Chapitre 5
Plus tard dans la soirée, nous sommes tous réunis au salon. Les garçons jouent à la play tandis qu'Elsie a décidé de sortir de sa tanière et est venue me faire la causette. D'après ce que j'ai compris, tous les vendredis soir les gars se retrouvent pour jouer à leur console de jeu.
— C'est quand tu vas reprendre tes études ?
— J'ai téléphoné la fac la plus proche mais ils n'étudient pas de la chimie, je réponds mollement. La seule fac la plus proche qui étudie ce que je veux est à trois heures d'ici.
— Tu sais conduire ? me demande Elsie alors que j'acquiesce. Alors pourquoi ne pas demander à ton vieux frère de t'acheter une voiture ?
Je fais une moue et termine ma canette de panachée avant de lui répondre :
— Une voiture ! Tu te rends compte le prix d'une voiture ? Je vais pas lui demander me gaspiller vingt mille boules pour moi en plus, je pourrai même pas lui rembourser.
— Écoute Almira, si ça te tient tant à coeur de continuer tes études, parfois il faut mettre sa fierté de côté. Je te soutiens grave, c'est pas tous les jours qu'on entend qu'une fille souhaite continuer ses études .
Elle boit une gorgée de sa bière puis enlève sa paire de lunette avec de continuer avec une voix basse :
— Et je suis sûre que Matteo sera ravi de t'aider, après tout il est ton grand frère et ton bonheur est important pour lui.
Je hoche simplement la tête mais je reste tout de même hésitante. Je n'ai jamais demandé de l'aide aux autres, encore moins à mon défunt père et à mon frère. J'ai toujours été la personne qui préfère de garder sa fierté au lieu d'aller vers les autres et faire de la charité !
Du coin de l'oeil, j'observe Espen et la blonde débarquer dans le salon et s'assoir à côté de mon frère. La blonde s'assoit sur les genoux d'Espen avant de l'embrasser dans le cou mais celui-ci semble l'ignorer ouvertement et s'adresse à Matteo.
— Ton frère... il fait quoi ?
— Pourquoi tu veux le savoir ? Il t'intéresse ?
Une énième fois, je pousse un soupir et lui lance un regard blasé. Je le connais pas même pas depuis vingt-quatre heures, elle croit sérieusement que je vais m'imaginer des scènes avec lui ?
— Il n'est pas mon style, je réponds avec un sourire crispé.
— Et toi, tu n'es son style. Il n'aime pas les filles qui ne se prend pas soin, rétorque Elsie en haussant les épaules.
Donnez-moi une raison de ne pas arracher ses cheveux...
— Parce que, tu crois que je me lave pas ? je lui demande, offusquée.
Elle me toise et grimace avant de boire sa bière.
— Un peu oui. Tes cheveux ont l'air gras et tu portes le même t-shirt depuis trois jours. Mais je t'en veux pas, ça te rend spéciale, se rattrape-t-elle maladroitement.
Parce que, cette fois-ci je dois le prendre comme un compliment ? Elsie est difficile à cerner mais je n'accepte pas le fait qu'elle pense que je suis une crado ! Je me lave trois fois pas jour tellement la chaleur est étouffante et pourtant mes cheveux sont toujours autant gras. Je sais pas pourquoi ils ne restent jamais propre alors je préfère de les attacher. Mes cheveux gras sont un vrai complexe pour moi.
Et quant à mon t-shirt... c'est le seul dans lequel je me sens à l'aise pour affronter ces dures journées.
— Elsie, on peut parler.
Toutes les deux on sursaute et tourne la tête vers Espen qui a le regard droit sur sa soeur.
— Plus tard, je suis occupée, réponds sèchement sa soeur.
— Elsie, ne joue pas avec mes nerfs, siffle Espen en fronçant les sourcils.
Mais sa soeur s'en fiche royalement de lui et s'apprête à lui tourner le dos mais d'un geste brusque, Espen l'attrape par le bras avant la traîner derrière lui. Elsie lui hurle des insultes et me jette des regards de détresse, pourtant je ne bouge pas d'un pouce, ne comprenant pas du tout de ce qu'il vient de se passer il y a un instant.
Je jette un coup d'oeil aux autres et visiblement, aucun semble avoir remarqué cette petite scène, même la pute blonde l'a pas remarqué.
Alors, je décide de me retirer afin de les suivre. Je suis peut-être folle mais je sens que quelque chose de mal va se passer. Je suis debout devant la porte de chambre d'Elsie et je parviens à entendre nettement la dispute entre entre elle et son grand frère.
— Putain, à cause de toi on a tout foiré ! T'as besoin qu'on t'apprenne ton taf ou bien...
— Espen, je te jure que je ne savais pas ! Pourtant, j'ai collé un traceur sur eux et...
— À cause de ta putain de connerie, trois de mes meilleurs hommes de main sont morts ! À cause de ta putain de bêtise, ils ont laissé derrrière eux une famille et maintenant, tu me mets dans un situation délicate.
Mais de quoi parlent-t-il ? Des hommes de main ? Et quelle bêtise Elsie a commis ?
Un silence plane pendant quelques secondes avant que j'entends un grand fracas derrière cette porte. Les bruits sont sourds comme si Espen reversait chaque chose à son passage et sa soeur lui crie d'arrêter. Devant ce vacarme, mes jambes flageollent et je porte ma main sur la poignée de porte, prête à mettre fin à ce cirque mais le silence plane à nouveau.
— Espen, je t'en prie excuse-moi... je regrette...
— Rien à foutre de tes putains d'excuses, Elsie ! C'est plutôt aux familles que tu dois t'excuser et non à moi ! tonne Espen d'une voix dure. C'est la dernière fois que tu commettes une connerie pareil sinon je te garantis que tu vas retourner d'où tu sors, c'est-à-dire dans la chatte de ta mère.
Je retiens ma respiration et j'écoute cette fois-ci ma conscience qui me dit de fuir avant qu'ils me surprennent que je les espionne. Je me réfugie dans la chambre de Matteo et quelques secondes plus tard, j'entends des pas lourds s'éloigner du couloir.
Le lendemain, tout le monde est réunit au salon afin de prendre le petit déjeuner ensemble et les garçons sont restés ici cette nuit étant donné qu'ils ont tu bu comme un trou. Mais moi j'ai eu du mal à m'endormir.
À vrai dire, mon esprit se cogitait à cause de ce qu'il s'est passé hier soir entre Elsie et son frère. J'ai remarqué qu'Elsie évite le regard de son frère et celui-ci ne manque pas à poser ses yeux verts sur elle comme s'il voulait la fusiller du regard. D'un coup, ses iris se portent sur moi et vivement, je fais mine d'être intéressée par le morceau de bacon qui est noyé dans une espèce de soupe.
Je n'ai même pas remarqué que ma respiration s'est coupée et j'ose même pas à lever les yeux. Ce type est peut-être discret mais il fait extrêmement peur.
Je décide de sortir de table avec mon bol et m'esclipser à la cuisine mais quand je me retourne prête à regagner ma chambre, mon coeur rate un battement tandis que je me rattrape à l'îlot central.
Espen.
Devant moi et adoptant uns posture nonchalant mais toujours effrayant.
Son regard se promène sur moi et il s'approche de moi, très lentement. Chaque pas qu'il fait dans ma direction accroit ma crainte envers lui et j'essaie de garder bonne mine face à lui. Après, peut-être que je me fais des fausses idées.
— Je sais que tu nous as entendu.
— Entendu quoi ? Je...
D'un coup, il frappe son poing contre l'îlot central et ça y est, je veux m'enfuir ! Son regard change de couleur et pendant quelques instants, je suis perturbée par ce phénomène.
— Ne me prends pas pour un con. Je savais très bien que tu étais derrière la porte en train de nous écouter, putain ! J'ai accepté que tu viennes vivre ici car ton frère me le suppliait mais je peux bien aussi te chasser d'ici.
Et d'un coup, il tourne le dos et redresse en même temps son jean. Je distingue un pistolet calé dans dans son jean et Espen s'en va silencieusement. A-t-il fait exprès de me montrer son pistolet ? Lui aussi il en a une pour se protéger ?
Je fais craquer mes doigts et décide de retourner dans ma chambre mais mon frère m'intercepte et me force à le suivre. Quand je remarque la présence d'Espen, mon sang se fige à nouveau. Je viens d'avoir une tête-à-tête avec lui il n'y a même pas deux minutes et me voici à nouveau en face de lui et de sa pute.
— Mira, pendant quelques jours je serai absent...
— Pourquoi ? je demande subitement, appréhendée.
Matteo esquisse un sourire anxieux.
— Les affaires, répond-t-il en haussant les épaules. Comme je serai absent, tu peux compter sur Espen. Si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas à le demander et...
T'es fou ou quoi ? Jamais je parlerai au diable !
— Tu as dit quoi ? demande Matteo en faisant des gros yeux.
Merde, j'ai parlé à voix haute ? Je jette vite fait un coup d'oeil à Espen et comme je l'avais prévu, il me foudroie du regard.
— Je disais donc que tu peux compter sur lui. Il paraît dur mais c'est un bon type.
Je réprime ma grimace et hoche simplement la tête. Matteo s'adresse à son ami :
— D'ailleurs, ce mardi Mira ira s'inscrire à la fac de Tampico. Si tu le peux, j'aimerais que tu l'accompagnes.
Espen opine seulement, les yeux toujours braqués sur moi et mon malaise s'agrandissant toujours.
Lorsque Matteo part, je m'apprête à le suivre mais tel un sort, cette voix fige mes pieds sur le carrelage :
— N'y crois même pas que tu vas reprendre tes études. Je te l'interdis.
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