Chapitre 82

La fin avance à grand pas !! Merci à ceux qui lisent toujours mon histoire ! Cœur sur vous ! ❤️

N'oubliez pas de voter ⭐️







Ses yeux bruns, sa moustache que j'avais tendance à critiquer, ses joues fines et cet air sévère...

C'est bien mon père.

On s'enlace et après des pleurs, des rires et des câlins, nous voici à l'intérieur de son chalet et je lui raconte comment j'ai réussi à venir jusqu'à lui. Depuis le début de nos retrouvailles, nos mains sont toujours liées.

Je n'ai jamais été aussi tactile avec mon daron mais aujourd'hui, c'est un grand jour. Je le retrouve après des mois croyant qu'il était vraiment mort. Depuis le début, j'étais sûre qu'il était vivant, mon père est plus malin qu'on croit.

— Sinon toi, pourquoi ces chiens de Rodriguez t'ont kidnappé ? Comment tu t'es sorti ?

Je l'entends soupirer.

— Francesco était un de mes amis proches et il était assez ambitieux. Lors de tes deux ans, il m'a proposé un plan complètement suicidaire mais qui, d'un côté, nous allait rapporter beaucoup d'avantages, explique-t-il avec sa voix grave.

— Infiltrer le clan Rodriguez, je devine avec l'air pensif.

Excatemente, hija. En vrai, je voulais refuser, je savais que si j'acceptais, je mettrais plusieurs vies en danger mais j'étais un sombre connard à l'époque et j'étais à la conquête de notoriété. J'ai donc accepté de participer à ce plan tordu. Le but était simple, s'infiltrer, recueillir des infos compromettantes et détruire les Rodriguez afin de nous accaparer leur importante place aux states.

— Attends, papa. Comment ça voler leur place ?

Je me focalise sur lui mais comme à chaque conversation sérieuse, ses doigts deviennent soudainement intéressants pour lui. Je soupire fortement et m'éloigne de lui.

— Alors ?

— Les Rodriguez sont les premiers distributeurs de drogue aux states. Si j'avais réussi la mission, eh bien, je les aurais remplacés et on sera lié avec les autres familles.

Mais je ne comprends toujours pas. Face à mon air incrédule, Nico tente de m'expliquer :

— Les Hernandez, Gonzalez, Vargas et Reyes n'ont pas d'alliés fixes aux USA à part quelques petits gangs de merde qui changent de veste presque tous les jours. Je pense que si ton père avait réussi sa mission et détruisait le clan Rodriguez, il serait à la tête d'un nouveau clan installé aux États-Unis et cela sera bénéfique pour les autres quant à leur affaires.

Un petit cri offusqué s'échappe de ma bouche et je me rassoie, dévisageant mon daron comme s'il est devenu timbré. Enfin rectification, il est timbré !

Je sais que tout le monde veut s'accaparer un peu de pouvoir mais pas au point de foutre sa famille en danger !

Ma main me démange fortement mais je me rappelle durement que ce fou reste tout de même mon père.

— Laisse-moi deviner le reste : les Rodriguez ont su pour ton plan et ils t'ont kidnappé, je lâche amèrement.

Difficilement, il acquiesce.

— J'arrive pas à y croire. Pour un peu de pouvoir, tu as mis nos vies en danger. Est-ce que tu te rends compte que Matteo, Alira et moi on risque beaucoup à cause de ta putain de connerie ?!

C'est vraiment écoeurant de sa part. J'ignorais que mon père est un putain d'égoïste. Pour un peu de pouvoir, il a brisé sa propre famille. Il s'est separé de sa femme et il m'a privé d'une soeur et d'une mère.

Il se tend et alléluia ! Papa me regarde enfin.

— Tu as rencontré Alira ? me demande-t-il.

— Oui et elle s'en balance de toi comme moi je m'en fiche de Léna. Bref, maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

— le chef réprime les Rodriguez, je pense qu'après ça on sera tranquille, répond Nico avec un moue.

Méfiante, j'opine.

Même s'il les réprime comme des mouches à merde, je crains s'ils reviennent et gâche à nouveau notre vie. Je viens de retrouver mon père et je ne veux pas qu'on me le reprenne, il faudra me battre pour ça.

Nico nous laisse un peu d'intimité et mon père revient avec deux tasses de chocolat chauds.

— J'ai merdé, Mira. J'étais con pour abandonner ma famille et me préoccuper du pouvoir. Je regrette tellement mes erreurs du passé. Parfois je me demande si c'était pas mieux que je laissais votre mère vous éduquer toutes les deux.

— Tu m'a menti. Tu m'avais dit que ma mère était morte mais j'apprends plus tard qu'elle est vivante et que j'ai même une sœur jumelle.

— C'était pas facile de choisir. Ta mère ne voulait pas me suivre et je ne voulais pas abandonner mes deux trésors. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ma tête mais je t'ai emmené avec moi et je ne me suis même pas rendu compte de la connerie que j'ai faite.

Les conneries, je le rectifie avant de boire quelques gorgées.

Il me fixe avec une moue triste et je décide de tourner davantage le couteau dans la plaie.

— Non seulement tu as choisi le pouvoir mais tu m'as privé de ma mère et de ma sœur. Mais ce n'est pas tout, tu n'as même pensé une seconde ce que Léna a pu sentir lorsqu'elle a découvert mon berceau vide, dis-je avec amertume. Elle a perdu une de ses filles et elle a pris peur en pensant que t'allais revenir et lui piquer Alira. Pendant plus de vingt ans, elle s'est réfugiée au Panama. Elle avait peur de toi.

Mon père se met à pleurer et comme d'habitude, j'ignore. Papa a toujours été un gros sensible. Ça lui arrivait souvent de chialer en repensant à ses erreurs ou à ses négligences. Je m'en rappelle qu'un jour je lui avais avoué que je ne me sentais pas bien mais il m'a tout de même forcé d'aller au collège. Résultat : je me suis retrouvée à l'hôpital avec quarante degrés de fièvre et mon père s'est mis à chialer tout en s'excusant de ne pas m'avoir cru.

Il pleure même pour des films à l'eau de rose...

— J'ai merdé tant que ça ? demande-t-il entre deux sanglots.

Je grimace et pose mon mug vide sur la table.

— Ouais, t'as vraiment merdé, j'avoue péniblement.

Ses pleurs résonnent dans le salon et je me mets à fixer le plafond, un peu embarrassée par la situation.

— Mais comme tu es mon père, je te pardonne. Comme toujours.

— Tu n'es pas obligée, Mira...

Shttt, c'est bon maintenant. Je ne veux pas qu'on ait de rancœurs entre nous.

Nico revient, le souffle légèrement haletant, un petit téléphone dans la main.

— Le chef arrivera bientôt. Ils ont réussi à réprimer les Rodriguez, nous annonce-t-il soudainement.

***

Deux jours se sont passés après la défaite écrasante des Rodriguez et j'ai l'impression que tout est redevenu comme avant. Maintenant, je n'ai plus tout un clan qui veut me kidnapper et mon père est enfin libre.

Tout est comme avant et ça me fait tellement du bien.

Enfin, pas tout est comme avant mais on va épargner les détails, hum...

J'ai insisté à papa qu'on descende s'installer en ville mais il a toujours été brûlé. Il souhaite vraiment qu'on reste dans ce chalet perdu au milieu de nul part ! Selon lui, il trouve une certaine sérénité et il adore observer les flocons de neige danser dans l'air.

Je pense surtout qu'il a peur de s'exposer au monde. Il a vécu une expérience traumatisante ; pendant des mois, il a été séquestré et torturé.

Malgré ses tatouages qui lui couvrent la totalité de son épiderme, je distingue sa peau qui est toujours bien abîmée suite aux derniers coups. Mais ce n'est pas tout, dès que je le touche, il sursaute et s'affole.

Il va lui falloir du temps pour reprendre goût à la vie et cette fois-ci, ça sera à moi de le protéger. Mon père est ma moitié, il est ma pierre précieuse. Certes il n'est pas parfait, il a des imperfections mais cela le rend beau. Il est impossible pour moi d'être en colère contre lui pendant plus de deux heures.

J'enfile une veste et je le rejoins dehors. Les mains croisées au bas du dos, papa flâne près des sapins. Je m'approche lentement de lui, un petit sourire aux lèvres.

— Il va arriver, je lui annonce.

— J'espère qu'il s'est perdu en chemin. J'espère même qu'il est tombé dans une crevasse et qu'il s'est pété la cheville.

— Papa !

— Excuse-moi si je me comporte comme un gamin mais je n'ai pas très envie de voir Reyes. Il t'a utilisé et désormais, tu portes son nom, crache-t-il avec un air de dégoût.

Je roule des yeux et arrache une branche de sapin.

— Mais il me traite bien. Bon j'avoue qu'au départ, il m'a séquestré puis il a tué des gens sous mes yeux et...

Je m'arrête quand papa me mire avec horreur. Maladroitement, je tente de me rattraper :

— On ne s'aimait pas mais avec le temps, ça s'est changé. Et il ne joue pas avec moi si tu veux le savoir ! On ne l'a jamais fait ensemble.

— Ça me rassure un peu mais ne m'en veux pas si je fais le père relou. D'un côté, en voulant t'éloigner de la mafia, je voulais t'épargner ces injustices, m'explique-t-il avec une moue. Je voulais te voir grandir comme un enfant normal, je voulais te voir jouer et être insouciante. Je voulais même que tu choisisses ton partenaire et que tu me le présente un jour...

Il s'en veut, je le sais. Pourtant ce n'est pas totalement de sa faute.

Il appréhende ma relation avec Espen et franchement, je le comprends. Il connaissait un peu Espen et ce dernier lui a laissé une mauvaise impression. Espen est connu comme un type sans cœur et qui prend plaisir en torturant des âmes perdues. Oui, Espen est un sadique, il se nourrit de la peur des autres...

Mais avec le temps, j'ai réussi à dompter l'animal même si c'est dur.

— Je te force pas à l'apprécier ou pas mais juste, ne le tue pas, dis-je finalement en arrachant les feuilles sur la branche.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top