15. dans lequel Daniel se confie

Quand le dimanche soir, après la course, tout le monde se dit au revoir, Daniel a envie de pleurer.

Il n'a pas eu de nouvelle de son futur contrat. Il devait signer ce week-end. Pourtant, le week-end est fini et rien n'a été signé.

C'est un peu dépité qu'il quitte le paddock pour rejoindre son hôtel, et comme à chaque fois que ça arrive, il croise la même personne.

-Tu sais qu'on dort dans le même hôtel ? lui rappelle Max quand Daniel lui demande ce qu'il fait là, et l'australien hoche la tête.

-Tu gagnes un point.

-Wow, Danny, il me faut vite un thermomètre pour prendre ta température. Tu n'as pas rétorqué un truc du genre "on pourrait même dormir dans la même chambre'.

Daniel rit.

-J'ai raté une occasion de dingue...

Max lui met un coup d'épaule.

-Je viens squatter ta chambre ce soir.

-On va regarder quoi, cette fois ? C'est toujours Pénélope qui fait ta culture cinématographique ?

-Te moque pas et prends plutôt des notes pour impressionner de ton côté. Elle a quel âge ?

Daniel se mord la lèvre.

-Elle a six ans.

-Tu tires la tronche à cause de la mère, ou aucun rapport ?

L'australien rit.

-Aucun rapport. Je te raconterai. Mais j'ai envie de me mettre en pyjos, d'abord.

Max secoue la tête.

-Je me demande si t'arrêteras d'utiliser ce mot, un jour.

-Pyjos ? Non, jamais. Allez, dépêche-toi.

Une fois tous les deux en pyjama, ils se rejoignent dans la chambre de Daniel, qui est déjà avachi sur son lit.

-C'est vachement le bazar, ici. Elle sait, que t'es bordélique comme ça, cette femme ?

Daniel lève les yeux au ciel.

-Je suis ordonné quand j'ai les idées claires.

Max soupire avant de s'allonger à côté de lui. Daniel est content, parce que comme ça, Max ne peut pas voir son visage. Il aura juste à contrôler sa voix pour ne pas trop montrer ses émotions.

-J'ai un contrat en route chez AT pour la saison prochaine. Je devais le signer ce week-end et j'ai pas de nouvelle. Peut-être qu'ils veulent plus de moi, j'en sais rien. Et tu sais, au début, j'ai hésité à dire oui. J'étais pas sûr que c'était ce que je voulais, et finalement, j'ai réalisé que ce que je veux plus que tout, c'est un siège. C'est conduire. C'est faire les courses, chaque semaine. C'est refaire partie de ce monde à part entière. Et j'avais pas réalisé à quel point je voulais ce siège avant aujourd'hui.

-Purée, Daniel, c'est génial !

Max s'assoit en secouant la tête, comme s'il n'en croyait pas ses oreilles.

-C'est génial. S'ils avaient changé d'avis, crois-moi, tu le saurais. Tu connais leurs manières de faire. Ils ont dû avoir un délai pas respecté ou un truc comme ça. Franchement, ne te tracasse pas pour ça. Je sais, c'est facile à dire de là où je me trouve, mais... pour moi, c'est dans la poche. C'est tellement génial. Je suis trop content pour toi.

Daniel sourit.

-Merci, Max.

-Merci à toi de m'en avoir parlé. J'imagine que pour l'instant, t'en as pas trop parlé et tu sais que je lis pas trop les rumeurs... j'en avais aucune idée.

-Ouais, je sais. T'es la troisième personne à l'apprendre, figure-toi. Je crois que pour l'instant, j'en ai parlé qu'à des personnes dont j'aurai besoin émotionnellement si ça ne se fait pas.

Max hoche la tête.

-Mais ça va se faire.

Il lui met un coup dans l'épaule, et Daniel prétend avoir eu mal en se la frottant avec le nez plissé.

-Bon, on regarde un film, ou quoi ?

Daniel rit.

-"Ou on couche ici". C'est ça, qu'on dit.

Max hausse un sourcil.

-Le retour des sous-entendus. Tu veux regarder quoi ?

La journée du lundi au simulateur est très longue pour Daniel. Il reste concentré mais il ne rêve que du moment où il aura enfin terminé et pourra sortir. Quand ça arrive enfin, le coucher de soleil est passé, et la nuit commence à tomber. Le pilote plisse les yeux en voyant Sienna devant, les yeux sur son téléphone, sa valise à côté d'elle.

-Bonsoir, madame, que puis-je faire pour vous ?

Elle sourit avant même d'avoir quitté l'appareil des yeux. Elle le range immédiatement dans sa poche.

-Je t'attendais.

-Depuis longtemps ?

Elle hausse les épaules avant de pouffer de rire.

-Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

-Rien. J'ai pensé à une disquette mais je te la dis pas.

-Mais pourquoi ?

Sienna hausse les épaules.

-On fait dans les avances, nous, pas dans les disquettes.

-On peut faire les deux, après. On peut faire plus, même, sourit-il, et elle éclate de rire.

-C'est où, ton hôtel ?

-Wow, Si...

-Ricciardo ! Pas comme ça. J'ai super envie de prendre une douche. Nyck m'a proposé d'en prendre une chez AT, mais j'avais trop peur que quelqu'un entre ou quoi.

-Je croyais que ça te dérangeait pas que des gens voient ton corps.

-J'ai vraiment pas dit ça, Ricciardo. J'ai dit que ça me dérangeait pas que tu vois mon corps. C'est pas des avances, me fais pas dire ce que j'ai pas dit.

Le pilote hoche la tête.

-J'allais pas dire quoi que ce soit de ce genre. J'allais dire que j'ai beaucoup de chance que tu m'accordes ta confiance.

Elle sourit. Le reste du trajet se fait en silence, et en arrivant, Daniel se dirige immédiatement au comptoir pour réserver la chambre.

-Ricciardo, laisse-moi payer, lance-t-elle dès qu'elle réalise ce qui se passe, mais trop tard : le pilote a posé sa carte avant elle sur le TPE. Je te rembourserai.

-Non merci.

Elle fronce les sourcils, et il rit en remerciant l'homme de l'accueil qui lui tend sa clef.

-Tiens, t'es ma voisine pour deux nuits.

-Je suis fâchée, Ricciardo.

-Mmh. On en parlera à table ce soir après ta douche. Je précise qu'évidemment, ceci n'est pas le date mais juste un repas cordial car la nourriture de cet hôtel est bonne.

-Comme moi, rétorque Sienna, et Daniel éclate de rire.

-On va pas recommencer ce débat.

-Aucun débat. Je vais me doucher. À plus, Ricc.

-Je viens frapper pour le dîner !

Elle ne répond rien, mais Daniel voit bien qu'elle sourit.

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