Chapitre 45


Je suis son regard et une dizaine d'hommes se joignent à nous. Leur physique est tout aussi effrayant que celui de leur chef et sans oublier leur regard de tueur !

Ils se présentent à moi avec respect tandis que leur chef me présente à eux.

Je ne me rends toujours pas compte que je suis entourée de meurtrier sans coeur, sans pitié mais je pense que ma conscience s'est habituée le fait d'être H24 avec des cinglés. Après tout, je deviens comme eux...

Durant toute la réunion, je reste silencieuse comme une carpe alors que tous ces hommes élaborent des plans machiavéliques afin de buter un ministre du gouvernement. Oui, ils ont bien l'intention de tuer un ministre. Un ministre, bordel !

Enfin, c'est quand même fou ! Pourquoi pas tuer le président tant qu'on y est ?!

— Vous ne pouvez tout simplement pas discuter avec lui comme des gens civilisés ? j'interviens timidement.

Je me sens comme un morceau de poulet quand tous les regards se braquent sur ma petite personne.

— Comme des personnes civilisées ? répète un homme, ahuri. Donc vous laissez entendre de laisser vivre un homme qui connaît un peu trop de choses sur nous et qui s'apprêtent à filer des preuves à la DEA ? Vous êtes ridicule.

— Ridicule ? je répète amèrement. Je suis ta daronne pour que tu me traites de ridicule ?

— Ne parle pas...

— De ta daronne ? Tu m'as cherché.

— Espèce de sa...

— Continue ta phrase et je te brise ton doigt, Rohan, intervient Espen d'un ton tranchant.

Le prénommé Rohan serre les mâchoires et opine. Je lui daigne un dernier regard noir et me focalise sur le chef qui me fixe avec une intensité déconcetante.

— Almira est nouvelle, soyez donc clément avec elle. Elle est la soeur de Matteo et estimez vous heureux qu'il n'est avec nous sinon il baisera toutes vos daronnes. Elle est ma protégée, donc si vous l'insultez, vous m'insulter aussi.

Depuis quand je suis devenue sa protégée ? À part si c'était indiqué dans le dossier et que je ne pas lu ce point.

Et puis, si je suis sa protégée, je suis plus au moins intouchable. Comme Alexa.

Cela peut être bénéfique pour moi.

— Tu disais, Almira. Continue, insiste Espen d'une voix dure.

— Si vous tuez ce ministre, ils vont savoir que c'est vous derrière ce meurtre. Même avec des armes non marquées, la DEA saura que vous avez voulu l'éliminer.

— Ce ministre n'est pas seulement dans notre champ de vision mais aussi dans celui des autres familles. Soit on laisse les autres familles s'en chargent mais ils n'ont pas les couilles pour y faire soit je m'en charge. Plus ce ministre respire, plus nous risquons pour notre business. Il y a plusieurs façons que la DEA ne nous retrace pas.

— À part l'empoisonnement, je ne vois pas d'autre solutions, dis-je platement.

Des chuchotements se font entendre tandis qu'Espen m'observe avec ce rictus. S'ils ne souhaite pas buter cet homme avec une arme à feu ou par empoisonnement, alors qu'est-ce qu'il manigance ?

— Il va mourir dans un accident, annonce-t-il finalement.

**
*

Nous sommes enfin à la fin de notre journée, et me voilà de retour à la maison.

Après cette réunion, Espen m'a fait visiter ces autres entrepôts aussi surprenants que le premier et c'est après cette visite, je me rends compte que ce type est non seulement blindé mais il détient toutes les cartes du jeu. Tout est sous son contrôle et il maitrise ses affaires minutieusement que la DEA ne peut même pas trouver une faille.

Espen est fort, mais vraiment fort.

Un autre truc surprenant. Tantôt, il m'a annoncé qu'Alexa ne sera pas présents pour les deux semaines à venir. Selon lui, elle participe à un concours de beauté ou un truc de ce genre mais honnêtement, tant mieux qu'elle se porte loin de moi.

Je n'en peux plus de cette fille.

Encore une fois, je suis seule à la maison mais cette fois-ci, Espen est là, réfugié dans son bureau. Je me cuisine une omelette et garde un bout au diable si plus tard, il a un petit creux.  Oui, je suis trop généreuse parfois.

Une fois le ventre plein, je retourne dans ma chambre. Mon regard se porte sur une boîte joliment emballé dans un papier cadeau blanc nacré. Je m'approche lentement de celle-ci et la déballe doucement, appréhendant ce qu'il peut y avoir.

Je sais que c'est de la part de Espen. Qui d'autres ça pourrait être ? Nous sommes seuls dans cette villa et je n'ai pas oublié les paroles de sa soeur. Espen a toujours été au petit soin avec moi, il s'occupait de moi et laissait auprès de moi tout ce dont j'avais besoin. Tout ça dans une discrétion étonnante.

Ma bouche s'ouvre en grand quand je découvre une paire d'escarpins venant d'une très grande marque de luxe. C'est... c'est vraiment pour moi ?

J'hoquète quand j'ose les prendre en main afin de mieux les analyser. Elle sont certes noires mais sont d'une beauté à me faire pleurer. Il me semble les escarpins arborent des empiècements de daim et aussi du cuir verni ? Peut-être je m'y trompe mais je fais confiance à mon toucher.

Une fois dans mes pieds, je m'attendais qu'elle soit mal à l'aise et douloureuse, mais... mais cette paire d'escarpins est très confortable. Par pure précaution, je sautille sur les talons et faillis m'écraser la tronche mais elles ne sont pas inconfortables !

Depuis quand des talons sont confortables ?

Je les observe dans mes pieds, trouvant qu'elle me vont si bien et je laisse un rire s'échapper entre mes lèvres.

J'imagine bien Espen choisir cette paire d'escarpins dans la magasin avec son air sérieux. S'il a vraiment choisi de son gré, je ne saurai pas comment le prendre.

Dans ma vie, j'ai eu peu d'hommes qui m'accordaient ce genre d'attentions. Oui il y avait mon père et parfois Matteo, mais on m'a jamais offert un cadeau si couteux et venant de la part d'Espen, ça me laisse confuse. Espen déteste les femmes et donc, il a fait l'effort de m'offrir un cadeau ? C'est impensable !

Pourquoi ferait-il cela pour moi ?

Je refuse à nouveau ces pensées et ôte mes nouvelles chaussures. Peut-être que je m'égare mais je ne sais pas comment me comporter face à lui.

À chaque fois quand il est près de moi, je perds mes moyens et mon esprit n'est plus clair.

Je n'ai jamais ressenti cette faiblesse face à une personne et je ne comprends pas pourquoi j'espère qu'un type comme lui m'aimera.

Espen n'est pas attiré par les femmes comme moi et tant mieux ! Je ne cherche pas de mec.

Et je n'oublie pas que notre début de rencontre fût catastrophique. Ce type m'a créé des traumatismes et maintenant, il se comporte bien avec moi et m'offre même un paire de talon de Jimmy Choo ?!

Qu'est-ce qui se passe bon sang ?

J'aimerais tellement m'éloigner de lui parce que je n'aime pas ce que je ressens et je refuse même. Espen est mon boss.

Et rien d'autre.

Pourtant me voici dans la porte de son bureau, cette petite boîte dans ma main. J'ouvre la porte et soupire de soulagement quand je constate que la pièce est vide. Je dépose mon cadeau sur le bord de la table et j'espère qu'il aimera mon cadeau.

Ma conscience me crie que je vais tout droit dans un mur mais mon coeur me crie de continuer et de tenter ma chance.

**
*

— Tu crois que Santiago aimera cette robe ? Elle est un peu trop courte non ?

J'adresse un regard blasé à Alira qui essaie ces nouveaux vêtements dans mon espace privé. Oui, on est arrivé à ce point où elle peut s'incruster chez le diable pour squatter ma chambre qui selon elle, lui permet à trouver un peu de sérénité.

Mais aujourd'hui, cela va être le pire jour de ma vie. Alira a décidé nous inviter à dîner avec Santiago, celui que j'essaie d'éviter depuis un moment.

S'il y a Espen que j'évite actuellement, il y a lui aussi.

— Tu oses me demander ça à moi ?

Elle roule des yeux puis s'éclipse dans la salle de bain afin de se préparer. Pendant ce temps, j'attache mes cheveux en une queue de cheval et me chausse de mes nouvelles escarpins. Je m'observe dans le reflet et bordel ! Je me sens vraiment dans la peau d'une boss Lady. Je suis vêtue d'un ensemble de tailleur de couleur beige avec ces nouvelles chaussures, je me pète le cul.

Ça change terriblement de la petite Almira qui porte H24 des jeans troués et des t-shirt qui font deux fois sa taille.

Aujourd'hui, j'ai voulu un peu nouveauté.

— On va juste dîner, pas un rendez-vous avec le président, précise ma soeur en me reluquant de la tête aux pieds.

— Ne sois pas timide, tu peux me complimenter, je nargue en tournant sur moi-même.

— On dirait une prof, Almira, souffle-t-elle en croisant des bras.

La rabat-joie !

Je la nargue davantage quand j'imite la démarche d'une top model au centre de ma chambre. Je tournoie sur moi-même et perds l'équilibre avant de m'écraser les fesses sur le parquet. Ma soeur éclate de rire si fortement que ça a alerté Matteo qui débarque en trombe dans ma chambre, les sens en alertes.

— Calmate ! Elle s'est cru dans les élections de miss Mexique et elle s'est cassée la gueule, explique Alira à notre frère avant de taper à nouveau une barre. Quelle conne !

— En vrai, si j'améliore ma démarche, je pourrai participer aux élections de miss Mexique, non ? je demande avec amusement.

Mon frère m'aide à me relever et dit :

— T'es pas le genre de meuf coquette, Mira, sans vouloir te vexer.

Je lève grossièrement les yeux au ciel.

— D'ailleurs, où vous partez ?

Alira s'apprêter à le répondre et vivement, je la devance :

— Une virée entre soeur.

— Eh bien, je suis content que vous vous êtes rapprochées. Faites attention à vous, d'accord ? Il peut avoir des fous en ville, nous avertit Matteo d'un ton prudent. Si un type vous suit, fuyez ou bien...

— Un coup de boule dans les couilles, je souffle avec un sourire. Je connais le refrain et ne t'inquiète pas pour nous, Matteo. On sait se défendre... enfin Alira me défendra pendant que moi je vais prendre la fuite.

— Sympa, peste l'intéressée.

Notre frère nous accompagne jusqu'à ma voiture et après des promesses, il nous lâche la semelle. Je quitte la propriété sans perdre une seconde de plus et suis les directions du GPS. Je descends assez rapidement de mon petit nuage quand je me rappelle que je vais rencontrer à nouveau Santiago.

Après notre dernière discussion, je sais qu'il attend une réponse de ma part mais je n'ai toujours pas pris une décision ! J'ai toujours reporté ce moment fatidique et là je vais me pointer devant lui et feindre  l'innocence avec ma soeur. Cette dernière n'a aucune idée de ce que Santiago et moi mijotons derrière son dos.

Je me sens terriblement mal envers à Alira.

— Bientôt c'est la fête du nouvel An. Tu devrais fêter avec nous, propose Alira alors que j'arrête le véhicule à un feu rouge.

— Tu connais déjà ma réponse.

— Maman ne t'embêtera pas, si tu veux le savoir. Enfin, Almira, on est quand même ta famille ! Tu ne pourras pas nous éviter toute ta vie.

Je m'esclaffe et me focalise sur le feu rouge.

Bien sûr que je suis capable de les ignorer toute ma vie. Elle ne sait pas ce dont je suis capable ! S'il faut éviter ma mère toute ma vie, je le ferai, même gratuitement !

— Tu es une Gonzalez...

— Oui mais aussi une Perez, je déclare, agacée. Les. Gonzalez sont des étrangers pour moi. Si je pose mon pied au manoir, ils vont tous me faire chier avec le mariage. De plus, je suis déjà conviée chez les Reyes.

Le feu vient au vert et j'appuie sur le champignon, faisant ronronner le moteur de la voiture.

Espen a convié toute la bande et la soirée débutera chez son grand-père. Même si je n'ai pas spécialement envie d'y assister, j'ai accepté l'invitation car Elsie sera présente, accompagné de son clebard d'époux. J'ai hâte de prendre ses nouvelles et papoter avec elle. Depuis qu'elle n'est plus à la maison, je me sens un peu seule.

— On va croire que c'est eux ta famille, cingle Alira.

— T'as un problème avec les Reyes ?

Elle souffle fortement.

— Je n'aime pas ce type là. Espen Reyes. Depuis qu'il a nous a fait une scène devant la maison, je suis méfiante envers lui et ça m'énerve le fait que tu vis chez lui.

— Ne t'inquiète pas pour moi. Je suis bien traitée avec lui.

Je gare la voiture et me concentre sur ma soeur dont les sourcils sont froncés.

— S'il m'avait fait du mal, je ne serai pas là-bas et Matteo m'enverra de l'autre côté du pays, je continue calmement.

— Si tu le dis. Bon tu viens, Santiago est déjà là, lâche-t-elle vivement avant de sortir de la voiture.

Son comportement me laisse confuse et je décide de la suivre avec les pas lourds. Je vois de loin Santiago enlacer Alira et cette dernière a un sourire épanoui qui illumine son visage. Son regard croise le mien et vivement, le goudron attire mon attention.

Courage, ce n'est que deux heures...

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