Chapitre 2- Partie 3

— Tiens regarde ce livre.

Lia tendit à Thaïs le livre qu'elle lisait juste avant. Cette dernière le feuilleta, perplexe, encore de l'Ashkan. Elle leva un regard interrogateur vers sa protégée. 

— Va à la dernière page.

La servante s'exécuta et tourna les pages du gros livre. Elle y trouva un espèce d'arbre généalogique, étrange. Il n'était pas continu. Certaines ramifications s'arrêtaient et d'autres commençaient de nulle part. Thaïs ne reconnut aucun nom jusqu'au dernier : "Anatole III". 

— Anatole ? Le conseiller des Maréchaux ?

— Lui même ! 

Thaïs fronça les sourcils, attendant plus d'explications de la part de la jeune fille.

— C'est l'arbre des preneurs.

Thaïs resta interdite quelques instants, perplexe et dubitative.

— L'arbre des preneurs ? Ma puce, c'est une très lointaine légende. Je sais que tu veux absolument trouver une raison à la mort de ta mère, mais ne te crée pas de fausses quêtes s'il te plait.

Elle s'était levée pour s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil de la jeune Iclite. Elle caressait tendrement son bras. Cette dernière se leva précipitamment, comme pour couper court à ce geste pourtant affectueux.

— Comment crois-tu maman morte ?

— Tu sais très bien qu'elle a été aliénisée par Mareba et envoyée aux diaphanses.

Mareba se trouvait être la soeur de Dionis. A eux deux ils formaient le couple royal.

Lia se retourna vers son amie, le regard perçant, arborant une confiance que Thaïs ne lui avait jamais vue.

— Dis moi, sais-tu comment le pouvoir Iclite fonctionne ?

— De la même façon que les autres Dons.

— Il se décuple à chaque fois que nous enfantons. Les femmes Iclites ne sont jamais aussi puissantes que lorsqu'elles attendent un enfant. C'est bien pour cela que nous avons de grandes fratries dans ma famille.

— Si tu le dis ... lança Thaïs perplexe.

— Ma mère a eu 6 enfants ! Mes trois frères, moi, et deux enfants morts-nés. Tous à moins d'un an d'intervalle ! Peux-tu imaginer à quel point elle était puissante ?

—Difficilement puisqu'elle ne pouvait pas utiliser son Don !

—Crois tu réellement que Dionis et Mareba auraient sacrifié un Don aussi précieux que celui qu'elle avait ? Peux-tu imaginer à quel point entrer dans la tête de toute personne est jouissif pour des monarques assoiffés de pouvoir et qui veulent réprimer toute rébellion ? On a pris son Don à maman, et elle a fini aux diaphanses, cracha-t-elle.

Thaïs attendit quelques instants avant de reprendre.

— Ecoute Lili, tout ce que tu dis pourrais tenir la route, mais cela se base aussi sur beaucoup de suppos...

— Je le sais c'est tout ! la coupa Lia. Tu as toutes les preuves nécessaires devant toi, si tu préfères faire l'autruche, c'est tout à ton honneur mais je ne refuserai pas la vérité si elle s'impose à moi !

Lia sortit de la pièce, en claquant la porte. Thaïs resta quelques secondes stupéfaite, peu habituée à ce genre de réactions violentes chez sa protégée. Puis son regard s'attarda sur le livre, elle se demanda pourquoi la vieille Isiline possédait un tel livre, et comment l'avait-elle eu.

***

— Nous avons perdu sa trace à côté de Ruisselac Sir, disait le garde d'une voix chevrottante.

Dionis, sur son trône, avait croisé les jambes et lissait sa barbe. Il avait pour habitude d'effectuer ce geste lorsqu'il réfléchissait. Et Dionis qui réfléchissait, ça n'était jamais de bon augure.

— Et l'erostone ? Où est-il ? demanda-t-il d'un ton sec.

L'individu concerné s'avança prudemment, manquant de trébucher sur sa toge bien trop grande pour lui. Il s'arrêta à quelques pas du Roi et s'agenouilla sur le sol. Il croisa ses mains sous sa tunique avant de relever la tête.

Un long silence emplit la salle pendant que les deux hommes avaient l'air de s'affronter du regard. L'Erostone baissa le premier la tête.

Dionis se leva et avança lentement vers lui, avant de le contourner au dernier moment. Le pauvre homme tenta de lui attraper la main pour le supplier mais le Roi l'en empêcha et le repoussa de son pied, ce qui le fit tomber à la renverse. 

Dionis hocha la tête en direction d'un garde. Ce dernier s'approchait de l'Erostone tout en dégainant son épée. La victime implorait le pardon et la pitié de son maître par une prière muette mais l'épée qui lui trancha la gorge mit fin à la scène. Le garde essuya son arme sur le tissu blanc du cadavre puis la rangea dans son fourreau, avec un air de dégout pour l'être qui gisait à terre.

Dionis ordonna à ses gardes de préparer ses chevaux tout en se rasseyant sur son trône.

Un sourire mesquin et satisfait lui barrait le visage alors qu'il se murmurait à lui même « Il est temps de rendre visite à notre chère Isiline ».

***

Lia courut vers la lavandière qui se trouvait en marge du village. A cette heure de la journée elle était très peu fréquentée. Elle y trouverait un coin tranquille et protégé du regard pour calmer ses nerfs et réfléchir.

— Besoin de s'isoler ?

Lia se retourna rapidement, surprise, avant de se radoucir.

— Tristan ! Où étiez-vous passé ? J'ai voulu venir vous voir hier mais je n'ai trouvé qu'une épicerie vide !

— D'où venez-vous mademoiselle Tula ? Hier c'était la pleine lune voyons !

Voyant le regard circonspect de la jeune femme, il fit une grimace d'incompréhension avant de reprendre :

— Le rituel des Sans-Famille. Toutes les anciennes familles se réunissent et racontent chacune à leur tour les légendes anciennes sur leurs clans, combien elles étaient puissantes du temps des Astréistes et nous prions les dieux pour que ces jours bénis fassent partie de notre futur...

Sa voix était chargée de tristesse et d'amertume.

— A quelle ancienne Famille appartenez-vous ?

— Aux Amarants.

Voyant que Lia attendait plus d'explications, il comprit qu'elle ne connaissait pas cet ancien clan.

— D'après les mythes et les légendes, les personnes de mon clan avaient un lien avec l'au-delà.

— Ils parlaient avec les morts ? s'enquit Lia, piquée au vif par le souvenir de sa Mère.

Il lui prit la main et il l'entraina loin de la fontaine. Ils entrèrent dans la petite épicerie que Lia commençait à bien connaître mais cette fois il ne l'emmena pas dans l'arrière-boutique. Ils passèrent derrière le comptoir et Tristan lâcha sa main. Il se baissa pour soulever le petit tapis et Lia découvrit une trappe. Il l'ouvrit et après avoir cherché son approbation il descendit les petits escaliers, Lia à ses trousses. Ils arrivèrent dans une grande bibliothèque. La pièce était plutôt sombre et avait pour seules lumières quelques bougies dans les coins et sur la table ronde du milieu.

***

Plus haut, dans le village, c'était la cohue. Tout le monde courrait partout, en hurlant. Les femmes cherchaient leurs enfants et les hommes tentaient de créer des barricades devant leurs maisons. Ils avaient le visage défiguré par la peur. Ils criaient « Les Maréchaux ! ». 


NDA : Avez-vous compris ce qu'il se passe ? Comment vont s'en sortir nos deux protégées ?

Ce chapitre a été, très partiellement, modifié le 6 février 2018.

Dionis, très satisfait d'avoir tué aujourd'hui, vous ordonne de tourner la page, ou Isiline ne sera plus vivante bien longtemps <3

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