4. dans lequel Daniel décide de jouer

-Et après, j'ai été obligé de l'écraser avec une claquette.

-Une claquette de chez Mercedes, il a oublié de préciser.

-Je vois pas pourquoi c'est important de préciser ça pour l'histoire, George.

-Un placement de produit n'a jamais fait de mal à personne, Lando.

Daniel décroche. L'histoire racontée par les deux pilotes est trop difficile à suivre. Ou bien, c'est parce qu'il vient de voir Sienna apparaître dans son champ de vision. Après une semaine sans course, il est bien obligé de s'avouer à lui-même qu'elle lui a manqué. Elle porte un tee-shirt blanc, et il trouve que cette couleur, qui n'en est pas une, lui va très bien. Comme d'habitude, il essaie de déceler un de ses tatouages, mais elle est trop loin pour ses petits yeux. Théa est toujours concentrée sur l'histoire de Lando et George, alors il en profite pour s'éclipser discrètement. Il se faufile à côté d'elle, et elle n'a pas le temps de le saluer qu'il lance :

-J'ai toujours mes arguments de la dernière fois.

Sienna plisse les yeux.

-Pour savoir si je voulais me décaler, ou coucher ici.

Elle rit.

-Je travaille dans dix minutes, tu penses que ça te suffit, ou pas ?

Daniel se retient de lui dire qu'il n'a pas le choix, car après, elle aura sûrement disparu. Il n'a pas envie de lui faire des reproches. Ils ne se doivent rien et ne se sont jamais rien promis.

-Je peux parler vite.

-Tu veux entrer ? demande-t-elle en pointant le motorhome AlphaTauri, et Daniel fait la moue. Il pourrait, théoriquement, mais il n'a pas l'impression d'y avoir sa place.

Une écurie parmi d'autres qui ne lui a pas proposé de siège pour la saison.

Une écurie parmi d'autres qui fait qu'il est pilote de réserve.

-On peut rester là, il fait beau, déclare-t-elle sait qu'il n'ait à dire quoi que ce soit. Daniel lui sourit, reconnaissant. Elle sourit en retour.

-Donc, évidemment, l'option qui m'a tapé dans l'œil était de me pousser de ton passage. En effet, tu es une femme d'affaire, et la nécessité que tu sois à l'heure à ta réunion est autant mon souci que le tien dans ce bas monde patriarcal. C'est pourquoi me mettre sur le côté afin de te permettre des déplacements fluides sur le paddock est à présent un des axes maître de ma présence ici, chaque jour.

Sienna croise ses bras sur sa poitrine, les sourcils haussés.

-T'es un beau parleur, Ricciardo.

-Merci. Je t'ai convaincu ?

-Presque.

-Presque ? Il manque quoi, pour que tu sois convaincue ?

-L'espoir que tout ça soit juste une disquette inventée il y a trois minutes pour m'adresser la parole.

Daniel ne répond rien. Il la regarde, perdu. Elle hausse les épaules.

-Moi, je préférais l'autre option.

Et comme d'habitude, elle n'attend pas la réponse de Daniel et se faufile chez AlphaTauri sans même qu'il n'ait eu le temps de lui dire d'attendre. De toute façon, aujourd'hui, il n'est pas certain qu'il l'aurait fait. Il ne sait pas à quoi ils jouent, tous les deux, mais Sienna a de la chance : il est joueur.

Quand l'annonce de la fin de réunion est lancée, Daniel est presque le premier à quitter la salle. D'habitude, il attend un peu et discute avec quelques personnes, mais aujourd'hui, il n'en peut plus. Il a l'impression d'avoir passé la journée à écouter des gens parler. Il veut juste rentrer dans sa chambre d'hôtel et se poser sur le lit après une bonne douche.

Il ne dort qu'à quelques mètres à pied du circuit, ce week-end, ce qui lui plaît beaucoup. L'heure du coucher de soleil approche, et Daniel apprécie particulièrement ce moment de la journée. En passant devant une petite supérette, l'idée lui vient de s'arrêter pour récupérer de quoi grignoter. Une petite canette et de quoi faire des toasts, rien de plus. Il a très envie de manger des toasts. Ni une ni deux, le pilote commence à arpenter les rayons le plus rapidement possible. Il porte des vêtements neutres et une casquette, mais il préfèrerait éviter de se faire repérer quand même.

Daniel attrape rapidement deux cannettes et s'apprête à quitter le rayon quand il sent quelqu'un lui toucher le pied. Il fronce immédiatement les sourcils et baisse les yeux. Une petite fille est à quatre pattes, l'air de chercher quelque chose.

-Maxine, on y va ! lance une voix un peu plus loin.

-Attends, maman, je trouve pas ma pièce ! s'exclame l'enfant, et Daniel se penche pour l'aider.

-Là, dit-il en la voyant sous le rayon, avant de l'attraper et de la rendre à la fillette.

-Merci !

-Qu'est-ce que tu fais ?!

Daniel et Maxine relèvent la tête en même temps. La petite se met à expliquer la situation à sa mère pendant que l'australien les regarde toutes les deux, complètement sous le choc de reconnaître Sienna.

-Bonjour, dit-il avec un sourire, et celle-ci semble gênée de le reconnaître à son tour.

-Bonjour, Daniel.

Il aimerait prolonger la conversation, mais il voit bien que ce n'est pas le moment. C'est bien la première fois qu'elle utilise son prénom, et ça ne semble pas amical. Il hoche simplement la tête et dit :

-On se voit sur le paddock, à bientôt !

-Salut, souffle-t-elle.

-Au revoir ! répond Maxine en faisant un signe de la main.

Il les regarde s'éloigner toutes les deux puis reporte son attention sur le rayon. Il ne sait plus pourquoi il est venu ici, puis se souvient qu'il est venu chercher des canettes et qu'il les a déjà dans son panier. Quand il arrive à la caisse, il voit Maxine et Sienna sortir, la petite en train de jouer avec sa pièce, la grande en train de lire le ticket de caisse. Il vient de débloquer une information à laquelle il ne s'attendait pas. Il essaie de penser à autre chose, mais en dégustant ses toasts, le fait que Sienna est maman lui revient plusieurs fois en pleine face.

Il est trop surpris pour savoir quoi faire de cette information.

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