ELYNA

Quelques jours plus tôt

Chère Elyna,

Tu dois sûrement te demander pourquoi Jaxon Hathaway t'écris, après dix ans sans t'avoir contactée. Premièrement, pardonne-moi de ne pas avoir pris le temps de t'appeler. Ta rupture avec Easton a été si soudaine, autant pour lui que pour la famille. Mais je veux que tu saches que tu as toujours été très importante pour les Hathaway. Tu es sans doute la meilleure chose qui soit arrivée à Easton.

Toutefois, aujourd'hui, bien que je l'aurais souhaité, je ne te contacte pas pour te donner de bonnes nouvelles. Je ne sais pas si l'actualité des États-Unis est arrivée en Grèce, mais Easton a besoin de toi. Il est aujourd'hui accusé par sa femme de violences conjugales. Le procès a déjà commencé depuis quelques jours et il ne joue clairement pas en sa faveur.

Elyna, toi et moi savons très bien qu'Easton est incapable d'une telle chose. Alors si une infime partie de toi tiens toujours à mon frère, viens témoigner en sa faveur. Il ne te le demandera jamais, car il ne voudra pas t'impliquer dans une histoire aussi dingue. Il voudra t'épargner du vice de la justice, alors c'est moi qui te le demande. Aide-moi à sauver mon frère. Il est ma dernière famille. Je t'en prie, Elyna.

J'espère te revoir bientôt.

Jaxon

— Merde, Easton. Qu'est-ce que tu as foutu ? murmuré-je à moi-même.

Je m'attendais à plusieurs scénarios en entendant le nom de Jaxon, mais jamais je n'aurais imaginé une telle chose.

Easton, l'homme qui ne ferait pas de mal à une mouche. L'homme le plus bienveillant que je connaisse. Celui qui m'a aidée à m'accepter et à éloigner toutes mes insécurités. Celui qui a pris soin de moi dans mon état le plus bas.

L'homme que j'ai le plus aimé.

Comment quelqu'un est capable d'imaginer une telle horreur le concernant ?

Je chasse ces pensées et me concentre sur la seconde lettre. Je lis rapidement les quelques lignes et quand je pensais ne pas pouvoir être plus surprise, on me prouve le contraire.

Une certaine Mylie Lopez me demande de venir témoigner contre Easton. Il s'agit de l'avocate de Shelby Harper Hathaway, la femme d'Easton.

Sa femme...

Pourquoi l'accuse-t-elle d'une chose pareille ? Comment peut-elle vouloir faire tomber un tel homme ? Si j'avais pu rester éternellement à ses côtés, je n'aurais pas hésité.

Et pourtant, c'est toi qui est partie, me rappelle ma conscience.

— Ioanna ? m'exclamé-je en activant l'interphone.

— Oui, Elyna ?

— J'ai besoin du jet en urgence. Contact Cléon.

C'est le cœur battant à la chamade que je monte sur l'estrade des témoins. Tous les regards sont fixés sur moi, et pourtant, il n'y en a qu'un seul qui accapare toute mon attention. Des yeux bleu azur, si profonds qu'ils infiltrent même mon âme, sans la moindre difficulté. Des prunelles dans lesquelles j'adorais me perdre, dix ans en arrière. Et qui, même après toutes ces années, ont encore ce pouvoir sur moi. Cette facilité à me déstabiliser et à me faire perdre toute notion de la réalité.

Easton...

Dix ans que je ne l'avais pas eu face à moi. Dix ans que nos chemins se sont séparés. Jamais je n'aurais cru le revoir dans de telles circonstances. Et pourtant, nous y voilà. Lui sur le banc des accusés. Moi, m'apprêtant à faire pencher la balance d'un des deux côtés.

Mon regard dévie ensuite sur une grande blonde. Shelby Harper Hathaway. Celle qui a eu la chance de porter ce nom et cette alliance qui m'étaient autrefois destinés. Celle qui, aujourd'hui, est en train de tout ruiner. Celle qui a eu le culot de me convoquer pour m'entendre cracher sur l'homme que j'ai le plus aimé.

— Mademoiselle Lykaios, vous êtes sous serment. Jurez-vous de dire la vérité, rien que la vérité ? me demande la juge d'un ton ferme.

J'inspire un bon coup, puis fixe l'audience en levant ma main droite.

— Je le jure.

— Bien, je laisse la parole à l'accusation.

Mon regard se pose sur l'avocate de Shelby, qui affiche un petit sourire malicieux.

Ne fais pas trop la fière, ma belle. Tu n'as pas idée de ce qui peut sortir de ma bouche.

— Bonjour, mademoiselle Lykaios.

— Bonjour.

— Pouvez-vous déclarer votre nom complet ?

Je jette un rapide coup d'œil à Easton qui continue de me fixer. Je vois de l'appréhension dans son regard, mais je ne saurais dire quelles sont ses pensées actuelles.

Je suis là, East. Ne doute pas de moi.

— Je m'appelle Elyna Skye Lykaios.

— Où vivez-vous actuellement ?

Je ne comprends pas vraiment quelle est la pertinence de mon lieu de vie. Mais bon, autant ne pas contester.

— Je vis en Grèce dans la ville d'Athènes.

— Quelle profession occupez-vous ?

Est-ce déplacé de faire de l'humour dans une telle situation ? Je serais bien tentée de dire que je suis une croqueuse de diamants qui ne fout rien de ses journées et qui profite de l'argent durement gagné par son mari, pour me faire les ongles et m'envoyer en l'air avec tous les gars de la ville.

Oui, je ne voudrais quand même pas embarrasser celle que ça concerne réellement.

Alors pour rester sur la provocation, je plonge mon regard dans celui de la vipère et annonce fièrement :

— Directrice en chef des créateurs de mode pour Lykaios Empire. Une des plus grandes maisons de couture de luxe au monde.

Je ponctue ma phrase par un large sourire de peste, sans quitter la blondasse du regard. Cette dernière me toise d'un air mauvais, augmentant ma satisfaction. Je louche ensuite sur le visage d'Easton, sur lequel un petit rictus amusé prend forme.

Touché.

— Depuis combien de temps connaissez-vous monsieur Hathaway, ici présent ?

— Depuis environ quinze ans.

Eh ben, ça ne nous rajeunit pas tout ça. Et dire que j'ai passé seulement cinq années sur quinze avec cet homme. Les plus belles cinq années de ma vie.

— Est-ce correct que monsieur Hathaway et vous étiez dans la même université ?

— Université de Brown, c'est exact.

— Quelle était la nature de votre relation avec monsieur Hathaway ?

Frère et sœur, évidemment. Elle ne peut pas poser des questions un peu plus pertinentes ? Je comprends pourquoi les procès durent si longtemps. Les avocats aiment bien tourner autour du pot.

— Nous sommes sortis ensemble pendant quatre ans et nous avons été fiancés pendant un an.

Mon regard se baisse sur ma main, où une autre bague que celle d'Easton orne mon annulaire. Dire que j'ai faillis être sa femme.

— Qui a rompu l'engagement ?

Mon chien. Elle ne veut pas savoir quelle était notre position sexuelle préférée ou qui dormait de quel côté ?

— On s'est séparés d'un commun accord, réponds-je en regardant Easton dans les yeux.

Il soutient mon regard en me suppliant de ne pas la laisser me démonter.

Ne t'en fais pas, agápi mou (mon amour). Je suis plus forte qu'ils ne le pensent.

— Quelles en étaient les raisons ?

— La raison est personnelle. Ça ne regarde que lui et moi.

— Monsieur Hathaway est poursuivi pour violences conjugales, mademoiselle Lykaios. Chaque détail de ses précédentes relations est pertinent pour prouver sa culpabilité, me rappelle-t-elle d'un air hautain.

Prouver sa culpabilité ? Désolée, chérie, je suis ici pour prouver rien d'autre que son innocence.

— Je ne souhaite pas dévoiler les raisons de notre rupture en public.

Un jeu de regards s'instaure entre l'avocate et moi, une bataille de coqs où celui qui baissera le regard en premier aura perdu. Malheureusement pour elle, mon père m'a toujours appris à ne pas détourner les yeux face à un ennemi.

Désolée, maître Lopez, mais sur ce coup, c'est moi qui l'emporterai.

— Très bien, question suivante. Avez-vous vécu avec monsieur Hathaway ?

Satisfaite de l'avoir détourné de son objectif, je me contente d'acquiescer, mais apparemment, il faut le dire à voix haute.

— J'ai vécu avec lui pendant deux ans.

Easton et moi avions commencé à nous fréquenter lors de notre première année universitaire. On était chacun en colocation et ça a fonctionné ainsi pendant trois ans. Mais au bout d'un moment, on a réalisé que notre relation était plutôt sérieuse et solide, alors on a décidé de prendre un appartement ensemble pour terminer nos études et commencer notre nouvelle vie. Un an plus tard, il me faisait sa demande et on emménageait dans un appartement plus grand. Jusqu'à ce que nos chemins se séparent, l'année suivante.

— Comment était-il, à cette époque ? Comment gérait-il sa colère ? me questionne-t-elle en appuyant bien sur le dernier mot.

Encore une fois, elle pose sa question de manière subtile, mais tout le monde dans cette cour sait ce qu'elle veut vraiment insinuer :

Est-ce qu'Easton me frappait lorsqu'il était vraiment en colère ?

En regardant à nouveau Easton, je remarque qu'il est tendu. Il triture ses doigts tout en regardant dans le vide.

Pourquoi s'acharnent-ils sur toi, à ce point, East ? Pourquoi ne voient-ils pas à quel point tu es quelqu'un de bon ?

— Et vous, maître Lopez ? Comment gérez-vous votre colère ? demandé-je soudainement.

Je vois sur son visage que ma question la surprend. Après tout, l'avocat pose les questions et le témoin répond. Mais j'en ai marre que personne n'aille au but du sujet.

Comment Easton gérait-il sa colère ? Comme un être humain normal.

— Vous n'êtes pas ici pour poser les questions.

Plus ses traits se tendent, plus je remarque qu'elle regrette de m'avoir convoquée. Elle pensait que j'étais une ex qui avait besoin de prendre sa revanche. Elle pensait qu'Easton m'avait sûrement trompée ou quelque chose de cliché du genre. Jamais elle n'aurait pensé que notre rupture s'était terminée sur une note positive, en quelque sorte. Ça dépend de ce qu'on entend par positif.

Easton et moi avons un long passif. Notre rupture m'a peut-être détruite, mais je prendrai toujours sa défense quand il en aura besoin. Toujours.

— Ah non ? Et pourquoi ça ? Si vous voulez que je réponde à vos stupides questions, commencez par m'en poser des pertinentes, avec un réel but derrière.

Je pousse peut-être dans l'arrogance, je vais sans doute trop loin. Mais franchement, je m'en moque comme de l'an quarante.

— Alors vous savez-quoi ? Si cette question va vraiment nous mener quelque part, on peut la poser à tout le monde, non ? Madame la juge, comment gérez-vous votre colère ?

La juge paraît déconcertée face à ma question, mais ne me réprimande pas pour autant. Je pense qu'elle commence à être d'accord avec moi et qu'on perd du temps avec des questions qui n'ont pas de sens.

— Mademoiselle Lykaios a raison, maître. Posez de meilleures questions ou rasseyez-vous.

Et bim !

— Et vous mademoiselle Lykaios, calmez-vous, on n'est pas dans un jeu télévisé ici.

L'envie de rire me prend, mais en voyant son air sérieux, je me retiens. Autant ne pas aggraver mon cas.

— Bien. Est-ce que monsieur Hathaway a déjà été violent avec vous ? reprend Lopez en me fusillant du regard.

— Ça dépend dans quel sens ? Parce que je peux vous dire qu'en termes de sexe, il était loin d'être ten...

— Mademoiselle Lykaios ! gronde la juge.

Je me mords la lèvre en m'excusant. Bon, j'ai peut-être poussé l'humour un peu trop loin, mais je n'y peux rien. J'ai envie de descendre cette avocate et sa cliente, de m'acharner sur eux comme ils le font depuis des semaines avec Easton.

Je louche à nouveau du côté d'Easton, ce dernier sourit davantage, sûrement fier de ma répartie. Alors que son avocate me regarde avec admiration. Elle pensait sûrement que j'allais être une traître qui n'arrangeait pas son cas. Or, je viens de lui prouver le contraire, à plusieurs reprises.

— Ok ok, désolée. Non, Easton Hathaway n'a jamais été violent avec moi.

— Quel est votre couleur préférée, mademoiselle Lykaios ?

Hein ? Et moi qui pensais qu'elle avait enfin compris ce que voulait dire « pertinent ».

— Objection, votre honneur. Pertinence ? s'exclame l'avocate d'Easton.

— Laissez-moi poursuivre mon raisonnement, votre honneur. S'il vous plaît.

— Rejetée.

Merde, moi qui commençais à me dire que cette juge savait faire preuve de bon sens. En quoi ma couleur préférée a le moindre rapport avec cette affaire ?

— Je dirais le rouge, finis-je par répondre à contre-cœur.

Elle affiche un sourire sournois qui ne me dit rien qui vaille.

— J'ai ici des statistiques prouvant que quatre-vingt pour cent des hommes ayant déjà abusé de leur femme ou copine, ont tendance à sortir avec des femmes dont la couleur préférée se trouve dans les tons chauds. Ma cliente, ici présente, a une préférence pour le jaune, ce qui rejoint cette étude.

Oh mon Dieu, retenez-moi, je sens qu'on va m'arrêter pour outrage à magistrat. Et sur internet, ils disent que cette Lopez fait partie des meilleurs ? Elle est sérieusement en train de ramener une stupide étude pour prouver la culpabilité de quelqu'un ? C'est ça qu'on apprend à l'école des avocats ? Où sont passés les vrais témoins ? Les vidéos cachées ? Les empreintes ? Merde, les séries policières nous mentent à ce point ? Je suis déçue.

— Sérieusement ? Vous savez combien d'heures de vol j'ai enduré pour venir jusqu'ici ? Savez-vous la montagne de travail que j'ai mise en stand bail pour venir témoigner ? Tout ça pour me poser des questions ennuyantes et me montrer par des chiffres qu'une couleur influence le comportement d'une personne. Non, c'est trop pour moi.

Je prends une grande inspiration, me tourne en direction des jurés pour capter leur attention, avant de me lancer :

— J'ai rencontré Easton Hathaway lorsque j'avais dix-huit ans. On venait tous les deux de deux états différents, de deux vies et ethnies différentes. Le courant n'a pas mis des semaines à passer entre nous. Il est rapidement devenu mon meilleur ami. Chose que je n'ai pas eu en masse durant mon adolescence. Il m'a écoutée, m'a soutenue lorsque j'étais au plus mal. Il m'a aidée à grandir et à devenir la femme que je suis aujourd'hui. Une femme respectée et talentueuse. Il m'a montré que la peur n'était pas une faiblesse et qu'il n'était jamais trop tard pour se battre pour ce qui nous semble juste.

Je jette un regard furtif à Easton, lui adressant un faible sourire de réconfort avant de poursuivre :

— Je ne peux pas vous apporter la preuve formelle qu'il n'a pas été violent avec sa femme. Je n'étais pas là. Mais je peux vous dire que le Easton Hathaway que je connais ne lèverait jamais la main sur une personne plus faible que lui. Oui, Easton s'est déjà mis en colère contre moi, oui on s'est déjà disputés. Je pense que chaque être humain normalement constitué l'a déjà fait. Mais vous savez quoi ? Même quand j'ai détruit sans le vouloir l'un des derniers souvenirs appartenant à sa mère, Easton n'a pas levé la main sur moi. Et croyez-moi, il était très en colère, je crois ne l'avoir jamais vu aussi fâché. Pourtant, il est simplement sorti faire un tour et est revenu plus détendu. Il s'est assis à mes côtés et m'a expliqué l'importance qu'avait ce souvenir. On s'est écoutés, on en a discuté longuement et on s'est excusés mutuellement. Parce qu'Easton est ce genre d'hommes. Il privilégiera la discussion aux cris. Et c'est quelque chose qu'on ne lui enlèvera jamais.

***

— Eh ben, tu nous as fait un sacré numéro là-dedans, entends-je derrière moi.

Je me tourne et le visage familier de Jaxon apparaît face à moi.

Après mon long discours, j'ai eu le droit à quelques questions supplémentaires de la part de Mylie Lopez. Puis elle a fini par laisser sa place à Alicia Atwood, l'avocate d'Easton. Cette dernière a été plus sympa avec moi, même si elle a tenté de me poser des questions beaucoup trop personnelles. Elle est là pour prouver qu'Easton est innocent et je sais pertinemment qu'elle n'hésiterait pas à pousser le bouchon trop loin de mon côté pour le faire. Chose que je respecte et déteste à la fois.

Enfin bon, après ça je ne pouvais pas assister à la suite du procès. J'avais besoin de prendre l'air et de me remettre de mes émotions. Revoir Easton, être travaillée de la sorte par deux avocates acharnées, c'est plus fatiguant que je ne le pensais. J'en ai profité pour appeler Ioanna et régler quelques détails concernant le travail. Je lui ai laissé les rênes de mon travail le temps de mon absence. Elle est une des personnes en qui j'ai le plus confiance et qui connaît mon boulot presque aussi bien que moi.

— Jaxon Hathaway, ça fait un bail, dis-je en souriant.

Nous nous toisons un instant avant de combler l'espace qui nous sépare par une étreinte chaleureuse.

— Merci d'être venu, murmure-t-il contre mon oreille.

— Jamais je n'aurais pu faire la sourde oreille face à ton appel à l'aide. Toi et moi savons très bien ce qu'Easton représente pour moi.

— C'est pour ça que je t'ai contactée. Je savais que tu n'hésiterais pas à prendre le premier avion pour lui venir en aide. Et putain, tu n'as pas mâché tes mots, là-dedans.

Je ris de sa remarque en hochant la tête. C'est vrai que je n'ai pas pour habitude d'avoir ma langue dans ma poche, mais j'ai vraiment poussé l'insolence un peu trop loin dans cette cour. J'ai une gestion de mes émotions très faible et cette avocate est une des personnes les plus frustrantes que je n'ai jamais rencontrées.

— Désolée, mais elle m'a vraiment énervée.

— Oh ne t'excuse pas, tu nous à tous épatés. Même la juge était complètement surprise par ton culot.

Je souris davantage, finalement fière de mon petit numéro.

— Easton ne voulait pas que je te contacte, m'avoue-t-il après quelques secondes de silence.

Hmm, c'était à prévoir. On va dire qu'après dix ans, je connais toujours aussi bien Easton Hathaway.

— Ce n'est pas surprenant. Il pensait sûrement que les avocats seraient vaches avec moi. Qu'ils n'hésiteraient pas à creuser dans mon passé et dans mes terribles secrets pour parvenir à leurs fins.

Vu le regard surpris que me lance Jaxon, je comprends rapidement que j'ai vu juste.

— Easton est comme ça, il veut protéger le peu de gens à qui il tient. Et même si des années ont passé depuis votre rupture, il tiendra toujours à toi, Elyna.

— Je le sais. Et je suis aussi consciente que tout n'est pas terminé. J'ai mis les avocats de Shelby dans une colère noire et ils vont vraiment chercher à me faire tomber la prochaine fois. Ce sont des requins, ils ne reculeront devant rien pour gagner cette affaire. Malheureusement pour eux, je ne suis pas quelqu'un qui baisse les bras facilement.

Un nouveau sourire satisfait vient orner le visage du frère d'Easton, m'indiquant que ma réponse était la bonne.

— Alors j'ai hâte de voir ton prochain combat, Elyna Lykaios.

Lorsqu'il termine sa phrase, son regard se pose derrière moi, m'obligeant à me tourner à mon tour. Je perds rapidement mon sourire en voyant Easton s'approcher, accompagné de son avocate, de Brendon et de Lucía. Il y a certaines choses qui ne changent pas.

Une fois à ma hauteur, Easton s'arrête à quelques mètres de moi, le visage toujours aussi ébahi. Comme s'il ne réalisait toujours pas que je suis bien ici, face à lui. Nos regards s'accrochent, formant une bulle autour de nous, effaçant la moindre personne nous entourant. Il n'y a que lui et moi. Et soudainement, toutes ces années qui ont passé depuis notre dernière rencontre, ne sont que néant. Je retrouve face à moi le Easton que j'ai toujours connu. Enfin, il fait clairement plus homme maintenant, mais son regard n'a pas changé. Toujours cette tendresse infinie et cette bienveillance inégalable.

— Elyna...

Il prononce mon prénom comme si c'était la première fois depuis des années.

— Bonjour, Easton.

Jaxon est le premier à se manifester suite à ce timide échange.

— On va vous laisser discuter seuls. Easton, on s'appelle ce soir. Elyna, j'espère te revoir avant ton départ.

Il me prend une dernière fois dans ses bras avant de laisser la place à Brendon et Lucía.

— C'est bon de te revoir, Ely, chuchote Brendon en déposant un simple baiser sur ma joue.

— Merci d'être venu, mi querida (ma chérie), murmure à son tour Lucía en me serrant fort contre elle.

Cette femme m'a tellement manqué. Je me promets de passer la voir au plus vite. Mais pour le moment, c'est avec Easton que je dois discuter. Tour à tour, les proches d'Easton s'en vont, nous laissant complètement seuls devant le tribunal.

Cette fois, lorsque le regard d'Easton se repose sur moi, je ressens une soudaine timidité qui me surprend moi-même. Le revoir, entouré de personnes, c'est une chose. Mais être seule face à lui, après toutes ces années de silence, c'est plus intimidant que je ne le pensais.

Nous continuons de nous toiser un instant, dans le silence le plus complet. Et je ne sais pas qui a fait le premier pas, mais je me retrouve contre lui la seconde d'après. Mes bras entourant sa nuque, les siens serrant fermement ma taille, alors que son visage se niche au creux de mon cou.

Et soudainement toutes mes craintes s'envolent. Ici, dans ses bras, je me sens bien.

Je me sens chez moi.

⚖️⚖️⚖️

Le début des retrouvailles 🥹❤️

Elyna n'a pas mâché ses mots durant cet interrogatoire 😂 vraiment je me tapais des barres à l'écriture ! J'imaginais les visages abasourdis de la juge et de l'avocate c'était hilarant

Mais voilà un petit aperçu de la personne génialissime qu'est Elyna Lykaios !

Prochain chapitre full Elyna et Easton !! 🫶🏼🫶🏼🫶🏼