Foutus.
[ Pour ceux qui ne le savaient pas : le doyen, le maire de la ville et le père d'Alix sont la même et unique personne. ]
Incarné.
Il me regardait, incrédule. Mais avant que je ne puisse m'exprimer, on partit derrière l'établissement à l'abris des oreilles indiscrètes et des yeux un peu trop curieux. Il s'approcha de moi et m'embrassa chastement, ce qui me donnait un sourire niais aux lèvres.
" Dépêches toi Erin, on a cinq minutes devant nous, m'annonça-t-il en regardant sa montre.
- Gabin est Cupidon ! Il veut te tuer, donc il nous a lié comme ça, il est plus facile de convaincre les gens de me nominer plutôt que toi. C'est une idée très brillante quand on y pense, il m'utilise pour te tuer, et quand je t'entraînerai avec moi dans la mort, ils pourront toujours se justifier qu'ils n'en savaient rien auprès de ton père. "
Alix sembla réfléchir à la situation, passant une main dans ses cheveux pour les tirer en arrière.
" Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il voudrait te tuer, tu ne lui as rien fait, si ? Lui demandai-je. "
Mon amant eut un petit rire et eut un regard tendre pour moi, que je ne compris pas sur le coup.
" Erin, ton jugement est faussé parce que tu m'aimes, mais rappelles toi avant que nous sommes liés, toi aussi tu ne pouvais pas me sentir et tu étais probablement d'accord avec les autres sur le fait de me tuer. Pas beaucoup de monde m'aime ici et ce con doit en faire parti. Par contre, pourquoi t'aurait-il lié toi à moi ? Pourquoi ne pas prendre une personne qu'il n'aime pas ? Tu ne lui as jamais parlé, non ? Ce qui revient à mettre ce statu de Cupidon en cause, pourquoi ne serait-il pas juste le petit garçon ? Il nous aurait surpris à l'étang ou le jour de la reconnaissance.
- J'y ai pensé, mais c'est impossible. De une, le petit garçon ne peut se réveiller qu'au moment où les loups réunis tuent leur victime, donc il n'aurait pas pu nous surprendre. Et deuxièmement, il n'aurait pas pu voir nos tatouages, la seule personne qui sait, c'est Cupidon. On peut faire le même schéma avec la voyante, on sait qu'elle connait la vraie nature des villageois qu'elle souhaite, donc moi simple villageois et toi loup blanc, mais elle ne pourrait pas savoir que nous sommes ensemble, elle ne peut pas allée plus loin.
- Alors cet enfoiré est Cupidon ? Dit-il comme s'il n'en revenait pas.
- C'est ça. Maintenant, reste à savoir ce qu'il nous veut, et pourquoi il veut m'écarter de toi. "
Tout à coup, Alix se mit à déboutonner son jean et je le regardai, dubitatif. Il baissa son jean jusqu'à ses genoux et remonta son boxer pour laisser apparaître une silhouette humaine en noir sur sa peau. Il releva son regard vers moi.
" Je t'avais dit que je te la montrerai quand on ferait l'amour, mais je crois qu'il est temps de te prouver que je suis ton âme-sœur. "
J'étais surpris. Surpris qu'Alix soit autant effrayé à l'idée que je ne le crois pas. Je baissai ma main vers son entre-jambes et touchai la marque de mes doigts, laissant une traînée de frissons sur sa peau. Je redessinai les courbes du tatouage, m'amusant par la même occasion de son souffle qui se coupait à plusieurs reprises. C'était adorable, et génial de faire réagir une personne juste en la touchant à un endroit précis.
" N'en profites pas mon petit villageois, sourit-il. "
Je ris face à sa remarque et baissai son caleçon, l'aidant à remettre son jean.
" Dis moi que t'as autant envie de moi que j'ai envie de toi, dit-il soudainement, me prenant un peu au dépourvu.
- On ressent la même chose, donc conclus toi-même, répondis-je taquin, sachant très bien qu'il voulait simplement entendre la fameuse phrase j'ai envie de toi Alix. "
Il poussa un soupire désespéré et on reprit le chemin des cours.
Durant toute la journée, je ne faisais que penser à Gabin et ses intentions. Je n'arrivais pas à comprendre le fait qu'il m'ait mis moi pour être avec Alix. Je ressentis une pointe de tristesse en pensant qu'il voulait m'utiliser pour tuer mon amant, je n'oubliais pas l'attirance physique que j'avais eu pour lui avant d'être lié au blond. J'espérais naïvement que ses intentions étaient meilleures, mais je n'étais pas aussi dupe pour y accorder un temps de réflexion. De toute façon, j'allais bientôt savoir la vérité, puisqu'il voulait me parler après les cours.
C'est donc pressé que je sortis, attendant Gabin impatiemment devant la porte, laissant les gens de ma classe gagner le réfectoire après trois heures de cours intensif, ou pas.
Lorsqu'il sortit, je me mis à ses côtés en marchant, on se dirigeait aussi vers la cantine, mais en prenant le chemin le plus long.
" On a pas beaucoup de temps. Pourquoi tu as dit ça tout à l'heure, et comment sais-tu pour mon tatouage?
- Erin, il faut que tu m'écoutes attentivement, Alix a dû tenter de te faire croire qu'il était celui choisi par Cupidon, mais c'est faux, je ne sais pas comment il sait pour les tatouages, mais il te ment depuis le début.
- Pourquoi ferait-il ça ?
- Parce que c'est un loup, j'en suis quasiment sûr, et que si vous... Couchez ensemble, cela détruirez l'amour dans le village, mais celui te tuera toi et moi par la même occasion, dit-il en se stoppant.
- Toi ? Demandai-je surpris.
- Je suis l'élu de Cupidon Erin, avec toi. "
J'écarquillai littéralement des yeux. Là, il poussait le mensonge un peu trop loin, il n'allait quand même pas croire que j'allais gober ces conneries ? Cependant, je devais pousser encore un peu plus son raisonnement pour discerner ses réelles intentions.
" Le jour de la reconnaissance, comment Alix aurait pu être réveillé ? Comment aurait-il pu savoir l'endroit des retrouvailles ? Et surtout, pourquoi ai-je des sentiments envers lui ? Tentai-je de l'acculer telle une souris par un chat.
- J'essaie toujours de chercher, je pense qu'il est de mèche avec une sorcière qui a dû lui donner les informations. Pour les sentiments... C'est psychologique, ton cerveau se résigne à l'aimer parce qu'il croit que c'est fatal, puis il joue le jeu pour te séduire, tu n'as pas remarqué qu'il est beaucoup plus gentil avec toi ?
- D'accord, cela pourrait être possible, mais dans ce cas, pourquoi tu n'es pas venu avant ? Ça fait presque une semaine, tu aurais pu venir vers moi de nombreuses fois, ou bien même durant les retrouvailles.
- Pour les retrouvailles, j'étais là, mais je n'ai pas osé intervenir, il aurait été capable de nous tuer tout les deux, je voulais simplement voir ce qu'il cherchait à faire, voilà pourquoi je n'ai pas apparu avant, si tu avais été dans la confidence, tu n'aurais pas su jouer le jeu, tu aurais eu peur et cela aurait tout faussé. "
Regret.
Je m'approchai de lui doucement, posant mes mains sur ses épaules et lui demandai, sans même réfléchir avant :
" Cela veut donc dire que tu es le loup blanc, si j'en crois tes suppositions ? Balançai-je, sans me douter un instant de l'énorme révélation que je venais de faire. "
Un grand sourire se dessina sur ses lèvres et son regard changea du tout au tout, il devint... Hautain ?
" Alors je ne m'étais pas trompé, Alix était bien le loup blanc. Merci Erin, grâce à toi, nous allons tuer le loup le plus puissant de ce village, lança-t-il avec un air fier de lui. "
Je pâlis immédiatement en me rendant compte de ce que je venais de faire. C'est comme si mon esprit bloquait pendant quelques secondes, lorsque je réalisais que je devais agir, je lui courus après et lui attrapai le bras, des élèves nous regardaient autour, mais je m'en fichais, je devais trouver une solution pour sauver mon amant, pour nous sauver d'une mort qui était à présent presque certaine. Mes doigts se mirent à trembler.
" Qu'est-ce que... Tu es ? Demandai-je la voix partant dans les aiguës, fixant le sol. "
Un petit rire éclata et une bouche s'approcha de mon oreille, prononçant chaque lettre et qui résonnait en moi tel un gong incessant, me rappelant que je venais de mettre à mort l'homme que j'aimais, et moi par la même occasion.
" Je suis celui qui vous a lié, je suis l'incarnation de l'amour : Cupidon. Ne t'en fais pas, ton sacrifice ne sera pas vain, il sauvera des villageois. "
Il enleva ma main de son bras et partit, mais je ne comptais pas le laisser partir. Un sentiment sombre s'empara de moi, voilant ma vision d'un voile noir et dangereux, je m'approchai une seconde fois de lui, mais cette fois, pour une autre raison, beaucoup moins joyeuse.
" Erin ! S'exclama une voix derrière moi qui me stoppa immédiatement. "
Je m'arrêtai au milieu de la cours, laissant m'échapper cette personne qui tenait l'épée de Damoclès sur nos têtes. Une épée que j'avais offert sur un plateau d''argent en m'exclamant joyeusement : " tiens, c'est pour toi, tu peux nous tuer quand tu veux comme ça ! ".
J'eus une soudaine envie de pleurer, ce n'était pas parce que je risquais de mourir, mais c'était surtout parce que je venais de tuer mon amant, celui pour qui j'avais envie de vivre, celui dont j'avais envie qu'il vive encore longtemps parce que merde, je devenais fou de lui.
J'ignorai tout bonnement Alix, qui m'appelait et m'enfuis du lycée, je courrais jusque chez moi, galérais à entrer la clé dans la serrure et dévalais les escaliers à une vitesse folle avant de m'enfermer dans ma chambre, claquant chaque porte sur mon passage. J'étais essoufflé, mais cela ne m'arrêta pas à faire les cent pas dans ma chambre, tournant en rond pour trouver une satané solution.
Les larmes brouillèrent mes yeux, mais je me retins pour ne pas les laisser couler, je devais me calmer et réfléchir à tête reposée. C'était bien connu, ne prendre aucune décision dans un état de panique ou colère. Je passais mes doigts dans mes cheveux, tirant un peu trop fort dessus. J'avais envie de crier, de me traiter de tout les noms pour extérioriser ce que je ressentais, pensais de moi, mais m'en abstins, je ne devais pas alerter les autres.
Je dois rester calme, je dois rester calme. Rien n'est perdu, je dois trouver une solution. Oui, une solution. Chaque problème a sa solution, non ?
Je cherchais dans tout les sens possible, mais rien n'y faisait. Me creuser la tête ne menait à rien. Je pensais même qu'il faudrait le tuer, mais je me raisonnai aussitôt, il y avait assez de mort comme ça.
Je passais donc la journée allongé dans mon lit, le regard fixé au plafond, laissant des vagues de pensées envahir mon esprit. Je ne retenais rien, tout ce que je savais, était le fait que je me rabaissais constamment, me traitant d'idiot à la moindre occasion, nous imaginant moi et Alix se faire égorger devant tout le village de ma faute.
Gabin avait beaucoup d'amis, qui eux avaient des parents qui avaient eux des amis et ainsi de suite. Il était facile de les convaincre.
En fin de journée, ma mère était venue me dire que j'avais de la visite d'un certain blond, je ne l'avais même pas entendu rentrer. Je lui dis, après longue hésitation, qu'elle pouvait le faire monter, ce qu'elle fit.
J'entendis les marches grincer et la porte s'ouvrir. En le voyant, là, devant moi, ma volonté de ne pas pleurer s'écroula comme un château de sable. Mes larmes dévalèrent mes joues sans que je ne puisse rien y faire et me blottis dans ses bras. Il referma les siens aussitôt autour de mon corps et me serra fort contre lui. Une de ses mains passa dans mes cheveux.
" Je lui ai avoué que tu étais le loup blanc, lui annonçai-je de but en blanc. "
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