Chapitre 3

La joue collée à la fenêtre de la calèche, Gabrielle observait les paysages défiler sous ses yeux. Elle avait quitté le château familial et sillonnait à présent les chemins de terre qui menaient jusqu'à Versailles. Les derniers jours étaient passés à la vitesse de l'éclair. La jeune femme avait beau se plaindre constamment de ses parents, elle les aimait plus que tout, et devoir s'éloigner d'eux commençait à l'angoisser. Une boule de stress s'était formée au creux de son estomac durant ces derniers jours. Sa mère avait fait tout son possible pour lui remonter le moral et pour l'aider à passer des moments agréables au château. Elles avaient passé de longues heures chez la modiste à choisir des robes, sa mère lui avait aussi sorti les bijoux de famille et l'avait laissée choisir les joyaux qui lui plaisaient.

A Versailles, elle ne serait pas perdue pour autant. Sa tante, Eugénie du Roscoat, avait accepté de la loger dans son hôtel particulier. Cela faisait de longues années qu'elles ne s'étaient pas vues, mais Gabrielle se souvenait que sa tante Eugénie avait une fille de son âge nommée Aliénor. Lorsqu'elles étaient enfants, les deux filles avaient passé des journées entières à jouer dans les jardins du château Saint-Just. Après le départ de la famille Roscoat pour Versailles, Gabrielle et Aliénor avaient entretenu une correspondance régulière, mais peu à peu leurs conversations se sont étiolées, et cela faisait aujourd'hui plus de cinq ans que Gabrielle n'avait pas reçu de nouvelles de sa cousine.

La jeune femme était donc contente de partir pour Versailles. Elle allait pouvoir découvrir un nouvel environnement, de nouvelles personnes, et revoir sa cousine la réjouissait plus que tout.

Gabrielle attrapa le sac que Carole lui avait remis au moment de son départ. Toutes deux avaient versé des larmes de tristesse au moment de se quitter. Carole était déjà au service de la famille Saint-Just au moment de la naissance de Gabrielle. Elle l'avait donc vu grandir et avait développé une vraie relation de proximité avec la jeune fille. Gabrielle ouvrit le sac et découvrit qu'il était plein de paquets de gâteaux et autres friandises. Un magnifique sourire naquit sur ses lèvres. Elle fouilla un peu plus et trouva un sachet de caramels sur lequel était agrafé un petit mot.

« Merci ma chère Gabrielle de m'avoir appris autant de choses en dix-sept ans de service. J'ai été ravie de vous accompagner et de vous conseiller dans votre vie quotidienne. Vous êtes à présent devenue une magnifique jeune femme, prête à se lancer dans sa vie de femme. Je vous souhaite de vivre une belle aventure à Versailles, et je suis convaincue que le destin nous amènera à nous revoir prochainement...

Très amicalement,

Votre dévouée Carole »

Les larmes aux yeux, Gabrielle replia le petit mot et ouvrit le paquet de caramels. Au fond du sac, ses doigts effleurèrent la couverture cartonnée d'un petit carnet. Carole avait pensé à tout. Elle se saisit de son nécessaire à écrire et du carnet et elle ferma les yeux quelques instants pour se concentrer. Elle se perdit dans ses pensées et ses souvenirs pendant de longues minutes, avant d'ouvrir le carnet et de commencer à griffonner sur les pages encore vierges. Partir à Versailles était pour elle l'opportunité de reprendre l'écriture sans que sa mère ne l'en empêche.

Le trajet passa rapidement. Gabrielle était très inspirée par le sujet de sa nouvelle pièce de théâtre et avait passé son temps à coucher ses idées sur le papier. La calèche arriva à Versailles tard dans la nuit, la jeune femme essaya malgré tout d'apercevoir le château, mais elle ne vit que des rues sombres, éclairées de temps à autres par la lueur blafarde d'un lampadaire. Elle referma son carnet et rangea les paquets de friandises au moment où sa voiture s'arrêtait devant une bâtisse de belle dimension. Un valet en livrée attendait devant le portail, une torche à la main. Il aida Gabrielle à sortir de la calèche. La jeune femme était fourbue par long trajet et fut ravie de poser le pied sur le sol versaillais et de pouvoir enfin se dégourdir les jambes. Elle n'avait qu'une hâte : retrouver sa cousine et discuter de longues heures avec elle de mariage, d'aventures et d'amour.

Le valet l'escorta jusqu'à un grand salon, où son oncle et sa tante l'attendaient. Gabrielle se fendit d'une révérence impeccable en les voyant et attendit poliment que sa tante l'autorise à se relever.

— Bonsoir ma tante, bonsoir mon oncle. Je vous remercie de m'accueillir chez vous pour les mois à venir. Soyez également assurés de la reconnaissance de mes parents.

Son oncle, un homme âgé d'une cinquantaine d'années un peu bedonnant lui sourit avec bienveillance. Sa tante quant à elle, lui lança un regard noir.

— Vous êtes en retard, Mademoiselle. Nous vous attendions pour le dîner.

Sa voix avait sèchement claqué dans le silence de la nuit. Gabrielle se mordit les lèvres et baissa la tête.

— Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour ce contre-temps, le trajet a été long.

Sa tante s'approcha d'elle et lui attrapa la main sans délicatesse.

— Qu'avez-vous sur vos mains ?

— Ce sont des taches d'encre, j'ai écrit dans la calèche.

— Vous penserez à vous lavez, nous ne sommes pas à la campagne ici.

Eugénie du Roscoat allait ouvrir la bouche pour lui faire une nouvelle remarque désagréable, mais son époux lui coupa la parole.

— Mon amie, nous sommes ravis de vous recevoir chez nous. Notre valet va se charger de vous indiquer votre chambre, vous devez être épuisée. Nous ferons plus ample connaissance demain.

Gabrielle hocha la tête, fit une petite révérence et sortit du salon. Une fois dans le couloir, elle lâcha un soupir de soulagement. Elle n'avait pas imaginé une seule seconde que sa tante puisse être une femme aussi désagréable et peu accueillante. Le valet ouvrit une porte dans un long couloir et la fit entrer dans une petite chambre bien aménagée. Un large lit visiblement très confortable y était installé, une jolie coiffeuse se trouvait à côté de la fenêtre et une petite porte devait mener à une salle pour qu'elle puisse y faire sa toilette. Elle remercia le valet et s'assit sur son lit, heureuse d'être enfin arrivée. Elle retira ses chaussures et trouva, posée sur une chaise, une chemise de nuit qui l'attendait. Elle défit elle-même les lacets du corsage de sa robe en se tortillant dans tous les sens et partit se laver les mains et le visage. Elle enfila ensuite la chemise de nuit et se glissa avec bonheur entre les draps propres de son lit.

***

Gabrielle ouvrit un œil avec difficulté. Un rayon de soleil chatouillait son visage et l'avait réveillée. Elle grogna de manière peu gracieuse et s'étira longuement en baillant. Elle aurait apprécié dormir plus longtemps, mais le soleil semblait déjà haut dans le ciel, et elle ne voulait pas que sa tante lui reproche d'être une paresseuse. Elle sauta au pied de son lit et partit se débarbouiller sans attendre. Quand elle retourna dans sa chambre, une jeune femme d'une vingtaine d'années était en train de tirer les draps de son lit.

— Bonjour ! lui lança Gabrielle joyeusement. Je suis Gabrielle !

La jeune fille sursauta et lui fit une révérence maladroite. Gabrielle éclata de rire et la fit se relever d'un mouvement gracieux.

— Pas de ça avec moi ! Je refuse que l'on me fasse des révérences ! Comment vous appelez-vous ?

— Je... Je suis Margot... balbutia la servante.

— Je suis ravie de vous rencontrer ! C'est vous qui m'aviez préparé une chemise de nuit hier soir ?

Margot hocha la tête en silence.

— Merci beaucoup d'y avoir pensé ! Que me conseillez-vous comme tenue pour aujourd'hui ?

Gabrielle vit Margot rougir, décontenancée.

— Vos toilettes n'ont pas encore été montées dans votre garde-robe, répondit la servante.

Gabrielle fronça les sourcils, étonnée.

— Je vais aller voir ça avec ma tante, ne vous inquiétez pas !

La jeune femme enfila un long chandail par-dessus sa chemise de nuit et sortit pieds nus dans les couloirs de l'hôtel particulier. Elle ne connaissait pas l'endroit mais elle était ravie de partir à sa découverte. Elle arriva en haut d'un escalier d'où elle put surprendre une conversation. Elle reconnut la voix aigrie de sa tante, mais elle ne connaissait pas l'autre voix. Elle comprit rapidement qu'il s'agissait de sa cousine.

— Mère ! lança-t-elle d'une voix stridente. Je refuse qu'une campagnarde ait plus de toilettes que moi ! Je vais ressembler à une souillon à côté d'elle !

Gabrielle se pencha au-dessus de la rampe et aperçut ses nombreuses malles empilées au pied de l'escalier. Eugénie du Roscoat, les bras croisés sur sa poitrine, regardait sa fille Aliénor fouiller dans les affaires de Gabrielle. Elle en sortit plusieurs robes et les regarda, pleine de jalousie.

— Puis-je savoir ce que vous cherchez dans mes malles ? demanda Gabrielle, agacée, en descendant l'escalier.

Aliénor la regarda et une lueur de jalousie brilla dans ses yeux. Elle jeta la robe dans la valise et tourna les talons sans rien dire.

— Ma chère nièce, je ne sais pas où vous avez été éduquée, mais il est très impoli d'interrompre une conversation. De plus, il est particulièrement inconvenant de se balader dans les couloirs en tenue de nuit comme vous le faites.

Sa tante prit un regard désespéré et regarda avec dégoût les pieds nus de Gabrielle. La jeune femme contint son agacement et lui répondit avec douceur.

— Ma tante, je vous prie de bien vouloir excuser mon interruption spontanée ainsi que cette atteinte à la pudeur, mais je voulais savoir pourquoi mes malles n'étaient pas encore arrivées jusqu'à ma chambre. J'espère en tout cas que vous avez passé une nuit reposante et agréable.

Gabrielle termina sa phrase dans un sourire qui dévoila ses dents parfaitement rangées. Elle descendit complètement les escaliers, interpella un valet et demande à ce qu'on monte ses affaires. Il s'exécuta immédiatement, sous le regard froid d'Eugénie du Roscoat.

***

Coucouuuuu les zamiiiiiis je suis de retour !!

Dans ce chapitre, on rencontre de nouveaux personnages, j'espère que vous avez aimé !!

Que pensez-vous de Gabrielle ? 

D'Aliénor et de sa mère ? 

Allez gros bisous, merci mille fois d'avoir lu ce chapitre, et je vous donne rendez-vous trèèèèès bientôt hihihi

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