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15 ans plus tôt

ELYNA

— Tu vois cette étoile qui scintille avec une intensité remarquable et incomparable ? Eh bien, il s'agit de Sirius, elle est considérée comme l'étoile la plus brillante après le soleil. Elle fait partie des étoiles blanches et se situe dans la constellation du Grand Chien, m'explique Easton, alors que je l'observe attentivement.

— On dirait qu'elle clignote, ne puis-je m'empêcher de remarquer, fascinée par ce spectacle renversant.

Il sourit un peu plus en hochant vivement la tête.

— Oui, Sirius est une étoile si basse sur l'horizon, que sa lumière doit traverser une distance d'atmosphère assez conséquente, afin de nous atteindre. Ce sont toutes ces turbulences présentent dans l'atmosphère qui vont dévier la lumière et créer cet effet scintillant stellaire.

Easton est si éloquent, si intelligent et passionné, qu'il m'est impossible de décrocher un seul instant. Je suis littéralement pendue à ses lèvres, attendant avec impatience la prochaine information susceptible de sortir de sa bouche. Il est fascinant.

Voilà près de trois semaines que nous nous fréquentons. Après l'histoire des chouquettes, il m'était impossible de faire la désirer plus longtemps. Le gars m'avait clairement prouvé qu'il était prêt à tout, pour que je lui accorde ce café qu'il désirait tant. Après tout, parle à l'estomac d'une femme et tu auras son cœur plus rapidement.

Et m'envoyer des tonnes de chouquettes plus délicieuses les unes que les autres était un geste remarquable. Easton savait clairement ce qu'il voulait et ça a fonctionné.

Nous sommes donc allés prendre ce café sur le campus, quelques jours plus tard. Nous avons discuté pendant près de deux heures et j'ai dû me rendre à l'évidence : je l'avais très mal jugé. Cet homme que je pensais arrogant, trop charmeur et insupportable s'est avéré être quelqu'un d'intelligent, discret et carrément intéressant.

Il étudie la gestion des entreprises, dans le but de reprendre l'entreprise familiale, mais il est doté d'une culture générale impressionnante. Et aujourd'hui, j'ai découvert qu'il vouait une passion sans nom à l'astronomie. C'est notre troisième rencard et il continue de m'impressionner au fil des jours.

Bien qu'il s'agisse d'un troisième rencard, Easton et moi avons passé ces dernières semaines, collés l'un à l'autre. Enfin, c'est plutôt lui qui ne peut pas se passer de moi. C'est ce que j'essaie de me dire, mais la vérité, c'est que j'apprécie autant, voire plus que lui, toutes ces soirées que l'on passe ensemble. On passe la plupart de notre temps dans mon appart à discuter ou regarder Netflix.

Il ne s'est encore rien passé entre nous, j'ai besoin de prendre mon temps avant de sauter le pas. Ça ne veut pas dire que je ne meurs pas d'envie de l'embrasser, à chaque fois que ses lèvres charnues me sourient. Ou quand son visage est un peu trop près du mien, lorsqu'il me murmure à quel point il me trouve belle et incroyable. Il sait parler aux femmes, mais il n'a rien du coureur de jupon par excellence. Il est gentil, vraiment gentil et serviable et aimable et... Bordel, je pourrais énumérer ses qualités pendant des heures.

Tu es accro, ma vieille, chantonne la petite voix dans ma tête.

Putain, oui je le suis totalement. Mais comment ne pas l'être ? Ces yeux bleus, ce charisme, ce sourire, cette persévérance, cet esprit de génie. Argh, cet homme est trop parfait pour être réel. Il doit bien y avoir une faille quelque part.

— Pourquoi tu me regardes de cette façon ? m'interroge-t-il, me sortant subitement de mes pensées.

Je n'avais pas remarqué que je le dévisageais, sans la moindre discrétion.

Super, Elyna, passe pour une psychopathe, tu auras toutes tes chances avec lui après ça.

— De quelle façon ? répliqué-je avec innocence.

— Hmm, je ne sais pas. Comme si ce que tu voyais te fascinait.

Il sourit plus largement en prononçant ce dernier mot. Il sait l'effet qu'il produit sur ma personne et il en joue, mais pas d'une mauvaise façon, bien au contraire.

— C'est peut-être un peu le cas. J'ai parfois l'impression que tu es surréel. Comme si tu étais un personnage parfait, sortant tout droit d'une putain de comédie romantique.

Il éclate de rire avant de secouer la tête de gauche à droite.

— J'apprécie le compliment, Elyna, mais je suis loin d'être parfait.

Je plisse les yeux, peu convaincue.

— D'accord, alors je te mets au défi de me dire un truc moche sur toi.

Il hausse un sourcil, sûrement surpris par ma question. Alors si monsieur n'est pas si parfait que ça, il va devoir me le prouver.

— Et je t'interdis de me dire que tu ne tries pas tes déchets ou un truc simpliste du genre. Non quelque chose de vraiment terrible.

— J'ai tué ma mère, m'annonce-t-il brusquement, me laissant bouche bée.

Alors celle-là... je ne m'y attendais vraiment pas. Je présageais un truc du genre : je n'aime pas les chiots tout mimi ou je mange des pizzas à l'ananas. Mais ça...

— Tu...

Je suis incapable de terminer ma phrase.

J'ai tué ma mère.

Je dois avouer que ces quelques mots me donnent des frissons. Était-ce de la légitime défense ? Un accident ? Un meurtre prémédité ? Trop de questions se bousculent et j'ai vraiment besoin qu'il parle rapidement ou je risque de tourner de l'œil.

— Désolé, je ne voulais pas t'effrayer. Je ne l'ai pas vraiment tuée, pas comme on peut l'entendre, en tout cas. Elle est morte en me donnant la vie.

Boum, boum, boum.

Mon cœur se détend quelques secondes, avant de se serrer un peu plus fort lorsqu'il comprend ce que cela signifie. Easton n'a jamais connu sa mère et en plongeant mon regard un peu plus profondément dans le sien, je peux y voir l'immense peine que cela lui procure. Et je ne peux qu'imaginer cette douleur, parce que personne ne devrait vivre ça. Tout le monde a besoin de ses deux parents et en particulier de sa maman. La mienne a beau être occupée, je sais que sans elle, ma vie ne serait définitivement pas la même.

— Tu n'es pas obligé d'aller plus loin, murmuré-je en caressant délicatement le dos de sa main.

Ses yeux s'ancrent au mien, cherchant probablement la force de poursuivre. Je comprends rapidement qu'il ne se confie jamais sur ce sujet, et c'est assez légitime. Comment aborder un sujet aussi délicat ? Comment guérir des blessures qui ne cicatriseront probablement jamais ?

— Je ne la connais pas, je n'en ai jamais eu l'occasion. Elle a fermé les yeux au moment où je les ai ouverts. Et pourtant, la douleur de sa perte est si intense que j'ai l'impression de l'avoir connu toute ma vie. Comme s'il manquait à mon cœur une partie qui lui permet de fonctionner complètement.

Il marque une pause, alors qu'une larme solitaire s'échappe de son œil gauche. Il lutte pour ne pas craquer entièrement, ce qui rend sa capacité à s'exprimer plus difficile.

— Comment une personne que l'on n'a jamais connue, est en mesure de nous manquer à ce point ?

Je m'approche un peu plus de lui, serrant fort sa main dans la mienne.

— Un lien entre une mère et son enfant est quelque chose d'inexplicable. Tu ne l'as peut-être jamais connue, de son vivant, mais elle t'a porté pendant neuf long mois. Je suis persuadée que la connexion entre eux se produit durant ce temps-là. Alors non, vous n'avez partagé aucun moment depuis ta naissance, mais vous en avez partagé bien plus, lorsque tu étais bien au chaud dans son ventre.

Ses sourcils se froncent, mais son regard s'adoucit progressivement, comme si cette éventualité ne lui avait jamais traversé l'esprit.

— Ce que je dis est peut-être complètement stupide et faux, mais j'aime cette version de notre réalité.

— Et j'aime ta façon de voir de la beauté et une explication dans chaque chose qui nous entoure, rétorque-t-il, alors qu'un début de sourire étire ses lèvres.

Il me rapproche un peu plus de lui, puisant la force nécessaire de m'avouer ses pensées les plus intimes, dans une étreinte douce et réconfortante.

— Ce jour-là, en plus de perdre ma mère, j'ai également perdu mon père, m'avoue-t-il.

Mes sourcils se froncent davantage, ne comprenant pas dans quel sens est tournée sa phrase.

— Non, je te rassure, il n'est pas mort. Même si parfois, je préférerais que ce soit le cas.

Cette fois, c'est un mélange de douleur et de rancœur qui s'empare de son être. Alors je comprends qu'entre son père et lui, ce n'est pas la grande entente.

— Lorsqu'il a perdu ma mère, c'est son monde tout entier qui s'est effondré. Kenneth Hathaway n'aimait pas grand-chose dans la vie, mais ma mère représentait tout pour lui. Alors au lieu de faire son deuil et d'élever ses enfants, il a préféré trouver un coupable et le haïr du plus profond de son être. Et ce coupable, c'était moi. Sa femme est morte en me donnant naissance, tout était ma faute.

— Easton, tu n'étais qu'un bébé, tout ça était évidemment hors de ton contrôle.

— J'en ai conscience, mais pas mon père. Il était triste, en colère et j'étais là. Il lui fallait un coupable, peu importe que ce soit un bébé, un adulte, un animal ou un vieillard. C'est comme ça que fonctionne son monde et c'est ainsi qu'il fonctionnera toujours. On partage peut-être le même sang, mais je ne suis pas son fils. Je ne l'ai jamais été.

Sa voix se brise sur cette dernière phrase, à l'instar de mon cœur. Comment un père peut-il rejeter la faute d'un acte aussi horrible, sur son propre enfant. Un nourrisson qui plus est. Son chagrin est tout à fait légitime, mais qu'en est-il de celui de ses enfants ? De Jaxon et Easton ? Eux aussi ont perdu leur mère. Cet événement aurait dû les rapprocher plus que n'importe quoi d'autre. Après tout, une partie de sa femme vivait et vivra toujours en ses deux garçons.

— Il ne m'a jamais adressé la parole, je n'avais ni le droit à un regard, ni à une seconde de son temps. Je n'existais tout simplement pas. Il ne lui restait qu'un seul fils : Jaxon. Il s'occupait de sa scolarité, de ses activités extra-scolaires. Il s'occupait même de le sauver et le blanchir, lorsqu'il se comportait comme un idiot à l'école. Jaxon était un vrai casse-cou, mais mon père s'est toujours préoccupé de lui. Quant à moi, je m'efforçais d'être le plus parfait possible, de ne commettre aucune faute, aucun mauvais écart, et je n'existais quand même pas. Toute ma putain d'enfance, je me suis efforcé d'être un enfant modèle pour que mon père m'accorde son amour et chaque fois, son indifférence me brisait un peu plus.

À présent, il ne retient plus ses larmes et se laisse même aller contre moi. Je m'empresse de refermer mes bras autour de son corps tremblotant, tout en le berçant contre mon cœur. Le voir dans un tel état m'anéantit. Je pensais sincèrement que la vie d'Easton Hathaway était parfaite, pleine de couleurs et enviable. Visiblement, il ne faut jamais se fier aux apparences. J'ai vécu des trucs moches dans mon passé, mais rien de comparable à l'enfer qu'il a vécu depuis son premier jour sur cette Terre.

Et ça ne le rend que davantage admirable.

— C'est mon grand-père qui a pris soin de moi toute ma vie. Lui et ma gouvernante Lucía. Ils ont été les parents que je n'ai jamais eus. Lucía s'est occupée de me faire grandir : elle a changé mes couches, a passé ses nuits à veiller sur moi, lorsque je me réveillais en pleurant. Elle m'a nourri, m'a accompagné à l'école, m'a soigné quand j'étais malade et m'a bordé tous les soirs. Je la considère comme ma mère et je lui en serai à jamais reconnaissant. Mon grand-père, quant à lui, s'occupait du reste. Il m'a appris tout ce qu'il savait sur le monde qui nous entoure, à cultiver mon intelligence. Ma passion pour l'astronomie vient d'ailleurs de lui. Il est mon plus grand modèle, celui qui a fait de moi l'homme que je suis.

— L'homme prodigieux, fantastique et sensationnel que tu es, ne puis-je m'empêcher de préciser.

— Alors ces révélations n'ont pas été trop moches à ton goût ?

— Absolument pas. Elles m'ont juste à nouveau prouvé que malgré les turbulences de ton enfance, tu as su rester humble, honnête et loyal. Tu n'as pas laissé ton père te détruire et te transformer en ce monstre qu'il aurait voulu que tu sois.

J'attrape son visage en coupe, tandis que ses yeux s'illuminent progressivement, faisant fondre mon cœur de plus belle.

— Et si tu ne m'embrasses pas, là tout de suite, je risque probablement d'en mourir, me lamenté-je sans le lâcher du regard.

À son regard étincelant, s'ajoute un sourire de surprise.

— Oh, mon soleil, si tu savais à quel point j'en meurs d'envie, depuis que mon regard s'est posé sur la bombe à retardement que tu étais, dans ce café.

J'éclate de rire, avant de lever les yeux au ciel.

— Pourquoi tu n'as rien fait, alors ?

Il passe son pouce sur mes lèvres, tandis que le bleu de ses yeux les dévore du regard, exprimant un désir inégalable.

— Parce que j'attendais que tu sois prête et que tu en aies autant envie que moi.

— Alors crois-moi, j'en ai envie depuis que le livreur a sonné à ma porte. Jamais personne ne m'avait aussi impressionnée.

— J'ai effectivement plus d'un tour dans mon sac.

Ses mains viennent agripper mes hanches, pour me soulever et me rapprocher. J'atterris enfin sur ses genoux et je remarque rapidement l'effet que je lui produis, lorsque mes fesses viennent buter sur un renflement au niveau de sa braguette.

— Hmm, je te crois sur parole maintenant, ricané-je en lançant un petit coup d'œil au sud de son corps.

Une grimace se dessine sur son visage, alors que je me tortille davantage contre lui, afin de le titiller au maximum.

— Vous êtes diabolique, mademoiselle Lykaios.

— Seulement quand il s'agit de vous, monsieur Hathaway. Maintenant ferme là et embrasse-moi.

Son sourire s'amplifie et la seconde d'après, sa bouche s'écrase violemment contre la mienne. J'agrippe fermement sa nuque, alors que nos bouches ne cessent de se découvrir. Nos langues prennent le relais, d'abord timide, elles finissent par se comprendre totalement et de danser au rythme de notre désir. C'est si bon, si libérateur, comme si nos lèvres étaient faites pour se trouver, se dominer, s'apprivoiser. Comme deux aimants enfin réunis.

— Wow, c'était...

— Wow, terminé-je en collant mon front contre le sien.

Nos regards s'accrochent, nos lèvres ne cessent de s'étirer, alors que nous reprenons progressivement notre souffle.

Oui, définitivement wow.

⚖️⚖️⚖️

Eh je suis amoureuse de ce chapitre !!

Ou plutôt amoureuse de chaque flashback !!

Le début de leur relation 🥹🥹

Vous en savez un peu plus sur Easton et sur le mal qui le ronge dû à la mort de sa mère en couche + son père qui le déteste pour ça.

Non, on n'aime aucun des papas dans ce livre

J'attends vos avis !

D'ailleurs ça fait pile 1 mois que j'ai publié cette histoire et déjà 10k de vues !! Merciii infiniment ❤️❤️

Et rdv de suite pour le prochain chapitre 🫶🏼

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