Chapitre 9.5
Ah! Aujourd'hui, voici "Carnivore" de Starset. Ne soyez pas timides, écoutez, vous aurez peut-être une bonne surprise tout comme j'en ai eue une en écoutant ce groupe pour la première fois!
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Je regardai mes cheveux, incrédule. Quelqu'un pouvait-il m'expliquer pourquoi ils étaient aussi impossibles à coiffer, ce matin-là? Ils s'étaient probablement tous montés contre moi pendant la nuit.
Je soufflai, pris un élastique et me les attachai. J'en connaissais deux qui allaient râler. Tant pis pour eux, ce n'étaient pas eux qui se promenaient avec une tête de lion.
Je regardai mes jambes: plus aucun bleu. Quand j'entrai dans le salon, je vis la table basse brisée en deux. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Ma mère la regardait avec un air à la fois étonné et désespéré. Elle ne se ferait jamais à l'idée qu'une telle puissance puisse être donnée à une jeune fille aussi maladroite que moi.
Ce qui m'étonnait le plus était bien cela: j'arrivais sans mal à monter sur des toits d'immeubles, et à grimper sur des arbres, mais j'arrivais à me prendre les pieds dans une table. J'avais une excuse... Un ami m'avait déconcentrée.
Elle posa son regard sur moi, puis sur la table basse. Je haussai les épaules, mimait une montre, pris mon sac et partis aussi vite que je le pouvais. Je n'aurais qu'à payer une partie du meuble avec mes économies.
Je mis ma capuche. Il pleuvait des cordes, mon temps préféré. J'allais devoir prendre le bus si je ne voulais pas arriver trempée au lycée. Après m'être disputée avec le chauffeur pour qu'il veule bien admettre que ma carte était valable (il ne m'aimait vraiment pas), je me posai au fond en soufflant. La journée commençait si bien.
J'arrivai au lycée, accueillie par Théodore. Kennedy était malade ce jour-là, elle ne viendrait pas. J'aurais bien aimé un petit rayon de soleil comme elle, ce jour-là.
- Pour dimanche, tu me donneras ton adresse?
Je lui écrivis sur un bout de papier. Il le regarda, puis me fixa.
- Tu es la voisine de Jérémy?
- Oui. Je sais, tu es son meilleur ami. Je l'ai appris hier soir.
Il me sourit.
- Si j'avais su, je serais venu te voir plus souvent.
- Me voir au lycée ne te suffit pas?
- Les gens se comportent tous différemment lorsqu'ils sont chez eux, par rapport aux lieux publiques. Je suis curieux de savoir à quoi la vraie Jenna ressemble.
- Je ne suis pas bien différente. Je vais juste moins hésiter avant de m'appuyer sur un arbre.
- Une Jenna qui se lâche. Ce doit être intéressant.
Je le regardai. Il avait l'air de se parler à lui-même. Je ne voyais pas en quoi me voir chez moi l'intéressait tant. Aimait-il faire des expériences sociales? Nos regards se croisèrent et il me fit un grand sourire.
- Je suis heureux que tu aies accepté, pour dimanche. Tu verras, c'est amusant! Quand j'ai besoin de me défouler, je vais là-bas. Il m'arrive même de sécher des cours, pour ça...
- Non! Monsieur le Studieux sèche des cours?
- Seulement les maths. Je prends vite trop d'avance dans la matière.
- Ce n'est pas une raison, monsieur!
- Tu dis ça, toi qui as insulté le prof de sport pour ton premier jour!
- Je ne l'ai pas insulté! Enfin, ce n'était pas mon but.
Nous nous chamaillèrent encore un peu avant de retourner en cours. Nous étions déjà jeudi, la semaine d'après, je serais dans la même classe que Théodore. Je savais qu'à partir de ce moment-là, nous serions vraiment presque inséparables. Nous l'étions déjà.
Je n'avais croisé ni Lorène ni Angelo. C'était étrange. Habituellement, nous nous retrouvions à notre place attitrée dès le matin.
Je pensais à cela, assise devant mon cours d'histoire. Quel cours barbant! Je me retins de corriger trois fois le prof. Il avait raison, puisque c'était marqué dans le livre. Si seulement... L'histoire n'était que spéculation. J'étais seule à être témoin de ce qui avait pu se passer au Moyen-âge. En d'autres termes, j'aurais eu une très mauvaise note au contrôle, si je n'avais pas eu à sauter de classe.
Je sortis en bâillant et me dirigeai vers la cours. Je me posai lourdement sur le banc. Les trois énergumènes arrivèrent les uns après les autres. Je leur souris.
- Où étiez-vous, ce matin, vous deux?
- En salle de musique! On s'est fait un petit plaisir! Piano et batterie, ça peut donner des trucs intéressants!
- Sauf quand on a pas les mêmes intérêts musicaux. Cette fille aime trop le metal pour moi.
- Et le rock. Tu n'aimes que le rap, toi.
- Hé, ça vous dérange si je vous suit, la prochaine fois? Je fais de l'alto.
- Carrément! Ce sera vachement cool! Totore, tu viendras aussi, avec ta guitare? Je veux qu'on se fasse un truc tous les cinq avec Kennedy, elle pourra chanter!
Lorène sautilla, excitée.
- Non! On ne survivra pas si Kennedy chante! cria Théodore.
- Peut-être qu'elle pourra screamer...
Ils explosèrent de rire. Pauvre Kennedy... Ils se moquaient d'elle alors qu'elle n'était pas là pour se défendre.
- Mardi prochain, alors, qu'est-ce que vous en dites?
Nous acceptâmes en se tapant dans les mains. Lorsque des personnes jouaient de la musique ensemble, cela avait tendance à les rapprocher. Lorsqu'on joue de la musique, nous n'avons pas à faire semblant d'être quelqu'un que nous ne sommes pas.
Lorsque la sonnerie retentit, je me levai. Et je me rendis compte que j'avais du chewing-gum collé sur les fesses. C'était définitivement une magnifique journée...
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