Diffusion.


Physiquement.


J'ai l'impression d'avoir rêvé. Lors de mon réveil, je me sentis engourdi et mon lit me paraissait tellement moelleux que j'eus l'envie d'y rester encore des heures, mais il était déjà dix heures et ma mère refusait que je me lève après cette heure.

Comme à mon habitude, je pris mon temps sous le jet chaud de la douche, savonnant au ralenti mon corps, frottant à peine mon entre-cuisses, comme si inconsciemment je ne désirais pas l'abîmer. Devant mon miroir, je constatais mes yeux incroyablement rouge. Hier en revenant chez moi, j'avais encore pleuré, jusqu'à temps que je m'endorme de fatigue et voilà le résultat. Je me penchais et regardais mes jambes, puis les écartais et aperçus le petit loup blanc aux reflets noirs. Alix avait raison, il était magnifique et je me demandais s'il avait la même apparence quand il se changeait en loup. Je passais une main sur le motif qui marquait désormais ma peau pour toujours et j'eus la même sensation qu'hier, lorsque mon futur amant l'avait touché, de délicieuses sensations parcouraient mon corps et se logeaient dans mon bas ventre. C'était étrange, qu'un simple tatouage puisse faire ça.

Je retirais mon doigts aussi vite, tout ça était encore inconnu pour moi et j'avais extrêmement peur. D'ailleurs, maintenant que j'y pensais, je ne ressentais toujours rien pour Alix, à part une haine profonde d'avoir tenté de m'exécuter et d'être... Tout simplement lui. Comment allais-je faire pour supporter cet énergumène ?

L'élément dont je redoutais le plus, était qu'à la mort du doyen, donc du père d'Alix, j'allais mourir moi aussi. Alors qu'un temps normal, je désirais presque sa mort, ainsi son fils le serait aussi, mais maintenant, je souhaitais longue vie à ce vieux monsieur.

Et celui qui me tiraillait le plus, était sans nul doute le fait qu'Alix soit un loup, pire, le loup blanc. Il mangeait mes congénères la nuit, un jour il mangera mes parents peut-être, ou ma meilleure amie et moi j'allais tomber amoureux de ce monstre.

Je me sentis comme puni.

Comme tout les matins, ma mère me demanda si j'avais bien dormi et je hochais la tête avec un sourire.

« Mais c'est quoi ses yeux horriblement rouges et gonflés ? Me demanda ma mère en s'approchant de moi et en me relevant le menton.

- Oh rien... Je... Je repensais à ce pauvre homme de famille, les enfants qu'il avait laissé seul derrière lui à cause de nous tous et ça m'a fait pleuré... Mentis-je ouvertement et honteusement.

- Oh mon chéri, il ne faut pas que tu penses à ça, c'est la vie, nous aussi un jour nous y passerons et c'est pour ça qu'il faut profiter un maximum de temps avant que cela n'arrive. Dis toi que cet homme a bien vécu, il a eut le temps de faire des enfants, de fonder une famille, de passer des moments heureux avec eux. Regardes ce pauvre fils de la vieille Sonarisa, lui n'avait personne, il est mort comme il a vécu : seul. »

Elle avait raison. Les seuls méchants dans ce village étaient les loups et je devais continuer de les détester, même si j'étais lié avec l'un d'eux.

Ma matinée fut ennuyante, comme toujours, mais cette fois, je remarquais beaucoup plus Alix et me surprenais à le dévisager. Au début, cela me semblait par curiosité, mais ensuite, c'était plus par... Gourmandise ? Arg, c'était moche de dire ça. Je détaillais tout son corps, en classe, et dès qu'une personne me prenait en flagrant délit, je détournais la tête aussitôt. C'était plus fort que moi, je devais le regarder. Et je souris en voyant qu'il faisait de même. A la cantine surtout, ses yeux étaient braqués sur moi et je ne savais pourquoi, mais j'adorais ça, même si cela me mettait un peu mal à l'aise. Je m'amusais à croquer dans ma pomme de façon sensuelle, tout en le fixant, et lui ne bougeait plus, son corps semblait tendu et son visage était figé.

Un coup de coude me tira de ma bulle.

« Bon alors, on attend plus que ta réponse Erin, m'annonça Enea, qui s'était faite deux nouveaux amis aujourd'hui, un couple en première.

- De ?

- T'es beaucoup ailleurs aujourd'hui. On te demandait si tu voulais aller avec nous à l'étang après les cours ? Ca nous rafraichira comme ça, vu le temps lourd.

- Ouais ouais, je viens. Par contre, je peux amener quelqu'un avec moi ? »

Le couple fut d'accord, tandis qu'Enea m'observait avec de grands yeux. Je savais ce qu'elle était en train de se dire : moi ? Avoir un ami ?

« Qui ? demanda-t-elle après s'être reprise.

- Tu verras, dis-je en lui faisant un clin d'œil. »

Je savais qu'Enea trouvait Alix beau, mais comme moi, elle ne le supportait pas et nous étions les seuls à ne pas vouloir l'approcher. Enfin, jusqu'à maintenant. Si seulement elle savait que c'était le loup blanc...

La fin du repas se termina assez vite et je n'avais plus osé provoquer Alix, de peur de me faire prendre, d'ailleurs, lui non plus ne me regardait plus.

Mentalement.

L'après-midi, nous avions une heure de mathématiques puis ensuite deux de sport, handball plus précisément. Pendant cette heure de maths - qui était la matière où je peinais le plus - Alix était à fond et allait même au tableau pour répondre aux équations qui me semblaient du chinois. J'étais impressionné, il répondait toujours bien et même notre professeur était étonné par son implication. En fait, il était vraiment très intelligent, moi qui le prenait pour une quiche, je devais revoir mon jugement. A chaque fois qu'il revenait à sa place, il me regardait avec un sourire victorieux, ou taquin ?

« Il se passe quoi avec Alix ? Depuis ce matin, vous vous dévorez des yeux. »

J'écarquillais les yeux devant la remarque de ma meilleure amie. On se dévorait des yeux ? Non, on ne faisait que se regarder, probablement par curiosité. Elle devait sûrement mal interpréter.

« Rien, ce matin on a parlé et on a découvert qu'on avait des points en commun, mentis-je une nouvelle fois.

- Quoi, vous aimez égorger tout les deux des écureuils le soir ? Non franchement, je te crois pas une seconde, il voulait te tuer au dernier conseil quand même et là il vient te parler quelques minutes et vous vous matez en permanence ? répliqua-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine, pas dupe pour un sou.

- C'est vrai, et je ne l'oublie pas. J'ai oublié de te dire, mais après le conseil on s'est vus, il m'a dit qu'il me suspectait car j'étais trop en retrait, alors on a parlé longuement et il s'est rendu compte que j'étais innocent et ce matin on a reparlé et tu sais que... Que je suis plus attiré par... Par les hommes, bégayais-je un peu honteux d'admettre qu'Alix me plaisait.

- Vraiment ? T'es sur Alix ? me questionna Enea, surprise.

- Euh... Ouais, un peu. »

Je sentis mes joues s'enflammer, mon dieu c'était horrible d'avouer un truc pareil, surtout à sa meilleure amie. Je me sentais terriblement con. Pendant le reste du cours, elle se tut, elle devait probablement réfléchir à ce que je venais de lui apprendre. Je ne pouvais pas lui dire que j'étais lié à lui, on ne pouvait pas révéler notre identité, à personne, c'était les règles. On avait seulement le droit de nous proclamer villageois, mais ça, même les loups pouvaient le faire. Uniquement nos dernières paroles étaient sacrées, jamais on ne pouvait mentir une fois désigné par le conseil.

Dans les vestiaires, je pris énormément sur moi pour ne pas regarder Alix se changer, alors à la place je l'imaginais, c'était plus fort que moi. Et les images qui défilaient dans ma tête sur son corps me plaisaient tous autant. Cependant, je forçais mon esprit à ne plus y penser, sinon je craignais un petit problème au niveau de l'entre-jambes, et dans ce cas, comment me justifier auprès des autres mecs ? Mais surtout, s'il y avait des homophobes, sûr que j'y passais au prochain conseil, il ne faut pas croire que les vengeances, haines et rancœurs sont mises de côté lors de ce moment.

Et dire que je m'en foutais complètement de ce garçon avant, voilà qu'un pouvoir absurde me poussait à l'aimer. C'était tellement triste et démoralisant.

Alix se précipita pour être le capitaine de la première équipe et rien que pour l'embêter, je me proposais pour la deuxième. Je me sentis fière et taquin en le voyant sourciller. Tout les autres élèves me regardèrent comme si j'étais un extraterrestre, il faut dire qu'ils ne doivent même plus se rappeler que j'existais. Je pris des garçons un peu au hasard, je ne les connaissais pas et je ne me rappelais plus qui était bon et qui l'était moins. Ils soufflèrent tous d'agacement quand je les choisis, ce qui m'irritait légèrement. Mais au lieu de leur gueuler dessus, je préférais leur donner la victoire et leur montrer qu'ils avaient de la chance d'être dans mon équipe.

Bien sûr, c'était sans compter sur les incroyables performances de mon futur amant, qui se donnait à fond pour nous laminer. Alors je courrais, j'esquivais, je criais pour qu'on me donne le ballon. Parfois, je me mettais un peu sur le côté et observais Alix, il avait vraiment l'âme d'un compétiteur, toujours la petite balle dans les mains et... J'adorais ce trait de sa personnalité, c'était révélateur sur sa détermination et son courage. Merde, j'étais en train de baver sur lui là. J'attendis qu'un garçon de l'équipe adversaire passe devant moi pour le contrer et lui voler la balle des mains, cependant, mon ennemi d'une partie n'avait pas dit son dernier mot et entrava ma route en plaçant son pieds devant moi, me faisant inexorablement goûter le sol. Aussitôt le coup de sifflet retentit et le garçon fut sorti par le prof de sport sous les plaintes de celui-ci, pour faute volontaire. Je vis une main devant mon visage, je l'attrapais et me relevais, j'allais remercier la personne avant de voir que l'auteur de cette main était Alix. Il me scruta de son regard sombre et je me sentis défaillir.

« Ca va Erin ?

- Alix, il y a plein de monde, dis-je sans savoir pourquoi. »

Alix sembla étonné, avant qu'un sourire malicieux ne se dessine sur ses lèvres avant de justement mordre celle inférieure.

« Il faut qu'on se voit après, Erin, dit-il en appuyant sur mon prénom. »

Et je compris immédiatement, quand il disait mon prénom, une bouffée de chaleur m'envahissait, il avait envie de moi ! Tout son envie se lisait lors de la prononciation de mon prénom, et ça, ça me foutait les jetons.

Au final, on gagna trois/deux, ce qui me rendit fière, mais ça n'eut pas l'effet escompté, car ceux de mon équipe semblaient s'en battre royalement de cette victoire. Bon, tant pis, j'aurais essayé.

« Il me faut des élèves pour ranger le matériel, cria le professeur de sport.

- C'est bon Erin et moi on s'en charge, s'empressa de dire Alix, toujours ce même sourire placardé aux lèvres. »

Un nouveau frisson me parcourut le corps entier à l'entente de mon prénom, c'était comme lorsqu'il avait touché mon tatouage. Ce garçon allait me rendre fou.

Enea me lança un regard étrange avant de repartir dans les vestiaires des filles. Se pouvait-il qu'elle sache que nous sommes les élus de Cupidon ?

On s'appliqua à tout ranger soigneusement, repliant les filets des buts, rangeant le ballon des garçons et celui des filles, retirant les plots, rangeant les chasubles et essuyant le tableau où était inscrit les prénoms des quatre équipes. Dans les vestiaires, il n'y avait plus personne. Ah les mecs allaient toujours plus vite que les filles. De la buée sortait des douches et je commençais à me déshabiller pour me doucher, je me dépêchais avant qu'Alix n'ait fini de parler au prof. Je n'avais pas envie que l'on soit seuls, nus, dans les douches désertes... Je réprimais un frisson en m'imaginant ce que cela pourrait donner. C'était terriblement tentant, mais je ne devais pas céder à mes pulsions animales, du moins pas maintenant.

Quand j'entendis la porte s'ouvrir, je m'enfermais directement dans une des cabines individuelles et allumais l'eau.

« Erin, t'es où ? me demanda Alix.

- Dans la cabine.

- Non sérieux t'as pas fait ça ? dit-il désespérément. »

Je ris face à son ton enfantin, enfin, plutôt boudeur. Il avait fait exprès de nous faire ranger ensemble, il savait que tout le monde aurait finit et qu'il aurait par conséquent le loisir de faire ce qu'il veut. Mais il était hors de question que je lui laisse ce plaisir, je n'étais pas encore amoureux de lui ! Certes il m'attirait mentalement et physiquement, mais ça n'allait pas plus loin, je ne me sentais pas mourir de chagrin s'il partait ou mourait. Tant que je ne ressentais pas le besoin vital d'être avec lui, alors je ne ferais rien, point.

Je vis des doigts dépasser de ma porte, il devait être sur la pointe des pieds pour pouvoir toucher le haut de la porte, puis celle-ci se fit secouer, ce qui provoqua un boucan pas possible.

« Erin, ouvres moi ! Promis je reste sage ! me supplia-t-il.

- Rester sage ? Tu te fous de moi ? Toi et moi on commence à trouver bandant l'autre, et je sais que tu ressens les mêmes choses que moi, donc nous retrouver seuls dans un espace clos, d'autant plus nus et mouillés, en train de nous toucher le corps pour se laver, tu crois vraiment qu'on va vouloir faire que parler ? »

J'entendis Alix soupirer. Voilà, il venait de comprendre pourquoi je refusais. Bien.

« Erin il faut qu'on se voit après les cours, on doit s'accoupler, sinon tu sais qu'on peut mourir. »

Oh mon dieu. On doit s'accoupler, voulait-il me tuer ? Malheureusement, mon bas-ventre réagit automatiquement, à mon plus grand désespoir. J'espérais juste que ça ne soit pas toujours comme ça, sinon j'allais finir par devenir une salope dévergondée qui écarte les cuisses chaque fois qu'on lui demande. Enfin, chaque fois qu'Alix me le demande.

J'ouvris la porte instantanément en entendant cette phrase, m'outrant. Et si quelqu'un avait oublié quelque chose dans le vestiaire, qu'il venait le rechercher, et qu'il entendait cette phrase?

Je lui jetais un regard noir, tandis que lui souriait perversement en baladant son regard sur mon corps nu et savonneux. Je devins écarlate en me rendant compte de mon erreur. Je tentais de refermer la porte, mais comme il était plus fort que moi, il réussit à entrer dans la cabine et la refermer derrière lui. Je me collais au mur le plus loin de lui et cachant mon sexe de mes doigts.

« Je te préviens, tu me touches une seule fois, et je cris au viol... Non mieux, je fais un tatouage au dessus de ton loup, le menaçais-je. »

Il fronça les sourcils avant d'attraper ma bouteille de gel de douche et de s'en verser sur le corps, mouillant au passage ses cheveux. Il ferma les yeux et s'étala le liquide visqueux sur le corps, sensuellement, si sensuellement que j'en déglutis toute mon âme. Je sentis une partie se réveiller contre mes mains et je fermais à mon tour les yeux, essayant de penser à autre chose avant que je ne le supplie de me prendre, là, tout de suite. Mais c'était bien trop tentant et je rouvris les yeux, qu'elle ne fut ma surprise en le voyant me dévorer des yeux lui aussi.

Il faisait tellement chaud. Une vraie fournaise. 



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