chapitre 77

PDV Espen

Tout s'est passé drôlement vite. Une réunion s'est imposée entre la famille Gonzalez et Vargas et bien sûr, on m'a rejeté comme un déchet. Mon absence est le seul présent que je peux leur offrir après le carnage que j'ai produit dans cette église.

Mais visiblement, je n'étais pas le seul.

En dehors de l'église, j'allume une clope et aucun des mecs ne pipent un mot, tellement la situation leur a choqué. Par contre, je vois de loin Matteo s'approcher de nous d'un pas colérique et une fois en face de moi, il me décroche une droite.

Ma tête pivote brusquement et Niguel pousse un cri exagéré, attirant les regards des passants sur nous.

Je l'avais senti mais je l'ai laissé. Je le mérite après tout, je lui ai menti droit dans les yeux, j'ai osé poser mes doigts de meurtrier sur sa pierre précieuse.

— Espèce d'ordure ! Comment tu as pu me faire une chose pareille ! Je t'ai prévenu de te tenir loin de ma frangine ! siffle-t-il en me prenant par le col de ma cravate.

La joue endolorie, j'ancre mon regard dans ses yeux et remarque la colère le consumer.

— T'es mon meilleur pote, putain de merde ! Pourquoi il fallait que tu compliques les choses !

— Matteo, est-ce que tu préfères voir ta frangine se marier avec ce chien de Santiago ou bien avec moi ? je lui pose soudainement.

Il fronce les sourcils et lentement, je me défais de son emprise.

— Je savais que ce mariage avec Santiago t'angoissait Matteo et j'ai voulu t'aidé. N'oublie pas que je t'ai promis que je protégerai Almira coûte que coûte.

— Il y avait bien d'autres façons, nous fait remarquer Antonio. Pourquoi te marier avec elle, Espen sachant il y avait d'autres alternatives ? On était tous d'accord pour ce pacte mais d'après ce que je vois, il n'existe plus.

— Ce maudit pacte n'existe plus depuis qu'Elsie et Gaël l'ont violé. Espen, je te connais sur le bout de ma queue. En faisant signer les papiers de mariage à ma sœur, tu avais d'autres buts et ce n'était pas pour la préserver, souligne mon ami en m'arrachant ma clope entre mes doigts.

D'un côté il a raison. À ce moment-là, quand j'ai fait signer ces documents de mariage à l'insu d'Almira, j'ai plutôt pensé à sauver mes fesses. Les Hernandez et le vieux me rappelaient sans cesse que j'ai ce contrat de mariage avec l'autre connasse alors à ce moment-là, je n'ai pensé que pour ma peau. Il était hors de question que je finisse ma vie avec cette chienne d'Alexa !

Quelle horreur !

Donc, cette merveilleuse idée de me marier avec Almira m'est soudainement venue dans ma tête. Elle voulait à tout prix annuler son mariage avec Santiago et moi de même avec Alexa.

Une pierre deux coups.

— Réponds-moi, putain !

— Ouais, t'as raison, j'admets amèrement. En lui faisant signer l'acte de mariage, j'ai plutôt pensé à moi mais les circonstances ont changé.

Matteo ricane et aspire une bouffée de fumée avant de la recracher dans ma tronche. Je le laisse faire même si cette insolence de sa part me serre les couilles.

— Ah bon ? Tu vas me dire que t'aimes ma frangine ?

— Ouais, j'aime Almira.

— Mais tu ne sais pas aimer, Espen. Je te connais et tu es incapable d'éprouver le moindre sentiment ! Tu vas la faire souffrir ! s'emporte-t-il à nouveau.

Cette fois-ci, aucun mot ne sort de ma bouche non pas parce que je n'ai plus de réparti mais plutôt je me mets à réfléchir.

Est-ce que je suis encore ce genre d'homme ? Je ne sais pas mais une chose dont je suis certain c'est que je suis capable de sacrifier ma foutue vie pour elle et je n'oserai jamais faire du mal à Almira. Je lui ai déjà fait assez souffert lors de notre dernière dispute et cela me tue de l'intérieur.

Je la préfère la voir insouciante avec son sourire naïf. J'aime l'écouter quand elle m'explique ses connaissances barbantes sur la chimie et sur les plantes. J'apprécie sa présence apaisante. Elle est une des seules femmes qui peut rester auprès de moi. Je n'ai pas peur de son toucher et de sa proximité. Au contraire, chaque jour, je réclame sa putain de présence !

— Dans tous les cas, c'est mort. Jamais je te laisserai t'approcher d'elle, ajoute-il d'un ton sûr de lui.

— Essaie donc Matteo et tu verras comment je vais t'écraser comme la misérable merde que tu es, je réplique vivement en bombant le torse.

Il s'apprête à rétorquer mais Antonio nous annonce que les portes de l'église viennent d'ouvrir. Matteo rejoint le groupe et je remarque l'autre connard de Santiago marcher furieusement jusqu'à sa voiture. Un sourire satisfait étire mes lèvres, heureux de m'être vengé de cette mouche à merde.

La mariée s'avance dans ma direction et une fois en face de moi, elle me fixe en plissant les yeux. Je hausse un sourcil, lui demandant c'est quoi son problème. Et BAM !

Une deuxième fois, ma tête tourne brutalement sur la droite et une autre douleur surgit au niveau de ma joue.

Bien trop choqué, j'ai du mal à former une phrase et me contente de garder la tête dans cette position alors que les mecs se retiennent de rire mais j'entends quand même le rire d'ogre de Niguel.

— Tu fais chier ! Tu as foiré mon mariage ! Tu pouvais nettement l'annoncer après la cérémonie mais heureusement que nous avons signé à temps l'acte du mariage sinon notre plan allait tomber à l'eau, peste Alira tandis que je redresse lentement ma tête.

Elle me menace avec sa main en contractant ses mâchoires mais ne fait rien.

 
— J'ai envie de violer ton trou duc avec une manche à balai mais je vais laisser cette opportunité à ma soeur et je t'ai à l'œil, Reyes ! Traite bien ma soeur comme il se doit sinon je couperai ta bite et je donnerai les morceaux à mes perruches ! ajoute-t-elle avec un faux sourire.

Elle tourne les talons et enfin, je peux masser ma joue. Elle vient de me menacer ? Je crois bien et c'est assez surprenant.

Très même.

— Je crois que je l'aime, annonce Niguel avec des cœurs dans les yeux. Vous croyez que j'ai une chance de la conquérir ?

— Trop tard, cabron. Elle est mariée, répond Gaël en lui assénant une claque derrière la tête.

— L'amour n'a pas de limite et je pourrai faire comme Almira. Après tout, elle a pécho Espen sachant qu'il était marié avec Alexa non ?

Je lui envoie un regard sombre et il perd automatiquement son sourire avant de se cacher derrière son frère qui souffle d'épuisement.

Je quitte ces deux imbéciles pour entrer à nouveau dans l'église. Je la vois assise aux côtés de son frère. Quand j'arrive à leur niveau, elle fait un signe de tête à Matteo pour l'inciter de nous laisser seul et ce dernier passe à côté de moi en me bousculant l'épaule.

Encore une fois, je prends sur moi.

Je le mérite.

La gamine se lève et me jette un regard de colère mêlé à une profonde tristesse.

Cette vue ne me plaît pas et je me sens comme tiraillé par la lame d'une dague.

— Almira, je...

Bam.

Cette fois-ci, ce n'est pas une claque mais deux baffes ! Déboussolé, je titube et réprime mon envie de masser mes deux joues boursoufflées.

Les Perez ont pu se venger.

Et visiblement, cela fait marrer quelques uns comme Niguel mais aussi Matteo.

Comment ils vont me prendre en sérieux, désormais ?!

— Nous n'avons pas grandes choses à nous dire, Espen. Ce que je comprends dans cette histoire c'est... c'est que tu m'as utilisé pour arriver à tes fins. Tu m'as fait signer un acte de mariage sans mon consentement et encore aujourd'hui, tu cherches à m'utiliser, s'exprime-t-elle en ne me daignant même pas un regard.

— C'est faux. Enfin oui, en te faisant signer ces documents, je cherchais à t'utiliser mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

— Pourquoi ce n'est plus le cas ?

Lourd, je me laisse tomber sur le banc et observe les vitraux colorés.

— Parce que tu es importante pour moi, dis-je finalement. Je sais que ce n'était pas la meilleure solution et je n'ai pas demandé ton avis...


— Mon avis ? Que tu me le demandes ou pas, qu'est-ce que ça va changer ? siffle-t-elle en pouffant de rire. Tu m'avais dit l'autre soir que ton père ne t'a jamais appris de penser à soi mais tu as faux. En me faisant signer ces papiers, tu n'as pensé pas pendant une seconde de mon avis ! Tu es juste un égoïste et un manipulateur, Espen.

Je déglutis et baisse la tête, les bras sur mes jambes.

— Oui, c'est vrai. Tu as réussi à m'épargner ce mariage mais est-ce que tu m'avais fait part de ton plan diabolique ?

— Est-ce que tu l'aurais accepté, Almira ? je réplique vivement.

Lentement, je pivote ma tête dans sa direction et toute son attention est sur ma personne.

— À ce moment quand je t'ai fait signer cet acte, on ne se connaissait pas très bien et il était évident que tu allais refuser cette supercherie mais entre nous, tu es désormais soulagée. Depuis longtemps, je t'ai épargné ce mariage avec Santiago.

— Mais Alira...

— Si tu étais en courante, ta soeur chercherait toujours à s'unir avec ce gros con, je l'interromps avec un rictus.

Elle soupire et s'adosse contre le dos du banc et fixe un point.

— Mais Alexa ?  reprend-t-elle lentement d'une voix blanche.

Je roule des yeux et fouille dans ma poche avant de sortir une clope et l'allumer. Ouais, j'ai conscience que je fume dans un endroit sacré mais qu'est-ce que j'ai à foutre, sérieusement ?

— Je n'étais pas marié avec elle. Elle est comme toi, elle ne lit pas les documents qu'on lui demande de signer. Le résultat est que je lui ai légué une propriété dans le sud du pays, dis-je en expulsant la fumée de mes poumons.

— Mais comment ça se fait qu'elle n'a rien remarqué ? demande-t-elle avec confusion.

— Une acte de propriété et de mariage se ressemblent visuellement. La différence, il faut la lire.

Mon sourire s'agrandit et je réprime mon rire. C'était facile de les berner toutes les deux. Avant de mettre mon plan en exécution, j'avais un doute si les deux auraient le réflexe de lire, mais niet.

— Si ce mariage était faux, pourquoi m'avoir balancé toutes insultes ?

— Parce que j'avais encore quelques affaires à régler avec les Hernandez et je ne pouvais me permettre à faire sauter tout mon plan pour une histoire d'amour.

— C'était quand même blessant, admet-t-elle avec une grimace.

— Almira, je...

— T'inquiète, j'ai compris ce que tu voulais dire. Tant qu'on y est, est-ce que tu as autres choses à m'avouer ?

— Non.

— Tu es sûre ? Vraiment, vraiment sûre ? insiste-elle en fronçant les sourcils.

Je continue à fumer ma cigarette avec hésitation et me focalise sur elle.

— Je sais que ton daron est vivant.

Elle papillonne des yeux et par méfiance, je mets du distance entre nous mais la gamine ne fait rien. Pas d'insultes, pas de gifle. Non, elle se contente de me mirer d'une étrange lueur impénétrable. Soudain, elle se lève et semble quitter l'église.

Confus par sa réaction, je lui demande :

— Tu vas où ? N'oublie pas qu'il y a toujours les Rodriguez sur ton dos !

— Dans ton cul, crétin ! répond-t-elle rageusement avant de franchir les portes.

Je ris et tandis que les bonne sœurs s'offusquent de cette insulte.

En tout cas, cette femme ne va jamais m'ennuyer.

Almira Reyes.

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