Épilogue

                     

— Chaton, râlé-je, depuis la chambre. Va ouvrir !

Je l'entends grommeler jusqu'ici... Comment est-ce possible d'être aussi introverti ? Je sais qu'il n'a jamais porté les humains dans son cœur, mais il sait pertinemment que la personne derrière cette porte pourrait être une personne qu'il apprécie...

— Parrain ! Tonton !

Quand on parle du loup...

Ils sont déjà assis tous les deux sur le canapé lorsque je les rejoins. Janggun semble nerveux, sa jambe droite tremble horriblement vite. Il cogite bien trop, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

— Que se passe-t-il ? posé-je, une fois à leurs côtés.

— Je ne sais pas quoi faire. Je suis perdu, boude-t-il. Quelqu'un me plaît pas mal, à l'unif, mais je ne sais pas du tout comment m'y prendre pour le lui faire comprendre... Et papa est nul en drague.

— Tu n'as pas tout à fait tort, pouffé-je.

D'un regard sombre, sourcil arqué, mon compagnon m'observe depuis l'autre extrémité du sofa.

Ce petit air jaloux qu'il m'offre lorsque je parle d'un autre homme réussi toujours à m'amuser.

— Mais tu sais, ton papa avait quand même pas mal de succès auprès des filles, à l'école... Et tu sais pourquoi ? Parce qu'il était grand, beau, mais surtout, il était doux, gentil, attentionné, et même s'il n'était pas quelqu'un de bavard, il était très drôle. Si tu es attentionné avec elle, sans être trop collant, si tu la fais rire et que tu l'écoutes avec attention, alors il n'y a aucune raison pour qu'elle refuse un beau jeune homme comme toi, souris-je, les doigts fourrageant son adorable chevelure.

Je ne l'ai jamais vu aussi gêné... Tête baissée, il joue nerveusement avec le bas de son t-shirt, sans oser sortir ce qu'il aimerait nous confier.

— Et... Est-ce que tes conseils fonctionnent aussi avec les hommes ?

Comment peut-il paraître si timide en nous avouant une chose pareille ? Surtout à nous...

Aussi idiot que son tonton, celui-là.

— Ça, c'est mon neveu ! s'écrie mon chaton, le bras autour de la nuque de ce dernier. J'ai toujours su qu'il avait le goût des bonnes choses.

— Tu le gênes avec tes propos déplacé, idiot.

— N'aie pas honte parce que, toi aussi, tu aimes les bonnes choses ! me sermonne-t-il.

— Mes conseils ne changent pas selon le sexe de la personne que tu aimes, je te l'assure, réponds-je alors, ignorant ce démon sans gêne. Sois attentionné et amusant, mais si tu penses qu'il n'est pas attiré par les hommes, alors n'en fait pas trop, ça pourrait l'effrayer et il se braquerait.

— Oui... Je vois...

— Et si vous vous entendez déjà bien, n'hésite pas à le faire venir ici. On fera un repas ensemble et comme ça, tu pourras voir comment il nous perçoit.

— Oui, ce n'est pas bête. Merci beaucoup, sourit-il, plus serein.

— Je t'en prie, mon cœur. Téléphone-moi ou envoie-moi un message si tu as d'autres questions.

— Promis. Et toi, tonton ? Est-ce que tu as une autre approche ? Comment tu as dragué parrain ?

Alors ça, c'est une question amusante ! Je n'arrive pas à m'empêcher de ricaner. Que peut-il répondre à ça ? Son air songeur me fait rire, j'ai hâte d'entendre sa réponse.

— Suis ses conseils à la lettre et tout devrait bien se passer, se contente-t-il de dire. Surtout, ne le force à rien et prend son avis en compte. Si tu ne le fais pas, vous en souffrirez tous les deux. Sois doux, mais n'hésite pas à t'affirmer. Un homme qui sait ce qu'il veut est bien plus séduisant.

— Oui, c'est plutôt vrai, conclus-je.

— Bien sûr que c'est vrai.

— Ah et surtout, sois patient ! m'enquis-je. Certaines personnes ont besoin de plus de temps pour comprendre leurs sentiments ou ceux de l'autre, alors ne sois pas pressé et ne baisse pas les bras si tu n'as pas rapidement ce que tu désires.

— D'accord, d'accord. Merci infiniment à vous deux ! s'écrie-t-il, avant de se lever. Je dois filer, j'ai rendez-vous avec lui dans trente minutes, on va au ciné !

Il s'élance ainsi vers la porte d'entrée, l'air souriant et moins angoissé.

— On dirait que vous allez nous rendre visite plus vite que prévu, souffle mon petit ami, amusé.

— On dirait bien, oui.

— Je reviens vite vous voir ! Vous avez le bonjour de papa ! Je vous aime, à plus !

— Nous aussi on t'aime, mon cœur. À bientôt !

Ce petit homme grandit trop vite. Les problèmes d'adultes deviennent plus fréquents, mais je suis vraiment heureux de me dire qu'il a assez confiance en nous pour continuer à se confier avec sincérité.

— Qu'est-ce que j'ai encore dit pour que tu me regardes comme ça ? râle mon compagnon grincheux, toujours affalé à mes côtés, dans le canapé.

— Ça aurait été bien différent si tu avais suivi mes conseils à la lettre dès le début, soufflé-je, malicieux.

— L'important c'est que je les suive maintenant, non ?

— Oui, on peut dire ça.

— J'aurais pu ne jamais changer, tu sais.

Son regard essaye de se faire dur, comme s'il était encore capable de m'impressionner. Comme s'il ne m'avait pas encore totalement prouvé qu'il était fou amoureux de moi. Quel amusant petit être.

— Non... Tu m'aimes trop pour ça.

— Petit humain insolent, gronde-t-il.

— Oui, c'est moi !

— On dirait que je t'ai bien mal éduqué.

— Mais non, pas du tout, pouffé-je. J'ai toujours été Lee Hoseok. Ce vilain petit humain qui t'a toujours attiré.

— Je ne peux te donner tort.

— Je sais. D'ailleurs, si tu veux rester à mes côtés pendant encore quelques années, il va falloir qu'on trouve une solution, soufflé-je, un peu plus anxieux. Parce que ton neveu a déjà dix-neuf ans et il ne t'a toujours pas vu vieillir. Pas même une ride... Personne de mon entourage ne te voit vieillir et ce n'est pas normal... Ils vont finir par trouver ça étrange.

— Alors on leur expliquera.

Cette nonchalance à toute épreuve finira par avoir ma peau, un jour.

— Et qu'ils acceptent ou non, dans tous les cas, je ne compte pas m'éloigner de toi.

Même après toutes ces années, il arrive encore à me gêner, avec ces petites phrases qu'il pense insignifiantes. Je sais qu'il tient à moi, qu'il m'aime, mais il ne l'a jamais réellement exprimé... Il ne fait qu'utiliser des paroles subtiles pour me transmettre ses sentiments. J'ai donc pris l'habitude d'être touché par la moindre petite phrase qui laisse sous-entendre qu'il m'aime.

— On n'est pas obligé de leur expliquer les détails, marmonné-je. Je veux dire, ils ne sont pas obligés de savoir qui tu es, ni ce qui te pousse dans le dos. Ça pourrait leur faire un trop gros choc.

— Tu es passé par là, toi aussi. Tu n'en es pas mort. Tu ne leur fais pas confiance ?

Je n'ai simplement pas envie que tout le monde soit au courant... J'aime garder ce petit secret. J'aime être le seul à le connaître, mais je sais que cet aveu sera inévitable, dans quelques années. Ils vont devoir être mis au courant, ou du moins, savoir que l'homme que j'aime ne vieillira jamais.

— Je pourrais même faire en sorte qu'ils restent à nos côtés, même après.

— Tu pourrais faire ça ?

— Les bribes de ta mémoire d'antan t'auraient échappé ?

— Excuse-moi, je suis un peu perturbé par toutes ces informations.

Mon cœur bat à mille à l'heure. Encore une fois, il m'informe de choses invraisemblables comme s'il me parlait de météo. Vivre une éternité avec tous les gens que j'aime... Ce démon n'a vraiment rien de méchant. Il est bien trop niais lorsqu'il est amoureux.

— Je vérifierai en temps voulu si les êtres auxquels tu tiens sont damnés ou non et lorsqu'ils seront au courant, je leur proposerai un contrat.

Qu'est-ce que je l'aime, ce petit être féroce.

— Tu ne m'en as jamais proposé, à moi, placé-je, les sourcils froncés.

— Je comptais le faire, un jour.

Attendez une minute... Qu'est-ce qu'il vient de dire, là ?

— Donc, tu es en train de me dire que jamais je n'aurais pu t'accompagner, si je n'étais pas consentant ?

Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

— Non. Je ne suis pas autorisé à tuer les êtres que ce vieux con a créés. Tu n'as jamais été en danger avec moi, je te le faisais simplement croire.

— Tu n'as jamais eu l'intention de me tuer...

Comment peut-il m'avouer ça après toutes ces années ? Et avec cette putain de nonchalance qui me rend dingue ? Il m'a fait croire, depuis le début, que je n'avais pas le choix.

Je sais depuis un moment que je l'ai toujours eu, ce choix, mais pas de cette façon...

— Sache que si j'avais pu, à l'époque, je l'aurais fait, souffle-t-il, d'une voix sombre. Je n'avais aucune pitié pour vous, humains. Mais je voyais déjà combien tu étais effrayé sans véritablement l'être. Je savais que tu te laisserais faire, quoi que je dise ou fasse.

— Tu es vraiment...

— Un démon, oui, effectivement.

— Tu sais ce qui est le pire ? soufflé-je du nez, abasourdi. C'est que peu importe la façon dont tu serais entré dans ma vie, j'aurais fini par tomber amoureux de toi.

Je suis tellement frustré ! J'aurais presque préféré ne jamais le savoir ! Je n'arrive même pas à lui en vouloir. Il me rend trop faible, c'est affligeant.

— Notre lien a toujours été éternel. Je ne pensais pas que les relations de vos vies antérieures puissent avoir autant d'impact, mais j'en suis heureux. Je n'aurais jamais pu avoir ton cœur sans ça. Pas après t'avoir traité comme je l'ai fait.

Oui, c'est ça... Balance de belles paroles après m'avoir confié tout ça !

— Un démon qui se rend compte que ses actes sont mauvais... Du jamais vu, râlé-je.

— Je suis le gentil, tu es le méchant, on le sait déjà.

Je n'arrive pas à lui en vouloir. Je sais que ça date de plusieurs années maintenant, mais si j'avais su, à l'époque, que je n'avais rien à craindre de lui... Il y a bien des choses qu'on aurait faites différemment avec tout ce qu'on sait à l'heure actuelle. Et il aurait également pu être bien pire, alors, je ne vais pas m'en plaindre. Je l'ai assez fait.

— J'aurais vraiment préféré éviter toutes ces épreuves, mais je suis heureux d'avoir eu l'occasion de t'aimer, conclus-je, simplement, avant de lui offrir un chaste baiser. Merci d'avoir changé pour moi.

— Sois fier d'être aimé par moi, petit humain.

Sa paume chaude et douce se plaque contre ma nuque, pour m'attirer à lui et ainsi pouvoir poser à nouveau ses lèvres contre les miennes, pour un baiser tout sauf timide.

Nos croissants de chair se caressent avec fièvre et amour, durant de longues minutes. Nos corps sont collés l'un à l'autre, nos mains caressent chaque parcelle de la peau de l'autre. Nous savourons cet instant précieux, où seuls nos gémissements brisent ce doux silence. Je mets un terme à cette rêverie lorsque mes poumons réclament de l'oxygène.

— Sois fier d'être aimé par moi, petit démon, soupiré-je, contre sa pomme d'Adam, que je mordille délicatement.

Je sursaute discrètement lorsqu'il agrippe ma tignasse de sa forte poigne et tire dessus, pour faire basculer ma tête vers l'arrière. Mes iris, voilés de luxure, tombent dans les siens par automatisme.

— Je le suis.

La détermination que je lis dans son regard suffit à gonfler ma poitrine de bonheur. Ce foutu lien qui me met toujours dans tous mes états pour un rien...

— Moi aussi, je le suis, souris-je. Dix ans maintenant que je supporte ton sale caractère d'ange déchu et tu sais quoi ? Je n'en suis toujours pas lassé. Allons dans la chambre, maintenant, grondé-je, debout devant lui, le regard brûlant et amoureux. Je sais que tu as envie de moi depuis ce matin.

— J'ai envie de toi depuis ma création, Lee Hoseok.

                   

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