Chapitre 3


Des cauchemars m'assaillirent toute la nuit. 

Un autre loup rodait dans le camping. Dans mon rêve, je le sentais. 

Je me tenais posté devant ma tente fermée, à l'affut. Mon museau frémissait sous son odeur. Mes oreilles dressées percevaient la moindre brindille craquer dans la nuit. Il approchait. Son pas était léger mais pas sa respiration. Je l'entendais. 

Un grondement sortit de ma poitrine. Mes muscles se contractèrent, je m'amassai, prêt à bondir. 

Le silence s'alourdit, sa respiration avait cessé. Mes poils se hérissèrent. Je me tus pour mieux écouter. Juste le ronflement de quelques campeurs, l'un d'eux marmonnait dans son sommeil. Les tentes aux toiles plus où moins épaisses laissaient passer les bruits. Dans ma tente, le léger sifflement apaisé s'agita. Mais de l'autre loup, plus rien. Ce n'était pas normal.

Soudain, j'entendis gronder sur le côté. Je me retournai d'un bond. L'autre loup, gris sombre dans la nuit noir, bondissait sur moi, tous crocs sortis. 

Trop tard pour me décaler, je campai sur place pour encaisser le choc au mieux, visant sa gorge de mes propres crocs. Nos dents claquèrent de concert. Mon oreille droite chauffa, probablement en avait-il eu un bout. 

Fière de son coup, il recula et s'apprêta à recommencer. L'effet de surprise en moins, j'eus le temps de l'accueillir, camper sur mes pattes arrières et de lui griffer le museau. Il jappa. 

Je grondai plus fort. Il gronda également. Nous nous toisâmes un moment. Un hurlement retentit au loin. Probablement un membre de sa meute. Il s'enfuit immédiatement le rejoindre. Un chien s'éveilla, aboya et en éveilla d'autres qui aboyèrent leur tour. 

Je me réveillai en sueur. 

Dans le camping, les chiens aboyaient à la mort sous les vocifération de leurs maîtres tentant de les faire taire. J'ouvris ma tente. Rien, mis à part quelques traces de terre retournée au devant. Je crus entendre un hurlement de loup au loin, tendis l'oreille pour m'en assurer mais ne perçus rien d'autre que le chaos ambiant. Ce devait être mon imagination. J'avais juste rêver.

Mes yeux pâles s'attardèrent sur les traces au sol. 

Ma respiration s'accéléra. Je repensai à Anne Robert, ma psychologue. Elle m'avait donné des techniques de respiration une fois. Je les appliquai. Inspirai et expirai lentement un bref instant pour retrouver mon sang froid. 

Ces traces pouvaient être dues à n'importe quoi. Un autre campeur aurait pu chuter, par exemple. Un chien venir gratter pendant une balade. La pelouse était impeccable quand j'avais été dormir mais j'y étais allée tôt. Le soleil se couchait à peine. Depuis, un tas de chose aurait pu se passer. 

La nuit était encore fort noir et je me résolus à me remettre au chaud. Je remarquai à peine la buée qui sortait de ma bouche. Les température chutai de plus en plus au coucher du soleil, l'automne arrivait. 

Je pensais que je ne refermerais pas l'oeil mais presqu'aussitôt ma tête sur mon oreiller de fortune, je repartis dans un cauchemar semi-conscient. 

J'étais tiraillé entre rester auprès d'elle et le poursuivre. 

Je le voyais filer entre les arbres. S'il revenait avec sa meute, je ne ferais pas le poids. Si je le rattrapai, je la laissais seule. Ils n'étaient peut-être pas la seule menace. Mais si je le rattrapai, non seulement je la laissais seule, mais en plus la meute risquait de venir voir pourquoi il ne revenait pas. 

Je me décidai à le suivre discrètement. 

Dans mon sommeil, je me retournai, palpai mes mains. Était-ce des doigts ou bien des griffes ? Mon oreille ne saignait pas, et pourtant...

J'étais tapi dans l'ombre d'un rocher. Le soleil se levai. Ils en avaient trouvé une autre. 

Des cheveux d'un blond albâtre, des yeux à coup sûr d'un bleu assez pâle... Trainée dans l'herbe par le col de ses vêtements, elle semblait inerte. Je voulus l'aider mais déglutis simplement. La dizaine de loup face à moi étaient trop nombreux. 

L'un se changea en homme. Nu, une montagne de muscles couverts de tatouages, le crâne chauve et lisse, il s'agenouilla devant la fille, attrapa son visage à une main pour la réveiller. Quand elle ouvrit enfin les yeux, il s'y plongea avant de rugir :

— Trop bleu ! 

Sa main se leva, des griffes jaillirent. Il l'abattit sur la jeune fille qui ne pus se défendre. Du sang gicla, son souffle la quitta.

Je retins un hurlement et revins sur mes pas. 

Je me réveillai une dernière fois. Des rayons dorés perçait la toile de ma tente. Je changeai d'avis quant aux quelques jours de repos que je voulais m'accorder. Je remballai mes affaires et partis. 




Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top