourné dans tous les sens, je le laisse mouvoir sa bouche contre la mienne, et participe au bout de quelques secondes, encore sous le choc.
Une fois décollé, alors que mes yeux refusent de se fermer, il conclut.
_ Ferme là, ou je vais vraiment finir par te tuer.
Tétanisé, après un temps d'attente raisonnable, je pouffe, amusé.
_ Oui chaton, oui, calé-je, insolent.
_ Pardon ? se raidit-il, un sourcil arqué.
_ Dormons maintenant, dis-je simplement, en essayant de nicher sa tête dans mon cou.
_ Non, non, dit-il, d'un rire mauvais, en me repoussant. Tu m'as appelé comment là ? Ne fais pas semblant de dormir, ange déchu, s'énerve-t-il.
Le souffle coupé, je fais preuve d'une force mentale insoupçonnée jusque-là, et imite son précédent geste. D'un mouvement habile, je l'embrasse à nouveau.
Mes lèvres bougent un peu plus contre lui.
Ma poitrine est sur le point de réellement exploser.
Son odeur m'enivre complètement. Nos lèvres se caressent si doucement, si amoureusement.
La respiration de plus en plus saccadée, et l'esprit ankylosé, je m'arrête, avant de réellement m'évanouir.
Je le tire ensuite à moi, profitant de son état crispé et étonné, et love pour de bon son visage contre moi.
Victorieux, et euphorique par ce geste nouveau qu'il a instauré de lui-même, je ferme les yeux, et continue de sourire quelques longues minutes.
_ Ferme là, où je risque de recommencer, placé-je, la poitrine gonflée de bonheur.
_ Tu aimes vraiment jouer avec le feu, grogne-t-il. Je t'aime bien.
Je ne savais pas qu'il était possible de parler aussi bas.
Mais heureusement pour moi, et malheureusement pour lui, j'ai tout entendu.
Le cerveau en feu, et le coeur en paix, je souris niaisement, tout en lui répondant.
_ Je sais déjà tout ça, il n'y a que toi pour t'en rendre compte seulement maintenant, soufflé-je, en lui caressant l'arrière de la tête, son souffle irrégulier et chaud collé contre mon coeur, m'apaisant ainsi un peu plus.
_ T'as raison, fermons-la.
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