CHAPITRE 4

Je m'active à essuyer les longs vases qui serviront de centres de table et que Rebecca nettoie au fur et à mesure. Il faut que tout soit nickel pour la fête du City Hall de demain soir.

Becca me regarde avec un air coquin et je sais ce qu'elle veut mais je ne suis pas trop d'humeur à vouloir une partie de jambes en l'air. J'ai surtout besoin de repos et j'avoue qu'en ce moment elle me saoule un peu à être scotchée à moi continuellement. Je décide de ne rien relever et continue de sécher la vaisselle.

– Riley ?

Je soupire légèrement. On dit que les femmes ont un sixième sens pour tout mais elle, en manque cruellement. Je pensais qu'elle aurait compris que j'étais crevé mais non, il faut qu'elle la ramène.

– Quoi ?

Je suis sec dans ma réponse et elle se raidit légèrement. Mais elle ne s'arrête pas en si bon chemin. Elle coupe l'eau et essuie ses mains en s'avançant vers moi.

– Ça te dit de venir te reposer chez moi cet après-midi ? Mon salon est fermé aujourd'hui et je me dis que...

Elle me fait ses yeux de biche. Je m'étire le cou et j'essaie de structurer mes mots dans ma tête pour éviter de sortir une phrase sans filtre. Un autre jour, ça aurait pu marcher mais là je n'ai qu'une envie, c'est de me pieuter dans mon lit, seul.

J'aurais aimé qu'elle puisse avoir l'intelligence de s'en rendre compte mais c'est trop demander à Rebecca.

– Non, pas aujourd'hui, je suis crevé. Et puis, je t'ai déjà dit que vu que tu sors avec Wyatt, je n'ai pas envie qu'on continue... C'est un pote, je ne suis pas à l'aise avec ça.

Son sourire s'efface et elle défait le tablier qu'elle avait mis pour faire la vaisselle.

– Tu me dis toujours ça en ce moment !! Et avec Wyatt, il n'y a encore rien de sérieux !

Allez, ça y est, c'est reparti, elle va me prendre la tête et je n'ai vraiment pas envie. Il va falloir être franc mon gars, sinon elle va continuer à croire qu'elle est ta copine attitrée. Ce qui n'est absolument pas le cas. Depuis que je sais qu'elle fricote avec Wyatt, je ne mange plus de ce pain-là.

– Écoute Rebecca...

Quand j'énonce son prénom en entier, elle lève les yeux sur moi. Elle comprend que je vais lui dire quelque chose de sérieux.

– On a couché ensemble deux fois.

– Trois ! me reprend-elle.

Je soupire.

– Oui trois, c'est vrai mais ça ne veut pas dire qu'on est en couple, ok ? Donc si tu veux faire ta vie, je ne t'en empêche pas. Wyatt est un mec super sympa, tu vas t'éclater avec et en plus il te donnera ce que tu voudras, pas moi.

– Tu prends l'excuse de Wyatt mais tu n'as jamais eu l'intention de nous laisser une chance à tous les deux !?

Oh non, elle va me faire un speech, je le sens et je n'ai pas la patience, vraiment pas.

– Tu as compris, c'est exactement ça. C'était juste de l'éclate. C'était chouette, je ne dis pas le contraire, mais ça s'arrête là. Si tu es bien avec Wyatt, vas-y fonce mais ce sera sans moi.

Elle reste immobile un instant, comme si les mots s'acheminaient lentement jusqu'à son cerveau. Elle attrape le tablier qu'elle me jette à la figure.

– Espèce de connard ! Tu attendais quoi pour me le dire ? Trouve-toi quelqu'un d'autre pour te faire ta vaisselle.

– Becca... dis-je en soufflant.

J'essaie de la retenir mais elle se débat et me crie qu'elle démissionne.

Ne jamais mélanger travail et plaisir. Je le sais pourtant, mais il a fallu que je me la tape. Il faut dire qu'elle a les arguments pour et qu'elle m'a bien fait du rentre-dedans aussi.

Riley... Riley... Riley... Tu es d'une faiblesse mon pauvre ami.

Ma conscience me ramène à moi. Je lâche mon torchon sur le plan de travail et regarde l'agenda à nouveau.

Le City Hall demain, Mme Fantone dans une semaine. Je booke assez bien en ce moment et je suis soulagé que ça fonctionne.

La cloche du magasin retentit quand je vois entrer Joe, mon meilleur ami.

– Hey ! Tu es tout seul, la bombasse n'est pas avec toi ?

Je lève les yeux au ciel.

– Quoi ? Ne fais pas le prude, tu l'as sautée, non ?

– Joe, c'est bon, qu'est-ce que tu veux ?

– Rien, je passais par là et je me suis dit que j'aimerais bien mater un petit cul bien ferme.

Oui, il est très lourd comme mec.

– Et je ne parle pas du tien bien sûr, elle est où ?

– Elle a démissionné.

– Oh merde ! Tu lui demandais trop d'heures sup ? dit-il en se marrant.

– Non, c'est elle qui m'en demandait trop.

Il me regarde surpris. Il réfléchit un instant avant de me demander :

– Et c'est pour ça qu'elle s'est cassée, parce que tu lui as dit non ?

– Oui, c'est un peu ça.

– Putain, mais tu ne peux pas penser aux amis dans ces cas-là ? J'étais libre moi !

Je lui lance le torchon à la figure. Il grimace.

Il s'avance vers le frigo où il se sert une bière. Il me demande silencieusement si j'en veux une, je lui fais signe que oui.

Il se rapproche du comptoir.

– Ça va toi ? Tu as l'air complètement crevé.

– Ouais, j'ai du mal à dormir.

– Tu as des soucis ?

– Non... C'est juste que c'est une période difficile donc...

– Je sais mec, j'y pense aussi tu sais.

– Merci Joe.

– Je pense qu'elle serait fière de ce que tu as accompli avec cette boîte.

– J'espère...

– Moi, je suis fier en tout cas.

Il me prend dans ses bras pour une accolade réconfortante.

– C'est ton ange gardien de là-haut, me dit-il en murmurant.

La cloche sonne à nouveau et je me sépare de Joe. Je vois Mme Watters qui s'avance vers moi.

– Bonjour messieurs, nous dit-elle avec élégance.

Elle a toujours été tirée à quatre épingles... C'est une femme qui s'occupe de nombreuses associations et qui fait beaucoup pour notre ville et la population en difficulté.

– Bonjour Madame, lui dit Joe en faisant semblant d'enlever son chapeau qu'il n'a pas.

Il me fait signe et disparaît vers les escaliers qui mènent à mon appartement.

– Bonjour Mme Watters, dis-je poliment. Je suis surpris que vous m'ayez sollicité pour un rendez-vous. Que puis-je faire pour vous ?

Je lui montre un fauteuil où elle peut s'installer et je m'assois face à elle. Elle pose son immense sac à main d'une marque de haute couture.

– Tu es toujours aussi beau garçon Riley, comment va ta maman ?

– Elle va très bien, elle est en Californie en ce moment, chez sa sœur.

– Tu lui passeras mes amitiés.

– Ça sera fait.

Je lui souris.

– Riley, j'ai besoin de tes services.

Je me relève un peu. Mme Watters vient dans mon magasin et elle me dit qu'elle a besoin de mes services. Je commence à flipper grave. C'est une des femmes les plus influentes de la ville et elle organise des soirées incroyables. Elle s'occupe aussi du Noël des orphelins de la ville chaque année.

– Euh... oui, dites-moi.

– Mon décorateur habituel, celui avec qui je travaille chaque année, m'a plantée lamentablement. Il s'est trouvé une petite jeunette et est parti à Rio de Janeiro alors que j'ai un grand gala à organiser pour l'hôpital et le service de cancérologie. Tu es ma dernière chance.

Je sais de qui elle parle. Jefferson's and Co, un des grands décorateurs de Jacksonville, une ville à deux heures de route de Tallahassee. C'est lui qui a pignon sur rue dans tous les grands événements de Floride. Et là, j'ai la possibilité de montrer mon savoir-faire et ce dont je suis capable. Et surtout récupérer un marché qui devrait appartenir à la ville et pas à Jacksonville.

– Je suis libre.

Son regard vif me fixe et je peux y voir du soulagement.

– C'est vrai ?

– Euh oui... dis-je me retenant de sauter au plafond.

– Riley, tu me tires d'un mauvais pas, vraiment ! Et pense bien que je te revaudrai ça !

Donnez ma carte à tous vos amis, ça serait déjà un grand pas...

Je souris.

– J'ai organisé des tas de fêtes de ce genre alors pourquoi je n'ai jamais entendu parler de toi auparavant ?

– Je suis tout nouveau dans le métier. J'ai racheté cette affaire il y a à peu près six mois. J'ai tout refait et à présent, j'essaie de me faire un nom dans la profession.

– Eh bien, quand on m'a donné ton contact, j'étais sceptique mais j'avoue que ce que je vois dans cette boutique me plaît beaucoup et l'amie qui m'a donné ton nom m'a dit que tu faisais du très bon travail. Et puis je sais que Mme Fantone a déjà fait appel à toi. C'est un gage de qualité, cette femme ne donne pas sa confiance à n'importe qui !

– N'hésitez pas à le dire autour de vous, dis-je avec le sourire.

– Je vais faire mieux que ça, me rétorque-t-elle en me rendant mon sourire. On se donne rendez-vous demain à 15h30 au Grand Théâtre et crois-moi si tu réussis ce défi, il faudra embaucher du monde car ta boutique ne désemplira pas !

– J'y compte bien ! Le Grand Théâtre ?

– Oui, c'est une très grande salle et j'aimerais quelque chose de féerique, quelque chose qui sorte les malades de leur univers habituel. Ceux qui sont le moins atteints pourront venir passer la soirée avec nous et certains enfants participeront à une sorte de petite chorale pour commencer le spectacle. Nous serons à peu près 300 personnes. Le traiteur est choisi mais je veux une décoration magnifique et ça, c'est ton travail.

Plus elle en dit, plus j'ai le stress qui monte mais la cause de cette soirée me tient vraiment à cœur et je ne veux pas me louper car c'est une opportunité que je ne dois pas manquer. Ça lancerait mon business.

– Je vous remercie Mme Watters, de me donner ma chance, en plus pour cette soirée, ça me tient à cœur de faire quelque chose de bien pour cet hôpital et le service oncologie en particulier.

– Je sais, me dit-elle en posant sa main sur la mienne. Ne me remercie pas, montre ce que tu sais faire et ce soir-là, il y aura du beau monde, c'est ta chance.

J'opine du chef. Je le sais que c'est ma chance. J'ai envie de crier ma joie mais je me contiens devant Mme Watters.

– Bon, mon avocat va te contacter pour te faire signer le contrat et tu me diras ce que tu en penses.

Elle se lève, reprend son sac et se dirige vers l'entrée. Je lui ouvre la porte. Elle me salue encore une fois avant de se diriger vers son véhicule.

Je ferme la porte derrière moi et je crie tellement fort que Joe refait son apparition dans le bureau.

– Qu'est-ce qui se passe ?

– Putain Joe, putain, dis-je en serrant les poings.

– Quoi ? Dis-moi !

– Elle m'a embauché pour la soirée de gala de l'hôpital !!

– C'est vrai ?

– Oui !

– Putain mec, c'est incroyable !!

– Tu sais ce que ça veut dire ?

– Oui du fric, mec, du fric !!

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Tags: #romance