Chapitre 6 - Partie 2
Tristan avait compris qu'elle avait besoin de ce moment, de son moment à elle, pour tout évacuer. Alors après l'avoir prévenu qui l'attendrait un peu plus loin, il la laissa là, seule, se laver de ses tourments.
Après, une bonne heure, elle revint vers lui, les yeux secs et le regard déterminé :
— Je ne te fais pas confiance. Mais pour l'instant je n'ai pas le choix, alors amène moi à Humelac.
***
— Arrête-toi ! cria-t-elle à l'attention de Tristan.
Ils étaient partis depuis plusieurs heures. Etre deux sur un cheval n'était pas des plus confortable. Lia était d'autant plus gênée par ce contact proche. Une chose en elle lui intimait qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance.
Ils discernèrent une petite maison au loin et décidèrent de s'y arrêter pour quémander de la nourriture, en espérant que les propriétaires soient prompts à les aider.
Tristan descendit de son cheval, aida Lia à en faire de même, puis tira la bête par les rênes pour que les propriétaires de la maison ne les prennent pas pour des gardes.
La jeune fille frappa quelques coups à la porte. Elle s'ouvrit après quelques secondes sur une fillette. Elle avait la peau noircie par la saleté et les cheveux placés sous un foulard blanc délavé. Elle ne portait qu'une fine chemisette longue, probablement la même depuis des années. Elle était pieds nus, les ongles jaunis et les orteils noirs de crasse. Elle passa sa main sur l'ouverture.
Son regard était inexpressif. L'iclite ne sut comment s'annoncer tant cette petite fille la dérouta. Au bout d'un certain temps Lia entreprit tout de même de les présenter.
— Bonjour, je suis désolée de vous importuner mais cela fait plusieurs jours que nous sommes à cheval, mentit-elle, pourrions-nous abuser de votre hospitalité et vous demander de quoi manger et nous reposer quelques heures avant de reprendre la route ?
La petite leva la tête et plongea son regard dans le sien. Lia sentit des frissons lui parcourir l'échine. C'était une sensation étrange, pas un frisson de peur ou de froid, c'était comme quelque chose qui s'infiltrait en elle. Le regard de la fillette n'était pas mauvais, ni noir. Il était indéchiffrable. Vide mais déterminé. Puis la sensation étrange mourut. La petite s'écarta pour les laisser passer. Lia lança un regard à Tristan, aussi confus, puis entra dans la maison.
Il n'y avait qu'une seule pièce, pas très grande. Le sol était fait de terre sèche, les murs de pierres. On pouvait voir quelques trous dans le mur, certainement une maison à l'abandon depuis un certain temps. La jeune femme ne put s'empêcher de penser à l'air qui s'infiltrerait par ces trous lors de la période glacière. Cette petite allait mourir de froid. Chétive comme elle était, elle ne tiendrait pas une semaine avec de telles températures. Cette dernière referma la porte et attendit derrière eux. Quelque chose clochait dans cette maison et Lia n'aimait pas ça.
— Anna combien de fois je t'ai dit d'arrêter de jouer avec la porte !
Les deux eurent un mouvement de recul, surpris. Lia n'avait pas vu qu'une fille, un peu plus âgée, de son âge certainement, se tenait près du feu, sûrement pour l'entretenir.
La fillette ne répondit pas. Elle restait derrière eux. La plus vieille se leva péniblement, coiffée du même foulard blanc, sale, sur les cheveux et d'une robe toute aussi fine. Pieds nus aussi. Elle épousseta sa robe avant de se retourner. Alors elle marqua un temps d'arrêt et Lia put déceler un voile de peur passer sur ses yeux.
— Qui êtes-vous, cracha-t-elle.
— Pardonnez-nous du dérangement mademoiselle, nous sommes juste de passage et nous avons vu votre maison au loin. Nous aurions juste besoin de nous reposer quelques heures et si cela n'est pas trop vous demander, de manger un peu.
La fille marcha en direction de la dénommée Anna. Elle se plaça derrière elle et posa les mains sur ses épaules. La petite avait toujours ce regard étrange, planté dans celui de Lia. Ce regard insistant la dérangeait de plus en plus. L'Iclite avait l'impression qu'elle infiltrait son corps. D'autant plus que son visage n'affichait aucune expression.
— Je rétière, qui êtes vous ? demanda la plus vieille, plus calmement.
Lia s'avança vers elle, les mains bien en évidence pour lui montrer qu'ils n'étaient pas dangereux.
— Nous avons été victime d'une embuscade et...
— Je ne veux pas de problèmes avec la Garde, veuillez sortir de chez moi, la coupa-t-elle.
— Je ...
Tristan posa une main sur le bras de Lia et s'avança vers la jeune femme. Il fouilla dans sa poche et sortit quelques pièces de monnaie. Les yeux de la jeune femme se mirent à briller d'envie devant ce qui devait s'apparenter à plusieurs mois de salaires pour elle.
— Je vous en prie, nous partirons vite et je vous promets que vous n'aurez aucun soucis à cause nous, dit-il en plaçant les pièces dans la main de la femme.
Après quelques secondes d'hésitation, la femme referma sa main sur celle de Tristan et plaça les pièces dans la poche de sa robe. Elle acquiesça ensuite et ordonna à Anna de les faire asseoir sur le canapé et de leur apporter un bol de soupe. La petite s'exécuta, sans un mot.
— Alice, leur apprit à la jeune femme.
Ils acquiescèrent et suivirent Anna. Ils s'affalèrent sur le petite canapé et Tristan l'intima de dormir un peu, il montait la garde en premier. Mais d'abord ils dévorèrent la soupe qu'Anna leur apporta avant que Lia sombre finalement dans un sommeil profond. Cela faisait des semaines qu'elle dormait soit dans la terre soit dans la forêt, ou même à cheval, alors même la dureté du canapé lui apparut comme la mollesse d'un nuage.
Elle se réveilla, brumeuse. Le feu crépitait et la chaleur enveloppait son corps. Elle avait une couverture sur tout le corps.
Lia trouva Tristan, endormi à côté d'elle, avec une distance prude. La couverture n'était autre que celle qu'il lui avait déjà mis sur le cheval. Elle ne lui faisait pas totalement confiance mais elle ne pouvait refuser d'admettre qu'il ne prenait pas soin d'elle.
La jeune fille se releva, les muscles encore endormis. Elle trouva la fillette assise par terre. Lorsqu'elle l'entendit bouger, Anna releva les yeux et planta à nouveau son regard dans le sien. Cette fois, Lia ne ressentit pas l'étrange sensation.
— Veux-tu la couverture ?
Elle lui répondit non d'un mouvement de tête.
— Quel âge as-tu Anna ?
Anna réfléchit quelques instants et leva les mains. D'abord dix doigts apparurent puis quatre sur sa main gauche. Quatorze ans.
— Tu ne parles pas ?
Elle fit à nouveau non de la tête puis elle ouvrit la bouche et me montra de son index sa langue ... inexistante. Lia eut un mouvement de recul, contre son gré. On lui avait coupé la langue!
Les yeux de l'Iclite s'habillèrent d'effroi et elle porta la main à la bouche. Au vu de sa réaction, la fillette sourit pour lui faire comprendre que tout allait bien.
— C'est une Erostone.
Lia se retourna pour faire face à Alice.
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J'avais dit que je posterai la suite mercredi mais nous avons deux choses à fêter
- L'enfanteresse d'Humelac est nominé aux mini ficties ! C'est incroyable, merci !
- Nous sommes #83 dans la catégorie Aventure, pour la première fois nous dépassons les 100 premiers, c'est juste incroyable ! Merci pour tout <3
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