Chapitre 12 - Partie 3

Lia entrait dans l'échoppe, plus déterminée que jamais malgré une pointe d'appréhension qui ne semblait pas vouloir quitter sa poitrine. Elle y trouva Bérénice, ainsi que Jerah.

— Pourquoi est-il là ?

— L'utilisation de votre Don sera douloureuse, surtout au début. Jerah, en tant que Dolosiste chevronné, sera là pour vous soulager. 

— Voilà qui est encourageant. 

Jerah se posta contre le mur, le regard droit comme à son habitude. Lia ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, elle comprenait parfaitement pourquoi Jason l'avait choisi comme son plus important protecteur, ils possédaient la même personnalité. 

Elle s'assit en face de Bérénice et cette dernière, après avoir respiré un grand coup, plaça ses mains devant elles, les paumes vers le ciel et invita Lia à en faire de même.

— Fermez les yeux ma chère. Sentez vos mains, imaginez-les comme une partie vivante de votre corps, qui ont leur propre façon de fonctionner et d'obéir. Elles ne sont plus un simple sujet de votre corps. Ce sont grâce à elles que vous pourrez devenir la femme puissante que vous avez toujours rêvé d'être.

— Je n'ai jamais eu la volonté de posséder la puissance, Bérénice, vous le savez.

— Parce que vous ne saviez pas que vous pouviez l'avoir. Maintenant cela va changer, croyez moi, je l'ai vu tant de fois. 

La jeune femme ne répondit pas, préférant ne pas réfléchir à cette éventualité. Tout ce qu'elle faisait, c'était pour Victor, et personne d'autre, encore moins pour elle. 

— Rappelez vous ce que vous avez vu, ce que vous avez senti quand je vous ai montré le souvenir de la mère de Jason. Essayez de revivre cette sensation, de la rechercher au creux de vos mains. Ressentez cette envie, cette soif de connaissance à l'intérieur de vos cicatrices.

La jeune femme obéit et se concentra aussi fort qu'elle put. Les yeux plissés et les lèvres comprimées formant une fine ligne, elle cherchait désespérément dans ses souvenirs. Elle revoyait la scène, le massacre des Maréchaux, la traite des Erostones. Elle sentit peu à peu un sentiment monter en elle, celui du désir, de l'envie d'en apprendre plus. De comprendre pourquoi, comment, où. Ce sentiment semblait grossir, s'infiltrer dans ses veines et influer dans tous son corps. Elle le sentit descendre à travers ses membres et jusqu'à ses mains. Elle pouvait le voir contourner les roses, épouser parfaitement les limites de ses cicatrices, elle se l'imaginait dans son esprit. Et alors que la rose apparaissait dessinée entièrement devant ses yeux clos, une douleur si aiguë qu'elle lui arracha un cri de douleur la sortit de sa transe. 

Elle ouvrit ses yeux perlés de larmes et ramena ses mains à elle, prenant de grandes inspirations pour calmer la douleur. Bérénice ouvrit ses yeux à son tour et attendit que Lia se calme.

— La douleur ne cessera d'augmenter dans un premier temps Lia, ensuite vous vous habituerez et elle deviendra supportable. 

La jeune femme acquiesça tout en essuyant les larmes qui avaient coulé sur sa joue. 

— Voulez-vous continuer ?

— Oui.

— Alors vous tenterez de plonger dans mes souvenirs.

Surprise, la jeune femme écarquilla les yeux. 

— V... Vous allez me laisser entrer dans votre tête ?

— Oh mais ne vous inquiétez pas ma chère, ria-t-elle, j'ai appris à choisir les souvenirs que vous pourrez sonder, beaucoup d'Iclites sont passés par là, et jamais aucun n'a découvert mes petits secrets.

Lia ne savait pas vraiment si elle devait se sentir rassurée ou non mais elle devait admettre qu'elle préférait s'entraîner sur Bérénice plutôt qu'une autre personne. L'enchanteresse pourrait sûrement la guider, ayant elle-même expérimenté l'utilisation du Don Iclite.

— Très bien, maintenant placez vos mains au niveau de mes tempes et faîtes la même chose que tout à l'heure, vos roses devraient trouver le chemin jusqu'à mon esprit sans trop de difficulté.

La jeune femme prit une grande inspiration avant de placer dans un geste lent ses mains comme le lui avait demandé Bérénice. Son pouls s'accéléra ses yeux s'ouvrirent légèrement sur le coup de l'appréhension. Peu sûre d'elle, Lia sentit sa gorge se comprimer et chercha du soutien dans le regard de Bérénice qui lui rendit un petit sourire encourageant. Elle ferma alors ses paupières et se concentra pour reproduire ce qu'il s'était passé quelques minutes auparavant. Toujours plongé dans le noir complet, son esprit tentant de se frayer un chemin jusqu'aux paumes de ses mains, mais Lia y peinait franchement. À force de plisser trop fortement ses yeux, elle commençait à souffrir, elle s'épuisait à tenter de contrôler ses méninges alors qu'elle n'y avait jamais été préparée. 

Puis soudainement elle vit comme une lumière au loin, elle s'y sentait attirée, comme la sensation du médaillon de Bérénice lui procurait. Le point lumineux parut grossir et peu à peu les couleurs commencèrent à se créer en un tableau de peinture à huile, comme lorsqu'elle avait visionné le souvenir de Madame de Belfroid. Mais les différentes couleurs restèrent ainsi, elles ne murent pas en un souvenir net. La jeune femme en fut désemparée, elle ne comprenait pas.

— Choisissez la couleur que vous souhaitez, Lia.

Sans vraiment mieux comprendre la jeune femme fixa intensément, toujours dans son propre esprit, le bleu qui ressemblait à celui de ses yeux. 

— J'étais persuadée que vous feriez ce choix, lança Bérénice sur un ton railleur accompagné d'un petit rire. 

Le bleu se mit à grossir, au dépens des autres couleurs qui s'effacèrent petit à petit et Lia put bientôt distinguer des ombres se muer en une peinture plus nette.
Elle se trouvait dans un endroit sombre, dans le coin d'une minuscule auberge, déduisit-elle. Soudain une femme à la peau matte s'assit devant elle, essoufflée et le visage mué par la peur, avant de plonger les yeux dans les siens. Isiline. Elle avait certes quelques années de moins que lorsque Lia l'avait connu, mais elle ne pouvait se tromper, ses cheveux dorés, ses yeux noisette et cet air de détermination, il s'agissait bien de la grand-mère de Tristan.

« Béré, il faut que tu m'aides ! Ils arrivent, ils nous ont retrouvés, je ne sais pas comment ils ont fait, mais je dois absolument sauver Tristan ! Raenar m'attend mais je ne peux pas risquer la vie de mon petit-fils. Peux-tu lui porter ce message ? Et lui dire que je l'aime, plus que tout. »

Lia retira vivement ses mains des tempes de Bérénice et ouvrit ses yeux, qui sortaient pratiquement de ses orbites. Le sang lui montait au visage et elle sentait l'adrénaline parcourir tout son corps sous l'effet de ce qu'elle avait vu.

— Isiline et Raenar ? Demanda-t-elle la gorge sèche.

— Oui...

Le cerveau au bord de l'implosion, le puzzle ne tarda pas à s'assembler dans la tête de la jeune femme.

— Isiline est la femme que Raenar a vendue aux Maréchaux ?

Bérénice acquiesça les yeux toujours plantés dans ceux de Lia, comme pour guetter le moment où elle allait craquer.
Mais la jeune Iclite n'en fit rien. Elle était bien trop occupée à réfléchir à tout ce que cela impliquait. 

— Tristan est-il au courant ?

— J..., commença l'Enchanteresse.

— Au courant de quoi ?

Les deux femmes se retournèrent et leur sang se glaça en découvrant Tristan qui entrait dans l'échoppe. 

NDA

Comme promis, la suite  est publiée aujourd'hui :D Alors, que pensez vous de cette révélation, avez-vous des idées sur qui est Tristan ? Que pensez-vous de la future confrontation ? 

Encore merci de votre lecture, et on se retrouve très vite <3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top