Chapitre 46
Le repas prend fin et je suis heureuse qu'il n'y a pas eu de morts malgré l'ambiance chargée de tensions. Nous payons chacun sa part et soudainement Alira, s'éclipse au toilette, me laissant seule avec Santiago.
J'exhale un soupir et lui tourne le dos, priant de tout coeur qu'il me laisse tranquille mais aujourd'hui, les étoiles ne sont pas alignées en ma faveur !
— Tu as pris une décision ?
Je ferme brièvement mes yeux et fais face à lui.
— Non, Santiago et puis ce que tu me demandes, c'est déjà perdu d'avance. Que je te donne une seconde chance ou pas, je ne t'aimerai pas.
— Ce n'est pas une question d'aimer ou pas Almira. Ce mariage est indéniable, on ne pourra pas l'éviter, rétorque-t-il vivement.
— Je ne veux pas me marier, Santiago. Ma soeur n'a que toi dans sa cervelle ! Tu te rends compte que ce mariage la brisera ? C'est ta meilleure amie après tout, je m'écris aussitôt, attirant quelques regards curieux.
Santiago tique et passe son pouce sur ses lèvres avant de concentrer à nouveau sur moi.
— Mon père ne veut pas annuler ce mariage. On est vaincu, explique-t-il d'une voix tranchante. Je te demande de me filer une seconde chance, on pourrait se mieux connaître. Tu n'as rien à perdre, Almira.
— Sì. Je perdrai mon temps et je perdrai ma soeur si elle sait tout ça, je siffle en lui faisant des gros yeux.
Soudain, Santiago attrape ma main et glisse un morceau de papier avant que ma soeur revienne toute souriante. Je cache le morceau de papier dans mon sac et toussote, mal à l'aise.
— Vous faites une de ces têtes ! De quoi avez-vous parlé ? questionne-t-elle.
— Du mariage. Je disais à ta soeur que mon père réfléchit toujours à ma demande, ment Santiago. Tu n'as pas à t'inquiéter, Almira. Je suis sûr que mon père acceptera.
Je m'efforce à opiner et souris à ma soeur qui me regarde avec un air suspicieux.
— Je pense que je vais retourner chez moi. J'ai d'autres chats à fouetter. Alira, je...
— Santiago me déposera chez moi. Ne t'en fais pas.
— D'accord. Faites attention à vous deux, dis-je avec un sourire avant tourner les talons.
J'entre dans ma voiture et prends la route jusqu'à la villa. Une fois arrivée, je détache la ceinture et reste figée pendant quelques instants avant de me défouler sur le volant avec mes poings.
J'ai une vie maudite ! Pourquoi j'ai accepté la proposition de mon frère ?! Si j'avais décidé de rester aux states, je suis sûre que j'aurai une vie paisible.
Loin de la mafia, loin de cette histoire de mariage arrangé. Loin des problèmes !
Dans ce genre de ce situation, je me confie à mon père et ce dernier me donnait des bons conseils. Mais maintenant, à qui vais-je me confier ?
Je dois prendre sur moi, encore une fois.
**
*
PDV Espen
Avec le vieux, nous discutons avec nos invités mais j'ai plutôt l'esprit ailleurs. En fait, je veux tout simplement me tirer loin d'ici !
Le nouvel an est dans quelques heures et les invités sont tous enjoués de fêter la nouvelle année qui s'annonce merdique. Je n'aime pas ce genre de soirée de vieux où tout le monde est bien sapés comme si nous étions conviés au Festival de Cannes.
C'est plutôt mon grand-père qui kiffe ce type de soirée, moi je suis plutôt fête discrète à la maison, les plus proches sont conviés.
Je jette un coup d'oeil sur ma montre et toujours aucune trace de mes potes. Il n'y a qu'eux qui peuvent me sauver de cet ennui infernale.
— Ne sois pas impatient, Alexa viendra dans quelques instants, me chuchote mon grand-père en me prenant à part.
— Quoi ? T'as invité cette truche ? je m'offusque avec les yeux grands ouverts.
Il m'envoie un regard froid.
— C'est ta femme, elle doit être à tes côtés. T'allais quand même pas passer le 31 sans elle ?! Que vont penser les autres ?
Je ris ironquement.
Bien sûr, il fait tout dans son intérêt. Le vieux ne veut pas souiller son image mais à quoi cela va-t-il lui servir ? Qu'on souille son image ou pas, il va bientôt crever d'un cancer du pancréas.
— Oui, où j'avais la tête ! Elle est ma femme, je chuchote avec un goût amer.
Putain !
Je voulais tellement éloigner cette pétasse loin de moi et je me suis réjouis au fait qu'elle passe le nouvel an avec sa famille, mais la voilà en direction de chez moi, prête à rendre ma vie encore plus merdique qu'elle est déjà.
Deux personnes arrivent à la fête et je pousse un petit soupir quand je constate que ma soeur semble de bonne santé. Je m'approche vivement d'eux et enlace rapidement Elsie. Celle-ci m'observe, surprise de mon geste.
Elle n'a pas l'habitude que je lui prouve mon affection mais il le fallait. Je n'étais pas présent à son mariage et je m'en veux assez.
— Le mariage t'a métamorphosé, lui dis-je en le jaugeant sa robe de soirée.
La Elsie dont je connais hait les robes longues et préfère les minis-robes. Je n'ai jamais eu de problème par rapport à son style mais là, la voir dans cette robe élégante, lui donne une autre allure.
— Et toi la solitude t'a changé. Ou bien c'est Mira.
— Pourquoi elle ?
Elle s'approche de moi et chuchote :
— C'est la seule femme dont tu peux tolérer.
Je lui adresse un regard lourd et me focalise enfin sur le plouc qui l'accompagne. Angelo me salue et me tend la main mais suite à mon regard blasé, il grimace et ramène sa main près de lui.
Sadique comme je suis, si j'avais serré sa main, je lui aurai explosé toutes ses phalanges.
Je garde Angelo dans ma ligne de mire. Je suis toujours convaincu que cet homme n'est pas honnête et j'attends impatiemment le jour où il osera blesser ma soeur. Ce jour-là, je lui couperai la bite et le forcerai à la bouffer.
— On te traite bien ? je reprends, fixant toujours Angelo.
— Oui, les Vargas ont tous été très accueillant avec moi, me soulage Elsie. Angelo est au petit soin avec moi et tu n'as pas à t'inquiéter, Espen.
Lentement, j'opine, les yeux toujours ancrés dans ceux d'Angelo qui a de plus en plus de mal à maintenant le contact. Il détourne le regard, et satisfait qu'il a compris mon message silencieux, je discute encore un peu avec ma soeur.
Les mecs arrivent une dizaine de minutes plus tard et ma tête a failli vriller quand mes yeux posent sur la belle Almira.
Oui je viens de dire, belle.
Dans cette robe rouge bustier qui moule parfaitement son corps gracieux, Almira donne l'allure d'une femme qui s'affirme. Ses longs cheveux sont attachés en un espèce de chignon décoiffé tandis que son maquillage souligne davantage ses traits fins. Ses lèvres sont d'un rouge écarlate qui m'hypnotise et c'est avec difficulté je dirige mon regard sur cette paire d'escarpins noirs dans ses pieds.
Elle est totalement élagante.
Ce n'est plus la gamine avec ces vieilles godasses et son jean troué.
Elle va m'avoir à force.
— On s'excuse pour le retard, Almira prend énormément de temps pour se préparer. En plus elle n'est même pas dans le thème ! se plaint Niguel en la désignant du doigt.
— Je ne savais pas quoi mettre, défend l'intéressé en jetant un coup d'oeil dans ma direction.
Elle serre ma soeur entre ses bras, lui avouant qu'elle lui a manqué. Almira ignore ouvertement Angelo qui lui tend la main et mes yeux se glissent sur son c...
Reprend-toi Espen !
Cette femme est dangereuse. Terriblement dangereuse !
Elle met mes nerfs à rudes épreuves.
Je décide de rejoindre Gaël et me rafraichit avec un virgin mojito. J'ai soudainement chaud, incroyable !
— Un virgin mojito ? s'égosille mon bras droit. Tu vas bien ?
— Non, je vais terriblement mal. Pendant des jours, j'ai cru devenir fou, je peste avant de savourer ma boisson.
— Alexa te fait voir de toutes les couleurs, s'esclaffe-t-il, le regard absent.
Il n'y a pas que cette trainée d'Alexa qui me rend fou mais cette autre fille qui vit sous le même toit que moi...
Gaël me debrieffe sa dernière mission puis Antonio nous rejoint. J'essaie de me concentrer à leur conversation mais je ne peux pas m'empêcher à chercher des yeux la sirène de cette soirée. Je la trouve enfin et celle-ci discute avec le vieux.
Avec Le vieux ??
Vivement, je les rejoins et m'accoste à côté d'elle. Intriguée, elle me lance un regard.
— C'était donc elle la nouvelle recrue qui a rejoint nos rangs, s'enthousiaste mon grand-père. Pourquoi ne pas l'avoir présentée plus tôt ?
— Parce que monsieur est toujours occupé, je lâche avec sarcasme. Ne l'embête pas trop, elle peut sortir ses griffes.
Le vieux rit et Almira se sent obliger de le joindre.
— Je ne vais pas risquer ma vie. En tout cas, faites comme chez vous, Almira. Vous êtes de la famille depuis longtemps.
— Je vous remercie pour votre générosité, répond-t-elle poliment.
— Ne me remerciez pas, c'est tout à fait naturel. Votre père était fidèle à nous et on le considérait comme un membre de la famille. Si vous avez un problème, faites savoir Espen. Il sera heureux de vous aider, déclare-t-il avant de lui baiser sa main. Je vais vous laisser, je dois prendre mes médicaments.
Enfin le vieux nous lâche la grappe et l'étole qui couvrait les épaules d'Almira glisse sur le parquet. Avant qu'elle s'accoupit, j'attrape son étole et le remets sur ses épaules. Je la sens se crisper et j'ai conscience que presque tout le monde nous regarde, mais je m'en bats les couilles.
Elle me souffle un merci à peine audible.
— Si mon grand-père te fait chier, n'hésite pas à lui faire savoir. Il peut être parfois envahissant.
— Je n'oserai pas, avoue-t-elle avec un sourire en coin. Tu as décidé de porter mon cadeau.
Je jette un coup d'oeil à ma nouvelle montre.
— Et toi, tu as décidé à porter le mien.
Elle rit.
— Je ne pensais pas que tu allais vraiment venir. Je t'ai entendu dire à ton frère que t'hésitais à rejoindre la soirée des Gonzalez, je reprends aussitôt. Je te croyais encore conne pour les choisir.
— Je ne suis pas assez folle pour les choisir, souffle-t-elle en attrapant une flûte de champagne. Je...
Ses mots se perdent tandis que son visage se décompose. Je suis la direction de ses yeux bruns et peste des insultes quand Alexa s'élance dans notre direction. Un détail m'échappe, elle porte la même robe que la gamine sauf que la sienne est noire.
Est-ce une simple coïncidence ou bien ?
Une fois à mon hauteur, je prends sur moi quand elle glisse main dans la sienne. Je contracte ma mâchoire tandis qu'une douleur apparaît au centre de ma poitrine. Alexa dirige son bouche vers la mienne mais se ravise et pose un baiser sur ma joue.
Ne tue pas cette pauvre gosse, Espen.
Cette fille joue avec mes nerfs et depuis longtemps j'essaie de canaliser mon envie de l'étrangler. Je hais sa voix, je hais son toucher, je hais quand elle est près de moi.
Je prends sur moi parce que je ne dois faire aucune erreur avec Alexa mais la tâche est vraiment compliquée.
— Wow ! On a la même robe. On dirait des jumelles, s'exclame Alexa avec un sourire hypocrite.
Je sais qu'Almira veut riposter mais pour une raison dont j'ignore, elle garde son sang froid et lui accorde un sourire sans chaleur.
— Ouais, répond-t-elle sèchement.
— Comment ça se passe avec Santiago ? On dirait que vous êtes proches, non ? Une de mes amies vous as vu il y a quelques jours.
Je fronce mes sourcils, me demandant ce qu'elle peut bien raconter. Almira et l'autre pédale se voient toujours ?
Mais pourquoi ?
Putain, ça me fout la rage la simple pensée qu'elle soit partie avec un autre homme, surtout avec ce connard de Vargas.
— Sans vouloir te manquer de respect, ma relation avec Santiago ne te regarde pas, répond Almira sur un ton ferme.
— Mais...
— Pourquoi partir le voir ? je demande brusquement d'un ton sanglant.
Les deux femmes sursautent et leurs yeux sont braqués sur moi. Je ne comprends pas pourquoi elle est partie le voir ! Elle qui le déteste autant !
Mais pourquoi ça m'intéresse autant sa vie ? Qu'est-ce que j'ai à foutre ?
— Ça ne te concerne pas non plus, rétorque-t-elle froidement. Après tout, il est peut-être mon futur époux.
Je glousse d'un rire sans humour.
Qu'est-ce qu'elle peut être pathétique parfois.
La gamine tourne ses talons et s'éloigne sous le rire moqueur d'Alexa. D'un geste rageux, j'attrape son bras et nos emmène dans une pièce à part. Je la pousse sans ménagement contre le mur avant de serrer son cou avec fermeté. Son regard bleu devient soudainement effrayé et elle tente de s'échapper sous mon emprise.
— Pourquoi tu es ici ? Je t'ai pourtant bien dit que j'avais besoin d'espace !
— Ta famille trouvera étrange que...
— Ne me mens pas, salope, je chuchote froidement en serrant davantage son cou.
— Je suis ta femme et... et je peux pas la laisser t'approcher, avoue-t-elle, haletante.
Comme si sa peau me brûle, je lâche son cou et m'éloigne d'elle tandis qu'Alexa se laisse glisse le long du mur. Je ris sombrement et passe une main dans ma barbe, luttant à lui tirer une balle sur le champ.
— Tu délires complètement.
— Je suis une femme et je sais reconnaître quand une est follement amoureuse. Cette... Almira en crève pour toi et je le sens ! Je ne la laisserai pas t'approcher de toi. Tu es à moi ! C'est à cause d'elle si tu ne veux pas me toucher et m'accepter dans ta vie.
— Je t'appartiens pas, crétine. Ose le dire une dernière fois et je n'hésiterais pas à percer des implants.
— Je...
— Ferme ta gueule, bon sang ! Cela ne te regarde pas ma relation avec Almira. Tu crois quoi ? Que je vais te baiser comme les autres mecs l'ont fait ? Tu es intouchable, Alexa ! Réveille-toi, bon sang ! je tonne d'un ton cinglant.
— Mais on est mariés, insiste la connasse en s'approchant de moi. Je suis désormais ta femme et tu devrais m'accorder une chance.
Je ris à nouveau tandis que son visage se décompose. Qu'elle soit ma femme ou pas, je ne foutrai pas ma bite dans le trou le plus visité de la ville.
— On est marié mais je ne te considère pas comme mienne. J'ose à peine à te regarder et comment voudrais-je avoir envie de toi ? Tu m'inspires que le dégoût et la honte, je crache avec une grimace. Si tu tiens réellement à ta vie, ne t'approche plus de moi pendant un moment, je ne te garantie pas que je réussirai à contrôler ma rage contre toi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top