Note annexe : Les maîtres de la magie

Les théories sur l'apparition de cette espèce ne manquent pas, tant créationnistes que scientifiques, mais même Univers n'a pu me donner de réponse, vu que cette race est survenue alors qu'elle était en stase. Je citerai ici ma théorie, que je considère, sans vouloir me vanter, la plus probable : Les maîtres de la magie sont toujours nés dans des familles ayant au moins des ascendants de puissance énorme, et toujours au sein de voyageurs. La combinaison génique inédite aurait donc doté le nouveau-né de pouvoirs tellement exceptionnels que son corps n'aurait eu d'autre choix que de s'adapter ou mourir, ce qui aurait créé de nouvelles caractéristiques d'espèce.

De fait, comme on va le voir au cours de cet article, l'adaptation est rarement efficace et les maîtres de la magie sont soumis à divers troubles physiques et mentaux les empêchant de dépasser la centaine. On pourrait donc considérer sans erreur que pareille puissance a un prix.

Cette théorie ne résout cependant pas le problème de l'apparition extrêmement régulière des maîtres de la magie dans l'histoire wattpadienne, dans des cycles allant de 500 à 600 ans et découpant le dix-neuvième chapitre en tranches bien nettes. Je ne peux uniquement considérer qu'il s'agisse du fruit du hasard au vu de cette régularité qui a quand même été maintenue durant trois mille six cents ans, mais même le représentant actuel de l'espèce n'a pu résoudre cette énigme. A son grand désarroi, je ferais remarquer. Un instant, j'ai cru que mes notes allaient finir suspendues au plafond ou alimentant le feu de la cheminée de la bibliothèque.

Point de repère : Calendrier Wattpadien ancien

Cycle un : L'arrivée d'Un (567-664)

Un, ou Jullianni Carlamret, est le premier maître de la magie recensé existant dans tout le continent, que ce soit les Quatre ou Papier. C'est également le plus puissant jamais recensé. Et contrairement à certains que je ne nommerais pas, il a atteint cette puissance tout seul.

Un, comme il se fera appeler dans l'histoire, est né au sein d'un peuple de moines ayant des pouvoirs élémentaires très élaborés et aux limites qu'on ne connaît pas encore aujourd'hui. On suggère que son style de vie ascétique et la grande maîtrise des subtilités de la magie de son peuple lui ont permis non seulement de vivre très longtemps sans trop de problèmes, mais également de développer ses pouvoirs afin d'atteindre un niveau que l'on pourrait qualifier d'égal à celui d'Univers, et ce, sans utiliser les Mots.

Le nom qu'on lui attribue dans l'histoire semble être dû à son strict respect du code d'honneur des moines, ce qui est assez étonnant de la part de quelqu'un de son envergure. Mais tous ses textes étant signés de ce nom et pas de son nom de naissance, que je n'ai pu retrouver que dans un journal d'un des moines, nous emploierons ici ce nom pour le décrire. Pour sans doute la même raison, il ne s'est jamais montré, jamais affiché, et on ne possède que très peu d'images de lui. Il n'avait ni amis ni amants, juste les moines.

Il s'est rendu célèbre non pas pour ses hauts faits, comme ceux qui le suivront, mais surtout pour avoir posé les bases de son espèce en ce qui concerne leurs limites et leur démentielle puissance. Un est en effet le premier et seul être au monde à maîtriser tous les Domaines de magie sans exception, à un niveau qui est estimé au niveau divin.

Sa vie entière a été consacrée au développement des sortilèges de la magie adaptative et à l'affinement de certains sorts. On pense que certains dieux se sont servis de ses recherches pour affiner leur propre magie, mais cela n'a pas été confirmé, et comme je n'ai pas le nom des dieux susnommés, il est évident que je n'ai pas pu aller leur demander.

Dans le Haut Conseil de la Magie, on estime que plus de la moitié des livres de magie ont été écrits ou inspirés des travaux d'Un.

Malheureusement, un point de l'histoire d'Un que nul ne connaît est qu'il a été celui ayant apporté la magie noire au royaume de Wattpadia. En effet, les descendants des moines l'ayant élevé ont pu me confirmer que le premier des maîtres utilisait de très nombreux cobayes vivants pour démontrer ses théories, et que son génie magique ne trouvait aucune limite. Voilà qui met de facto fin au mythe décrivant Un comme un saint et le seul qui n'a pas subi les affres physiques communes aux maîtres de la magie, car je suis certain que si Un existait aujourd'hui et passait un examen psychiatrique, on le décrirait comme un psychopathe très avancé.

Un est mort à 97 ans des suites de sa dégénérescence, qui aurait apparemment duré plus de quarante ans jusqu'à le changer en légume. Son corps, une fois privé du contrôle qu'un maître doit toujours garder sur lui-même, aurait explosé, rasant ses laboratoires et une bonne partie du temple des moines élémentaires, mais heureusement pour le progrès magique, ses livres ayant été déplacés dans des bibliothèques communes bien avant sa mort, la grande majorité de ses travaux ont été conservés. De même que ceux sur la magie noire, qu'on a longtemps attribué à son associée Erma Lucjano.

Cycle Deux : Azazéli, reine des voyageurs (1001-1034)

Azazéli Moëvraniel, deuxième maîtresse de la magie et première femme de cette espèce, est née dans une famille voisine de Wake'li. Alors que nous ne possédons aucun document sur la naissance d'Un autre que le fait que personne dans les alentours n'a survécu, celle d'Azazéli a permis de confirmer que c'était bien l'éveil du maître de la magie qui tuait tout le monde aux alentours. Enfin, presque tout le monde, vu qu'Azazéli, en s'éveillant, a créé une magicienne noire, la faiseuse d'anges qui s'occupait de sa mère.

Azazéli a également été celle dont on a pu suivre le développement avec le plus d'exactitude. Comme elle vivait près de Wake'li, elle était aussi proche des scribes de l'époque, et ces derniers ont consigné ses moindres faits et gestes à un point que je qualifierais presque d'obsessif. Mais je ne vais pas faire de commentaires sur le faible niveau de respect de la vie privée qu'avaient les savants de cette époque, car c'est tout de même cela qui nous a permis de découvrir les caractéristiques bien particulières des corps de maîtres de la magie, notamment la fameuse dégénérescence qui cause leur décès, ou leur maturation spirituelle quasiment instantanée, ou encore leur génie absolu en un quelconque domaine.

Alors qu'Un se distinguait dans la magie, Azazéli elle a largement développé la technologie wattpadienne, permettant une avancée rapide d'un simple artisanat à des techniques inédites et de haute précision de forge, et même quelques mécanismes alimentés par la magie, cependant réservés aux voyageurs vu qu'il s'agissait de la seule espèce capable et volontaire pour utiliser ladite magie à une intensité suffisante pour faire fonctionner les machines.

Cependant, Azazéli ne s'inscrit pas dans l'histoire pour ses progrès en technologie mais pour son génie diplomatique. Elle avait remarqué, alors qu'elle n'était âgée que de quatorze ans, que les voyageurs étaient de plus en plus désorganisés et sur le point de complètement disparaître, et a décidé de prendre la tête d'un petit groupe pour réunir tous les autres et leur redonner du pouvoir dans Wattpadia. Ce petit groupe s'est vite organisé, et c'est ainsi qu'Azazéli est devenue la première chef de confrérie jamais recensée à l'âge canonique de seize ans.

C'est elle qui a édicté les règles des confréries, leur organisation, qui a créé le Conseil des Chefs à la tête duquel elle a été élue, et, devant la menace d'une annihilation posée par le Style de l'époque, qui craignait le pouvoir de cette organisation, a réussi à négocier l'intégration du Conseil des Chefs dans la hiérarchie royale, afin que la lignée des Style puisse garder le contrôle sur eux en apparence. En apparence, parce qu'on sait très bien que l'évolution du Conseil des Chefs en principaux conseillers du dirigeant en titre n'est pas venue de nulle part.

Azazéli avait cependant un gros problème mental : A ses vingt-trois ans, on a découvert qu'elle était atteinte de dédoublement de la personnalité. Azazéli possédait une âme double. L'une de ces âmes s'occupait de la technologie, l'autre de la diplomatie. On ignore quand et surtout pourquoi la séparation a eu lieu, les observations scientifiques si diligentes ne se préoccupant pas réellement de l'état psychologique de la jeune femme qu'elle était. Mais les deux personnalités ont réussi à cohabiter, du moins jusqu'à ce qu'Azazéli soit élue à la tête du Conseil des Chefs et que la diplomate soit obligée d'être constamment en éveil. Ce que l'ingénieure n'a pas apprécié.

Les disputes constantes entre les deux âmes ont accéléré la dégénérescence d'Azazéli, jusqu'à ce jour fatidique à ses trente-trois ans où son corps n'a plus pu supporter les incessants désaccords. Sans surveillance ni aide, ni même avertissement, elle a explosé en plein milieu du Conseil et seule la présence d'esprit d'un des chefs présents a permis de limiter les victimes à l'intérieur de la salle du Conseil, grâce à une barrière magistralement exécutée. Ce héros est cependant décédé pour la sauvegarde du royaume, alors sans doute qu'il n'a jamais pu profiter des conséquences bénéfiques de son ultime acte de courage.

Enfin, bénéfiques, si on peut dire. Le Conseil des Chefs détruit, les confréries sont parties en guerre les unes contre les autres, démarrant un demi-millénaires de guerres civiles de plus en plus sanglantes.

Cycle Trois : Charlerin Albert, Le Conquérant (1634-1672)

Les guerres civiles wattpadiennes qui se multipliaient ont vu naître Charlerin, qui est littéralement né au cœur des combats, d'une femme générale qu'on pense en complet déni de grossesse. L'onde de choc qui a résulté de son éveil a entraîné la débandade chez les adversaires, apportant la victoire au camp de Wattpadia. Cette onde de choc a longtemps été attribuée à sa mère, mais des gens plus intelligents parmi ceux qui avaient recueilli le bébé ont rapidement compris sa nature et la véritable source de ce pouvoir.

Charlerin, né sur un champ de bataille et affligé par de gros soucis de gestion de la colère, était tout désigné pour devenir un conquérant, mais alors que la plupart des historiens le décrivent comme un homme sanguinaire et sans pitié, j'ai pu retrouver un texte écrit par Herkarg, le Roi de la Montagne, qui fut un de ses adversaires, le décrivant comme une personne de nature profondément bonne qui luttait contre ses troubles de la colère et l'image qu'on lui affligeait. Il est fort dommage que tous les conquérants ayant échoué soient traités de la sorte par les livres d'histoire, mais je ne m'attarderai pas sur ce point, je risque de provoquer la colère de mes collègues historiens parmi ceux incapables de chercher plus loin que le vieux papier de leurs précieuses reliques.

Notre troisième annonciateur de changement de cycle a vite pris pour objectif de faire cesser les guerres civiles ravageant Wattpadia. Il a appris toutes les tactiques de Guerre, tous ses sorts, tout ce qui pouvait se révéler utile à son avancée, et il a foncé. A la tête de son propre camp, il a conquis l'intégralité de Wattpadia en un an à peine sous les yeux médusés de la lignée royale, a tenté un coup d'Etat qui a, heureusement ou malheureusement, allez savoir, échoué, et a tenté d'aller étendre son territoire dans les montagnes séparant Wattpadia de Papier. Grave erreur de sa part, vu que dans ces mêmes montagnes se trouvait Herkarg, le Géant de Brume ou Roi de la Montagne, qui voyant arriver cet adversaire démentiellement puissant maîtrisant le Domaine de la Guerre à un point presque parfait, a cherché à le défier.

Le combat a duré cinq jours et cinq nuits, sans aucune interruption. Mais alors que les deux camps fatiguaient, la dégénérescence de Charlerin l'a trahi et Herkarg a pu lui infliger un coup lui amputant des deux bras et déchirant son torse déjà bien dévoré par sa propre magie. Charlerin, blessé pour la première fois depuis des années par autre chose que lui-même, a perdu le contrôle et Herkarg a tout juste eu le temps de s'enfuir avant que son adversaire n'explose, ne créant au cœur des montagnes le Cratère du Conquérant. Ce même cratère est devenu un lieu de pèlerinage pour le culte de Guerre wattpadien.

La mort de Charlerin a permis au roi de saisir tout le territoire que le maître de la magie avait sous son contrôle, ce qui a malgré tout mis fin aux guerres civiles. Cependant, la grande majorité des voyageurs unis sous la coupe de Charlerin ont décidé de garder cette même unicité, dans le cas où le roi décidait de de nouveau influer sur leurs intérêts. Ils ont recréé le Conseil des Chefs en se servant des textes laissés par Azazéli, et cette fois, s'y sont tenus. Ils s'y sont tenus au point de convaincre le roi de lancer une offensive généralisée sur les territoires neutres bordant Wattpadia... Mais c'est une histoire pour le quatrième cycle.

Cycle Quatre : Théon Logiare, un exemple de cruauté (2011-2052)

Théon Logiare est né caché, a grandi caché et a vécu caché une bonne partie de sa vie. Cela parce que sa famille, on l'apprend aujourd'hui, était une famille de pouvoirs immenses : Père voyageur pur, mère élémentale. Au lieu de devenir un génie vivant, Théon a acquis le caractère génétique très particulier des maîtres de la magie et a ainsi brisé le sceau du secret de l'amour de ses parents. Enfin, je suppose que lesdits parents ne s'en sont pas préoccupés, vu que l'onde de choc caractéristique qu'a produit Théon a tué son père et dissipé la forme physique de sa mère.

Théon a été élevé au milieu des autres élémentales, celles qui dissimulaient sa famille, mais a très, très rapidement été éjecté de la communauté à cause de sa cruauté légendaire, qui s'est très rapidement déclarée. Je cite les élémentales, parce que je ne crois pas que « tenter de cramer des fourmis à travers un éclat de verre » ne soit considéré comme une réelle preuve de cruauté légendaire, ça, ça s'appelle juste être un humain.

Après, Théon a effectivement prouvé qu'il était une personne très cruelle, sans doute le plus cruel des sept maîtres de la magie connus à Wattpadia, mais plus tard, bien plus tard, lorsque son existence sera révélée au monde dix-sept ans après sa naissance. Wattpadia s'était un peu trop approchée du territoire des élémentales et Théon, très peu satisfait du fait qu'on vienne le déranger chez lui, a détruit l'armée qui venait conquérir son petit coin de terre. C'est ainsi qu'on a découvert que le quatrième maître de la magie était né.

Théon a rapidement été ramené à Wake'li, où il a fait des recherches sur son espèce et sur l'histoire de Wattpadia. Et dans le même temps, il a découvert que ladite Wattpadia reprenait le chemin emprunté par Charlerin dans les montagnes de Papier, dans l'espoir de les traverser. Notre annonciateur était loin d'être bête, il avait vite découvert la réelle puissance de Papier, et il savait que si Wattpadia posait un orteil sur leur territoire, ils se feraient anéantir et il ne pourrait rien faire contre ça. Alors, il a décidé de stopper l'expansion à sa manière. En allant lui-même anéantir les troupes envoyées en éclaireur après le Cratère du Conquérant.

Les maîtres de la magie étaient déjà considérés comme des annonciateurs de changement de cycle, l'acte de Théon eut donc l'effet d'interrompre immédiatement toute velléité de campagne, déjà parce que Wattpadia ne voulait pas prendre le risque de se frotter une nouvelle fois à cet être de légende, ensuite parce que quelques prêcheurs considéraient son acte comme un avertissement du Créateur sur la marche à suivre. On peut donc dire que sa méthode pour le moins orthodoxe a eu l'effet escompté.

Les élémentales ont une composition corporelle presque semblable aux maîtres de la magie. Théon a donc pu apprendre à maîtriser son corps et n'a eu aucune trace de dégénérescence pendant plus de trente ans, un évènement dans la lignée, mais lorsqu'il a commencé à tomber dans certains travers, il a jeté au panier les enseignements de sa famille et sa dégénérescence s'est précipitée pour les onze dernières années de sa vie. Il est mort à quarante-et-un ans, mais, contrairement à l'habitude, pas en explosant. Son corps a en effet été retrouvé figé, presque cryogénisé, et à moitié décomposé dans son ancien territoire. On pense que sa dégénérescence a atteint le cerveau, mais que son corps n'était pas suffisamment constitué en magie pour que l'instabilité induite entraîne une explosion.

Théon, en plus de sa fameuse cruauté qui cette fois justifie son entrée dans l'histoire, semble avoir été un génie musical développé, mais on commence tout juste à retrouver ou à lui attribuer certaines partitions. On dit aussi que durant ses premières années de débauche, la période où son corps n'avait pas encore cédé, il a réussi à mettre enceinte une femme d'une lignée de nobles et ainsi créé la première et seule lignée issue d'un maître de la magie, mais je n'ai eu aucune confirmation de ce fait et Mairù m'assure que c'est impossible. Ironique de la part de quelqu'un qui me dit ça en tenant dans les bras sa fille biologique, mais je suppose que les circonstances sont très différentes.

Cycle Cinq : Rena Usilef, mécanicienne tragique (2517-2563)

Rena avait tout pour être heureuse. Elle était née dans une confrérie très influente auprès du Conseil des Chefs, sa famille était puissante et la paix régnait depuis une petite centaine d'années. Seulement, tout ce qu'elle possédait, elle l'a détruit à sa naissance, avec la traditionnelle onde de choc qui non contente de raser sa famille, a tué la moitié de sa confrérie, chef et sous-chefs inclus, qui attendaient l'accouchement avec impatience.

L'impatience s'est changée en rage et la petite fille a été bannie de la confrérie avec la seule personne qui voulait bien la protéger, une de ses cousines. Par chance, ils ont pu arriver à Wake'li très peu de temps après le bannissement, ce qui a permis à Rena d'être confiée à une famille qui connaissait très bien les maîtres de la magie et était très honorée de s'occuper d'elle.

De nouveau, Rena avait tout pour être heureuse. Ses dix premières années, elle les a consacrées à l'amélioration de la vie des voyageurs, pas rancunière pour un sou à propos de son bannissement et constatant que les pouvoirs des voyageurs s'affaiblissaient. Elle a réinventé la Montre de Voyageur et révolutionné la technologie des armes attitrées, et certains de ses travaux les plus ambitieux se basaient sur ceux d'Azazéli l'Ingénieure. Son génie mécanique se manifestait très tôt et elle avait tout ce qu'il fallait pour le cultiver. Sauf que peu de temps après son onzième anniversaire, sa famille d'adoption a été tuée et elle a été enlevée par un groupuscule ennemi qui cherchait à détrôner la lignée royale.

Mauvaise idée, vous dirait n'importe qui ayant côtoyé un maître de la magie. Rena les a tous tués dans un accès de panique et s'est enfuie, mais cette fois s'est retrouvée seule, sans personne pour l'aimer ou l'élever, et elle a dû finir son adolescence toute seule. Ses travaux en ont pris un sacré coup.

Vers ses vingt-trois ans, elle rencontre un homme qui au premier abord est parfait. Il n'a pas peur d'elle, la chérit, l'accueille sous son aile et dans sa famille, l'aide à chercher des traitements pour une bipolarité de plus en plus déclarée. Le bonheur est de nouveau à portée de main... Sauf que l'homme la viole peu de temps après son mariage et parvient à la mettre enceinte. Et comme chacun sait, les maîtres de la magie sont stériles pour diverses raisons, peu importe ce qu'en dit la lignée soi-disant née de Théon. En tout cas, Rena l'a prouvé en faisant une fausse couche, et l'embryon est sorti à moitié rongé par la magie de son propre corps.

Double coup dans son mental déjà bien atteint, elle pulvérise l'homme et s'enferme chez elle, alternant les phases de son trouble maniaco-dépressif. Dans ses phases maniaques, elle accélère l'avancée industrielle de Wake'li, écrit un premier papier sur la communication inter-univers, tente un coup d'Etat contre Intrigue qui la forcera à augmenter ses défenses et reprend les travaux d'Un pour encore affiner ses sortilèges. On a également retrouvé dans ses papiers des travaux autour d'un premier jet des Quinze Places de connexion au multivers. Durant ses phases dépressives, elle laisse sa dégénérescence la ronger, jusqu'à finalement mourir seule d'une explosion sans que personne ne s'en rende compte. On ne connaît pas sa date de mort exacte parmi les mortels, mais Mort a eu la gentillesse de me situer sa fin précisément lors de l'écriture de cet article.

Sixième Cycle : Sif Ameracio, la prophétesse géniale (2997-3011)

D'apparence, Sif est une anomalie dans le cycle des maîtres de la magie : La famille Ameracio était consignée dans les archives comme une famille de petits nobliaux sans pouvoirs développés ni même de dons spéciaux. Mais il m'a été confirmé qu'en vérité, cette famille aujourd'hui éteinte était une lignée de voyageurs purs qui à force de se cacher, avaient oublié leur don, et que le père de la jeune fille, extérieur à la famille, était un dragon déguisé. Le schéma de Théon encore reproduit, à n'en pas douter, sauf que Sif a eu bien moins de chance que lui : Sa mère a accouché seule en mission, l'enfant n'a pas été retrouvé avant quinze jours et pour survivre, elle avait mobilisé une grande quantité de magie, ce qui eut le désagréable effet secondaire d'accélérer sa dégénérescence.

De même, les Ameracio n'avaient pas les connaissances nécessaires pour élever l'enfant. Ils ont donc commis l'erreur d'envoyer Sif à la capitale... Seule. Elle n'avait qu'un gardien ignorant des conséquences néfastes de la naissance d'un maître avec elle, ce qui ne fut clairement pas suffisant. Cet acte condamnera la prophétesse, vu que dans les six mois nécessités pour qu'elle atteigne la capitale, sa dégénérescence avait pris une avancée irréversible la condamnant à une mort très précoce.

Sif a déclaré très tôt une schizophrénie, mais cette même schizophrénie a permis de développer de manière exponentielle son génie artistique, et Wattpadia y a redécouvert les Arts. C'est elle qui a créé l'architecture des Quinze Places de connexion inter-univers, et entièrement redessiné le palais royal. Wake'li est devenue bien plus belle sous sa tutelle.

Sif se distingue dans l'histoire comme la seule personne mortelle à avoir développé le don de la vision vraie. Elle voyait l'avenir, pouvait percevoir les auras, perçait les illusions, décelait les systèmes de défense invisible, bref, il était impossible de la tromper. Même si malheureusement, de nombreuses visions de sa part ont été associées à sa schizophrénie, l'une d'entre elles a néanmoins permis de stopper l'ascension du mage noir Lesta Forestial, utilisateur du Domaine de la Passion, qui avait tenté de manipuler la reine de l'époque pour devenir le dirigeant de Wattpadia, puis briser la lignée en un coup d'état bien net. Ce fut un échec, mais le terrible combat opposant la prophétesse au mage noir s'est achevé par la mort des deux derniers, Sif rattrapée par sa dégénérescence et Lesta pris dans l'explosion qu'elle a provoqué en mourant. On a retrouvé d'eux que quelques mèches de cheveux et un unique œil, dont la couleur turquoise marque son appartenance à Sif. Triste fin pour une enfant de quatorze ans.

Il est à noter qu'un livre de prophéties de Sif a été retrouvé, où elle annonce, dans son style enfantin qui la caractérise, la fin de la lignée, l'avènement de Kikol et l'attaque du Ver. La reine Lina Ière Frosilæn affirme également que dans ce livre est décrit une partie de son voyage dans les Terres de l'Au-Delà, même si elle n'a jamais voulu me confirmer de quel passage il s'agissait.

Septième Cycle : Mairù Claro, l'annonciateur du Chaos (3633-...)

Ah, on s'attaque à un gros, très gros morceau avec le septième maître de la magie. Il y aurait sûrement bien plus à en dire sur lui que sur ses prédécesseurs, et je ne dis pas ça car je vis dans le même temps que lui. Mais soyons le plus professionnel possible, et décrivons au mieux son avènement, à défaut de pouvoir parler de sa chute.

Mairù est né dans la famille des Claro, famille noble très ancienne qui prend ses racines dans le Premier Cycle. Son père est Gabriel Claro, médecin reconnu, et sa mère Méia de Fitze, épouse Claro, qui possédait un don jamais vu dans la famille de Fitze : La matérialisation. Un pouvoir incroyable qui présageait de la naissance d'un enfant incroyable, mais malheureusement pour elle, Méia ne l'a pas vu venir : Comme toutes les mères de maîtres de la magie, elle est morte en accouchant, comme tout le monde dans la salle de délivrance sauf une. Son père, ivre de douleur, a décidé de faire comme si l'enfant n'existait pas, et lui a donné un nom avant de l'abandonner quelque part dans sa confrérie. Ce nom présage bien de la haine qu'il lui portait : « mairù » étant un terme de wattpadien ancien exprimant le chaos, le néant et la fin, le pauvre petit a littéralement été nommé « annonciateur du chaos » lorsqu'il est né. Enfin, je dis pauvre petit mais je ne peux pas prendre pitié de lui sachant ce qu'il a fait.

Assez de digressions. Obligé de s'élever tout seul pendant les trois premières années de sa vie, la date du 29 juin 3636 marque le début de la période où sa belle-mère s'intéressera vraiment à lui. Malheureusement, dans le mauvais sens : Lore Claro, qui se trouve être la mage noire créée par l'onde de choc de Mairù, était dotée d'une ambition sans bornes, et l'a élevé non pas comme un enfant mais comme une arme, délaissant son propre fils, Baku Claro, le demi-frère de Mairù.

Il parle très peu de cette époque mais de ce que j'ai pu recueillir comme témoignages, ce furent huit ans extrêmement difficiles pour lui. Sans cesse sous la tutelle de sa belle-mère, sans jamais pouvoir dormir, toujours en train de s'entraîner, développant ses capacités magiques très tôt à un point inouï, ce qui démarrera sa dégénérescence mais lui permettra également d'apprendre à la contrôler au mieux. Il sera avec Sif le maître de la magie le plus détruit de l'intérieur, mais aussi celui sachant tirer au mieux des avantages de la meurtrissure de son corps.

On peut citer de très nombreux hauts faits durant sa vie. Une implication dans l'avènement d'Akira Claro, qui, on le rappelle, causera les massacres les plus violents de l'histoire de Wake'li, son intégration dans l'armée clichée sous les ordres de Kikol, alors appelé Kikoolol, sans cependant qu'on trouve d'autres traces de sa réelle implication dans la guerre que le meurtre de Sky Senerum et de tout son régiment, ou son génie physique absolu qui permettra de très, très nombreuses avancées dans la compréhension et le développement de la magie. C'est lui qui déterminera pour de bon la différence stricte entre la magie créationniste et la magie des Domaines, ou magie adaptative. Cependant ce qui se révèlera être le plus important dans l'histoire de Wattpadia, c'est sa participation au Tournoi des Quatre du côté de Xattpadia, où il décimera l'équipe adverse composée de mages extrêmement puissants sans la moindre difficulté. Participation aussitôt suivie d'un rôle clé dans le Ragnarök où il sauvera Wattpadia voire le monde entier d'une attaque de Ver en fournissant à Désir la magie qu'il lui manquait pour réveiller Univers.

Malheureusement, avec grands pouvoirs viennent immenses conséquences, et Mairù se révèle atteint d'un trouble de la personnalité limite dès son adolescence, trouble qui lui donne des tendances très émotionnelles voire obsessives, et une incapacité à se contrôler qui provoque de nombreux massacres voire des génocides. Il semble aussi avoir quelques problèmes à contrôler ses sentiments, ce qui fait que sa vie amoureuse sera parsemée de meurtres et d'autres destructions d'adversaires. Je dois avouer que je garde un très mauvais souvenir du moment où il a mis ma mère, Nru Frosilæn, dans un coma dont elle a failli ne jamais sortir.

S'il est encore en vie aujourd'hui, c'est uniquement grâce à son action dans la sauvegarde de Wattpadia menant à la victoire sur le Ver. Univers a en effet pris pitié de lui, ou intérêt, ou je ne sais quelle autre émotion et tout comme lui, je refuse de savoir. Le premier acte de la déesse de tout fut de stabiliser son mental et son physique à l'aide des Mots, et de lui donner la possibilité de vivre une vie normale avec la nouvelle élue de son cœur, Désir, déesse du Désir. Je ne comprends d'ailleurs toujours pas ce que les déesses peuvent bien trouver à cet être qui n'a absolument rien d'énigmatique ou de logique, mais si je posais la question à Désir, elle me livrerait très certainement bon nombre de détails que je ne souhaite pas savoir et qui ne sont pas réellement importants dans l'écriture de cet article. Après tout, c'est elle qui a demandé à le stabiliser, on se doute bien de pourquoi.

Doutes confirmés par une capacité à enfanter toute de suite mise à l'épreuve. Cinq jours à peine après sa stabilisation, Mairù a en effet réussi à engrosser Désir, qui fut la première épouse de maître de la magie à avoir confirmé de manière irréfutable mener une grossesse à bien. La preuve étant cette enfant qui alors que j'écris cet article a décidé de piétiner les livres anciens dont je me sers, Carolyn Claro, première enfant de maître de la magie au monde. Jusque-là, il n'y a pas grand-chose à écrire sur cette petite, mis à part qu'elle ne dégage aucune magie et que c'est visiblement une volonté du paternel, qui a refusé d'élaborer sur la raison pour laquelle il avait scellé les dons de sa fille. Mais ce n'est pas le sujet de mon article, je ne m'étendrai donc pas sur cette décision.

Il est à noter que plusieurs dieux ont émis la possibilité de le déifier afin de le contrôler, histoire que son immortalité nouvellement acquise soit pleinement sous contrôle des Douze, mais j'ignore toujours comment ils vont procéder.

Un article de Jiro Morito