Chapitre 4

La physique s'était finalement bien passée ; la professeure s'était présentée à moi et m'avais expliqué ce qu'ils avaient fait les deux premières semaines. Rien que je n'aurais su faire, d'autant plus que j'avais de l'avance dans le programme. Elle était adorable, tout en sachant se faire respecter. Rares sont les professeurs de ce genre...

Elle avait encouragé les élèves à venir me parler, à essayer de m'intégrer. Mais en dehors de la classe, bien sûr, avait-elle précisé. Je discutai donc avec un groupe de filles en sortant du cours. Elles n'étaient pas méchantes,mais trop superficielles à mon goût. Entre deux questions sur moi,elles parlaient de maquillage... Pas très intéressant...

Puisque j'avais eu deux heures de cette matière, il était l'heure d'aller manger. Mais je broyais du noir quand je descendis les escaliers. Il fallait que j'aie« éducation physique et sportive » (rien de plus inutile qu'un nom si long pour rien de plus que du sport!) après manger. Pas que ce soit l'horaire qui me gêne, mais j'avais toujours eu un problème avec le sport ; je ne savais pas contrôler ma force,ma souplesse, ou quelque capacité physique que j'avais de plus.Après cela, les élèves ne m'apprécieraient que pour cette matière, et encore, seulement pour les travaux de groupe.

Cette matière venant gâcher ma bonne humeur, elle me coupa aussi l'appétit. Je passerai probablement mon heure de repas à lire plutôt qu'à manger. Ainsi je m'assis sur un banc dans la cour et posai mon sac pour pouvoir récupérer mon livre. Quand je relevai la tête, un grand brun était devant moi.Mon cœur rata un battement tandis que je sursautai. Peut-être m'habituerais-je un jour à avoir des personnes autour de moi qui existent dans ce plan temporel. Ou pas. La deuxième option me paraissait être la plus probable.

-Tu viens manger ? Les autres nous attendent à l'intérieur du self.

- Je n'ai pas faim.


Le regard qu'il me fit alors était presque intimidant. Très intimidant. D'accord, il était même flippant. J'avais presque l'impression que ses yeux étaient passés de bleu clair à gris foncé.

- Viens manger. Il le faut, tu dois tenir pour le reste de la journée.

- Je n'ai vraiment pas faim.

- Ce n'est pas le moment d'être anorexique. Tu n'es déjà pas très grosse...


- Hé, je ne suis pas anorexique ! Je n'ai juste pas faim, ça arrive !


Un Angelo sauvage arriva derrière en criant « bouh ! ». Je sursautai encore. Mais que leur avais-je fait ?


- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il

- Elle ne veut pas manger.

- Oh, pas bon, ça. Surtout quand tu dis ça à Totore. Il déteste voir une fille qui ne mange pas.

- Mais je mange, d'habitude ! Aujourd'hui, je n'ai pas très faim, j'ai subi pas mal de stress, alors...

- Encore pire, ton corps a besoin de nourriture s'il veut supporter ton angoisse ! rajouta Théodore


Il regarda alors Angelo et fit un petit mouvement de tête. En un clin d'œil, j'avais un grand brun qui me prenait par la taille et un homme plus petit qui me prenait par les pieds, ils me soulevèrent quand bien même je criais.


- D'accord, d'accord, je vais venir manger avec vous ! Mais ne me portez plus ! Pitié


Ils me reposèrent en riant. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle à me martyriser. On ne m'avait jamais porté avant, et j'étais incapable de me défendre. Enfin si,mais je n'avais pas envie de les envoyer à l'hôpital. Il fallait encore que j'apprenne à contrôler ma force. Que les scientifiques aillent se damner.

Je les suivis en traînant des pieds.Pour me faire avancer plus vite, Théodore me prit par le bras jusqu'à ce que nous arrivâmes au bâtiment. Lorsque je pris mon plateau, il me lâcha enfin. J'étais alors libre, mais l'argent de mon repas avait été compté, alors je ne pouvais pas retourner en arrière.

Je faisais la moue quand je m'assis à la table où nous attendait Kennedy, mais c'était pour la forme plus que parce que je leur en voulais vraiment.


- Que s'est-il passé ? Tu as l'air de mauvais poil.


Je désignai les garçons du doigt en leur jetant un regard accusateur.


- Ils m'ont portée, puis m'ont forcée à aller manger. Je n'ai pas faim, mais je ne suis pas anorexique pour autant !


Kennedy leva les mains, impuissante.


- Il va falloir t'y faire. Théodore est une crème, il s'inquiète facilement pour les autres. Le problème, c'est qu'il déteste quand une fille ne mange pas. Surtout s'il s'agit d'une fille qu'il aime bien. Au moins, cela veut dire qu'il ne te déteste pas. C'est une bonne chose, si tu veux mon avis. Il en va de même pour Angelo, même si je ne l'aurais jamais cru capable d'essayer de te porter !

- C'est Théodore qui m'a fait signe. Je l'aurais forcée autrement à aller manger, sinon.


Il me fit un clin d'œil en prenant une bouchée de purée orange qui n'avait pas le goût de carotte, ni d'un quelconque aliment. Je baissai les yeux vers mon assiette,n'osant pas penser à ce qu'il aurait essayé de faire pour me pousser à aller à la cantine.


- Hors de question. Tu ne joueras pas ton Taz avec elle, c'est une amie !

- Je n'ai pas dit que je jouerais mon Taz, Présidente... Mais s'il faut en arriver jusque-là pour la faire manger...

- J'ai dit non ! Mange ton truc radioactif !


Il soupira et obéit, en marmonnant le mot « présidente ». Théodore vint me souffler quelque chose à l'oreille :


- Oui, elle est très autoritaire. Non, tu n'en échapperas pas toi non plus, même si tu es une fille. Et tu devrais éviter de la défier. Elle ne porte pas ce prénom par hasard.

- Qu'est-ce que tu lui as dit ?

- Que tu es absolument adorable et charmante ?


Elle lui tira la langue et lui ordonna de manger à lui aussi. Je ris et il grogna.


Le reste du repas se passa sans encombre. On m'expliqua que Lorène mangeait chez elle. Je l'enviai puisqu'elle n'avait pas été forcée à manger, mais j'avais apprécié être avec eux. Ce début de journée s'était bien passé,mais il allait falloir affronter pire.

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