Chapitre 6
— Tu veux une autre bière ?
— Fais-moi plutôt un café, s'il te plaît.
— Un café ? À cette heure ?
— Il n'y a pas d'heure pour un café.
— Évidemment, pouffé-je.
Je m'assieds dans le canapé une fois la boisson de mon meilleur ami servie et d'un œil distrait, regarde ce qui est diffusé à la télévision, tout en discutant de tout et rien avec lui. Mon estomac digère encore tout ce que j'ai pu dévorer au restaurant, plus tôt en soirée. Je n'aurais pas dû manger autant, mais c'était si bon.
— Au fait, tout va bien avec ta nouvelle fascination ?
— Oh... Oui, on peut dire que ça va, marmonné-je, boudeur. C'est simplement très routinier. J'aimerais en connaître davantage sur lui, mais c'est très compliqué.
— À ce point ?
— Oui... Je ne sais pas si c'est volontaire de sa part, mais c'est assez frustrant.
— Quelle est votre relation, au juste ?
— C'est un peu compliqué à expliquer.
— Hoseok... Depuis quand as-tu un serpent de compagnie ?
— Quoi ?
D'un sursaut incontrôlable, je me redresse et regarde partout autour de moi, le cœur battant à tout rompre. Il a raison... Un serpent gigantesque couleur rouge sang s'avance avec nonchalance vers nous.
— Oh mon Dieu ! Oh... Oh ! Il n'est p–pas vraiment à moi, ris-je alors, ayant compris. En fait, je le garde pour le voisin. Il est parti en voyage et il m'a demandé de prendre soin de lui.
— Mais, tu as peur des serpents...
— Ce n'est pas que j'ai peur, disons simplement que je ne suis pas très à l'aise avec eux, tenté-je, de plus en plus mal à l'aise. Mais il m'a montré qu'il était totalement inoffensif et qu'il n'était pas du genre agressif, alors ça m'a rassuré.
Comme pour affirmer mes propos, le serpent glisse jusqu'à moi, s'enroule autour de ma jambe, puis remonte, encore et encore, jusqu'à s'installer confortablement autour de mon cou.
Qu'est-ce qu'il est lourd ! Sa tête est collée à mon cou, son corps enroule ma nuque et mon torse. Il me sert sans me faire mal et je sais que c'est un geste qu'il veut possessif. Il me met en garde, comme à notre première rencontre. Il se méfie de l'homme à mes côtés et monte la garde. Sa petite langue bifide me chatouille, je n'arrive pas à m'empêcher de pouffer sous ce geste gênant. Voilà donc à quoi ressemble un démon jaloux ? Je trouve ça mignon.
— Effectivement, tu sembles très à l'aise avec lui, place Hyunwoo, impressionné et surpris. Est-ce que c'est de lui dont tu me parles tout le temps ? Un être dangereux que tu aimerais savoir bienveillant.
— Oh ! Eh bien oui, soufflé-je du nez. Oui, on peut dire ça.
— Comment il s'appelle ?
En voilà une bonne question...
— Comment... Hum... Draco ! Il s'appelle Draco.
— Cela semble effectivement difficile de le connaître un peu mieux.
— Oui, je confirme.
— Ton voisin revient quand ?
— Je ne sais plus trop à vrai dire, tenté-je. Peut-être dans deux mois ? Oui, ce doit être quelque chose comme ça.
— Je te savais très serviable, mais pas au point de garder un animal qui t'effraie un peu.
— Tu sais ce qu'on dit, effrayant au premier abord ne veut pas dire foncièrement méchant.
Je n'aime pas mentir à mon meilleur ami et je n'aime pas mentir de façon générale, mais que puis-je faire ? Je ne peux définitivement rien lui dire, il me prendrait pour un fou... Et puis, qu'il me croit ou non, je ne tiens pas à le mêler à tout ça. Moins il en sait et mieux il se portera.
— Oui, tu as raison. Il ne faut pas juger au premier regard, conclut-il, terminant sa boisson caféinée. Mais il semblerait que tu n'aies plus vraiment à t'inquiéter. Même si tu le connais peu, vous avez l'air de vous entendre à merveille.
— Oui, c'est vrai. J'imagine que c'est le principal.
— Bon, je vais y aller ! s'enquit-il, en se levant. Je dois encore passer chez Joo pour récupérer Gunnie. Merci pour cette soirée, Seok. Ça faisait longtemps et bien trop longtemps que je n'avais plus aussi bien mangé. On se refait ça le plus vite possible.
— Merci à toi, Hyunnie. Ça faisait bien trop longtemps, je confirme. On se tient au courant de nos horaires.
— Ça marche. À bientôt, Seok.
— À bientôt, Hyun.
Quand j'ai besoin de me changer les idées, je sais que c'est avec lui que je pourrai toujours le faire. Il n'y a parfois même pas besoin de raison particulière. J'aime simplement passer du temps avec lui.
Hyunwoo est du genre calme. Il n'est pas de nature stressée, comme je peux l'être, et ce doit être pour ça qu'il arrive toujours à m'apaiser lorsque mes pensées se font trop bruyantes. Cette soirée était très agréable, je suis heureux qu'on ait su trouver du temps pour se voir.
— Comment tu m'as appelé ? me coupe-t-on de mes pensées.
Je sursaute discrètement lorsque je l'aperçois à mes côtés, dans le séjour. Il a toujours le don pour arriver sans qu'on ne s'y attende, ce vilain serpent...
— Draco, je crois.
Il me suit à la trace du salon à la cuisine, l'air très intéressé.
— Pourquoi ce nom ?
Sa voix est basse – bien plus que d'habitude –, son aura est également plus écrasante, et son ton est ferme. Il n'y a pas de doutes à avoir, ces questions ne sont pas anodines. Ça lui tient très à cœur, sans que je ne sache pourquoi.
— Je ne sais pas... J'étais stressé. Il me fallait une réponse rapide. C'est la première chose que j'ai eue en tête. J'ai sans doute été influencé par Harry Potter, pouffé-je, quelque peu nerveux.
— Harry Potter ?
— Tu ne connais pas ? Il faudra absolument y remédier !
— C'est quoi ?
— Ce sont des films.
— Est-ce le prénom d'un dragon ?
Pourquoi me pose-t-il ces questions avec une telle intensité ? Ce n'est pas de la simple curiosité. Non, pas avec cette détermination... Que lui arrive-t-il ? Comme si ces questions étaient d'une très grande importance...
— Non, non, le prénom d'un humain. Mais il y a des Dragons dans le film. Pourquoi ?
— Peu importe, finit-il par conclure.
Il s'assied ainsi lourdement dans le canapé, comme si ce moment n'avait pas du tout été étrange. Il vient de me poser des questions précises, voire ridicules, avec une conviction et un sérieux presque effrayant, et maintenant, il fait comme si de rien n'était ? Que lui arrive-t-il ? Est-ce moi qui imagine des choses ?
— Alors ? Devrais-je me méfier de cet homme ?
J'en étais certain...
— Oh non, pas du tout ! Non, non, aucune inquiétude à avoir. Hyunwoo est mon meilleur ami.
— Qu'il soit le meilleur de tes amis ne l'empêchera pas de te désirer, inconsciemment ou non, argumente-t-il.
— Oui, mais non. Non, vraiment aucune inquiétude à avoir. Il ne se passera jamais rien entre nous.
— Je ne m'inquiète pas. C'est simplement pour savoir ce que je dois faire de lui.
— Rien du tout ! Tu ne dois rien faire ! m'écris-je, angoissé. Mon Dieu, non, non, pas Hyunwoo ! Tout, mais pas lui ! Il m'est très précieux, mais il l'est avant tout pour son adorable fils de huit ans. Ne touche à aucun de leurs cheveux, par pitié. Je te promets qu'il n'y a rien entre nous et qu'il n'y aura jamais rien.
Ma voix tremble légèrement. Pourquoi doit-il dire ce genre de choses ? Je n'ai rien fait qui puisse le contrarier depuis notre rencontre et je continue à l'heure actuelle. Je ne comprends pas sa façon d'agir.
— Pourquoi es-tu si effrayé ? Je pensais que nous nous entendions à merveille, dit-il, narquois. Je ne toucherai pas à ce papa, n'aie crainte.
— Merci...
Je suis soulagé, mais bizarrement, sa réponse ne m'étonne pas. Pourquoi lui aurait-il fait du mal, après tout ? Ce n'est pas comme s'il nous avait surpris au lit. Là, j'aurais pu comprendre.
Je suis un idiot qui tombe toujours dans le panneau. Je sais qu'il s'amuse à me faire peur, ou à me taquiner. Je suis long à la détente et je ne le connais pas encore très bien alors ça fonctionne toujours, mais je n'aime pas lorsqu'il fait ça. Je me mets toujours dans des états pas croyables pour absolument rien. Je sais que je ne suis qu'un jouet pour lui, mais il faudrait peut-être qu'il commence à comprendre que le jouet à des sentiments, et que je ne pourrai pas subir ça éternellement...
— Je t'en prie. Je ne suis que bienveillance après tout.
Il a écouté toute notre conversation... Jusqu'à quand va-t-il me charrier là-dessus ? Il peut s'avérer être un véritable enfant lorsqu'il le veut.
— Je me sens sale, place-t-il ensuite, rejoignant le couloir. Je n'ai pas eu le temps de me nettoyer. Allons dans ta salle de bain.
— Je me suis déjà douché.
Malgré tout, je le suis sans réfléchir, et suis surpris lorsqu'il se tourne vers moi, l'air agacé.
— Je veux que tu me prennes dans ta grande douche, avant de finir dans le lit, gronde-t-il, en accrochant ses jambes à mes hanches.
Mon cou est déjà envahi de traces violacées. On dirait qu'il aime l'idée de me marquer, de prouver au monde que je lui appartiens.
Voilà ce que je retiens de cette soirée... Hyunwoo est le meilleur ami qui soit et les démons, en plus d'avoir une très grande libido, sont enfantins, sadiques et possessifs.
— Va pour une deuxième douche alors, souris-je, les doigts agrippés à ses fesses.
— Montre-moi à quel point on s'entend à merveille, petit ange.
***
Plus nous faisons l'amour et plus j'en deviens accro. J'aime les sensations qu'il provoque en moi, j'aime sentir son corps collé au mien, mon sexe blotti au chaud au creux de ses reins. Je deviens addicte au plaisir qu'il m'offre et à celui que j'arrive à lui offrir. Il n'y a aucune meilleure sensation que de faire l'amour à cet être divin.
— Tu as déjà pris le temps de visiter la terre ? osé-je, la respiration à peine calmée.
— Ça m'arrive de tomber sur de beaux paysages lorsque je me déplace, marmonne-t-il, son corps étouffant agréablement le mien, le visage lové contre moi. C'est une chose qu'il faut reconnaître, la terre est bien plus belle que là d'où je viens.
— Tu connais la rivière Han ?
— Je ne prends pas le temps de visiter. J'ai d'autres choses à faire.
— Comme ?
— Travailler et baiser.
Quelle triste éternité.
— La rivière est vraiment très jolie à voir. J'aimerais te la montrer.
Sa tête se redresse à peine ma phrase terminée. Son regard est intense et profond. Il est ancré dans le mien. Il essaye de ne pas le montrer, mais il paraît surpris. Enfin, je crois...
— Tu veux qu'on sorte ensemble, dehors ?
— J'aimerais qu'on fasse quelque chose de différent, oui.
— Je viens ici pour ta queue, petit ange. Ne m'en demande pas plus, gronde-t-il, tombant sur le dos.
— Je ne te demande qu'une heure ou deux de plus. S'il te plaît...
— Le soleil me prend beaucoup d'énergie.
— Alors je t'en redonnerai une fois de retour ici.
— Tu essayes de m'avoir en me proposant du sexe ? ricane-t-il. Tu sais que je n'ai aucunement besoin de marchander ce genre de choses ? Tu m'offres déjà ton corps sur un plateau d'argent.
— Alors demande-moi ce que tu veux.
— Tout ce que je veux ?
Son sourcil arqué et son air malicieux à nouveau planté dans le mien ne me disent rien qui vaille, mais tant pis. Je veux qu'il me dise oui. Je veux apprendre à le connaître et lui apprendre à faire d'autres activités.
— Tout.
— Y compris des oreilles de lapin et un plug anal en forme de petite queue touffue ?
Son air intéressé et affamé est hilarant. Il lui en faut peu pour être heureux, c'est bon à savoir.
— Oui, si tu veux.
— Intéressant, mais je pourrai de toute façon te faire porter ce genre d'accessoires même sans sortir avec toi.
— Il faut aller au magasin pour les acheter et je n'irai certainement pas là-bas tout seul, tenté-je, avec fermeté. Je ne te demande rien de plus qu'un tour dans quelques magasins et un détour par la rivière.
— Très bien, soupire-t-il, les yeux levés vers le ciel. Faisons ça.
— Vraiment ?
— Je serais prêt à tout pour voir ça.
— Parfait ! m'écris-je, le sourire aux lèvres. Demain, dix-huit heures, est-ce que ça t'irait ? On ne verrait le soleil que quelques minutes. Ce sont les heures auxquelles il se couche à cette période de l'année.
— J'essayerai d'être là, mais je ne te promets rien. J'ai beaucoup de choses à faire.
— Qu'est-ce que tu fais exactement ?
Toute excuse est bonne à prendre lorsqu'il s'agit d'en connaître davantage sur lui.
— Des trucs qui te sembleraient certainement ennuyeux. Réunions, rencontres diplomatiques, trésorerie, ce genre de tâches barbantes.
— Tu as des hommes qui travaillent pour toi ?
— J'ai quelques légions sous mon commandement, effectivement.
— Wow, soufflé-je, émerveillé. Je ne m'étais pas trompé en imaginant que tu étais quelqu'un de haut placé. Tu l'étais aussi durant... Ton autre vie ?
— Je l'étais, oui. Mais trêve de bavardages, conclut-il, déjà debout. Si je veux avoir fini à temps pour ta petite sortie, je dois y aller.
— Vas-y, vas-y ! À demain.
Mon Dieu, j'ai si hâte !
Il a dit oui ! J'y crois pas ! Ça va sûrement être perturbant, au début... Sortir dehors avec cet homme dont je ne connais même pas le nom. Mais peu importe, j'ai beaucoup trop hâte !
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