Chapitre 4 - Partie 1
Les hommes de Raenar l'avaient emmenée jusque dans une petite pièce sombre en dessous du château, au fond d'un interminable corridor. Elle pouvait s'apparenter à un cachot mais elle n'en était pas un. Lia avait beau hurler personne ne venait la secourir. Elle s'était assoupie après ce qui lui avait semblé des heures à ruer la porte de coups et à s'user la voix, en vain.
Lorsqu'elle s'éveilla, ses mains étaient enchainée au mur, on avait dû l'attacher pendant son sommeil. Et cela depuis un certain temps puisque ses poignets lui faisaient atrocement mal. Elle s'habituait petit à petit à la faible lumière de la pièce avant de réaliser que Raenar était assis en face.
— Qu'est-ce que vous faites ? hurla-t-elle.
Elle se débattit et tira sur ses chaines, mais cela ne faisait qu'accentuer sa douleur aux poignets. Raenar restait impassible, il ne paraissait cependant pas s'amuser de la situation. Voyant que ses efforts étaient vains Lia se calma quelques instants et attendit les explications.
— Ecoutez, cette situation ne m'enchante pas plus que vous, mais je n'ai plus le choix. Vous devrez utiliser votre Don pour découvrir ce que me cache Roland.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez mais si vous ne me relâchez pas vous aurez des représailles de mon père ! cria-t-elle.
Il laissa un petit rire lui échapper.
— Votre père ? Pensez-vous réellement que cela soit dans votre intérêt d'ébruiter votre présence ici ?
Elle resta interdite, comprenant qu'il en savait plus à son sujet qu'elle ne le pensait.
— Ecoutez, Lia, évitons-nous le moment où vous feignez de ne pas être celle que vous êtes. Vous êtes l'Iclite que Dionis recherche à travers toute la communauté. Il ne faudrait qu'un mot de ma part pour que vous soyez attrapée, alors coopérez.
Elle resta silencieuse quelques instants, avant de déglutir puis enfin d'ouvrir la bouche.
— Comment ?
— Tristan bien évidemment.
Elle eut le souffle coupé et son cœur loupa un battement. Elle ne comprenait plus rien. Tristan l'avait aidé, l'avait caché des Maréchaux, l'avait sauvé de leur attaque. Tristan, qui l'avait fait promettre de se méfier de toutes les personnes qui habitaient ce château. C'était aussi ce Tristan qui l'avait abandonné le matin même où ils devaient s'enfuir, sans aucune explication. C'était apparemment aussi ce Tristan qui avait dévoilé toute son identité à son oncle, scellant ainsi son destin aux mains de Dionis.
— Bien, je vois que vous reprenez enfin vos esprits et que vous vous rendez compte de la situation dans laquelle vous êtes, reprit Raenar après avoir laissé Lia réfléchir quelques instants.
Elle le toisa de son regard le plus noir.
— Vous savez que je ne peux pas utiliser mon pouvoir sans que les Erostones ne l'entendent, dans les deux cas je finirais aux mains des Maréchaux, alors autant ne pas vous faire le plaisir de vous aider ! cracha-t-elle.
— Ne vous ai-je pas déjà dit de ne pas faire de conclusions hâtives ma chère ?
Il marqua une pause avant d'enchainer.
— Vous vous trouvez ici dans une pièce faite entièrement de terre, c'est pour cela qu'il n'y a aucune fenêtre. Il est parfaitement possible d'utiliser ses Dons ici, sans que leurs ondes ne traversent les murs.
— C'est impossible, les Maréchaux traquent depuis des centaines d'années toutes les pièces de ce type, si c'était le cas vous auriez fini aux Diaphanses !
— Pourquoi croyez-vous que je continue à garder Roland dans mes bonnes grâces ? Je lui donne ce qu'il veut et en échange il ne cherche pas à fouiller le château.
— Et que lui donnez vous ?
Il se leva de sa chaise et lui tourna le dos. Ils passèrent plusieurs minutes ainsi dans le silence avant que les pièces du puzzle s'agencent dans sa tête.
— Vous lui avez donné votre femme ! dit-elle tout bas, elle-même choquée de ce qu'elle venait de dire.
Il se retourna les yeux embués de larmes.
— Pensez-vous avoir le droit de me juger ! hurla-t-il en se rapprochant dangereusement.
Son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du sien et Lia ne put réprimer la vague de crainte qui circulait dans tout son corps. Ils restèrent quelques instants à se toiser puis Raenar se recula pour retourner s'asseoir sur sa chaise. Il subsista dans cet état, le regard rivé sur le sol, quelques minutes.
— Je ne vous demande pas de cautionner mon acte Lia, il y a tellement de choses que vous ne pouvez pas comprendre, qui sont au-dessus de vous. J'aurais aimé que vous acceptiez de votre propre chef de sonder les souvenirs de Roland mais je n'hésiterai pas à utiliser la menace dans le cas contraire...
— Arrêtez de vous faire passer pour un bon samaritain Raenar, vous n'avez pas attendu que je refuse votre proposition pour m'attacher comme du bétail.
— Auriez-vous accepté ?
- Bien sûr que non ! Je ne pourrais pas délibérément sonder la mémoire de la seule personne qui a su être gentille avec moi dans ce château.
Il s'était levé furibond avant la fin de sa phrase.
— Lia faites très attention, ne vous faites pas leurrer par Roland, il est tout sauf quelqu'un de bon.
— ... dit mon geôlier.
Il s'arrêta quelques instants pour réfléchir. Puis contre sa volonté il sortit des clés de sa poche et enleva les chaines de Lia. Elle ramena immédiatement ses bras contre son torse et massa ses poignets douloureux. Raenar lui amena un verre d'eau et s'accroupit face à elle.
— Je fais un pas vers vous Lia, ferez-vous le dernier ?
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