-Tu es assise sur la télécommande.

-N'importe quoi.

-Lève-toi, tu vas voir.

Sienna soupire et se lève avant de lever les yeux au ciel en voyant qu'effectivement, la télécommande qu'ils cherchent depuis plusieurs minutes est là.

-Je te le dis depuis le début, Ricciardo, que je suis assise sur la télécommande, rétorque-t-elle de son air le plus sérieux possible, et il pouffe de rire.

-On regarde quoi ?

-T'as pas plein de trucs à me raconter ? demande-t-elle en récupérant ses couverts, et Daniel hausse les épaules.

Ils ont pris de quoi dîner à emporter, trop épuisés pour supporter le bruit d'un restaurant assis sur une chaise. Le pilote avait évidemment aussi en tête les deux sujets qu'il était supposé aborder aujourd'hui, et qu'il n'a pas eu l'opportunité–ni le courage–de le faire.

-Si.

Il soupire et ne réfléchit pas avant de lâcher :

-Je vous ai vus. Avec Maxine et son père. Quand il te l'a déposé.

Il remarque immédiatement que le visage de Sienna change. Pourtant, elle fait tout pour garder un air neutre et dit simplement :

-Oh ? Devant le parc ?

-Oui. Je sortais à ce moment-là et... je suis désolé. Je veux pas te le cacher.

Elle hausse les épaules. Daniel voit bien que ça la dérange.

-C'est pas ta faute. Et puis, on était dans l'espace public, donc...

Daniel se mord la lèvre.

-Sienna. Pourquoi tu fais semblant ?

Elle ferme les yeux et Daniel a peur d'avoir été trop loin. Pourtant, quand elle les rouvre quelques secondes plus tard, elle dit :

-Est-ce que t'as entendu ce qu'il a dit sur mon corps ?

-Oui.

Elle hoche la tête.

-Ça me gêne un peu.

-Que je l'ai entendu te manquer de respect ?

-Bah, je te l'ai dit, qu'il me trouvait pas bonne.

Daniel soupire. Il voit bien ce qu'elle est en train de faire, et même s'il n'est pas d'accord avec ce changement de sujet, il voit bien que c'est sa seule arme pour ne pas continuer à parler de quelqu'un dont elle ne veut pas parler.

Il ne peut pas lui en vouloir pour ça.

-Je croyais qu'on en avait conclu que le plus important, c'était que toi, tu te trouves bonne ?

Ses lèvres s'étirent en un petit sourire. Daniel est rassuré.

-Je me trouve super bonne.

-J'en suis ravie, Sienna.

-C'est quoi, l'autre truc ?

Daniel sourit.

-L'homme que tu as devant toi à un siège pour la saison prochaine.

-Tu...

Elle s'arrête pour poser son bol sur la table de nuit avant de bondir dans ses bras.

-Félicitations !

Daniel referme l'étreinte en l'entourant de ses bras, plongeant son nez dans ses cheveux.

-Je sais qu'on se connaissait pas quand tu as perdu ton volant, commence-t-elle en s'éloignant, mais je connais le milieu et je sais à quel point c'est facile de baisser les bras quand on perd son volant et de finir par accepter que le rêve prend fin. Mais tu l'as pas fait.

Il sourit.

-Non. Je pouvais pas laisser ça arriver.

Elle hoche la tête.

-J'ai bien remarqué. Je suis contente que cette période de doutes soit terminée.

-Merci, Sienna. Par contre, je prends la place de ton copain Nyck.

L'australienne rit.

-C'est la dure loi de la Formule 1. Puis, t'es quand même devant dans la hiérarchie de mon cœur, Ricc.

Il prétend être choqué en mettant sa main devant sa bouche, et elle rit.

-Très dramatique. Ce n'est pas comme si je t'apprenais quelque chose.

Il sourit.

-Ca fait pas de mal de l'entendre quand même.

-Merci pour aujourd'hui. De m'avoir invité au parc d'attractions. C'était vraiment chouette. J'ai passé une bonne journée.

-Moi aussi. Merci d'être venue. La prochaine fois, on fera ça avec Maxine.

Les lèvres de Sienna s'étalent en un sourire.

-J'ai hâte.

Les plats sont avalés et les dents brossées avant que Daniel et Sienna ne s'échouent sur le lit. ll reste allongé sur le dos quelques secondes, les mains sous la tête, profitant simplement qu'à quel point il a passé une bonne journée. D'à quel point celle-ci se termine bien, sans secret, sans non-dit. C'est la respiration régulière de Sienna qui le sort de ses pensées, et il rit en voyant qu'elle s'est endormie et ferme les yeux à son tour.

Quand Daniel ouvre les yeux le lendemain matin, Sienna est assise par terre, dos à lui, en train de plier des vêtements. Le pilote cligne plusieurs fois des yeux pour s'habituer à la lumière.

-T'es vraiment désordonné, Ricciardo.

Il fronce les sourcils et s'assoit : c'est là qu'il se souvient que les affaires de Sienna ne sont évidemment pas dans sa chambre. Ce sont ses vêtements à lui qu'elle plie. Ni une ni deux, il se lève pour l'empêcher de poursuivre à bien son action.

-Arrête de faire ça, ça va pas la tête ?

Elle rit avant de lui tendre ses mains, qu'il tire pour qu'elle se lève.

-Il y avait des vêtements absolument partout.

-Je me souviens pas de t'avoir embauché comme femme de ménage, sourit-il, et il s'attend à ce qu'elle réplique quelque chose, ce qu'elle ne fait pas. Elle se glisse simplement dans ses bras, et Daniel met immédiatement sa surprise de côté pour lui rendre son étreinte.

-Je voyage tout seul, dans mon avion, lance-t-il, et Sienna se détache de lui, les sourcils froncés.

-C'est aussi rangé que cette pièce ?

Il rit.

-Non. Beaucoup mieux. Donc si jamais ça te dit de voyager avec moi...

-Tu vas pas me faire un photoshoot jpg, là ? plisse-t-elle les yeux.

-Si. C'est la tradition. Mais je posterai rien, promis.

Elle hausse les épaules.

-Okay. Ça me dit bien, avoue-t-elle avec un petit sourire.