Lia restait interdite, les yeux fixés sur un coin de la salle, ses pensées allant trop vite pour pouvoir se concentrer sur une en particulier. Elle s'affaissa contre le mur et tomba de tout son long en position assise.

Lia savait qu'elle aurait dû à un moment ou un autre franchir le pas, mais pas tout de suite, pas si précipitamment, par pour cette raison... Au moins cela lui apportait la réponse de pourquoi elle n'arrivait pas à entrer dans la tête des servantes chez Raenar ... Elle se releva tout doucement, puis emprunta le chemin pour sortir. Elle s'attendait à ce que Bérénice la rattrape pour lui demander son « dû » mais elle n'en fit rien. Elle lui lança simplement : 

— Et n'essaie pas de le faire avec un non-Iclite, ça ne marcherait pas et tu perdrais le réveil de ton Don à jamais.

Mais ça elle le savait déjà. On ne triche pas avec les Dons. C'était déjà la raison pour laquelle elle était venue à Humelac. Le Don Iclite ne se transmettait que si les deux parents étaient des purs. Elle sortit de la boutique, ne remarqua même pas l'absence de Jerah et remonta jusqu'au château, tel un mort errant dans les rues. Arrivée au château, elle monta directement dans sa chambre, épuisée, lasse et fatiguée de tous ces événements. D'abord Thaïs, puis Victor, maintenant sa vertu... Son cerveau surchauffait, beaucoup trop d'émotions en même temps. Elle sombra dans le sommeil immédiatement.

— Je peux l'ouvrir ?

— Bien sur Kaly, je t'en prie.

La dame a vraiment un sourire magnifique. Je m'empresse d'ouvrir le petit sac en velours, j'ai encore l'impression d'avoir vu les paillettes bouger. Je plonge mes doigts à l'intérieur du paquet pour sentir le contact d'un métal froid. J'attrape la chose et la sort. C'est un collier. La chaine est simple mais le médaillon est magnifique. Une pierre ovale, presque pointue sur les bords, retournée à la verticale. La pierre est noire mais je crois avoir discerné des petites formes à l'intérieur. 

— Il est magnifique madame, merci !

Je lui saute dans les bras pour la remercier, c'est le plus beau bijou qu'on m'ait offert.

— Promets-moi de faire très attention à ce collier Kaly, il est d'une valeur immense, beaucoup chercheront à te le prendre, tu dois impérativement le garder. i-Il te guidera dans les étapes de ta vie.

Me guider ? Je ne comprends pas un traitre mot de ce que me dit la dame, je suis trop occupée à dévorer des yeux mon nouveau bijou. Alisée m'aide à l'attacher autour du cou et je m'extasie de sa de beauté.

— Promets-le Kaly.

— Oui Promis madame ! J'y ferai très attention !

— Bien, à une prochaine fois peut-être.

Elle me fait un grand sourire puis caresse la joue d'Alisée avant de repartir. Une fois que je la perds du regard tout disparait et la clairière réapparait comme la première fois où j'ai posé mes yeux dessus. Je me retourne vers Alisée pour lui demander où tout est parti et elle me répond en rigolant, une fois de plus. J'ai l'impression qu'elle se moque de moi parce que je n'ai pas tous ses pouvoirs, je n'aime pas trop ça.

— C'est un truc d'enchanteresse !

— Oui bah c'est injuste !

— Ça va, tu auras bientôt aussi ton propre pouvoir.

— Il a intérêt à être aussi cool que le tiens !

— Ça j'en doute !

Et elle se met à nouveau à rire. Je tente de bouder encore un peu mais je n'y arrive pas. Le rire d'Ali il est vraiment communicatif, je n'arrive pas à m'empêcher d'être heureuse quand elle rit. C'est comme si je me calquai à ses émotions. Ça doit encore être un truc d'enchanteresse.

— Lia ! Mon dieu mais où étais-tu ? 

Rilan était penché sur sa soeur, qui venait à peine de se réveiller. Ses traits étaient tirés, il s'était inquiété. La jeune femme s'en voulait un peu de l'avoir abandonné comme cela la veille, mais elle n'avait pas eu le choix. Elle avait du s'entretenir avec Bérénice, seule. Et maintenant, elle portait en elle le fardeau de la connaissance : elle savait comment réveiller son don. Plusieurs questions occupaient son esprit : devait-elle tout dire à Rilan ? A Jason ? A Tristan ? Mais surtout, et cela elle ne se l'avouait qu'à mi-mots, aurait-elle assez de courage pour le faire ? Même si la vie de Victor en dépendait...

— Oh je te parle là ! Qu'est-ce que tu es allé faire ? 

La colère grandissante de Rilan sortit Lia de ses pensées et elle essaya de repousser la discussion à plus tard, le temps de réfléchir à la stratégie qu'elle voulait adopter. 

— Pardonne-moi, j'ai cru que j'avais une piste, mais ça n'a mené à rien... Tu sais comment je suis quand il s'agit de Victor...

Les traits de son grand-frère s'adoucirent et elle put y lire de la tendresse et de la compassion. Il prit sa main dans la sienne et la caressa avec son pouce, pour la rassurer.

— Je sais bien, mais si tu veux aider Victor, il faut qu'on fasse partie de la même équipe. Alors s'il te plait, ne me laisse plus en plan comme ça.

— Je te le promets.

Elle lui avait menti. Lia s'était sentie incapable de répéter à haute voix ce que Bérénice lui avait appris. Certainement qu'elle préférait rester dans le déni un peu plus longtemps mais par dessus tout, elle ne pouvait regarder son frère dans les yeux et lui avouer que pour sauver Victor elle devait perdre sa virginité avec Jason, et rapidement. Non, elle ne pouvait pas. Car aussitôt, il lui aurait interdit de faire une telle chose, du moins dans l'empressement. Elle savait au fond d'elle que c'était l'unique manière de retrouver les traces de leur frère. Alors elle lui avait menti, leur regard droit et déterminé. Et Rilan avait gobé, aveuglé par l'amour qu'il lui portait, il n'avait pas remarqué le voile d'ombre qu'était passé dans les yeux de la jeune femme quelques secondes avant. 

***

Lia tournait en rond dans la pièce. Jason était en rendez-vous et le garde lui avait formellement interdit d'entrer. Au début elle voulut crier au scandale, entrer de force dans la pièce et sommer le propriétaire des lieux de l'écouter. Mais après mûre réflexion, elle devait préparer un plan d'attaque. Elle devait trouver les mots, expliquer à Jason qu'elle avait trouvé le moyen de réveiller son Don. Mais il lui demanderait comment elle avait obtenu l'information. Elle ne pouvait prétendre l'avoir trouvé dans un livre, il exigerait surement de voir l'ouvrage en question. Mais si elle lui expliquait qu'elle était allée voir Bérénice, malgré lui avoir promis que non, il n'accèderait pas à sa requête, pour la punir. Et il ne l'aiderait jamais à retrouver Victor. Il fallait qu'elle trouve une solution, mais quoi ?

Soudain quelque chose lui brûla le cou. Elle arracha le collier et le lança à l'autre bout de la pièce, puis elle toucha l'endroit où s'était formé une plaque rouge. Mais alors qu'elle grimaçait de douleur elle chercha le médaillon des yeux et ce qu'elle vit lui fit avoir un mouvement de recul. Le collier n'était plus simplement noir, quelque chose avait changé. Elle s'avança pour le ramasser, en tachant d'être prudente, mais la pierre n'était plus chaude. Alors elle remarqua qu'au centre du médaillon, un serpent était apparu. 

Un bruit de porte se fit entendre et Lia jeta le collier dans sa poche. Elle réfléchirait à ce qu'il s'était passé après, pour le moment elle devait assurer son entrevue avec Jason. A son plus grand étonnement c'était lui qui avait ouvert la porte. Il resta dans l'encadrement et ne se poussa que pour la laisser passer avant de fermer la porte derrière elle. 

Une fois arrivée au centre de la pièce, elle attendit quelques instants qu'il l'invite à s'asseoir mais voyant que la proposition n'arrivait pas elle se retourna pour lui faire face. Son regard était planté dans le sien, et elle sentit cette affreuse sensation, voir ce malaise, qu'elle ressentait à chaque fois qu'il posait ses bi-yeux sur elle. 

— Comment va notre chère Bérénice ?

Son ton n'était pas agressif, ni même énervé. Et c'est ce qui déstabilisa le plus Lia. Venant d'une autre personne, elle aurait même pu dire qu'il était moqueur, mais venant de Jason du Belfroid, il ne l'était certainement pas. 

— Comment avez-vous su ?

— Ne vous ai-je pas déjà prouver que rien ne m'échappait ici ?

— Et vous n'êtes pas venu m'en empêcher ou du moins me crier dessus ? Me dire que je suis inconsciente ?

Il ne répondit pas à sa question.

— Avez-vous eu la réponse que vous cherchiez ?

— Oui.

Il parut intéressé. Lia put voir une étincelle passer dans son œil clair. Ils restèrent ainsi, à se jauger, quelques instants. Puis Jason s'avança pour repasser derrière son bureau et inviter la jeune femme d'un geste de la main à s'asseoir. Lia en profita pour respirer profondément, le plus dur était à venir.

— Comptez-vous m'en dire plus ?

— Je ne suis pas sûre que cela vous fasse plaisir.

Il se leva, tourna autour du bureau et s'approcha d'elle, intrigué. Elle avait réussi à piquer sa curiosité. Pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontré elle avait toute son attention. Une petite sensation d'adrénaline envahit Lia. C'était maintenant, elle devait lui dire.

- Nous devons commencer la mission.

Il s'arrêta à seulement quelques pas d'elle, et la dévisagea. Il parut ne pas comprendre dans les premières secondes, le temps que les mots fassent leur chemin. Il savait pertinemment ce qu'était leur mission. Mais il n'avait pas compris tout de suite ce qu'impliquait la demande de Lia, et que cela était la clé pour éveiller son Don. Puis il ne put s'empêcher d'afficher un rictus mauvais, un rire presque imperceptible passa entre ses lèvres. La jeune fille le voyait pour la première fois laisser passer une émotion.

— Quelle ironie n'est-ce pas ? Que la seule façon de retrouver un être cher soit de perdre quelque chose d'autre, qui vous est cher.

— Parlez-vous de ma vertu ?

— Appelez cela comme vous le souhaitez.

— Il y a bien longtemps que ma vertu n'a plus pesée dans la balance des choix. Aussi, vous êtes un pur-sang, ainsi la pureté de mon Don ne sera pas souillée.

— Mais votre âme ? Et votre conscience ?

— Si cela me permet de retrouver mon frère, alors je m'en remettrai. Je suis décidée.

Il franchit les derniers pas pour se retrouver face à elle. Leurs corps se touchaient presque et Lia pouvait sentir son souffle contre la peau de son visage. Il passa une main derrière son dos, puis en la ramena vers lui et dans un petit mouvement de bascule, il l'embrassa.

Lia mit une micro-seconde pour comprendre ce qu'il se passait et s'empressa de lui coller sa main en pleine figure. Elle s'écarta de lui rapidement, choquée par cette audace. Lui, se massait la joue rosie par le coup qu'il venait de recevoir.

— Non vous ne l'êtes pas.

*** NDA ***

Hello Hello ! Après presque un mois sans publication voici le nouveau chapitre ! Je suis tellement désolé de retard, mais je n'arrivais pas à me mettre d'accord sur comment le tourner. en effet, il marque un tournant décisif dans la suite de l'histoire.

Comment pensez-vous que vont évoluer les relations entre Lia et Jason?

Quelles sont vos théories sur les passages en italique ?

Lia va-t-elle bientôt éveiller son Don ? 

N'hésitez pas à me donner vos avis sur ces questions, et sur d'autre point si vous en avez envie, j'adore discuter avec vous :)