Chapitre 4
Gabrielle retourna voir Margot et la laissa regarder dans ses affaires les différentes tenues qu'elle avait. Les yeux de la jeune servante se mirent à pétiller de joie en voyant toutes les robes.
— Vous avez énormément de toilettes, Mademoiselle !
— J'aime énormément les robes et les fanfreluches, répondit-elle en riant. La journée d'aujourd'hui va être consacrée à des moments de détente et à des balades dans Versailles, je pensais donc à une robe plutôt simple et confortable.
Margot hocha la tête et attrapa une robe vert clair, cintrée à la taille par une ceinture d'un vert plus prononcé. Les manches étaient composées d'un tissu transparent, sur lequel était brodé des fleurs. Gabrielle approuva avec enthousiasme et enfila la robe. Margot la maquilla légèrement et s'occupa ensuite de ses cheveux.
La robe de Gabrielle
— Je n'ai jamais vu de cheveux aussi beaux que les vôtres...
Gabrielle la remercia et l'observa natter ses cheveux dans son dos, puis les remonter pour former un magnifique chignon.
La jeune femme descendit ensuite au salon où la famille Roscoat l'attendait. Gabrielle salua l'assemblée et prit place dans un fauteuil à côté de sa cousine.
— Aliénor, je suis ravie de vous revoir après toutes ses années ! Vous êtes très en beauté !
Gabrielle ne mentait pas. Sa cousine était réellement de toute beauté. Elle avait une peau aussi blanche et pure que de la porcelaine, ses cheveux étaient presque blancs tellement ils étaient blonds, ses yeux étaient bleus clairs. Aliénor paraissait irréelle tant elle était belle, mais son air pincé et jaloux tordait son visage en une grimace des plus déplaisantes.
— Oui, se vanta Eugénie du Roscoat, Aliénor est considérée comme la plus belle des jeunes femmes à marier de la cour de Versailles !
— Je n'en suis pas étonnée ! lui répondit Gabrielle avec bienveillance.
Aliénor ne daigna pas lui répondre ni lui adresser le moindre regard. Elle respirait la jalousie et Gabrielle le ressentait parfaitement. Pourtant, sa cousine n'avait pas à être jalouse, elle était jeune, belle, son père avait un titre. Elle était un excellent parti.
Monsieur Alfred du Roscoat, l'oncle de Gabrielle, lui fit signe d'ignorer la mauvaise humeur d'Aliénor. Il se gratta la gorge et prit la parole à son tour.
— Ma chère Gabrielle, c'est une très bonne chose que vous soyez ici. Vous ferez une très bonne compagne pour Aliénor qui fait depuis quelques mois ses premiers pas à la cour de Versailles. Vous pourrez vous entraider mutuellement et vous tenir compagnie. Aliénor étant fille unique, elle souffre parfois de la solitude, vous pourrez faire beaucoup de choses ensemble !
— Je ne souffre pas de la solitude, père, trancha abruptement Aliénor. Je n'ai pas besoin de cette campagnarde pour me plaire à la cour de Versailles.
La « campagnarde » accusa le coup en silence. Elle ne pensait pas que sa tante et sa cousine l'accueilleraient aussi mal.
— Je ne souhaite pas m'imposer aux côtés d'Aliénor si elle ne désire pas ma présence.
Gabrielle avait dit ses mots d'une voix douce, empreinte d'une certaine tristesse. Elle aurait voulu partager des choses avec sa cousine, lui partager ses tourments, être rassurée, mais visiblement elle allait devoir se débrouiller seule. Elle fronça légèrement les sourcils en voyant une longue liste entre les mains de son oncle. Ce dernier avait les mains légèrement crispées et lui fit un sourire gêné. Il se gratta de nouveau la gorge, signe de sa nervosité.
— Gabrielle, votre père m'a transmis la liste de vos prétendants. Ils viendront régulièrement vous rendre visite ici pendant les trois jours à venir.
Les traits de la jeune femme se figèrent. Elle savait qu'elle allait devoir se marier, mais elle ne voulait pas que ces hommes lui fassent la cour et tentent de la séduire à coups de fleurs et de bijoux. Elle remercia tout de même son oncle pour les efforts qu'il faisait pour l'aider à trouver un mari digne de ce nom.
Dans son coin, Aliénor se mit à glousser. Elle ouvrit son éventail et le secoua devant son visage d'un air supérieur. Elle se pencha vers sa mère et lui glissa, juste assez fort pour que Gabrielle l'entende :
— Quelle honte de ne pas être fiancée à son âge !
Eugénie de Roscoat ricana à son tour et lui répondit sur le même ton.
— Voyons Aliénor, nous ne pouvons pas blâmer cette pauvre fille. Elle fait preuve d'un manque évident d'éducation, mais heureusement nous sommes là pour la remettre sur le droit chemin.
Gabrielle avait entendu toute la conversation mais fit comme si de rien n'était. Elle s'adressa à son oncle d'un ton courtois.
— Qui donc viendra aujourd'hui ?
— Monsieur de Causans souhaitait vous rendre visite, il me semble que vous l'avez déjà rencontré.
— Oui je l'ai vu à Noël, c'est un ami de longue date du duc de la Malène, l'époux de ma sœur Louise.
Du coin de l'œil, elle vit sa tante et sa cousine grimacer en entendant le mot « duc ». Décidément, la jalousie allait vraiment les étouffer un jour.
— Le duc de Riberolles souhaite aussi vous rendre visite.
Aliénor éclata d'un rire à la limite de l'hystérie.
— Oh père ! Vous ne pouvez pas laisser cette pauvre fille rencontrer le duc de Riberolles ! Elle va nous faire honte ! En plus de cela, la rencontre risque d'être très humiliante, vous vous doutez bien qu'elle n'a aucune chance avec le duc.
— Mon cher oncle, j'ai hâte de faire sa rencontre et je suis ravie qu'il vienne me rendre visite dès mon arrivée à Versailles !
— Oui ma chère enfant, qu'il vienne aussi vite montre bien qu'il est prêt à vous faire une cour des plus assidues ! lui répondit son oncle Alfred.
Aliénor ravala son fiel en voyant que personne ne répondait à ses remarques disgracieuses. Elle se leva et partit s'installer au clavecin. Elle commença à jouer mais Gabrielle se mit rapidement à grimacer. Sa cousine était en train de massacrer le morceau de musique. Elle jouait des notes souvent fausses et elle ne suivait pas correctement le rythme de la partition.
— Ma nièce, n'appréciez-vous pas le clavecin ? lui demanda sa tante Eugénie en remarquant le visage tordu de Gabrielle.
— J'aime énormément la musique, mais je pense qu'Aliénor aurait besoin de cours supplémentaires pour améliorer sa lecture de partitions.
Sa cousine ferma les poings et les abattit contre le clavier de l'instrument. Un bruit sourd retentit dans le salon.
— Cela suffit ! cria-t-elle. Venez donc jouer vous-même puisque vous êtes si talentueuse.
Elle se leva dans un mouvement rageur et laissa la place à Gabrielle.
— Je ne souhaite pas jouer, mon but n'est pas de vous dévaloriser, mais au contraire de vous conseiller.
Aliénor fit un sourire triomphant à sa mère.
— Je suis sûre que cette idiote ne sait même pas jouer !
Gabrielle allait répondre vertement lorsqu'un valet entra dans le salon.
— Monsieur le duc de Riberolles attend dans le vestibule. Il souhaite rencontrer Mademoiselle de Saint-Just.
Alfred du Roscoat fit taire son épouse et sa fille d'un mouvement de main. Il invita le valet à faire entrer le duc dans le salon. Un homme grand et un peu enveloppé franchit le seuil de la pièce. Gabrielle s'avança et lui fit une révérence gracieuse. Le duc s'inclina devant elle, lui prit la main et y déposa un baise-main. Il allait prendre la parole, mais Eugénie du Roscoat se leva à son tour et se présenta devant le duc.
— Votre Grâce, je vous présente ma fille, Aliénor. Nous sommes très honorés de faire votre connaissance et de vous accueillir sous notre modeste toit.
Le duc fit un signe de tête à Aliénor et remercia poliment Madame du Roscoat. Il se tourna de nouveau vers Gabrielle et s'adressa directement à elle.
— Mademoiselle de Saint-Just, je ne pensais pas dans ma vie rencontrer une jeune femme aussi charmante que vous. Votre beauté légendaire et votre intelligence hors-norme ont déjà fait le tour de tous les salons versaillais, mais je ne m'attendais pas à découvrir un joyau aussi sublime.
Un sourire lumineux plaqué sur ses lèvres, Gabrielle s'inclina légèrement devant lui et l'invita à s'asseoir à ses côtés. Le duc lui offrit un magnifique bouquet de roses blanches et ils commencèrent à prendre le thé posément ensemble. Aliénor avait décidé de faire profil bas et brodait en silence, tandis qu'Eugénie du Roscoat discutait à voix basse avec son époux.
— Mademoiselle, qu'aimez-vous faire dans votre vie de tous les jours ?
— J'aime particulièrement monter à cheval et lire des pièces de théâtre.
— Qui sont vos auteurs préférés ?
— J'aime énormément Molière, et j'ai récemment commencé à lire du Shakespeare.
Le duc leva un sourcil, impressionné.
— Vous parlez donc l'anglais ?
Gabrielle baissa la tête en rougissant.
— Oui, je parle l'anglais. Mon père me l'a appris, il a vécu de longues années aux Amériques.
— Ainsi, les cancans ne mentaient donc pas à votre sujet ! En plus d'être belle vous êtes intelligente !
Le duc lui adressa un grand sourire et ils continuèrent tranquillement leur conversation. Il était âgé de 32 ans et, malgré son léger embonpoint, il n'était ni laid, ni repoussant. Gabrielle se plut à converser avec lui ce qui la rassura quelque peu. Son séjour à Versailles n'allait pas être si désagréable que cela.
Le duc resta une bonne heure, puis il prit congé de la famille. Aliénor partit immédiatement se réfugier dans sa chambre, pendant qu'Eugénie du Roscoat commençait à reprocher à Gabrielle tous les faux-pas qu'elle avait pu faire pendant la conversation.
— Ma nièce, les hommes n'attendent pas que vous leur parliez de littérature et de voyages, ils veulent simplement que vous leur fassiez de beaux sourires et que vous lui montriez que vous êtes prête à assurer leur descendance. Cessez donc de faire la précieuse et de vous rendre plus intelligente que vous ne l'êtes, cela vous donne l'air stupide et ridicule. Une jeune fille brode, elle ne lit pas. Une jeune fille prend l'air en calèche, elle ne monte pas à cheval. Une jeune fille rêve de s'établir dans la stabilité d'une belle propriété, elle ne parle pas d'aventures et de voyages.
Gabrielle écouta les remontrances de sa tante avec un air ennuyé.
— Ma tante, je ne pense pas que baser ma première rencontre avec mon potentiel futur mari sur des mensonges soit une bonne chose. Si nous devons passer le reste de nos jours ensemble, je souhaite qu'il me connaisse et sache quelles sont mes aspirations.
Madame du Roscoat partit dans un éclat de rire moqueur.
— Après toutes les idioties que vous avez sorties au duc de Riberolles, soyez assurée qu'il ne sera pas votre futur mari !
***
Coucouuuuuuuu !! Voilà le chapitre 4 !
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Est-ce que vous aimez bien Gabrielle ?
Est-ce que vous aimez bien quand je mets des petites photos pour vous aider à visualiser les tenues etc ?
Merci d'avoir lu ce chapitre, je vous fais de grooooos bisous <3
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