Chapitre 11 - Partie 3

— Il est en est hors de question Bérénice ! gronda Jason.

Il s'était levé dans un mouvement brusque et rapide, et ses yeux n'étaient plus mouillés, comme s'il n'avait jamais pleuré. Le regard mauvais planté dans les yeux de l'enchanteresse, il serrait les poings et semblait prêt à exploser.

Lia assistait à la scène mais demeurait absente. Elle était restée scotchée aux dernier mots de Bérénice :  " j'ai peut-être trouvé un moyen d'éveiller ton Don" avait-elle prononcé. Le ton que la femme avait utilisé n'avait pas vraiment plu à la jeune Iclite, mais que pouvait-elle faire d'autre ? Ses jours étaient comptés, le thé miraculeux - qui n'était autre que ds feuilles séchées d'Isisdora - ne ferait pas effet encore bien longtemps. Elle devait réveiller son Don, sinon elle mourrait et toute cette aventure n'aurait servi à rien.  Mais elle savait aussi qu'elle n'était pas capable de le faire de façon normale. Bien que depuis ce matin la jeune femme avait découvert une autre facette de la personnalité de Jason, entre la maison de madame de Belfroid et la vision, mais leur relation n'était pas non plus au stade de passer à la vitesse supérieure.

Les deux autres haussaient le ton, Bérénice clamant que Lia n'avait pas le choix et Jason répétant que c'était bien trop dangereux. Alors l'Iclite en eut marre, se leva sans qu'ils ne la remarque et dit simplement : 

— Expliquez-vous.

Bérénice et Jason se retournèrent, surpris, vers la jeune femme qui avait les yeux tourné vers l'enchanteresse. Celle-ci prit quelques secondes pour réfléchir et s'avança vers Lia.

— Je... Je connais quelqu'un, qui pourrait t'aider. Mais il n'est pas fréquentable, et son prix sera sûrement très élevé...

— Peu importe, s'il existe une possibilité, je veux la prendre !

— Lia ! Commença Jason, je vous en pris, ne faites pas de bêt...

— Parce que vous avez une autre solution peut-être ? l'interrompit la jeune femme, énervée. 

Jason baissa les yeux et Lia fut satisfaite de lui avoir clouer le bec. Elle se tourna à nouveau vers Bérénice pour lui demander plus d'information sur cet homme étrange. 

— Il habite dans un petit village à quelques kilomètres d'ici, à cheval tu y seras en une matinée. Tu pourrais partir demain à l'aube, moyennant quelqu'un qui t'accompagne. 

Leurs de têtes se tournèrent vers Jason mais celui si secoua la sienne.

— C'est impossible, c'est la journée des plaintes demain. Je ne peux me soustraire à ce devoir, ni me faire remplacer...

Lia semblait perdre espoir quand Bérénice eut une idée.

— Attendez quelques minutes, je crois que nous avons trouvé ton accompagnateur.

Etonnée, la jeune femme portait une grimace d'incompréhension sur son visage, mais elle jugea que Bérénice l'avait assez aidé et porté secours pour lui faire confiance. Alors elle attendit patiemment, dans le silence.

Du bruit se fit entendre devant l'échoppe et quelques secondes après Tristan apparut. Son visage était barré par une expression étrange, il semblait ne pas être plus au courant de la raison de sa présence que les autres. Scrutant la pièces de ses deux yeux verts, un petit sourire se dessina enfin lorsqu'il aperçut Lia au milieu de la pièce.

— Lia ? Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Je n'ai aucune idée de pourquoi j'ai atterri là, c'est comme si une force m'avait poussé !

Il semblait atterré et Lia entendu un petit gloussement qui venait de derrière elle. Bérénice semblait s'amuser de la situation mais elle reprit son calme rapidement et cacha son médaillon sous ses vêtements. Lia se posait de plus en plus de questions sur ce médaillon, qu'était-il ? Il ne ressemblait pas vraiment au sien, il ne devait donc pas avoir les mêmes propriétés. En plus, il semblait agir comme un véritable aimant pour quiconque le regardait, sauf que dans ce cas, Tristan n'était pas présent.

L'enchanteresse s'avança vers l'épicier et lui expliqua la situation. Le jeune homme, abasourdi par tout ce qu'il apprenait dû s'asseoir pour assimiler ce qu'il entendait. Après quelques minutes, il se tourna face à Lia et gronda : 

— Je pars quelque jours et tu as le temps de presque mourir, de revivre et de trouver un moyen de défier la nature en éveillant ton Don autrement ? Dit le moi, si ce que tu veux vraiment c'est passer l'épée à gauche !

La jeune femme ne put s'empêcher de sourire, elle dut bien s'avouer à elle-même qu'elle était heureuse que Tristan soit rentré. Malgré leurs différents et le fait qu'elle ne sache toujours pas si elle faisait réellement confiance, elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier sa présence réconfortante.

Bérénice continua son explication et Tristan blêmit.

 — Le sorcier de Gageac ? C'est la ville où j'ai passé ces derniers jours, j'ai entendu toute sorte d'histoire sur lui, ce n'est pas quelqu'un de bien !

La colère remontait dans le corps de Lia. Etaient-ils tous idiots ? Evidemment que cet homme n'était pas bon, qu'il pratiquait la magie noir, sinon il ne pourrait l'aider. Se sentant bouillir, elle tenta de se calmer en prenant de grandes inspirations et cela fonctionna au bout d'une minute. Prenant sur elle pour ne pas exploser sur lui, elle demanda sur un ton sans équivoque : 

— Vas-tu m'accompagner ou pas ?

Le jeune Amarant sembla hésiter et chercher du soutien dans les yeux des deux autres personnes présentes ici, mais il n'y trouva rien. Alors il soupira et hocha la tête, mais cette idée ne lui présageait rien de bon. 

***

Lia et Tristan s'étaient donné rendez-vous en bas du château, juste avant que le soleil ne se lève. Lorsque la jeune femme arriva, Tristant était déjà présent, les bras chargés. Il lui tendit une cape brune et de quoi nouer ses cheveux, elle était beaucoup trop reconnaissable pour voyager avec sa chevelure brune et bouclée. Ils marchèrent ensuite jusqu'à l'écurie où deux chevaux se trouvaient scellés : la jument de Tristan et un étalon albinos. 

Ils galopèrent à travers les collines et les clairières, repassant au pas pour laisser leurs montures se reposer sans pour autant s'arrêter.  

La jeune femme fut époustouflée par la beauté des paysages qui s'offrait à elle. L'hiver arrivait à grand pas et l'automne était donc bien installé. Les camaïeux de tons chauds, les feuilles orangées, rouges et jaunes tapissaient le sol des grandes étendues et les forêts paraissaient être comme des bougies allumées, reflétant la lumière des quelques rayons qui passaient à travers le ciel maussade. Il n'y avait presque pas de vent, ce qui rendait la température plutôt agréable. Lia rêvait d'explorer les contrées de la Communauté et se promit qu'un jour, elle le ferait.

Tristan la sortit de ses rêveries lorsqu'il lui pointa du doigt l'entrée d'un petit village. Le cœur de la jeune femme s'emballa un peu, se rappelant qu'elle s'apprêtait à franchir une ligne, et qu'il n'y aurait pas de retour en arrière possible. Elle se revoyait arriver à Humelac, se disant que son destin se finissait ici, mais ça n'avait été que le début de ses aventures. Alors peut-être que ce village aussi serait le début de quelque chose.

Ils repassèrent au pas lorsqu'ils traversèrent l'entrée du village et Lia fut étonnée de voir les petites rues bondées. Elle s'attendait à voir un village sombre, avec des rues désertes mais c'était tout le contraire. Les habitants avaient plutôt l'air heureux, parlaient de vive voix et il y régnait une atmosphère légère. Ainsi son pouls se calma légèrement.

Tristan bifurqua sur la gauche et descendit de son cheval quelques mètres plus loin, la jeune femme l'imita. Il tendit les rênes des deux chevaux à un homme qu'il semblait connaître en lui glissant quelques sous dans la main, puis l'homme prit les montures et les fit rentrer dans ce qui semblait être une écurie. Tristan s'approcha de Lia.

— Bon, je te rappelle que ce n'est vraiment pas quelqu'un de bon...

— Je sais, le coupa-t-elle, au moins j'aurais étudié toutes les propositions.

Il acquiesça et ils commencèrent à s'enfoncer dans les rues du village et après avoir longé plusieurs, salué quelques commerçant, avec qui il avait dû faire affaire lorsqu'il était venu, Tristan s'arrêta devant une échoppe. L'entrée ressemblait beaucoup à celle de Dame Bérénice.

Alors ils entrèrent. L'intérieur ne ressemblait en rien à l'échoppe de l'enchanteresse d'Humelac. Il y avait plein de vieux livres sur les étagères qui ornaient les murs. Murs que l'on ne pouvait même plus discerner tant ils étaient pleins d'ouvrages. Le tout était atrocement poussiéreux, ce qui ne manqua pas de faire tousser Tristan. La salle était en effet très sale mais par-dessus tout, et ce qui était le plus étrange pour ce lieu, il n'y avait pas de table, ni de chaise, ni rien pour s'asseoir. Juste des étagères pleines de livres et de la poussière, par kilos.

— Hm ! Y a quelqu'un ? tenta Tristan.

Pas de réponse. Lia discerna des traces devant une petite armoire. On l'avait déplacée. Elle montra sa trouvaille silencieusement à Tristan, qui acquiesça.

— Nous avons vu les traces monsieur !

Alors, et dans un grand fracas, l'armoire tomba à la renverse, manqua d'écraser le pied de Tristan qui se jeta en arrière pour sauver son membre. Il y eut un énorme nuage de poussière lorsque l'armoire toucha le sol et les deux protagonistes furent pris d'une quinte de toux. Soudain ils furent plaqués au mur par une force invisible. Lia tenta de se débattre mais en vain, cette sensation de poids lui écrasant la poitrine n'était pas sans lui rappeler la sensation qu'elle avait eu chez Bérénice.

— Nous ne vous voulons pas de mal monsieur ! Nous avons besoin de votre aide ! suffoqua Tristan.

Après quelques secondes, la pression s'envola et ils purent à nouveau respirer convenablement. La poussière retomba et lorsque Lia releva les yeux, elle vit un tout petit homme au milieu de la pièce. Il ne devait pas mesurer plus haut qu'une table, il avait les cheveux rasés et une rune était dessiné sur sa tête, un symbole que Lia n'avait jamais vu nulle part. Il était habillé d'une cape bordeaux et tenait un regard très méfiant envers les deux.

— Qui êtes vous ? Que me voulez vous ?

— Bonjour monsieur, nous avons entendu parlé de vos capacités et aimerions vous demander si vous pouviez en user pour nous.

L'homme ne répondit pas de suite. Il les jaugeait.

— Et de laquelle de mes capacités avez-vous besoin ?

Tristan se retourna vers Lia qui était restée un peu en retrait et lui fit signe d'avancer. Elle s'arrêta devant le petit homme.

— J'ai besoin de réveiller mon Don.

— Et de quelle famille êtes-vous pour ne pas pouvoir le faire seule ?

— Iclite.

Le petit sourire moqueur de l'homme mourut et se remplaça en un sourire narquois.

- Oh ! Je vois, madame ne veut pas passer à la casserole ? railla-t-il.

Lia sentait la colère monter en elle. Cet homme osait-il vraiment blaguer sur sa situation ? Voir même, la minimiser ?

— Pouvez-vous, oui ou non m'aider ? demanda-t-elle sur un ton glacial.

— C'est qu'elle mordrait la petite.

Elle était furibonde.

— Viens, on s'en va, dit-elle à Tristan en faisant demi-tour d'un pas énervé.

Tristan allait la retenir mais le petit homme parla avant qu'elle ne sorte de la boutique.

— Bien sur que je peux vous aider, mais cela a un prix.

Lia s'arrêta et pris quelques secondes avant de se retourner poiur faire face à son interlocuteur.

— Je me doute bien, quel est le votre ?

— Ça !

Il s'était avancé vers elle et touchait presque du doigt le collier de sa mère.

— Mon collier ? s'étonna-t-elle. Mais il ne vous sera d'aucune utilité !

— Aucune utilité ? se moqua le sorcier. Sais-tu seulement ce qu'est ce collier ?

— Evidemment, s'indigna-t-elle. On se l'échange de mère en fille depuis plusieurs générations, c'est le médaillon Iclite, qui révèle toutes les phases de notre vie magique.

— Le médaillon Iclite ?

Cette fois il explosa de rire carrément. Quelques larmes pointèrent le bout de leur nez aux coins de ses yeux, si bien qu'il dut reprendre sa respiration et s'essuyer les yeux avant de pouvoir parler. Lia regardait Tristan, mais ce dernier ne paraissait pas comprendre plus que la jeune femme.

— Votre médaillon, c'est un Jadum. Cette pierre révèle votre état magique, pour vous guider, mais pas seulement le Don Iclite, elle fonctionne pour tous ! Elle est extrêmement rare. Et à ce que je vois, il ne vous reste plus longtemps à vivre.

Lia qui caressait son pendentif en écoutant le petit homme et referma sa main dessus, rougissant qu'on puisse savoir ce qui se passait en elle rien qu'à la vue de ce collier.

— Monsieur, il est la dernière chose que j'ai de ma mère, s'il vous plait je peux grassement vous payer, donnez-moi votre prix !

— Je me fiche bien de votre argent. Votre médaillon ou rien, et je vous laisse la chainette si vous y tenez tant, ria-t-il.

Lia se tourna une fois de plus vers Tristan, désemparée. La détresse paraissait clair dans ses yeux, elle tenait fermement le médaillon dans sa main. Tristan fit une moue compatissante mais ne dit rien, voulant certainement que la jeune femme prenne sa propre décision.

Puis dans un geste quasi robotique, et à contre cœur, Lia tira un grand coup sec et la chainette se brisa. Elle tendit alors le médaillon vers l'homme, qui souriait mauvaisement, tandis qu'une larme coulait le long de sa joue.

— Faîtes vite, je veux partir d'ici le plus rapidement possible.

— Avec plaisir madame, dit-il d'un ton satisfait.

Il rangea le médaillon dans la poche de son pantalon puis ouvra sa main pour montrer à Lia une petite chaise dans un des coins de la pièce. Elle s'assit docilement, se refusant de penser, et se concentrant uniquement sur les ordres de monsieur.

NDA : On dirait qu'on approche du moment fatidique ^^ Pensez-vous que Lia a pris la bonne décision ? Que va-t-il se passer dans la suite ? Comment va-t-il s'y prendre pour réveiller le Don ?
Dites-moi tout ;)

Merci encore pour votre lecture, le compteur à vue augmente constamment et ça m'emplie de joie, merci <3

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