Chapitre 7 - Partie 4
La chambre était très grande et les murs tapissés de différentes toiles aux couleurs chaudes : rouges et ocre en grande partie. Lia avança près du lit à baldaquin dont les draps de soie reflétaient la lumière du lustre de cristal. De longs meubles en bois sombres paraient les murs de toute la pièce. De quoi ranger des vêtements pour des années. Il y avait aussi de grands cierges disposés à distance égales sur les meubles, ce qui rendait la chambre plutôt bien éclairée malgré l'heure tardive. Elle continua son inspection pour découvrir, de l'autre côté de son lit, une coiffeuse. Sur la chaise était déposée une robe noire et des magnifiques pantoufles grises ornées de diamants.
La salle de toilette était attenante. La jeune fille ne put réprimer un large sourire en voyant la baignoire, blanche aux pieds dorés. Son cousin faisait décidément parti d'une famille bien riche, plus que la sienne. Elle fit couler l'eau et ne perdit pas une seconde pour enlever ses vêtements et plonger dans l'eau. C'était la première vraie toilette qu'elle faisait depuis son départ de la Rochebarré. En repensant à son château, elle s'imagina à Victor, et à la lettre qu'elle lui avait envoyée. Il devait se faire du soucis.
Après être resté des dizaines de minutes à se reposer dans l'eau, Lia décida qu'il était grand temps de s'habiller. Elle ne voulait pas arriver en retard au bal. Tristan l'y cherchait certainement déjà .
Lia avait presque finie d'enfiler une robe noir, beaucoup moins exubérante que celle du Borloc, lorsque l'on toqua à sa porte et qu'une tête blonde passa l'ouverture.
— Entre Léolia, dit-elle, amusée.
La servante s'approcha et l'aida à lacer son corset. Elle lui coiffa ensuite les cheveux et lui poudra le visage selon les convenances du prestigieux bal d'Humelac.
***
Lia entra dans la grande salle de bal. Léolia l'avait accompagné puis était partie rejoindre les cuisines. La pièce lui paraissait immense, des drapeaux ornaient toutes les poutres, certainement les couleurs de la famille : rose pâle avec un cigne blanc au milieu, comme la pierre sur la chevalière de Jason. La décoration était plutôt féminine comparé à l'homme qu'elle avait rencontré tout à l'heure, y avait-il une femme derrière cela ?
La jeune Iclite alla prendre un verre de vin rouge puis se poussa sur un des côtés, adossée à une poutre, seule. Elle regardait les nobles de la ville danser, rire et s'amuser. Elle ne reconnaissait pratiquement aucun visage. Ni Tristan, ni Jason, pas même le Borloc, alors qu'il avait gagné le défilé, n'étaient présent. La soirée promettait d'être longue...
Quelques hommes vinrent demander à Lia de les accompagner mais elle déclina leur offre poliment. Elle n'avait aucune notion de leurs danses, son père ne donnait que très peu de réception à la Rochebarré, et Lia n'avait aucunement le droit d'approcher d'autres hommes, excepté ses frères, qui étaient de bien piètres meneurs.
Après environ une heure passé à boire du vin, échanger des mondanités avec les quelques hommes qui venaient lui parler, et beaucoup de temps passé à regarder ces nobles s'amuser, Lia vit enfin Tristan entrer dans la salle, en lui faisant des grands signes, comme s'il ne la voyait pas. Il lui fit une petite courbette taquine lorsqu'il arriva à son niveau, ce qui gêna l'Iclite. L'épicier lui donna un petit coup de bras, pour lui intimer de se détendre.
— Tu ne portes pas ta nouvelle robe ?
— Non, monsieur de Belfroid, a jugé qu'elle serait trop voyante, répondit-elle sur un ton amer.
Elle fit un signe de dégout et tira la langue comme si elle allait vomir. Tristan pouffa puis reprit son calme en voyant que les autres convives les regardaient étrangement.
Après ce moment de légèreté, Lia prit sa main pour l'entrainer dans un coin de la salle, afin d'être seule avec lui. Depuis son arrivée, beaucoup de doutes l'avaient assaillis et elle mourrait d'envie de les partager avec lui.
— Eh bien qu'est-ce que tu as ? demanda-t-il, surpris.
— Tu ne trouves pas que c'est étrange de m'envoyer ici pour me cacher ? Le château est immense, des centaines de personnes sont invitées, de toutes les contrées proches, pas très discret comme endroit...
Tristan était perplexe, il ne semblait ne pas y avoir réfléchi avant.
— Je veux dire, reprit-elle, le but est bien que les Maréchaux ne me trouvent pas non ? J'ai l'impression que n'importe qui pourrait reconnaître que je ne suis pas une habituée des lieux ! Si jamais Dionis lance un avis de recherche avec récompense, les habitants n'hésiteront pas une seconde à me dénoncer, tu as vu leurs regards quand je suis sortie de chez le Borloc ?
— Peut-être que justement, puisque c'est une énorme ville, très voyante, ton père s'est dit que les Maréchaux ne s'imagineront jamais que tu te caches ici ?
— Ils sont bien plus intelligents que ça ...
Tristan releva la tête pour observer toute la salle. Puis son regard se posa à nouveau dans le sien.
— Dans ce cas, jusqu'à que nous comprenions pourquoi tu as été envoyée ici, tachons de rester discret. Je pense que tu devrais retourner dans ta chambre.
La jeune femme acquiesça et ils sortirent de la salle. Tristan la ramena jusqu'à sa chambre, pour s'assurer qu'elle était en sécurité puis ils se séparèrent.
***
— Miss ! Il faut vous réveiller !
Lia se retourna, en grognant. Puis une lumière l'aveugla, ce qui la fit grimacer. Elle se frotta les yeux et tenta de les ouvrir, l'un après l'autre. Le regard encore brumeux, elle reconnut Léolia, souriante et déjà en train de courir partout. Elle s'assit au bord du lit, la tête dans les mains, encore ensommeillée.
— Que me vaut le plaisir de ce doux réveil ? grogna-t-elle.
— Le petit déjeuner n'est servi que jusqu'à huit heure, miss.
— Et personne ne peut me l'apporter ? rétorqua-t-elle.
— Oh miss, ce serait très malpoli de ne pas assister au déjeuner de monsieur, vous êtes son invitée après tout !
— Malpoli ? railla-t-elle, monsieur, comme tu dis, n'a même pas daigné venir à son propre bal hier !
Léolia marqua un temps d'arrêt avant de faire une petite révérence, non sans un sourire gêné sur le visage, puis quitta la chambre.
***
Lia entra dans la salle du buffet. Quatre tables immenses étaient disposées en travers de la salle, en parallèle. Presque toutes les places étaient prises et les habitants du château mangeaient avec appétit. La jeune femme s'assit sur une table du fond, ne trouvant pas Tristan. Une des servantes apporta du lait et elle mangea son pain sans entrain.
Alors qu'elle mastiquait une bouchée, Jason passa devant elle, ses conseillers à ses côtés. Le cortège s'arrêta pour parler, d'un sujet sérieux au vu de l'expression sur leurs visages. Le regard du maître des lieux balaya la salle alors qu'il écoutait un de ses hommes. Lorsqu'il croisa celui de Lia, il s'arrêta quelques seconde mais il se rembrunit avant de se détourner et de reprendre le fil de la discussion. Ils sortirent de la grande salle, sans accorder ne serait-ce qu'un sourire poli à la jeune femme. Cette dernière jeta avec énervement son bout de pain dans son bol de lait, essuya sa bouche et sortit à son tour. Elle décida d'aller faire un tour en ville pour essayer d'en apprendre un peu plus sur les mœurs de la ville, peut-être y avait-il une autre raison pour l'avoir envoyé ici.
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Un chapitre un peu plus long puisque j'ai un jour de retard !! Que pensez vous de ce chapitre ? Pas beaucoup d'action comparé à d'habitude, j'espère que la lecture n'est pas ennuyeuse pour autant ! Que pensez vous que Lia va découvrir dans la ville ? Une nouvelle personne ? Un endroit étrange ? Rien du tout ?
Encore et toujours merci pour votre lecture et votre fidélité et n'hésitez pas à commenter et à voter si le chapitre vous a plus :D La bise ! <3
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