Chapitre 63
Je le vois secouer sa main et je cours dans sa direction. Nous rejoignons à nouveau le groupe et cette fois-ci Alira est de retour parmi nous. Elle semble désintéressée de ce qui l'entoure et a plutôt le regard rivé sur son portable. Je n'émets rien et me focalise sur la ligne d'arrivée.
Je sais qu'Alira est assez accro aux réseaux contrairement à moi. Ce dont je n'apprécie pas avec elle, Alira se sent obligée H24 de poster sa vie sur les réseaux sociaux et montrer à ces milliers de followers chaque seconde de sa vie. Je trouve cette mentalité pathétique mais je n'ose pas lui avouer le fond de mes pensées. Si je le fais, on va tout simplement se disputer et franchement, je veux bien éviter les querelles entre soeurs.
— Encore plus qu'un dernier tour et nous découvrons notre grand gagnant ! crie l'animateur comme un fou.
Cette course est bien longue, très très longue.
Ça commencer à me péter les couilles et si je m'en fichais des autres, je serai retournée chez moi !
— C'est normal qu'une course prend autant de temps ? je peste en tapant des pieds.
— Il y a trois tours pour chaque course, m'explique Elsie. Ne fais pas cette tête, tu vas t'y habituer ! C'est bien les courses de voitures.
— Je crois pas, non. C'est ennuyant et j'ai mal aux pieds.
— D'ailleurs, tu as parlé de quoi avec mon frère ?
Je soupire de frustration et croise mes bras.
— Il... il prenait juste mes nouvelles, je mens avec un sourire crispé.
Elsie arque un sourcil, me croyant à moitié.
— Espen prenait de tes nouvelles ? C'est nouveau ça.
— Alexa l'a vraiment changé, j'étais même impressionnée.
— Alexa ne fait rien du tout, ricane mon amie. Elle et mon frère s'ignorent complètement et honnêtement, j'aime ça. Depuis que tu l'as terrorisée, cette salope sait bien ce tenir !
Je ris aussi et soudain, la foule s'entasse à nouveau sur les côtés de la route et curieuse de savoir qui est le grand gagnant, j'observe de loin la voiture qui arrive à grande vitesse. Les gens huent à mes côtés et même Elsie s'y met.
J'espère que c'est vraiment lui...
Je serre les mains nerveusement et mon amie hurle hystériquement quand une première voiture franchit la ligne d'arrivée. J'ouvre grands les yeux et fixe mon amie avec étonnement.
— C'est Espen qui a gagné ! je crie vivement.
— J'en étais sûre qu'il allait remporter la victoire ! Wow, regarde ! Antonio est arrivée en cinquième place !
Je m'enthousiaste avec elle et le reste du groupe rejoint le chef afin de le féliciter. Je m'apprête à les suivre mais une main attrape la mienne. J'adresse un regard interrogateur à ma soeur qui me tient fermement et celle-ci me mire avec une inquiétude qu'elle tente de dissimuler.
— Mira, je ne me sens pas très bien. Je veux qu'on retourne à la maison, s'exclame-t-elle.
— Tu as mal où, Lira ? Tu t'es blessée ? je m'inquiète.
Elle secoue sa tête.
— J'ai mal aux pieds et...
— Nous allons partir dans une dizaine de minutes, Alira. Je vais féliciter Antonio et discuter encore avec le groupe et ensuite on retourne chez nous.
À contre-coeur, elle fait un hochement de la tête et elle me suit de près. Je remarque que son comportement devient soudainement étrange, elle observe autour d'elle comme si quelqu'un lui voudrait faire sa peau. Qu'est-ce qu'elle a encore foutu cette fille ?
J'essaie de me changer les idées en discutant avec Niguel et Antonio. Ce dernier est déçu de ne pas être dans le top 3 mais je lui persuade qu'il a quand même battu plus de dix participants.
— Ce cabron de Santiago est à la quatrième position ! Je voulais vraiment le battre, peste Antonio en désignant l'énergumène d'un geste insolent.
— Ne t'en fais pas, frérot ! Tu peux encore le battre en combat et lui refaire sa tronche. D'ailleurs Mira, t'as réussi à annuler ce contrat de mariage avec de pédale de Santiago ? D'après ce que j'ai entendu, il est vraiment obsédé à cette union, s'exclame Niguel en attirant quelques regards indiscrets dans notre direction.
La discrétion ne fait pas bon ménage avec Niguel...
Je sens ma sœur se tendre à mes côtés et je me sens embarrassée. Pas tout le peuple a besoin de savoir ma vie privée mais Niguel ne sait pas la fermer quand il faut.
— Putain, mec ! Tu pouvais le dire plus doucement, tout le monde a le regard rivé sur nous ! réprimande Antonio en lui poussant l'épaule.
— Oups, sorry ! Mais en vrai de vrai, t'es foutue, non ?
Je tique.
— Je trouverai une solution. Je ne veux pas finir comme Elsie. Jamais je me marierai à un Vargas et encore moins à cet enculé.
Juste en pensant à ce type, j'ai des envies meurtrières.
— Et toi Alira ? On t'a déjà présenté ton futur époux ? questionne Antonio avec un air interrogateur.
— Euh non, pas encore. Mira, il faut vraiment qu'on y aille.
— T'es vraiment agaçante Lira ! On partira dans...
Mes mots se perdent quand je distincte une affreuse mélodie dissimulée dans le brouhaha de la foule. Interloquée, je me tourne et je vois de loin des gyrophares rouge et bleu et la sirène s'intensifie davantage quand je constate que ces véhicules s'approchent dangereusement de nous.
Ce n'est pas une voiture, mais plusieurs véhicules de flics qui se dirigent droit vers nous !
Et une chose dont je suis sûre, ce n'est pas pour faire connaissance mais nous foutre derrière les barreaux !
Soudain, la foule se disperse et Antonio démarre en trombe sa voiture. Alira attrape ma main et je la suis en courant comme une folle, Niguel sur nos pas. Ce dernier vocifère comme un cinglé quand nous distinguons des coups de feu.
— Putain, il faut qu'on se casse d'ici ! Grouille Mira ! me crie ma soeur toujours en tenant fermement ma main comme si nos vies en dépendaient.
Enfin, oui, nos vies en dépendent actuellement !
Nous avons traversé le petit bois et je ne compte même plus le nombre de fois que j'ai failli m'écraser la tronche au sol. Cette situation est assez angoissante, tout le monde court dans tous les sens, mon coeur bat la chambre tandis que mes poumons me brûlent.
J'ai besoin de l'air et mon corps n'en pleut plus de courir mais je dois y continuer. Si je m'arrête, on m'enverra en maison d'arrêt et croyez-moi, si on me pose la main dessus, je risque y passer la moitié de ma vie.
Nous rejoignons assez rapidement ma voiture et quand je mets derrière le volant, mon regard reste bloqué sur mon retro.
— Tu fous quoi ?! Démarre ! m'ordonne Niguel en me secouant les épaules.
— Attendez, il y a Gaël et Elsie qui arrivent ! Il faut qu'on les aide, je dis en m'apprêtant à sortir de la voiture.
— Ils peuvent se débrouiller, siffle ma soeur. Plus on reste ici et plus on aura moins de chance de s'en fuir !
Mais je l'ignore et fais demi-tour. Gaël aide difficilement Elsie à marcher, toujours en jetant des regards inquiets autours d'eux. Vivement, je les aide et m'inquiète de l'état d'Elsie.
— Elle s'est mêlé le pied avec une racine d'arbre, il faut vraiment qu'on l'emmène à l'hôpital, m'informe son fiancé. Elsie fait encore un petit effort !
La jeune femme gémit de douleur en tenant son ventre arrondi et j'ai vraiment peur pour elle et pour le bébé qu'elle porte. Je jette un coup d'oeil derrière moi et nous pressons le pas. J'autorise à Gaël de conduire le véhicule et je m'installe à l'arrière avec Elsie, qui, sous la douleur peste tous les insultes du monde.
Gaël démarre en trombe dans un crissement de pneu et nous éloignons de ce chaos.
***
Le docteur sort de la chambre d'Elsie et tout le monde l'attrape à l'assaut, voulant à tout prix savoir comment se porte notre amie en cloque. Il nous soulage en expliquant qu'elle n'est pas sur le point d'accoucher et que rien lui ait arrivé ni au bébé mais il faudra éviter à la maman de stresser.
Il nous quitte après nous avoir soulagé et pendant que Gaël rejoint sa moitié, je m'assois à nouveau à côté de Niguel et Alira, avec l'esprit tracassé.
— Le reste du groupe est en chemin, m'informe mon ami après un soupir.
— Est-ce que tout le monde va bien ? je demande aussitôt.
— Oui, ils ont réussi à fuir les cop's mais je pense que ça va barder. Un ou plusieurs enculés ont averti les flics de notre évènement ! Espen ne va pas laisser ça passer.
— Peut-être, ils faisaient juste une patrouille...
— Une patrouille ? répète amèrement mon ami avec un ton acerbe. Mira, ça se voit clairement que tu connais rien d'ici ! Les flics ici ne font jamais patrouille, en fait ils s'en balancent du peuple et ils ferment tout le temps les yeux de ce qu'il se passe. Et là, pouf ! Comment par hasard, ils font leur putain de job et en tirant sur chaque chose qui bouge. On a failli crever !
Je décidé de me taire et l'écouter attentivement. D'un côté il a raison, je ne connais rien d'ici. Je suis peut-être Mexicaine mais ça ne fait que quelques mois que je suis sur le territoire.
Ça me déroute la différence entre le Mexique et les USA. Ici, au Mexique, la drogue et la prostitution sont totalement banalisées or que ça ne devrait pas être le cas, bordel !
— Et ma belle-soeur a failli perdre la vie qui est en elle. Je te jure, Mira, je vais retrouver ces bâtards et leur ferai bouffer leur putain de bite ! reprend-t-il avec hargne.
Il se lève et quitte furieusement l'hôpital. J'échange un regard avec ma soeur qui hausse les épaules.
— C'est la deuxième fois de ma vie que je le vois si en colère. Tu crois vraiment que quelqu'un nous a balancé ?
— Che pas mais en tout cas, mais si c'est vrai, je souhaite bonne chance aux personnes, chuchote ma soeur. Retournons à la maison, tout ça m'a un peu secouée.
Je partage le même avis qu'elle. Nous nous orientons à la sortie de la clinique et en chemin, nous croisons le reste du groupe. Espen fonce comme un fou jusqu'à la chambre de sa soeur tandis que le reste du groupe vient prendre nos nouvelles. Comme d'habitude, mon frère me fait part de ses inquiétudes et me scrute de la tête aux pieds en cherchant une quelconque blessure. Alira a eu le même sort et repousse gentiment notre frère.
— Dieu merci, vous allez toutes les deux biens ! Je me pardonnerai jamais si un des enculés vous a blessé, soupire mon frère.
— Nous avons eu le temps de fuir. Heureusement que Alira a...
— Nous devons partir. Dépêche-toi, Mira ! m'interrompt ma soeur en saluant mon frère.
Son comportement nous laisse tous les deux confus et je salue mon frère ainsi qu'Antonio avant de monter dans ma voiture et partir en direction de l'appart.
Les pièces du puzzle commence à s'assembler dans ma tête et je deviens soudainement méfiante envers ma propre soeur. Il est clair qu'elle se comportait étrangement tout à l'heure et son insistance de retourner à tout prix à la maison me suggère automatiquement qu'elle a eu vent de ce qu'il s'apprêtait à passer. Bon après, je me fais des idées mais Alira est mon suspect numéro un.
Depuis le début elle se comportait comme une putain de voleuse et si s'avère que c'est elle qui a prévenu les flics, je ne saurai pas calmer ma colère. Putain, je refuse catégoriquement que ça soit ma propre soeur qui nous a dénoncé !
Arrivées à la maison, cette dernière file directement sous la douche et reste pendant une demi-heure. Pendant ce temps, j'aiguise mes premières dagues avec angoisse et j'entends enfin ses pas venir dans ma direction. Du coin de l'oeil, je la vois s'asseoir sur le canapé et je décide de lui poser la question fatidique :
— Pourquoi ?
— Pourquoi de quoi ? répond-t-elle aussitôt en arquant un sourcil.
Enfin, je me focalise sur elle et lui lance un regard froid.
— Pourquoi tu as averti les flics, Alira ?
Ell pouffe de rire, prenant une mine confuse.
— Tu déconnes ou quoi ? Pourquoi je ferai ça ?
— C'est toi qui déconnes Alira. Tu avais un comportement chelou alors cesse de mentir et dis-moi que tu es l'enculé qui a tout balancé ! je m'emporte en déposant brutalement ma dague sur la table.
Son regard se pose sur l'arme et elle fronce les sourcils avant me tuer du regard.
— Ouais c'était moi. C'est moi la pétasse qui vous a tous balancé ! T'es contente frangine ?!
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