Chapitre 9


PDV Espen

La tête plongée dans cette putain de paperasse, la porte de mon bureau s'ouvre brutalement avant que des pas lourds s'approchent dangereusement de moi.

Je jette un coup sur ma montre avant d'esquisser un léger sourire. Il est arrivé plus tôt que prévu. Pour une fois qu'il n'est pas en retard.

Si blesser sa soeur lui permet d'arriver à l'heure, alors autant que je recommence le même processus.

— Je vais te tuer, Espen !  hurle Matteo.

— Bonjour, Matteo. Oui, je vais à merveille et toi ?

— Ne me prends pas pour un con, cabron ! Je t'ai gentiment demandé de veiller sur ma soeur et on m'annonce que tu l'as kidnappé et que t'as shooté trois mecs devant elle. Almira n'était pas censé voir un truc pareil, bordel !

Lentement, je me vautre dans sur siège et l'adresse un regard sanglant. Pendant quelques secondes, il est déstabilisé et semble avoir perdu son courage de m'affronter.

Il a intérêt de se calmer. Il a cru que j'étais sa pute pour qu'il m'adresse ainsi ?

Personne ose m'adresser la parole avec peu de respect, ni même les membres de ma famille et ça n'a pas l'intention de changer !

— Matteo, tu as cru que j'étais une putain de babysitter ? Si ta frangine se tenait à carreau, elle serait pas dans ce pétrin. Tout ça, pourquoi ? Pour des études. Elle ne peut pas se contenter d'un taf dans un club ?

— Espen, elle n'a jamais vécu au Mexique et elle n'a pas du tout la même mentalité que nous ! Et si ma soeur veut faire ses études, ça ne regarde que elle et moi !  Almira est une fille respectueuse  et avec des grandes ambitions, pas comme tes putes que tu sucent le soir.

— Continue à me parler avec ce ton et je te saute un ongle ! je tonne en cognant mon poing sur le bureau. Je suis pas ta mère pour que tu me parles comme ça.

Matteo souffle bruyamment et la porte s'ouvre, laissant Antonio et la gamine nous joindre à notre discussion électrique. Quand la gamine croise mon regard sombre, c'est dans le sien que je lis l'effroi et la peur. Elle détourne les yeux et ignore son frère qui tente de la prendre entre ses bras.

Je ricane et tous les regards se braquent sur moi. Même la gamine ne respecte pas son frangin, quelle famille de fou !

Heureusement qu'Antonio est avec nous sinon je douterai que les deux Perez sortiraient d'ici indemne.

— Réglons ce problème une fois pour toute, annonce Antonio avec sa voix remplie de sagesse.

— Ouais, essayons, dis-je, las.

— Almira a commis une erreur en te défiant mais tu es aussi fautif dans l'histoire, Espen. Tu pouvais procéder autrement sans pour autant la blesser...

— Blesser ? En plus il t'a blessé ?! s'égosille Matteo en se tournant vers sa soeur.

Celle-ci l'ignore une seconde fois.

— Je disais sans pour autant la blesser et tuer trois hommes sous ses yeux, reprend Antonio. Quant à Matteo, tu étais censé dire à ta soeur qui nous sommes. Comment tu as pu laisser ta soeur vivre ici sans qu'elle sache que nous sommes tous des criminels ?

— Je...

— Il savait que je n'allais pas accepter son offre s'il m'avouait que vous trempez tous dans des affaires illégales, interrompt la gamine d'une voix sèche. Mais maintenant, je le sais désormais. Ce que je veux c'est reprendre mes études, pourquoi m'en empêcher ?

— Parce que ça ne vaut pas la peine. Les études ici sont trop dures pour une fille et le mieux pour toi c'est d'accepter ta place.

— Ma place ? répète-t-elle, confuse.

— Tu sais ce que mon père me disait ?     Si on donne aux femmes l'accès au savoir et aux  connaissance, elles feront un carnage dans ce monde ! Ce que j'essaie de te dire, tu devrais rester à ta petite place de femme au lieu de faire chier les couilles de tout le monde avec tes études.

Elle fronce les sourcils et échange un regard avec son frère qui grimace.

Dans ma famille, les hommes ont toujours été dominant et pour nous, les femmes sont justes des soumises. Leur rôle est assouvir nos désirs et rester dans leur coin jusqu'à qu'on les convoque. Cette histoire d'études me fait bien rire ... surtout cette gamine !

C'est une gringa  (américaine) ignorante qui ne connaît pas les codes de ce pays.

— Ma place ? C'est-à-dire une petite femme au foyer qui fait d'office d'objet sexuel ? Donc pour toi, je devrais fermer ma gueule et l'ouvrir uniquement pour sucer une bite ? demande-t-elle calmement.

— Enfin, nous y sommes ! je m'écris, faussement heureux. Si tu as enfin compris alors nous pouvons tourner la page.  Maintenant tu peux retourner dans ta chambre...

— Non.

Je hausse un sourcil tandis que la gamine s'approche de moi en contournant le bureau. Matteo s'affole mais Antonio lui tient le bras.

— Il me semble que tu n'as pas compris...

Ma tête pivote brusquement à gauche avant que je ressens des picotements sur ma joue. Je reste stoïque, refusant d'accepter le fait qu'une fille vient tout juste m'asséner une gifle mais pourtant les halètements des gars me prouvent que je ne suis pas victime d'une hallucination.

Cette connasse vient de me gifler !

— Ta gueule, connard. Si tu as l'habitude que des filles s'agenouillent devant toi et t'offrent à toi, ce n'est pas moi, Almira Perez, qui vais perdre ma dignité pour un homme, encore moins pour un crétin comme toi ! tonne-t-elle, furieuse.

Je voulais lever ma main mais celle-ci est paralysée sur le bureau. Je n'arrive pas à bouger mes membres. Bordel, qu'est-ce qui m'arrive ?

— Oh... c'est la première fois qu'une fille te boucle le bec ? Ne t'inquiète pas, t'auras l'habitude avec moi.

Elle me fixe avec tant de fureur mais pourtant, je vois bien derrière son jeu. Je sais qu'elle a peur. Elle a peur de moi. Sa petite comédie ne fonctionne pas avec moi et encore, je trouve que ça m'amuse un peu.

Elle veut jouer à ça avec moi ? La gamine ne sait pas où elle s'aventure.

— Je pense que tu devrais retourner dans ta chambre, intervient Antonio, le visage pâle.

La gamine me tourne le dos et s'en va, me laissant avec les deux zouaves. Comme par hasard, je retrouve la fonctionnalité de mes membres et pendant quelques secondes, je suis confus par ce qu'il vient de se passer.

Pourquoi je ne pouvais pas bouger un doigt ? Suis-je en train de choper une maladie ? Putain, je suis encore jeune pour crever !

La gamine avait vraiment de la chance que mon corps s'est mis à beugué sinon depuis longtemps j'aurai enfoncé mon poing dans sa gueule de peste ! Femme ou pas, je m'en ballec et je frappe.

— Espen, je t'en supplie, laisse-la tranquille, me supplie Matteo.

Lentement, je me lève et me dirige jusqu'au petit salon. J'attrape le dossier qui traînait sur la table et le plaque durement contre son torse, suivit d'un regard sombre.

— Je t'envoie en mission pour quatre jours. Tous les détails sont dans le dossier, je lui annonce durement.

— Mais, je...

Sans qu'il attende, je l'attapre par sa nuque et colle son front contre le mien.

— Tu commence sérieusement à me casser les noix, Matteo. Tu fermes ta gueule et tu obéis sinon c'est la gamine qui en paiera les frais, compris ?! je lui chuchote d'un air menaçant.

Il pousse un soupir tremblant avant que je le repousse.

— Surveille la gamine et dis à Gaël de retrouver Elsie, dis-je à l'intention d'Antonio.

Il opine avant de s'en aller à son tour et Matteo le suit de près.

Quand la porte se ferme de nouveau, pris par un élan de colère, je valse tout ce qu'il y a sur mon bureau au sol. Le souffle erratique, je passe un coup de fil avant de m'en aller aussi.

Je hais cette gamine. Depuis que j'ai posé mes yeux sur elle, il y a un truc qui m'intrigue. Cette fille n'est pas comme les autres et c'est sûrement cette différence qui me fait chier. Elle a plus de caractère que je croyais...

Elle n'est pas comme les autres filles qui se contentent de ce qu'on leur donne. Non, cette chose veut plus ! Elle a un but.

Mon égo de dominant prend un coup parce que c'est la première fois qu'une fille me tient la tête sans que je rispote. Ni ma salope de mère et ni ma stupide de soeur ont osé de me défier.

Mais cette Almira, elle débarque fraîchement ici avec la mentalité d'un américain débile et elle ose me prendre la tête sans réfléchir aux répercussions.

Je la hais.

Je hais les femmes.

Et je crois avoir trouvé une nouvelle victime.

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