Chapitre 11
L'après-midi passa rapidement pour Gabrielle, heureuse de la nouvelle que Madame de Polignac lui avait annoncé. Sa tante lui fit vivre un enfer tout au long de la journée, mais elle en fit totalement abstraction. Eugénie du Roscoat était juste étouffée par la jalousie. Elle voulait simplement faire enrager sa nièce et trouver quelque chose à lui reprocher. Et Gabrielle ne souhaitait absolument pas lui donner ce qu'elle voulait. La jeune femme resta donc charmante jusqu'au dîner. A aucun moment elle ne se départit de son sourire.
Assise à côté d'elle, sa cousine Aliénor n'en menait pas large. Elle réalisait peu à peu que Maxime de Montauban ne lui fera jamais sa demande en mariage. Mais elle ne comprenait pas pourquoi. Sa mère refusait de lui donner la moindre information, et son père s'enfermait dans un mutisme effrayant dès que le sujet était abordé. Les larmes aux yeux, elle contemplait les morceaux de pomme de terre qui flottaient à la surface de sa soupe. Elle renifla bruyamment, attirant l'attention de sa mère.
— Mon enfant, pourquoi avez-vous une mine si renfrognée ?
Aliénor leva les yeux vers elle sans répondre. Elle lâcha sa cuillère en argent dans son assiette de soupe, éclaboussant la nappe jusqu'à lors immaculée.
— Aliénor, sachez qu'une jeune femme de votre rang doit toujours rester digne. Quelle que soit la situation.
Voyant que ses paroles ne consolaient pas sa fille, Eugénie du Roscoat décida de s'en prendre à son innocente nièce.
— Je pense écrire une lettre à Monsieur de Saint-Just. Je remarque que Gabrielle a une très mauvaise influence sur vous. Depuis qu'elle est là, je trouve que vous vous laissez de plus en plus aller.
Gabrielle leva un sourcil, étonnée d'être mêlée à cette histoire, mais elle choisit de ne rien répondre. Elle termina sa soupe en quelques coups de cuillère et demanda à son oncle de quitter la table familiale.
— Gabrielle, ne daignez-vous pas nous honorer de votre présence pour le reste du souper ? lui demanda sournoisement sa tante.
— Non, je dois ne pas me coucher trop tard ce soir, je ne veux pas prendre le risque d'avoir les traits tirés pour ma présentation à la reine.
La réponse de la jeune femme frôlait l'insolence. Elle conclut sa phrase par une révérence gracieuse et un sourire charmant. Elle grimpa ensuite les escaliers à toute allure pour se réfugier dans le confort de sa chambre. Margot était assise sur le sol de sa chambre à côté d'un tas de couvertures. Les petits chats que Gabrielle avait trouvés le matin étaient couchés et dormaient à poings fermés. La jeune servante les caressait doucement.
— Ils sont adorables, dit Gabrielle d'un ton attendri en s'agenouillant à côté de Margot.
La servante sursauta et se releva. Elle effectua une courbette maladroite qui fit rire doucement la jeune noble.
— Que souhaitez-vous porter demain pour votre rencontre avec Sa Majesté ?
— J'ai entendu dire que l'ambiance était assez détendue au Trianon, je vais choisir une robe simple et chaude.
La jeune femme commença à regarder les robes que Margot lui montrait. Robes de taffetas, tissus chamarrés, jupons épais recouverts de gaze légère, le défilé des robes ne s'arrêtait plus. La garde-robe de Gabrielle était incroyable. Alors qu'elle se penchait sur une tenue bleu marine décorée de fils d'or, quelqu'un toqua à sa porte.
Gabrielle ouvrit la porte et tomba nez à nez avec le visage déplaisant d'Eugénie du Roscoat.
— Ma chère tante ! Qu'est-ce qui vous amène jusqu'à ma chambre ?
La jeune femme remarqua immédiatement l'air triomphant de sa tante. Elle tenait à la main un petit papier légèrement chiffonné, comme s'il était passé entre les mains de tous les membres de la famille du Roscoat. Madame du Roscoat brandit la missive d'un air supérieur. Elle la secoua sous le nez de Gabrielle.
— Mademoiselle, ça c'est le ticket d'entrée d'Aliénor à Trianon pour demain. Le jour où vous éclipserez la plus belle femme de la cour n'est pas encore arrivé.
Gabrielle, bien que surprise, afficha un sourire qui se voulait bienveillant.
— Quelle joie ! Aliénor doit être très heureuse !
Eugénie du Roscoat jubilait.
— Ce billet signe aussi le retour de son fiancé ! ricana-t-elle.
— De son fiancé ? demanda Gabrielle, sceptique. Maxime de Montauban ?
Sa tante n'eut pas le temps de répondre. Aliénor déboula dans le couloir comme une furie.
— Mère ! Que vais-je bien pouvoir mettre pour demain ? Aucune de mes tenues n'est assez riche et distinguée pour rencontrer la reine !
Sa tante, paniquée, lui répondit d'une voix stridente. Gabrielle grimaça face à toute cette agitation inutile.
— Ma tante, ma cousine, je vous souhaite une très bonne nuit !
Elle ferma alors la porte sur le bruit insupportable que faisaient les deux femmes dans le couloir. Gabrielle ne connaissait pas le contenu de cette lettre, mais elle trouvait cette histoire étrange. Le matin même, Maxime de Montauban affirmait qu'il ne ferait jamais de demande en mariage à Aliénor. A présent, il était de nouveau dans la course pour la main d'Aliénor.
Monsieur de Montauban représentait tout ce que Gabrielle détestait chez un homme. Imbu de lui-même et instable. Il lui suffisait de croiser les yeux bleus de sa cousine pour céder à tous ses caprices. Elle soupira et choisit sa robe pour le lendemain. La bleu marine ferait parfaitement l'affaire.
La nuit fut courte pour la jeune femme. A l'aube, elle fut réveillée par un remue-ménage incroyable. Elle enfila un déshabillé de dentelle pour couvrir sa tenue de nuit et sortit dans le couloir. Sa tante courait dans tous les sens en criant sur une coiffeuse et une couturière.
— Dépêchez-vous donc un peu ! Ma fille doit être prête dans moins de trois heures ! Où diable votre responsable vous a-t-elle dénichées ? Vous êtes d'une lenteur abominable mes pauvres filles !
Les deux femmes suivaient Eugénie du Roscoat tant bien que mal, les bras chargés de matériel en tout genre. Elles semblaient essoufflées et déjà fatiguées de devoir affronter la montagne de travail qui les attendait.
Madame du Roscoat passa en coup de vent devant la chambre de sa nièce et ne la remarqua même pas. En passant devant elle, la couturière fit tomber son nécessaire sur le sol dans un vacarme assourdissant. Les aiguilles, les dés à coudre, les bobines de fil roulèrent dans tout le couloir. La femme poussa un petit cri de surprise.
— Espèce d'incapable ! brailla Madame du Roscoat en constatant le désordre qui régnait dans le couloir.
Elle se rendit ensuite compte de la présence de Gabrielle sur le pas de la porte de sa chambre. Elle pointa vers elle un doigt accusateur.
— Vous êtes responsable de sa chute ! Petite garce !
Le visage de Gabrielle se décomposa. Elle n'était évidemment responsable de rien. Elle voulut refermer la porte de sa chambre, mais sa tante se précipita dans l'entrebâillement et en bloqua la fermeture.
— Vous n'allez pas vous en tirer comme cela ! Vous essayez de saboter l'arrivée d'Aliénor à Versailles. Votre jalousie vous perdra ! Vous savez quoi ? Vous allez passer votre journée dans votre chambre.
Gabrielle n'eut pas le temps de répondre que sa tante claquait la porte. Elle eut tout juste le temps d'entendre le cliquètement d'une clef qu'on sort d'une poche que déjà, elle était enfermée à double tour dans sa chambre. La jeune femme eut beau appuyer sur la poignée, la porte demeure désespérément close. Elle tambourina de toute la force de ses poings sur le bois mais personne ne vint lui ouvrir. Sa tante venait d'anéantir ses chances d'être introduite à la reine. Si elle ne se rendait pas aujourd'hui à Trianon, elle pouvait dire adieu à ses espoirs de donner des cours de musique à Marie-Antoinette.
Malgré tout, la jeune femme s'habilla et se prépara. Margot voulut l'aider, mais elle était coincée de l'autre côté de la porte. La pauvre servante était désolée du sort qui était réservé à sa charmante maîtresse, mais elle ne pouvait rien y faire. Jusqu'au dernier moment, Gabrielle garda espoir que sa tante déverrouille la porte, mais il n'en fut rien. Par la fenêtre, elle vit la calèche des Roscoat s'arrêter devant l'hôtel particulier. Elle aperçut la silhouette de sa cousine y entrer, accompagnée du dragon qui lui servait de mère. Et la calèche partit vers Trianon, sans Gabrielle.
***
Hello les amis !!! Je suis désolée de mon absence des dernières semaines... :( Mais ne vous inquiétez pas, je suis de retour !!!
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Que pensez-vous du comportement de Maxime de Montauban ?
Et de notre chère Eugénie ?
J'espère que vous avez passé un bon moment sur cette histoire, et je vous dis à très (très) bientôt !!!
Et n'oubliez pas de laisser un petit commentaire et un vote si vous aimez mon histoire ! C'est un tout petit mini geste pour vous, mais c'est vraiment très gratifiant pour moi !
Je vous fais de gros bisous ! Merci de me lire <3
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