Chapitre 11 - Partie 1
La jeune Iclite ouvrit un oeil, d'abord difficilement, bien que la lumière ne fut pas forte dans la pièce, puis l'autre avec plus d'aisance. L'esprit encore embrumé, elle mit quelques secondes à comprendre ce qu'il se passait autour d'elle. Jason, Léolia, Rilan et un homme qu'elle n'avait jamais vu se tenaient à ses côtés, dans sa chambre. Lia voulut tenter de se rehausser mais sa tête la fit souffrir si fort qu'elle abandonna l'idée tout en grommelant.
— Il faut vous reposer mademoiselle, buvez un peu d'eau et attendez d'être bien réveillée avant de vous asseoir.
C'était l'homme mystérieux qui venait de parler. La jeune femme chercha la réponse dans les yeux de ceux qu'elle connaissait et c'est Léolia, évidemment, qui parla la première.
— Ecoutez les conseils du mire (NDA, mire est le nom utilisé pour dire médecin au Moyen-âge) miss, vous avez dormi trois jours ! J'ai bien cru que vous ne vous réveillerez jamais, je suis si heureuse miss !
Les yeux de la domestique brillaient et un sourire tentait de se frayer la place sur son visage fatigué. Il semblait qu'au contraire d'elle, la joyeuse Léolia n'eut pas beaucoup dormi ces derniers temps.
— J... Tenta Lia, en vain.
Sa bouche était pâteuse et elle n'arrivait pas à formuler ses idées, tant à travers ses lèvres que dans son esprit. C'est donc avec empressement qu'elle accueillit le verre que lui tendait le mire.
Alors qu'elle buvait avec ardeur, Jason se rapprocha d'elle tandis que les autres se reculaient pour lui laisser la place. Il s'assit à son côté et posa sa main sur le front de la jeune femme. Cette dernière resta interdite et chercha du soutien dans les yeux de sa domestique, mais celle-ci paraissait tout aussi surprise qu'elle.
— Votre fièvre a baissé, c'est bien, commença-t-il sur un ton rassurant. Veuillez nous laisser s'il vous plait, ordonna-t-il aux trois autres.
Rilan s'approcha de sa soeur et vint l'embrasser sur la joue. Elle lui répondit par un sourire aimant, bien qu'encore un peu faible. Il resta quelques instants auprès d'elle, cherchant à savoir si elle était prête à se retrouver seule avec le propriétaire des lieux. Une fois qu'elle l'eut rassuré en posant sa main sur la sienne, il hocha la tête, toisa Jason, et sortit de la pièce suivi de Léolia et du mire.
Jason, après avoir vérifié que la porte soit bien fermée, se retourna vers la jeune femme tout en fouillant dans sa poche. Il en sortit un petit sachet et un mot froissé.
— Je crois que ceci vous est adressé, dit-il en lui tendant le bout de papier.
Il aida Lia à se mettre en position assise et une fois qu'elle fut confortable, elle l'ouvrit. Elle resta les yeux immobiles une minute, alors qu'elle n'avait mis que quelques secondes à lire le message. Elle ne comprenait pas. Qui pouvait bien en vouloir à sa vie ?
— C'est une menace ? demanda-t-elle dans un murmure, sa voix ne s'étant pas encore bien réveillée.
— C'est d'abord ce que j'ai pensé oui. Mais je crois savoir de qui il vient et je ne pense pas que cette personne vous veuille du mal, pas après ça.
Jason ouvrit la paume où il avait enfermé le petit sachet. Mais ce dernier était vide, la jeune fille ne comprit pas et releva les yeux vers son interlocuteur, en attente d'explication.
— C'est ce sachet qui vous a sauvé la vie Lia, et c'est Bérénice qui me l'a apporté. Il y avait du thé dedans, un thé spécial j'imagine. Je crois que vous avez échappé à la mort, mais elle vous guette encore.
La jeune Iclite cligna des yeux plusieurs fois à cause des douleurs engendrées par sa réflexion.
— Comment ça, j'ai failli mourir ? Je suis en parfaite santé et je me suis juste évanouie !
— D'après ce mot, vous ne vous êtes pas juste évanouie...
Lia relut le mot, encore et encore avant de comprendre.
— Vous pensez que je dois réveiller mon don, sinon je mourrais ?
L'Iclite ne répondit pas à sa question et parut réfléchir quelques instants, comme si ce qu'il devait lui dire lui coutait ou qu'il n'était pas sûr de lui.
— Etes vous capable de marcher ? J'aimerais vous montrer un endroit, mais c'est un peu loin.
— Hmmm, hésita-t-elle, je crois que ça ira.
Sur ces mots, il lui apporta à boire et le plateau que Léolia avait monté le matin même. Elle devait reprendre des forces, aussi bien physiques que mentales.
— Nous devrons être discrets, il faut que personne ne nous suive, entendu ?
Son ton autoritaire angoissa quelque peu Lia, mais la curiosité qu'il avait piqué était bien plus forte. Elle hocha docilement la tête et commença à manger.
Lia n'en revenait pas. Jason l'avait aidé à s'habiller, tout en respectant sa pudeur. Il l'avait coiffé, très rapidement certes, mais tout de même. Ses gestes avaient été minutieux, adroits et il avait fait attention à ne pas lui faire mal. Ils n'avaient que très peu parlé, et seulement pour se demander de l'aide. Lia était encore faible mais elle reprenait des forces petit à petit et elle se sentait capable de marcher un peu. La délicatesse dont avait fait preuve le jeune homme envers elle l'avait profondément surprise, cet endroit qu'il voulait lui montrer devait être bien précieux pour s'attarder autant à prendre soin d'elle.
Ils se tenaient face l'un à l'autre et il lui demanda une dernière fois si elle était sûre de vouloir le suivre. Après qu'elle eut acquiescé, ils sortirent discrètement de la chambre. Jerah se trouvait là et il s'empressa de venir à la rencontre de son maître.
— Nous allons tu sais où.
Le combattant hocha la tête d'un mouvement presque militaire et il partit dans une direction que Lia ne connaissait pas. Ils empruntèrent un petit couloir situé sur la gauche, à la dérobée, et entrèrent dans une pièce que la jeune femme pensait être une énième chambre. Mais elle trouva à la place un endroit complètement vide, une porte sur chaque mur. Jerah se dirigea vers la celle située sur le mur de droite et il enleva le collier qu'il portait autour du cou. Lia put voir une petite clé comme médaillon, elle ne l'avait jamais remarqué avant car les vêtements de Jerah le cachaient. Il ouvrit la porte et Jason la pressa de passer. Le plafond était bas et la jeune femme du se baisser un peu. Elle ouvrait maintenant la marche et n'était pas rassurée d'être dans cette position, elle ne savait pas à quoi s'attendre au bout de ce couloir qui ressemblait à un tunnel. Les murs étaient tapissés des mêmes motifs que ceux de la pièce précédente, un bleu qui avait vieilli en même temps que les pierres du château.
Sentant qu'elle s'essoufflait, elle pria les deux hommes de faire une pause. Elle s'adossa sur sa gauche, et Jason lui tendit une gourde.
— Ce n'est pas du Whisky ? demanda-t-elle méfiante, commençant à connaître les habitudes des hommes du Nord, elle n'avait pas oublié Roland.
Le jeune Iclite eut l'esquisse d'un sourire et secoua la tête. Venait-elle de le faire rire ? Sa question s'envola lorsqu'elle sentit le liquide frais couler dans sa gorge. Elle se reposa encore une ou deux minutes et reprit sa route.
— Il y a un porte ! Dit-elle en se retournant.
Jerah lui passa une autre clé qu'il avait sorti de sa poche, et elle ouvrit la porte avant d'être aveuglée par la lumière. Ils étaient dehors, mais où ? Elle n'en avait aucune idée, elle ne reconnaissait pas les rues d'Humelac, du moins pas celles qu'elle avait empruntées.
Jerah partit en courant et alors qu'elle s'apprêtait à le suivre, non sans grommeler qu'elle n'était pas en état de courir, Jason lui retint le bras en lui intimant d'attendre ici avec lui.
Quelques instants plus tard une petite calèche s'arrêta devant eux avec Jerah comme cocher. D'abord perplexe, elle entra finalement à l'intérieur sous l'impulsion de Jason. A peine furent-ils assis que la voiture s'ébranla et ils sortirent de la ville.
Lia se posait bien des questions. Où pouvait-il bien l'emmener hors du château ? Et pourquoi maintenant ? Elle aurait tant voulu les lui poser, mais il regardait au loin le paysage, et sans savoir pourquoi elle ne voulait pas le déranger. Elle en profita pour l'examiner de plus près, pour une fois qu'il ne la toisait pas et qu'elle avait du temps devant elle. Car oui, le physique de cet homme était bien particulier.
Ses cheveux couleur cuivre étaient ramenés en un chignon presque parfait, mais la jeune femme pouvait dissimuler les petites boucles sous cette coiffure étriquée. Les sourcils de la même couleur rehaussaient le bleu de son oeil droit et adoucissait le noir de l'autre. Lia se rendit compte que ses yeux ne lui faisaient plus si peur, et elle ne savait quoi en penser, peut-être était-ce parce que pour une fois il ne lui faisait pas la morale et ne la méprisait pas. Peut-être que pour la première fois, il arborait une expression proche de la sympathie.
Sa barbe de la même couleur chaleureuse, qui paraissait moins entretenue et dénotait du reste, laissait deviner une mâchoire imposante.
— Puis-je savoir pourquoi vous m'épiez ?
Son regard était toujours fixé sur l'extérieur, et la jeune fille fut ramenée à la réalité par la honte qu'elle éprouvât à ce moment même.
— Je ... Excusez-moi, mais vous ne ressemblez pas à un Iclite, c'est tout.
Il tourna sa tête dans un élan de surprise et scruta le regard de la jeune femme, s'étant imaginé toute sorte de choses mais pas cela.
— Je veux dire, reprit-elle, que dans les livres que j'ai lu, les Iclites sont toujours représentés brun avec des boucles et les yeux bleus. Et à part l'oeil bleu et les boucles que je devine, vous ne possédez rien de tout cela, alors je m'interroge ?
La jeune femme s'étonnait elle-même du zèle dont elle faisait preuve. Mais avant qu'elle ne put espérer une réponse, la calèche s'arrêta et Jason l'invita à descendre.
Ils se trouvaient devant une immense maison, perdue au milieu de la campagne, même s'ils n'avaient voyagé qu'une vingtaine de minute. Lia pouvait tout de même voir la pointe de l'Eglise d'Humelac.
Jason ordonna à Jerah de les attendre ici puis proposa sa main à Lia. D'abord déroutée, elle décida de ne pas réfléchir et de répondre à son geste. Ensemble ils franchirent la porte du bâtiment et une fois à l'intérieur Lia ne put retenir sa surprise.
Devant elle jouaient des dizaines d'enfants, piaillant, pleurant, hurlant, courant, bavant et riant. Une dame, très bien apprêtée, s'avança vers Jason et ce dernier, à la plus grande stupéfaction de Lia, lui fit une petite révérence ainsi qu'un baise- main.
— Mère.
Lia releva la tête haute, les yeux pratiquement sortis de leurs orbites. Se tenait-elle devant Madame de Belfroid ? La femme, un peu vieillie par le temps mais toujours très belle, arborait les mêmes cheveux de feu que son fils, mais c'est en cela la seule chose qu'elle partageait avec lui. Elle était de taille plutôt petite, le corps assez gras, et les yeux verts. La jeune femme se fit la réflexion qu'elle ne connaissait finalement pas grand chose sur les Iclites.
— Je ne pensais pas vous revoir de sitôt mon fils, relevez-vous, et présentez moi cette demoiselle.
Jason fit signe à Lia de venir et celle-ci s'exécuta. Arrivant à hauteur de la dame, elle fit une révérence à son tour et la dame courba la nuque en réponse. Le jeune Iclite fit les présentations et la mère accueillit la nouvelle en souriant de façon courtoise à la jeune femme, mais sans étonnement. Puis elle prétexta d'avoir une affaire et sortit de la maison. Alors Lia se tourna vers Jason, les yeux bouillonnants de questions.
— Ce que vous voyez ici Lia, ce sont tous des enfants descendant d'Iclites.
— Pourquoi sont-ils ici ? Où sont leurs parents ?
— Leurs mères sont mortes et leurs pères les ont abandonnés.
— Leurs mères sont toutes mortes ?
— Lia, son ton devint plus sérieux, il faut que vous sachiez une chose sur le Don Iclite. Certes il est plus puissant chez les femmes, mais tout cela a un prix.
— Elles sont mortes parce qu'elles ont perdu leur virginité avec des non-Iclites ?
— Oui...
— Donc vous pensez que si je ne le réveille pas, je suivrai le même destin ?
— C'est ce que Bérénice croit, en tout cas.
NDA : Oui j'ai tendance à publier à des heures impossibles, mais que voulez-vous, le plus important est que je publie ^^
L'aventure s'intensifie pour notre chère Iclite, ne trouvez-vous pas ? Que pensez-vous de cette dernière révélation ?
N'hésitez pas à me donner tous vos avis, ainsi que vos théories, j'adore en discuter avec vous et pourquoi pas, me donner des idées pour la suite :D
Je vous fait d'énormes bisous et vous dit à bientôt <3
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