Chapitre 1 - Partie 3
Lia voyait son amie se rapprocher d'elle. Les gardes étaient pourtant encore là. Elle ne comprenait pas ce que faisait Thaïs. Plus celle-ci se rapprochait plus Lia découvrait son visage déconfit. L'Iclite comprit qu'il s'agissait d'un contrôle. Elle était recherchée à présent. Son pouls s'accéléra et quelques gouttes de transpiration perlèrent sur son front et dans son dos. Thaïs arrivait maintenant à elle.
— Ils veulent te contrôler.
— Mais ils vont savoir ! l'interrompu Lia en s'écriant.
— Chut, calme toi, nous n'avons pas le choix, il va falloir courir jusqu'au bois et te cacher sous la terre.
— Mais... et les chevaux ?
— Nous n'avons pas le choix ! trancha thaïs en haussant le ton. Tu vois le petit passage derrière l'arbre là-bas, on va s'en rapprocher en faisant mine de marcher vers eux. Dès que je te le dirais nous courrons là-bas, dès que nous arrivons dans la forêt tu te caches d'accord ?
Le Garde commençait à s'impatienter lorsqu'elles firent demi-tour vers eux. Puis sans attendre les deux femmes s'écartèrent sur la droite et se mirent à courir pour rejoindre un petit passage vers la forêt. Le chef se jeta sur son cheval et se mit à les poursuivre en hurlant qu'elles seraient aliénisées pour refus de contrôle.
Quelques gouttes se sueur perlaient dans le dos de Thaïs à cette pensée. L'aliénisation était aussi une pratique chérie par les Marcéhaux. Il s'agissait simplement de retirer son Don à une personne. Le problème était que la perte de son Don entrainait la démence. Les personnes devenaient folles et étaient internées dans les Diaphanses, de gigantesques formes d'hospices, d'où personne n'était jamais ressorti pour pouvoir décrire ce qu'il s'y passait. Une fois qu'on y rentrait on y mourrait, de vieillesse ou de torture, c'était la grande question.
Les deux femmes se ruèrent dans la forêt. Lia avait du mal à éviter les branches et les racines. Elle prenait du retard sur Thaïs qui, elle, était bien plus habituée aux mauvais tours de la nature. La servante pointa du doigt un petit chemin sombre qui était créé par deux gros arbres. Elles bifurquèrent à gauche, Lia manqua de tomber à la renverse lorsqu'elle buta sur une énième racine mais elle se retint à un tronc. Les gardes avaient dû descendre de leurs chevaux car les bois étaient devenus trop épais et leurs montures risquaient d'être blessées.
Le petit chemin entre les arbres se séparaient en deux nouveaux chemins. Thaïs choisit de prendre celui de gauche. Il devenait de plus en plus difficile d'avancer debout, alors elles se mirent à quatre pattes. Elles n'échangèrent pas de parole, sachant que l'Erostone les entendrait, déjà qu'il devait entendre leur bruit de pas. Lia avait des égratignures partout sur le visage et sur les bras, ainsi que les cheveux plein de petites branches et de feuilles. Elles avancèrent prudemment car le chemin se rétrécissait encore. Elles marquèrent une courte pause afin de localiser la troupe de gardes. Elles n'entendirent aucun bruit mais se doutèrent qu'ils n'avaient pas abandonné si facilement.
L'Erostone pointa du doigt la direction qu'elles avaient prise, puis les gardes s'engouffrèrent dans le passage étroit.
Les deux filles durent ramper pour pouvoir passer sous les feuillages. Des épines pénétraient leur peau, Thaïs s'écorcha la main et Lia le genou. Les gardes se rapprochaient dangereusement vite, se frayant un chemin au travers des branches et des ronces grâce à leurs épées. Ils allaient bientôt arriver sur elles.
Lia remarqua au pied d'un vieil arbre une partie plus sombre. Elle écrasa le pied de Thaïs pour lui pointer du doigt sa trouvaille. La servante hocha la tête et Lia passa en première. C'était bien une cachette sous terre. Il n'était pas rare d'en trouver, surtout lors des croisades des Maréchaux. Les habitants des villages proches allaient se cacher dedans pendant quelques heures, le temps que la Garde abandonne les recherches. Les Erostones n'avaient qu'une seule faille, la terre. Ils ne pouvaient pas entendre les Don si les personnes étaient cachées sous terre. La légende racontait que le dernier chef des Astréistes - anciens monarques destitués par les Maréchaux - , juste avant que les Maréchaux ne l'aliénise, se vengea en conférant à la terre ce pouvoir d'interférence.
Les deux femmes s'engouffrèrent dans le trou et cachèrent l'entrée avec de la terre et des feuilles.
***
Le Chef leva la main pour faire signe aux autres de s'arrêter. Il savait que les deux filles s'étaient cachées et que son Erostone ne pouvait les retrouver. Il se retourna vers un de ses gardes et lui tendit une missive.
— Préviens Dionis que nous avons retrouvé sa protégée.
Ils échangèrent un sourire cruel et le garde partit retrouver son cheval. Le Chef affichait un air satisfait. Il respira un grand coup et tourna les talons.
***
Elles attendirent une bonne heure avant de pouvoir ressortir, toutes les deux pleines de boues.
— Je venais juste des les laver, se plaignit Thaïs en regardant leurs robes.
Lia était restée discrète, quelque chose ne tournait pas rond.
— C'était un peu facile tu ne trouves pas ?
— Facile ? Tu as trouvé ça facile toi ? Regarde nous ! Remarque, avec un tel accoutrement, plus possible de te prendre pour une riche héritière, pouffa la servante.
Lia lui tira la langue et elle se remirent en route, bras dessus bras dessous, laissant l'adrénaline s'écouler lentement dans leur sang.
Elles avaient repris la route depuis quelques heures lorsque Lia aperçut une lumière au loin. C'était l'entrée d'un petit village. Elles purent déchiffrer son nom lorsqu'elles passèrent près des premières maisons. Elles étaient arrivées à Ruisselac. Le village était très sombre malgré quelques petites lueurs aux fenêtres des maisons. Cependant la rue était très peuplée au vu de l'heure tardive. Un petit marché semblait s'y tenir.
Elles s'avancèrent vers le premier étalage, pensant pouvoir acheter de quoi manger et se réchauffer, toutes leurs provisions étant restées avec leurs chevaux. Au lieu de cela elles y trouvèrent toute sorte d'amulettes, d'anciens livres et sculptures en bois. Sur le deuxième étalage des animaux ou des parties d'eux flottaient dans des bocaux. Ce commerçant vendait aussi ce qu'il appelait sa « Poudre de régénérescence » qui n'était rien d'autre que de la poudre de grillons et de cigales séchées mélangé à d'autres mixtures toutes aussi savoureuses. Aucun étalage du « marché noir » ne contenait ce que cherchaient les fugueuses.
S'impatientant, Lia approcha un passant pour lui demander où acheter de quoi manger. Le jeune garçon parut surpris de voir des inconnus dans son petit village. Il indiqua néanmoins une épicerie à quelques maisons de là. Lia et Thaïs se mirent donc en chemin.
Après quelques détours elles arrivèrent devant « La Grolle à Los ». Elles entrèrent en pressant délicatement la porte. Le petit bruit d'un carillon résonna dans l'entrée.
— Que puis-je pour vous ?
Un jeune homme apparut derrière le comptoir. Il n'avait pas franchement levé les yeux vers ses clientes, si bien qu'il fut surpris lorsque ses yeux se posèrent enfin sur Lia après qu'il eut attendu quelques seconde une réponse. Il n'était pas très grand, un ou deux pouces de plus que Lia, pas plus. Des cheveux blonds encadraient sa mâchoire carrée, et des yeux verts pétillants venaient ajouter de la profondeur à son visage.
— Vendez-vous quelque chose qui ressemblerait à de la potée ? Avec un peu d'eau et une ou plusieurs miches de pain ?
Le garçon disparut dans une autre pièce et revint quelques instants plus tard avec la commande de Lia. Il leur indiqua aussi où dormir cette nuit. Il raccompagna les dames à la porte et s'adressa à la plus jeune :
— Tristan.
— Tula.
NDA : Et vous, vous trouvez que c'était un peu trop facile aussi ou pas ? Et ce Tristan, vous le sentez comment ? Est-ce que Lia va tomber dans le cliché du coup de foudre au premier regard ?
Ce chapitre a été modifié -très partiellement- le 6 février 2018
Tristan vous invite à venir déguster une de ses miches de pain favorite dans l'arrière-boutique, et vous indique le chemin : chargez la page suivante <3
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