17

ELYNA

— Vous habitez le quartier depuis longtemps ? demandé-je avant de prendre une gorgée de mon thé.

La sexagénaire hoche la tête en esquissant un sourire sincère.

— Ça va bientôt faire trente-cinq ans. Mon mari a toujours préféré les endroits calmes, alors celui-ci a été un coup de cœur. Il est vrai qu'il est un peu éloigné de la ville, mais ça ne nous dérangeait pas.

C'est à mon tour de sourire, lui montrant que je comprends totalement ce qu'elle exprime. Il faut dire que je vis moi-même dans les hauteurs d'Athènes, dans une maison bien isolée. Enfin, mes parents y vivent, je ne fais que squatter leur dépendance. J'ai pensé à prendre un appartement en ville, mais j'aimais le confort de la demeure familiale. Et puis, elle est tellement grande qu'on se croirait seul.

Quelques jours sont passés depuis la dernière audience. J'ai eu le temps d'analyser le dossier d'Easton en détails et c'est un témoignage en particulier qui a retenu mon attention. Avant mon arrivée, une voisine d'Easton avait été appelée à témoigner. Malheureusement pour nous, son témoignage était en faveur de Shelby. Rosalind Emerson est une femme adorable occupant la maison à gauche de celle d'Easton. Son témoignage n'était pas détaillé, elle s'est simplement contentée de décrire ce qu'elle a vu ce soir-là : une Shelby en pleurs, fuyant son domicile. Il faisait trop noir pour réunir tous les détails, mais ça a suffi à la cour pour faire pencher un peu plus la balance du côté de cette garce.

Je suis donc passée la voir pour discuter avec elle, avoir un point de vue moins formel que ce qu'Alicia a pu écrire. Et peut-être qu'avec moins de pression, elle se souviendra d'éléments qui pourraient aider ma cause.

— Vous avez eu des enfants ?

Cette fois, un large sourire étire ses lèvres, tandis qu'elle se penche pour récupérer deux cadres. Elle les observe avec une tendresse infinie, dans un premier temps. Je ne peux m'empêcher d'être touchée par une telle réaction. Les enfants ont cette faculté de nous faire sourire en toute circonstance. En tout cas, c'est ce qui se passe avec moi, à chaque fois que je parle, aperçois ou pense à mon Loukas. Mon neveu est la chose la plus précieuse de ma vie.

Elle me tend par la suite les photos, me permettant de reconnaître deux adorables adolescents : fille et garçon.

— On a eu la chance d'avoir ces deux trésors : Holly et Caleb. Ce sont désormais des adultes avec leurs propres enfants. Mais dans mon cœur, ils resteront toujours mes bébés, m'avoue-t-elle, n'étirant mon sourire que davantage.

L'amour d'une mère est si pur. La mienne travaillait beaucoup, mais le regard qu'elle portait sur mes frères et sœur et moi ne trompait personne. Les mots n'étaient pas nécessaires avec elle. Même s'il est vrai que j'aurais aimé qu'elle soit plus présente pour moi durant mon adolescence. Néanmoins, j'ai eu la chance d'avoir Danae qui a su reproduire ce rôle à la perfection. C'est pour ça que je n'ai eu aucun doute sur sa capacité à élever Loukas, lorsqu'elle est tombée enceinte. Elle était faite pour ça depuis toujours.

Me rendant compte que je me suis égarée, je secoue la tête pour chasser ces pensées et me concentre à nouveau sur le but de ma visite.

— Vous étiez donc déjà ici lorsque les Hathaway ont emménagé. Avez-vous sympathisé avec eux ?

Elle grimace en secouant la tête.

— Pas vraiment. Madame Hathaway était toujours en vadrouille ou en train de préparer des soirées mondaines dans leur propriété. Tandis que monsieur Hathaway était plutôt du genre solitaire. Mais il ne manquait pas de me saluer, lorsqu'il passait devant moi.

Sans le savoir, elle a parfaitement décrit le Easton que je connais : solitaire, silencieux, mais respectueux et poli.

Toutefois, malgré cette perspicacité, Rosalind a quand même témoigné en faveur de Shelby.

Elle n'a énoncé que ce qui était sous ses yeux, me rappelle ma conscience.

C'est vrai et c'est ce qui va m'amener à ma prochaine question.

— Qu'est-ce que vous avez vu ce soir-là, Rosalind ?

Je l'appelle par son prénom uniquement parce qu'elle m'a demandé de le faire. Cela va de soi.

Elle regarde dans le vide un instant, prend à son tour une gorgée de sa boisson, avant de plonger ses pupilles dans les miennes.

— Tout était très vague. Je sortais mes poubelles et une des fenêtres des Hathaway avait dû resté ouverte, puisque j'ai pu entendre leurs voix. Il y a eu des bruits de verres, des cris, surtout du côté de madame Hathaway. C'était la première fois qu'ils se disputaient. En tout cas, la première fois que je les voyais faire. J'ai voulu aller sonner, mais mon mari me l'a déconseillé. Des disputes, ça arrive tout le temps. Alors je suis rentrée chez moi et environ un quart d'heure plus tard, j'ai aperçu madame Hathaway sortir en courant de chez elle, pour rejoindre sa voiture. Elle avait l'air dans tous ses états, malgré la pénombre qui cachait pratiquement la moindre parcelle de son corps.

Elle déglutit en regardant à nouveau le vide.

— Je ne sais pas si elle était blessée, tout est allé trop vite. Je n'ai pas vu monsieur Hathaway lui courir après. J'ai réellement su que la dispute était grave, lorsque ces policiers ont débarqué chez lui, à l'aube.

Un air peiné traverse son petit visage ridé. Comme si au fond d'elle, elle savait qu'Easton n'était pas si coupable que ça. Mais elle ne peut pas le prouver. Si elle avait pu voir le visage de Shelby, ce soir-là, le procès aurait pris fin très rapidement. Or, ce n'est pas le cas et on doit continuer à se battre pour trouver cette foutue preuve qui parviendrait enfin à tout changer.

— Au fond de votre cœur, pensez-vous vraiment qu'Easton ait pu commettre un tel acte ? l'interrogé-je sur un ton presque suppliant.

L'implorant de voir la vérité, de ne pas faire partie de cette majorité qui a tourné le dos à Easton, simplement parce que la supposée victime est une femme. Simplement parce qu'un homme ne sera jamais considéré comme innocent. Parce que l'homme est fort et supérieur. Voilà la vision de notre société, qui est plus que désolante et pitoyable.

— Je ne les connais pas assez et la logique voudrait qu'en tant que femme, je me range du côté de cette femme.

— Mais ?

Elle soupire longuement, avant de se mordre légèrement la lèvre inférieure.

— Mais il y a quelque chose dans le regard de cet homme qui me pousse à le croire. Quelque chose qu'aucun mot, aucune preuve ne surpassera.

Sa main vient trouver la mienne, afin de la caresser tendrement.

— Je peux aisément voir qu'il compte énormément pour vous. Alors s'il est innocent, continuez d'y croire. La vérité finit toujours par éclater. Peu importe le temps que ça prendra.

***

La vérité finit toujours par éclater. Peu importe le temps que ça prendra.

Mon esprit se repasse en boucle ces deux phrases, incapable de penser à autre chose.

C'est tout ce que je demande, bon sang. Que cette foutue vérité éclate au grand jour. Mais alors pourquoi cette boule au ventre ne cesse de m'oppresser, lorsque j'y pense.

Peut-être parce qu'il y a une chance pour qu'il soit en tort ? propose la voix diabolique dans ma tête, comme si c'était envisageable.

Toujours pas. Je n'ai pas le droit de douter. Easton le fait déjà assez comme ça. Je me dois d'être celle qui y croira jusqu'au bout. Il compte sur moi.

— Tu vas bien, querida ? chuchote Lucía contre mon oreille.

Si la Mexicaine a remarqué mon absence, ça veut dire que j'ai dû partir un peu trop loin dans mes pensées.

— Oui, oui, pardon je pensais à deux-trois trucs. Rien de bien important. Qu'est-ce que j'ai loupé ?

Elle me scrute d'un air dubitatif, s'interrogeant sûrement sur la nature de mes distractions. Cependant, même si elle en meurt d'envie, elle décide de ne pas rebondir. Sûrement parce que ce n'est pas l'endroit pour le faire. Je n'ai pas encore eu le temps de parler à Easton ou à ses proches de ma visite à Rosalind. En soi, elle n'a pas changé grand-chose au niveau de l'affaire. La justice se moque de l'opinion intérieure d'autrui. Ce qu'elle veut, c'est des preuves, des faits. Mais dans mon cœur, ça me pousse à ne pas abandonner. Ça me montre que rien n'est déterminé et qu'il faut poursuivre ce rude affrontement.

— Jaxon a été appelé à la barre, m'annonce-t-elle, l'inquiétude dominant sa voix.

Comme pour m'assurer de la véracité de ses propos, ma tête se tourne mécaniquement dans la direction du siège des témoins. Effectivement, le frère de mon ex est bien assis, la main droite en l'air jurant de ne dire que la vérité, rien que la vérité. Jax a déjà témoigné, et souvent, lorsqu'on rappelle les proches de l'accusé, c'est pour appuyer là où ça fait mal. Et j'ai malheureusement un lourd pressentiment.

— Monsieur Hathaway, comment vont les affaires ? demande Lopez, comme s'ils étaient deux vieux potes rattrapant le temps perdu.

Je ne comprendrai jamais d'où lui viennent ses questions. Cette femme est définitivement dérangée. Pas étonnant qu'elle représente la folle que mon ex a pris pour épouse.

— Objection, pertinence ? l'interrompt Alicia.

Eh bien, on dirait qu'elle est la seule à savoir faire son travail ici.

— Retenue. Maître Lopez, allez droit au but.

Je retire ce que je viens de dire. Pour cette fois, en tout cas.

Mais Lopez ne semble pas perturbée, comme si elle s'y attendait. Elle avait uniquement besoin d'une petite introduction. Elle sait pertinemment dans quelle direction avancer.

— Très bien, comment vont les affaires que vous étiez censé gérer depuis votre venue au monde ? Le véritable héritier Hathaway. Le premier enfant destiné à succéder à son père.

— Ça ne m'intéressait pas, et de toute façon, mon grand-père avait inscrit une clause qui stipulait que mon frère reprendrait la direction de l'empire familial, lorsque son prédécesseur lâcherait le flambeau, répond simplement Jaxon.

Il est particulièrement à l'aise, comme si parler en public était la chose la plus naturelle pour lui. Il faut dire que parmi les deux frères Hathaway, Jax a toujours été le plus à l'aise parmi la foule.

— Hmm, prédécesseur qui se trouve être votre père. Père qui aurait contesté cette clause, d'après le témoignage de sa secrétaire.

Je fronce les sourcils, alors que Jaxon garde une tête parfaitement neutre. Comme s'il réservait sa surprise pour la suite.

— En effet, mon père a toujours été un homme traditionnel. C'est le premier fils Hathaway qui aurait dû lui succéder. Et pourtant, c'est mon petit frère qui a eu ce rôle et qui excelle dans son travail, depuis le premier jour.

Jaxon lance un regard complice à Easton, qui étire mécaniquement mes lèvres en un sourire discret. Easton m'avait déjà parlé de cette clause et du fait que c'est Jaxon qui aurait dû hériter de tout. Pourtant, l'aîné Hathaway n'était pas particulièrement friand du rôle de PDG, ni de toutes les responsabilités qui allaient avec. Et puis, il a toujours été très à l'aise avec les chiffres, alors le poste de directeur financier ne pouvait que lui convenir.

Lopez marque un silence quelques secondes, tout en continuant de faire claquer ses talons contre le carrelage de la salle d'audience. Comme si ça l'amusait.

Quelle idiote.

— La tradition, vous dites ? N'est-ce surtout pas dû aux relations plutôt complexes qu'entretenaient votre père et votre frère ?

— Objection, question confuse et non pertinente, résonne à nouveau la voix d'Alicia.

— J'aimerais aller au bout de ce raisonnement, rétorque sa consœur.

La juge balaye son regard entre les deux avocates avant de rendre sa décision :

— Rejetée. Maître Lopez, poursuivez.

Cette dernière se retourne furtivement pour lancer un sourire narquois à Alicia, lui valant un regard noir de ma part.

Quelle foutue peste.

— D'anciens employés de votre père ont affirmé que les relations entre celui et l'accusé n'ont jamais été au beau fixe.

— Quelles relations, entre parents et enfants, le sont ? riposte Jaxon.

Il ne se démonte pas. Jamais. Il a déjà eu affaire à des requins par le passé. Il a baigné toute sa vie dans ce monde. Lopez ne l'aura pas aussi facilement.

— Hmm en effet, mais toujours d'après ces mêmes employés, cette animosité a commencé depuis la naissance de votre frère. Le jour où votre défunte mère a trouvé la mort en le mettant au monde.

Le visage de Jax qui était resté impassible jusque-là, se transforme en une mine partagée entre colère et tristesse. Il serre les dents, alors que son regard ne cesse de mitrailler l'avocate peste en chef.

La salope, elle a osé parler du sujet qui fâche.

Je suis incapable de voir l'expression d'Easton, mais je devine aisément qu'il souffre à son tour. Parler de Diane a toujours refroidi l'ambiance, lorsqu'un Hathaway se trouvait dans les parages. Sa mort a laissé un vide en ses fils et ils n'ont jamais trouvé réellement le courage d'en parler, sans qu'une vive douleur comprime leur estomac.

Alors évoquer ce sujet ici, devant des inconnus, ça doit être carrément pire.

— Objection ! Argumentation.

— Retenue, uniquement des questions, maître Lopez.

On devrait la faire rasseoir, oui. Cette femme va semer la zizanie, si personne ne l'arrête.

— Bien, votre père a-t-il reproché la mort de sa femme à votre frère ?

Jaxon contracte la mâchoire, à deux doigts d'arracher la tête de cette foutue vipère.

— Oui, répond-il à contre-cœur.

— D'après un autre témoin, votre père et l'accusé ont eu une altercation dans les locaux de Hathaway&Co. Il y aurait eu des cris, et votre père serait ressorti de son bureau, la joue gonflée. Ma question est la suivante, votre frère aurait-il pu adopter un comportement violent autour de votre père ?

L'aîné de mon ex déglutit, tout en balayant son regard entre Easton et l'avocate. De mon côté, je suis plus surprise qu'autre chose. East et Kenneth ne se sont jamais adressés la parole. Tout ce que faisait ce connard, c'était ignorer son fils comme s'il n'existait pas. Et ça m'a toujours rendu malade, parce que n'importe qui ayant une personne comme Easton dans sa vie, doit se considérer chanceux.

— Easton n'a jamais frappé mon père, grommelle Jaxon.

— Pourtant ce témoin a juré avoir vu l'accusé sortir quelques minutes après votre père. Ne serait-ce qu'une coïncidence ?

Si personne ne l'arrête, croyez-moi que je vais finir par escalader les sièges pour aller lui refaire le portrait. Quel est son but en torturant Jaxon de la sorte ? Parler de sa mère, ensuite des conflits entre son frère et son père. Elle n'a clairement pas aimé se faire battre à plate couture, aux dernières audiences. Elle veut se venger et sait très bien comment s'y prendre.

Alicia s'apprête à se lever pour objecter, mais la grosse voix de Jaxon résonne soudainement, la coupant dans son élan.

— Easton ne l'a pas frappé, car c'est moi qui l'ai fait. Les raisons ne vous regardent en rien. Tout ce que vous devez savoir c'est qu'Easton n'aurait jamais levé la main sur lui. Malgré tous les coups bas que notre père a pu lui faire.

— N'oubliez pas que vous êtes sous serment, monsieur Hathaway. Aucun témoin...

— Je me fous de vos témoins. On n'est pas là pour juger cette affaire, alors vos témoins n'ont aucune valeur. J'étais présent, j'ai frappé mon père et Easton m'a conseillé de me calmer avant de sortir de ce fichu bureau.

Il lance un regard appuyé à son frère, essayant de communiquer avec lui sans que le moindre mot ne sorte de sa bouche. Puis il accroche à nouveau ses pupilles à celles de la garce.

— Vous voulez savoir si les relations entre mon père et mon petit frère étaient désastreuses ? Alors oui, elles l'étaient. Vous voulez savoir si cela a affecté Easton ? Évidemment que oui, qui ne le serait pas ? Vous voulez savoir si ça aurait pu le mener à un quelconque comportement violent ? C'est là que vous avez tout faux. Oui mon père a détesté Easton depuis sa venue au monde, l'accusant de lui avoir pris sa femme. Et oui, je conçois que ce genre de traumatisme aurait pu influencer le comportement d'une personne, dans le mauvais sens du terme. Mais vous savez quoi ? Ça n'est pas arrivé. Easton était l'enfant parfait par excellence : il était gentil, agréable, intelligent, cultivé, serviable et des centaines d'autres qualités qui le rendaient incroyable. Et malgré ça, mon père ne lui accordait pas le moindre regard. Contrairement à moi, qui avait le droit à toute son attention. Et devinez quoi ? Ça m'a rendu fou. Je voyais Easton essayé jour après jour d'obtenir la plus infime des attentions, tout en restant cet être innocent et adorable, mais encore une fois, c'était moi qui avais le droit à tout. Je voyais mon frère se démener alors que je ne faisais rien de particulier. Alors j'ai commencé à devenir violent, à me battre, à insulter, à devenir détestable, afin que mon père se rende compte qu'Easton méritait tout. Qu'il méritait que mon père lui adresse la parole, qu'il l'emmène pêcher avec ses amis, qu'il lui apprenne à tirer à la carabine. Il méritait l'amour d'un père, bordel. Et malgré toutes les conneries que j'ai pu faire, Kenneth me pardonnait, me sauvait et continuait à me considérer comme un type formidable, digne de son respect et de son amour. Quant à Easton, aucun de ses efforts n'était suffisant. Alors non, les conflits avec notre père ne l'ont pas rendu mauvais. Au contraire, il a su rester cet être exceptionnel, altruiste, respectueux et bienveillant. Je l'ai toujours envié autant que je l'admirais, et je me battrai becs et ongles pour vous prouver qu'il n'aurait jamais été capable de lever la main sur sa femme.

⚖️⚖️⚖️

Jaxon Hathaway je t'aime !!! 🫶🏼🫶🏼

Un chapitre plutôt mouvementée qui détaille un peu plus les relations entre les Hathaway depuis la mort de leur mère.

J'ai adoré écrire le discours de Jax car il représente exactement ce qu'il ressent. Cet injustice entre son frère et lui.

Ce mal être d'être considéré comme l'enfant parfait alors qu'il n'a rien fait pour. Contrairement à Easton.

Le prochain chapitre risque de vous intéresser fortement 😎

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top