Chapitre 8

PDV Almira

Mes larmes ne veulent pas s'arrêter et cette vue d'horreur me donne la gerbe. Gaël me détache prudemment comme si je m'apprêtais à fuir mais putain si j'étais assez forte, je le ferai ! Mais mes jambes sont paralysées de peur et je n'arrive pas à détourner l'oeil de ces trois types qui ont perdu la vie.

À cause de moi.

À cause de ma naïveté.

À cause de moi selon ce connard d'Espen.

Maintenant, il veut que j'enterre les corps... mais comment il veut que je fasse unn truc pareil ? Je viens d'assister à un meurtre et si je le fais, je serai considérée comme complice !

Et je ne veux pas être complice d'un assassin !

— Aller lève-toi avant qu'Espen s'énerve, me dit le blond d'un air froid. Mes gardes vont porter les corps à la camionnette et tu viendras avec moi.

J'entoure mes bras autour de moi, les lèvres pincées.

— Pourquoi il m'a fait ça ? C'est injuste, je chuchote, la voix fluette.

— Parce que tu l'as mérité. Aller, grouille-toi.

Il me force à me lever et je lui suis en traînant des pieds, la tête vide.

Nous entrons dans une camionnette blanche et quelques minutes après, le blond démarre en trombe.

Des frissons me parcourent l'échine juste en imaginant que trois corps sans vie se trouvent derrière moi et enroulés dans des bâches. Fait chier, il fallait que je balançais Elsie ! Si je l'avais dénoncé, peut-être que ces hommes n'auront pas perdu la vie.

Mais une pensée m'effraie encore plus et l'espèce de brouillard que j'avais au-dessus de la tête commence à s'éclaircir. Espen n'est pas un entrepreneur comme je l'ai jugé. Il fait partie d'un réseau ou d'un gang mais quant à mon frère... Matteo... non il ne peut pas être fou comme son pote.

Matteo ne peut pas être un gangster. Il est tellement doux avec tout le monde, j'ai du mal à le voir prendre plaisir en ôtant la vie des autres.

Gael arrête la camionnette dans un trou paumé. On dirait que nous sommes à la lisière d'une forêt.

— Je porte les cadavres et c'est toi qui les enterre.

Et me voici devant trois cadavres, une pelle à la main. Gael est adossé contre un arbre et je commence à creuser sans réfléchir. Si je fais pas ce qu'Espen m'a dit, il est capable de pire !

Mon père doit sûrement m'observer depuis là-haut et je comprends qu'il ait honte que sa fille a touché le fond. Je n'aurai jamais pensé qu'un jour je serai complice d'un meurtre et vivre sous le toit d'un malade mentale. Il est peine perdu de dénoncer Espen, c'est évident qu'il a des connaissances au sein de la police et au lieu que ça soit lui derrière les barreau, ça sera moi.

J'enlève les bâches qui dissimule les corps et je recule d'un pas, à nouveau horrifiée de voir trois mecs morts avec une balle entre les yeux. Mon ventre serre et je détourne le regard, écoeurée.

— Dépêche-toi ! On n'a pas tout le temps, s'agace Gael.

— Je ne peux pas.

— Tu ne peux pas ? Espen t'a ordonné...

— Je m'en fiche de lui ! Il est hors de question que je les enterre et ne me force pas. Je peux bien répéter à ce connard que tu sautes sa soeur quand il n'est pas là.

Le blond ouvre grand la bouche, stupéfait.

— Comment tu sais ça ?  me demande-t-il en fronçant les sourcils.

— Peu importe mais d'après Matteo, vous n'avez pas le droit toucher les soeurs des autres. Si Espen le sait, je doute qu'il va apprécier que tu baises Elsie.

—  Donne-moi cette pelle.

Il m'arrache la pelle en grognant des mots et termine le travail.

De retour à la maison, je m'apprête à monter vers ma chambre mais une grande silhouettte me barre le chemin. Quand je croise ce regard, j'ai failli m'uriner dessus.

Ce mec va toujours apparaître devant moi comme le diable ?

— Où vas-tu ?

— Dans ma chambre...

— Parce que après tout ce que tu as fait, tu penses pouvoir dormir ici ? tonne Espen en m'attrapant par le chemin avant de m'emmener à nouveau au sous-sol.

Non, non ! Pas encore !

Il va encore me ligoter sur une chaise ?!

Je me débatte mais il pousse à l'intérieur de la pièce. Je m'écrase au sol, les genoux claquant contre le béton. La douleur me fait grimacer et je me lève difficilement.

— Estime-toi heureuse que je ne t'ai pas mis à la rue.

— Je préfère mille fois dormir dehors qu'ici ! Qu'est-ce qui t'en empêche de me foutre dehors?! je demande en lui foudroyant du regard.

Il fourre ses mains dans ses poches et me mire d'un air énigmatique.

— Parce que j'ai promis à ton frère de veiller sur toi. Je tiens toujours à mes promesses, dit-il en s'approchant dangereusement de moi. Ne t'inquiète pas, tu ne vas pas rester ici éternellement même si l'envie de te foutre dehors ne me manque pas. J'espère que ton petit séjour ici te fera comprendre de tes erreurs.

Je coupe ma respiration quand il attrape une mèche de mes cheveux entre ses doigts et l'ondule. Son regard se porte dans le mien et il m'effraie tellement que je pense avoir pissé un peu sur moi. Son regard est vide, j'ai l'impression de faire ça à un mort qu'à un vivant. C'est assez déstabilisant.

— Ma... Matteo est...

— Il est mon bras droit. C'est lui qui fait le sale boulot pour moi.

Je pousse un long soupir, ne sachant pas quoi penser. Bras droit ? Sale boulot ?

— Je suis à la tête d'un cartel, ton frère était censé te le dire mais il n'y avait pass assez de couilles pour le faire donc me voilà à t'expliquer, gamine.

Je ferme les yeux un court instant, déboussolée par sa révélation. Je comprends mieux pourquoi j'ai trouvé une arme dans sa chambre. Matteo a osé me mentir, il m'a pris pour une conne.

Comment il a osé me demander de vivre avec lui malgré son taf ? Il n'a pas la conscience propre ? Donc depuis tout ce temps, je côtoie des pseudos meurtriers et le fait dêtre avec eux me fait une suspecte. Pendant tout ce temps, je partageais le même toit avec des psychopathes.

Est-ce qu'il a pensé à ma sécurité ?

— Quand Matteo revient ?

— Demain soir. Tâche à bien te tenir.

Espen me lance un dernier regard avant de s'en aller, taquant la porte à double tour. Après tout, je le comprends parce que je suis capable de tout pour m'enfuir d'ici.

D'un coup, les lumières s'éteignent, me plongeant dans le noir obscur. J'essaie de réprimer mon angoisse mais quand j'entends des petits couinements de rat, je perds mon sang-froid et entoure mes bras autour de mon torse pour me protéger.

Respire Mira,

Respire !

Espen est en colère contre moi mais je sais que ça va bien se passer...

J'espère.

*
**

Alors que ça semble une éternité, j'entends des pas, puis le cliquetis de la porte avant que celle-ci grince. Je me suis allongée au sol mais quand j'apperçois ce faisceau de lumière s'aggrandir peu à peu, un espoir renaît en moi et je me lève difficilement, affaiblie.

— Dio, il n'est pas allé de la main forte.

— Antonio, c'est toi ?

Un silhouette s'arrête devant moi et aggripe mes épaules.

— Oui, c'est moi. Je vais t'accompagner jusqu'à ta chambre, me répond-t-il calmement.

Une inquiétude naît en moi.

— Mais Espen ? S'il sait que tu...

— Ce bâtard m'a envoyé de te libérer, me coupe-t-il durement. Ton frère arrivera dans une minute à l'autre, alors il me laisse le sale boulot ! J'espère que tu prendras ma défense devant ton frère.

— Mais pourquoi ? Tu es innocent.

— Pour lui non. Il m'a aussi demandé de veiller sur toi mais j'ai foiré. J'ignorais que tu passais un sale quart d'heure avec Espen.

— Mais on lui dira la vérité et...

— Malgré la vérité, ton frère n'osera pas se battre contre Espen alors il cherchera une personne pour verser sa colère et cette personne sera moi !

La situation est complexe que je croyais. À cause de moi, le pauvre Antonio risque une baston avec mon frère or qu'il n'a rien demander ! Si Matteo veut se battre, il devrait le faire contre ce con d'Espen. C'est lui qui m'a blessé et non Antonio.

Dans quelle merde je me suis mise ? Depuis le début, je devais l'écouter.

Je retrouve enfin ma chambre et Antonio ferme prudemment la porte derrière nous avant de se tourner dans ma direction.

— Je n'approuve pas ce qu'Espen t'as fait mais pourquoi tu t'es enfui ? Dis-moi la vérité et je pourrai t'aider à te sortir de ce problème.

— Le problème, c'est que ce batard me prend pour sa soeur ! Il ne veut pas que je reprenne mes études. Il se prend pour qui, ce débile ?, je siffle entre les dents. Trois hommes sont morts par ma faute parce que j'ai couvert Elsie. Je suis responsable de ça et maintenant, je me retrouve complice d'un assassinat !

L'homme pose une main réconfortante sur mon épaule et grimace légèrement.

— Espen a simplement voulu te protéger. Tu sais, il a du mal à bien se comporter avec les femmes.

Me protéger ?! Me protéger en tuant trois hommes ?! C'est quel genre de protection ?!

Antonio semble lire la colère dans mes yeux puisqu'il détourne le regard.

— J'ai rien à foutre de lui. Ma vie ne le concerne pas !

— Je vais faire le mieux que je peux pour qu'Espen te lâche la grappe. Maintenant, va prendre une douche, je vais t'emmener de quoi grignoter.

Impuissante, j'acquiesce et il me laisse seule dans ma chambre. Avec précaution, je taque la porte, peur que l'autre pingouin en costume italien débarque pour me péter les couilles. J'en profite prendre une douche et soigner ma blessure au niveau de ma tempe. Antonio revient avec un plateau avec quelques fruits avant de me laisser à nouveau seule et je balance mon téléphone dans l'autre côté de la pièce.

Fait chier ! Elsie ne répond pas aux appels. Après tout, qu'est-ce que j'attendais ? Elle a bien l'intention de rester cacher mais c'est certain que son diabolique de frère va faire le lien entre elle et moi.

Je présume qu'il n'est pas assez con.

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