— Hey ! m'écris-je, ouvrant la porte à Hyunwoo et son adorable fils de huit ans. Entrez, entrez !

— Salut.

— Bonjour, parrain ! Comment tu vas ?

— Je vais très bien et toi, mon poussin ?

— Très bien ! Tu m'as manqué, marmonne-t-il, tout triste.

Comment ne pas tomber sous le charme de cette adorable petite créature ? Lorsqu'on tombe sur ce magnifique sourire débordant d'innocence et d'amour, il est impossible de ne pas vouloir lui offrir le monde. Cet enfant a tout hérité de son père. Une moue adorable, une douceur inégalable et une gentillesse surdimensionnée. De véritables petits anges.

— Toi aussi, petit cœur.

— J'ai beaucoup de boulot en ce moment, place alors le papa. Mais je vais essayer de venir plus souvent.

— Ne t'inquiète pas, on a tous nos vies à gérer et beaucoup de choses à faire, le rassuré-je. Je comprends ça.

Le repas du soir est servi avant même qu'ils ne s'attablent. Nous mangeons sous la bonne humeur et le bonheur de nous être retrouvés. Après un bon dessert, l'estomac plein, Janggun s'éloigne et cours s'asseoir par terre, pour jouer avec ses petites voitures. Je m'installe alors avec Hyun, dans ce canapé aux souvenirs un peu trop récents.

— Tout va bien pour toi ?

— Ça va... Beaucoup de travail aussi, mais tout roule, tenté-je.

— Oui, tu sembles fatigué... Et quelque chose semble te tracasser.

Est-ce si facile de lire en moi ? Je pensais pourtant avoir été convaincant...

— Hum, oui, marmonné-je, le regard fuyant. Disons que... Je pense avoir développé une sorte de fascination pour quelqu'un. J'ai envie d'en apprendre plus sur lui.

— Mais ?

Il le sait... Il sait toujours tout.

— Mais c'est un homme, disons, dangereux.

— Je ne sais pas ce que tu entends par dangereux, mais s'il est nocif pour toi, alors il faut que tu t'en éloignes maintenant, avant de réellement t'attacher à lui.

— Oui, mais... Et s'il n'était pas aussi dangereux qu'il y paraît ?

— Est-ce que tu crois toi-même à ce que tu dis ?

Son regard insistant et réconfortant trouve le mien, tremblant et incertain. Il est inquiet et à juste titre. Je le suis, moi aussi... Seulement, la situation est tellement plus complexe.

— Oui et non.

— Et tu aimerais que le oui l'emporte, souffle-t-il du nez, amusé.

Oui... Je sais que tu me connais par cœur. Je sais aussi combien je suis insupportable, combien je suis idiot et naïf, à toujours croire qu'il y a du bon en chacun, à toujours faire confiance à n'importe qui. Mais comment pourrais-je changer ?

— J'aimerais vraiment y croire... Je ne sais pas trop pourquoi, mais au fond de moi, je sais que c'est possible. Il y a une petite voix dans ma tête qui me pousse à croire en lui.

— Est-ce que tu penses qu'il ne te fera jamais de mal ?

Je ne peux pas lui dire toute la vérité. Il est déjà bien trop inquiet. J'ai envie de me confier à lui, mais je sais que je ne peux pas tout dire. Tout d'abord, parce qu'il me prendrait pour un fou et puis, en admettant qu'il me croirait, il essayerait à tout prix de me protéger de lui, de rester à mes côtés, et c'est tout ce que je veux éviter. Parce que cet être m'a bien fait comprendre qu'il ne me ferait plus de mal, mais il a aussi dit qu'il n'hésiterait pas à faire du mal à mon entourage s'il le fallait, alors j'ai intérêt à faire attention à mes faits et gestes.

— Je pense qu'il n'est pas une menace.

— Si tu penses que tu ne risques rien, alors je ne peux pas te forcer à t'en éloigner, même si ça m'inquiète, soupire-t-il, presque à contre cœur. Par contre, essaye de récupérer du sommeil. Ta santé doit passer avant cet homme.

— Oui, je vais essayer, promis.

— Si tu as le moindre problème, appelle-moi, ok ? N'importe quand, à n'importe quelle heure, n'hésite jamais.

Je sais que tu seras toujours là pour moi, Hyun... Je sais que tu tiens à moi et je sais aussi que tu ferais tout pour me protéger, seulement cette fois, pour la toute première fois, tu ne serais pas de taille. J'ai peur, Hyunwoo... J'ai peur et en même temps...

— C'est noté, souris-je, timidement. Merci, Hyunnie.

— Ça te tente de trouver un endroit où se manger une glace ? J'en ai très envie.

— Tu me le demandes sérieusement ? m'offusqué-je.

— Ok, ok, allons-y alors, rit-il. Et après ça, tu digères et tu te reposes dans ton lit pour le reste de la journée. Ça marche ?

— Ça marche.

— Ok, c'est parti alors ! s'écrie-t-il, se levant d'un bond. On y va, trésor. Papa veut sa glace !

— Oh oui, une glace !

Regardez-moi ces deux enfants, en train de sautiller sur place, heureux à l'idée de manger ce qu'ils aiment. Ils se ressemblent vraiment comme deux gouttes d'eau... Je les aime tellement. J'espère pouvoir moi aussi les protéger. Parce que c'est ce qui m'effraie le plus, à présent. Pour rien au monde, je ne veux les mettre en danger. J'espère pouvoir lui faire confiance...

Il n'est pas une menace, oui, j'y crois. Il le faut, pas vrai ? Je suis bloqué avec lui, pour ce qui s'apparente être le restant de ma vie, alors, autant y croire. Je suis certain qu'il cache au fond de lui de bons côtés. Oui, j'y crois. Je veux tenter de découvrir ça par moi-même. J'ai toute une éternité pour le tenter, de toute façon.