Chapitre 48
Dos à moi, j'observe sa carrure sous sa chemise blanche désormais tachetée de rouge. Sans lui poser de question, je l'ai laissé m'emmener dans une des chambres d'amis. Je l'observe récupérer la trousse de secours.
Mon esprit est tellement mitigé que je ne sais pas quoi y penser et dire mais lorsque le diable se tourne dans ma direction et m'adresse un de ses regards intenses, je sens mon esprit quitter mon enveloppe corporelle. À chaque pas dans ma direction accélère de plus en plus mon coeur. Une fois en face de moi, sans un mot mais toujours son regard dans le mien, il libère mes cheveux d'un coup de main.
— Penche ta tête, m'ordonne-t-il d'une voix sans appel.
Il vaut mieux pour moi que je ne fasse pas ma rebelle.
Quand l'alcool entre en contact contre ma blessure, un gémissement s'échappe entre mes lèvres.
— Tu as la chance qu'on n'a pas besoin de coudre ta blessure, elle n'a pas l'air profonde.
— Que je suis chanceuse, je lâche avec sarcasme.
Je l'entends soupire longuement et finit à désinfecter ma blessure avant qu'il s'occupe de ses phalanges. J'arrache la compresse entre ses doigts et soigne ses blessures, sachant pertinemment qu'il doit se demander qu'est-ce qu'il me prend.
— J'ai cru que c'était la fin pour moi... c'est la première fois de ma vie que je me fasse agresser de cette manière, je lui avoue faiblement. Si tu ne serais pas venu, cet homme m'aurait... violé. Il m'aurait détruite.
Je repense à ce regard fou et cette aura malsaine qui se dégage de lui. Mes poils hérissent tandis que mes doigts se mettent à trembler.
Si Espen ne serait pas venu, je serai morte.
Ce barbare m'aurait violé et faillit me gâcher la vie pour toujours.
Tout d'un coup, ses doigts serrent délicatement les miens et il me force à lever ma tête dans sa direction.
— Personne osera te blesser, désormais, déclare-t-il, sûr de lui.
— Comment tu le sais ?
— Parce que, tu m'appartiens, répond-t-il calmement en posant sa main dure contre ma joue.
Je grimace de douleur et recule par réflexe.
— Ce fils de pute t'a blessé au visage ?! gronde-t-il en sortant son arme. J'étais sûr qu'il fallait le buter putain ! Je vais éteindre toute sa lignée !
Mais vivement, je le calme de ses ardeurs.
— Je vais bien et Espen, je n'appartiens à personne, dis-je amèrement. Je ne suis pas un objet à qui il faut léguer la surveillance.
— Bien sûr, tu appartiens à Santiago.
— Non plus.
Je rêve ou j'ai l'impression qu'il fait une crise de jalousie ?
Lui appartenir... cette idée me fait partager. Qu'est-ce qu'il fait entendre dans lui appartenir ?
Seigneur, pourquoi cet homme me crée autant de malaise ?!
Je profite à l'enlacer délicatement en lui soufflant un merci de m'avoir sauvé de cette souffrance mais je reste toujours traumatisée de ce qu'il s'est passé.
Je sens son corps se tendre sous mon toucher mais au fond de moi, je sais qu'il ne me fera pas de mal malgré sa haine contre la gente féminine. Peut-être c'est une grave erreur que je viens de commettre, j'enlace l'homme d'une autre femme mais je m'en fiche pas mal d'Alexa et de ce qu'on pense de moi.
C'est sûrement l'anxiété qui me pousse à enlacer cet homme dont je maudissais.
Cet homme, qui maintenant, joue avec mes sentiments.
Sa main hésitante se pose dans mon dos et je ferme les yeux, profitant son toucher qui a un aspect relaxant.
Minuit a sonnée et les feux d'artifices résonnent jusqu'aux oreilles. Lentement, je me détache de lui mais d'un geste brusque, il me plaque à nouveau contre son torse.
— Reste. Encore un peu.
Et non, je ne rêve pas. C'est le diable qui a chuchoté ces mots.
J'enlace son corps et hume son parfum viril.
Nous restons ainsi pendant un long moment, profitant la présence de l'un et de l'autre sans adresser la parole. Nous nous séparons brusquement quand la porte de la chambre s'ouvre dans un grincement désagréable et le grand-père d'Espen nous joint avec le visage peiné.
— Je m'en veux terriblement pour cet accident, mademoiselle Perez. Est-ce que vous êtes blessé ? Je peux faire venir mon médecin...
— Ne vous inquiétez pas monsieur Reyes, c'est juste des égratignures, je réponds avec un sourire crispé.
L'homme m'adresse un regard presque paternel et souffle.
— Si vous le souhaitez, vous pouvez rester pour la nuit. Seigneur, c'est de ma faute si tout cela est arrivé.
— Nous allons bientôt repartir, claque le diable d'une voix froide. Où est cette ordure ?
— Mes hommes l'ont escorté dans un de mes QG.
— Bien. Je n'ai pas encore fini avec ce batard. Tu ne peux pas inviter n'importe qui, grand-père ! Si ce n'était pas Almira, ça pouvait être une autre personne.
Le vieil homme n'ose même plus répondre à son petit-fils qui a complètement raison.
Si ce n'était pas moi, alors ça pouvait tomber sur une autre femme... comme Elsie.
Cette pensée me terrifie et en pensant à la rousse, elle nous rejoint ainsi que les garçons. Tout le monde prend de mes nouvelles et même Gaël, qui est assez surprenant de sa part. Espen le prend à part tandis qu'Elsie se penche à mon oreille :
— Je connais cet homme. C'est un des ex d'Alexa.
Ces mots me glacent le sang et je refuse cette horrible pensée qui se fraie un chemin parmi tant d'autres.
— Tu crois que c'est elle qui l'a envoyé de me faire du mal ? je demande difficilement.
J'espère que ça soit faux mais lorsque mon amie opine tristement la tête, une rage monte lentement en moi comme un volcan qui s'apprête à exploser. Plus mon amie m'expliquait sur la relation entre cet homme et d'Alexa, plus je me sens mal comme si on m'oppressait ma poitrine. Je me sens étroite dans la chambre et vivement, je sors et demande qu'on me dépose à la maison.
— Repose-toi et je viendrais plus tard te voir, me dit-elle.
Affaiblie, j'aquiesce et Antonio me dépose enfin à la maison. Une fois arrivée, il décide de rester un peu plus longtemps afin de garder un oeil sur moi. Je pars dans ma chambre et me douche avec l'eau brûlante. À chaque endroit que cet homme a posé ses mains sales sur mon corps, je frotte énergiquement comme si cela effacerait ses traces. Ma peau est devenue rouge, boursouflée mais bizarrement, je ne sens pas la douleur.
Non, je me sens comme une coquille vide. Rien.
Le lendemain, Elsie vient à la maison et toutes les deux, nous sommes assisses près de la piscine. Elle prend à nouveau de mes nouvelles.
— Je ne me sens pas bien, dis-je finalement. J'ai du mal à accepter que ça soit une femme qui est derrière cette agression.
— Alexa est aussi perfide qu'une vipère. Il m'a fallu peu de temps pour comprendre qu'elle était derrière cette agression.
Comment une femme peut infliger ça à une autre ? Cela me dépasse complètement ! Bien sûr qu'Alexa est diabolique mais jusqu'à m'agresser...
— Putain, elle a envoyé son ex me violer ! je siffle entre les dents. Comment elle peut me faire un truc pareil ? Elle n'a pas de limite.
— L'entraide féminine n'existe pas dans notre monde, déclare Elsie après une gorgée de sa boisson. Elle s'est sentie menacée que tu sois si proche de mon frère.
— Elle est complètement ridicule cette fille ! Si elle croit que je vais rester avec les bras croisés, qu'elle peut se mettre ses doigts dans son cul.
— Crois-moi, je vais pourrir sa vie comme elle a fait avec toi.
Je n'ai jamais voulu arriver à ce stade où la soif de vengeance envahit ma conscience. Je ne vais pas laisser cette femme me pourrir la vie ! Elle me voit comme une concurrente, eh bien, elle verra ce que cette concurrente est capable de faire.
Je ne vais pas passer l'éponge sur ses actes, qu'elle soit la femme du chef ou pas.
Je pose mon regard sur Elsie et fronce des sourcils quand je détecte un gros hématome sur le haut de son bras. Comme si elle a senti mon regard sur elle, Elsie se tourne dans ma direction et suit mon regard avant de couvrir rapidement son hématome avec sa veste.
Il m'a fallu peu de temps pour comprendre que c'est ce pendejo d'Angelo qui est à l'origine de cette blessure. Si ce n'était pas le cas, elle n'aurait pas réagi comme si personne ne devrait voir cette blessure.
Mon regard se promène sur sa veste, puis sur son jean. Mon coeur se serre quand je comprends qu'elle n'a pas qu'un seul hématome mais plusieurs sur tout son corps.
La Elsie dont je connais porte uniquement des shots et des tops, elle ne s'habille pas comme une vieille soeur.
Mon amie est juste... une femme battue et je suis incapable de l'aider.
Je ne fais pas de remarque et lui raconte mon histoire avec Santiago. Elle écoute, secouant sa tête de temps en temps.
— J'avoue que j'ai un peu du mal à imaginer Santiago comme une personne malsaine. Depuis que je suis mariée avec son frère, il ne m'a jamais manqué de respect, soupire mon amie. C'est dommage qu'il soit ainsi. Tu vas vraiment y songer à ce mariage ?
Je hausse les épaules.
— Ne fais pas comme moi, Mira. Les Vargas sont une famille de brute. Il te promet des bonnes choses mais une fois mariés et le contrat signé, les promesses ne tiennent pas. Si j'étais toi, je ne lui accorderai pas sa seconde chance, c'est une perte de temps.
Je soupire à mon tour. J'avais besoin de conseil et maintenant, je sais quelle décision prendre. J'accompagne Elsie jusqu'à sa voiture et elle se tourne vers moi avec une moue :
— Ce mois-ci, je vais en vacances à Venise.
— Fais attention à toi, Elsie.
Je la prends dans mes bras et elle me serre aussitôt et me chuchote :
— Merci de n'avoir pas posé de questions.
Je mets fin à notre étreinte.
— Je ne veux pas te mettre dans l'embarras, j'avoue avec un sourire peiné.
Elle rit et me salue avant d'entrer dans sa voiture.
Une fois quand sa voiture disparaît dans mon champ de vision, je m'accoure aussitôt à ma voiture et pars en direction au Paradise.
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