LV - Vers Col d'Argent - Troisième mouvement
Des heures durant, ils poursuivirent leur route en direction de la forteresse de Col d'Argent, guidés par Serafelle qui connaissait trop bien le chemin. Elle les avait avertis :
« Le seigneur Arol n'est pas aussi foncièrement mauvais que le seigneur Euresme, mais c'est un homme peureux, qui craint même son ombre. Il se soumet à la volonté de Cimes de crainte d'être envahi par les troupes des Piques. Au fil du temps, il a fini par calquer son attitude sur celles d'Euresme. Il possède moins d'Anges... et de chaînes, mais les maltraite tout autant. Par contre, leur angelier n'est pas trop mauvais homme... juste un serviteur qui se soumet aux désirs de son maître. »
En entendant ces explications, Aïzie sentit l'espoir le reprendre. Si les gens étaient plus raisonnables à Col d'Argent, ils pourraient négocier la liberté de Luciellus. Ce ne serait sans doute même pas nécessaire ; après tout, le jeune Ange n'avait plus de chaîne, et tant qu'il n'avait pas de nouveau protégé, personne ne pouvait plus faire pression sur lui. Mais Aïzie le connaissait assez bien à présent pour savoir qu'il n'en resterait pas moins inquiet pour Catena... Peut-être s'était-il déjà envolé pour Cimes, de crainte qu'Euresme ne réalise que la fillette ne lui servait plus à rien et qu'il ne s'en débarrasse, malgré ses promesses... D'après ce qu'il avait pu comprendre, il n'était certainement pas homme à respecter une parole donnée.
Le petit groupe se vit contraint de faire quelques pauses en route, pour partager les maigres provisions qu'Ivara conservait dans ses sacoches et reposer les ailes encore faibles d'Aïzie. Le garçon ne voulait surtout pas être une charge pour ses compagnons et faisait de son mieux pour de pas les retarder. Il pouvait très bien imaginer ce que Luciellus devait ressentir, s'il était obligé de faire le chemin entre les deux forteresses avec son aile récemment blessée. Enfin, Col d'Argent apparut au loin, moins imposante que le vaste complexe de Cimes, mais tout aussi froide et dénuée d'âme.
Les voyageurs se posèrent sur une avancée rocheuse non loin de là, afin de réfléchir à la meilleure façon de s'approcher ; le plus sage aurait sans doute été d'attendre la nuit, mais ils ne pouvaient se permettre de perdre du temps... Au bout d'un moment, le regard aigu des Angelles repéra une activité étrange autour des murailles ; des Anges tournoyaient au-dessus des chemins de ronde, s'éloignant parfois de la nuée pour foncer vers des groupes d'hommes en arme... quand l'un d'entre eux tomba dans le vide comme une poupée désarticulée, Serafelle comprit, la première, l'horrible vérité :
« Ils sont en train de se battre... souffla-t-elle. Les anges et les hommes se font la guerre ! »
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