Chapitre 42

La cérémonie du mariage vient de débuter et le soleil me brûle l'épiderme tandis que des moustiques me sucent chaque goutte de mon sang. Mon amie a eu l'excellente idée de célébrer son mariage dans le jardin des Vargas qui est envahi de bestioles . Elsie marche le long de l'allée avec la présence de son grand-père. Elle colle un sourire sur son visage mais pourtant, son regard triste obscurcit son visage solaire.

Suis-je la seule à remarquer qu'elle n'est pas heureuse ?

Parmi tous ces invités, il n'y en pas un qui trouve ce mariage anormal ?

Ça me fout la rage rester debout, observant cette horrible scène se dérouler sous mes yeux. J'aimerais venir au secours de mon ami mais si je le fais, je serai dans la ligne de mire de plusieurs mafieux.

Arrivés à l'autel, elle prend le bras de ce bâtard d'Angelo lui propose et le prête entame la cérémonie. Je m'assois avec la gorge sèche et ignore mon inquiétude qui ne cesse de croître.

— Si quelqu'un a quelques raisons que ce soit de s'opposer à ce mariage, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais ! s'écrit le prête en nous avisant avec son regard vitreux.

Elsie me lance un regard insistant et je lève les yeux au ciel avant d'acquiescer.

Pour elle, parce qu'elle m'a exigé avant que la cérémonie commence, je ne vais m'opposer à ce mariage et attirer tous les attentions des invités. Non, je vais me contenter m'assoir et ruminer sur place.

Une fois les voeux échangés ainsi que les bagues, ils sont officiellement mariés et croyez-moi, son cauchemar ne fait que commencer.

— Qu'a dit Santiago ? Vous avez trouvé une solution pour annuler ce mariage ? me demande Alira une fois la cérémonie terminée.

Maladroitement, je fais tomber mon sac à main et le récupère, mal à l'aise.

Je sais quelle réponse elle s'y attend mais je ne peux pas lui révéler chaque phrases que Santiago et moi avons échangées. Si elle savait ce que ce dernier m'a demandé, elle me détestera et répétera à Léna qui explosera de joie.

Non, pour le moment je garderai secret cette discussion et je n'ai toujours pas pris de décision concernant la proposition de Santiago.

— Lui aussi est contre le mariage. Il va essayer de convaincre son père de l'annuler, je réponds en lui daignant à peine un regard.

— Super !s'enthousiaste-elle. Une fois le mariage annulé, je lui avouerai mes sentiments.

— Tu ne penses pas que tu vas le brusquer ? Enfin, j'ai peur qu'il soit trop surchargé entre le mariage et toi...

— Ne t'inquiète pas, je gère !  Bon, tu viens  ? Je commence à crever la dalle.

Face à sa joie, je m'en veux de lui avoir délibérément menti. Qu'est-ce qu'il va se passer une fois quand elle saura que je l'ai mytho droit dans les yeux ?

On commence à peine à s'apprécier et à se considérer comme des soeurs et la dernière chose que je souhaite c'est qu'on devienne ennemie au plaisir d'un homme...

Les hommes, toujours eux la source de notre malheur !

On rejoint les garçons et je suis assez surprise qu'Alira s'ouvre un peu plus à la bande et à Matteo. Je trouve qu'ils s'entendent plutôt bien et discrètement, je les quitte pour retrouve Elsie qui s'est éclipsée aux côtés des invités.

En chemin, je vole deux flutes ainsi qu'une boisson gazeuse et la retrouve assise sur un banc, à l'abris du soleil. Elle me voit et pouffe de rire quand je la nargue avec la bouteille.

— Du coca ? s'égosille-t-elle avec un sourcil arqué. On en manque de champagne, Mira !

— Tu sais que je déteste l'alcool et il est mieux pour toi que tu restes sombre, hum.

Je lui sers un verre avant de lui tendre.

— Je suis foutue et c'est impossible de faire retour en arrière, soupire-t-elle.

Je garde le silence et m'assois auprès d'elle et écoute les rossignols chanter.

— Ça pouvait être pire comme journée. Dommage que mon frère ne soit pas présent.

— Il est bien trop occupé à baiser sa nouvelle femme, je crache avant de regretter aussitôt.

— Qui ça ? Alexa ? Elle vit avec mon frère maintenant ?

— Je ne sais pas. Elle vient souvent à la maison mais elle repart le soir. Elsie si tu savais comment j'ai envie d'abimer son visage, cette connasse est tellement insupportable ! Je pensais que ton frère était pire mais il est plus agréable qu'Alexa. Après tout, ils font un très beau couple ! Deux chieurs ensemble.

Elle éclate de rire.

— Pourquoi ce ton, Mira ? On dirait de la jalousie.

Cette fois-ci, je m'étrangle avec ma boisson et la regarde avec les yeux comme ouverts comme les yeux globuleux d'un chihuahua.

— Jalouse ? Tu m'as bien regardé, Elsie ? je m'écris aussitôt. Alexa n'a rien à envier.

— Je porte peut-être des lunettes mais je ne suis pas au point d'être aveugle. J'ai remarqué qu'Espen et toi discutiez sans vous insulter et il était toujours là à vérifier si tu ne manquais rien.

— Je ne comprends pas...

— Je ne devrais pas te le dire mais c'est lui qui a déposé la crème cicatrisante sur ton lit, c'est lui seul qui a refait ta garde de robe sans l'aide de personne et c'est toujours lui qui t'a laissé un anti gueule de bois sur ta table de chevet. Je lui ai demandé pourquoi il se comportait ainsi avec toi mais il m'a toujours répondu « mêle-toi de tes affaires ».

Mon organe vitale prend une autre allure tandis que je sens des picotements sur mes pommettes. Donc, c'était lui depuis tout ce temps. Mais pourquoi il se préoccupe de moi ? Pourquoi il agit si bizarrement ?

Ce n'est pas dans ses habitudes qu'il se comporte tel un gentleman... surtout avec moi !

Putain, il fait soudainement chaud !

— Je me suis dit qu'il a sûrement flashé sur toi mais tu n'es pas du tout de style, sans vouloir te vexer. Espen aime les meufs comme Alexa, grande, sexy et qui sait utiliser son corps. Toi tu es plutôt simple, paresseuse et tu t'en fiches de l'image que tu donnes aux autres.

— Alors pourquoi il s'est comporté ainsi avec moi ? je questionne avec appréhension.

Elsie boit une gorgée et sourit.

— Parce qu'il te considère comme sa soeur, avoue-t-elle. C'est la seule hypothèse que j'ai.

Je grimace et me vexe.

Hors de question qu'il me considère comme sa frangine ! Mon pire cauchemar.

À la fin de la journée, Matteo et moi retournons à la maison. Nous croisons à nouveau Alexa qui s'apprête à s'en aller et je l'insulte intérieurement.

Il ne manque plus qu'elle crève en chemin et qu'elle ne revienne jamais.

Une fois quand j'ai fini prendre ma douche, c'était sans surprise que je retrouve le diable dans ma chambre, assis sur le bord du lit. Après ce qu'Alexa m'a avoué, il était impensable que nous ayons pas une discussion sérieuse.

Pendant toute la journée, je craignais ce moment.

— Comment s'est passé le mariage ?quémande-t-il en glissant un regard intense sur ma personne.

Je ressers mon pull contre moi et fixe en plissant les yeux la couleur de sa cravate. Aussi étrange soit-il, j'ai l'impression d'avoir vu cette cravate de couleur pourpre.

— Je n'ai jamais assisté à un mariage aussi déprimant que celui d'Elsie, je réponds d'un ton las. Si tu es dans ma chambre, c'est pour qu'on parle ce qu'il s'est passé ce matin.

Il acquiesce et ouvre la bouche mais vivement je le devance :

— J'ai horreur quand on me cache des choses. Pour ce genre de mission, je voudrais connaître toute la vie de la cible, je ne veux pas qu'on m'épargne ce genre de détail.

— Et tu te crois assez forte pour tuer un mec qui a une famille ? Almira, tu es encore nouvelle et ton coeur est encore pur, raille-t-il. Si tu savais l'identité de la victime, aurais-tu le courage lui ôter la vie ?

Je reste silencieuse pendant un petit moment et me pince les lèvres.

Non, je n'aurais pas le courage.

— Écoute-moi, Espen. J'ai des limites, j'ai des principes, j'articule en ancrant mon regard dans le sien. Je m'en fou de ce que ce type vous a fait à toi et à Alexa mais je vous ai aidé à tuer un père de famille ! Est-ce que tu as pensé aux enfants ? À la femme ? Désormais, ces enfants n'ont plus de daron et je sais ce que ça fait. C'est douloureux.

Je lui tourne le dos, les larmes aux yeux.

— Je ne veux plus tuer des personnes qui ont une vie de famille. Que c'est la dernière fois que tu me caches ces informations.

— Je ne peux pas te garantir qui sont tes prochaines cibles mais n'oublie pas que tu travailles pour moi et tu es alors sous mes ordres. Si tu ne souhaites pas tuer une cible parce qu'il a une vie de famille, tu n'auras plus ta protection, gronde-t-il.

Je ferme brièvement les yeux.

— Peut-être c'est mieux que j'épouse Santiago. Au moins avec lui, il me forcera pas à être un bourreau comme toi, je lâche gravement.

J'entends son souffle erratique et sa rage émaner de lui. Quelque chose dont j'ai appris de lui, Espen n'aime pas quand on le compare à Santiago. C'est son ennemi juré.

— Ce qui est fait est fait, déclare-t-il sombrement. Le dossier de la victime et sur ton lit et ressaisis-toi. Ça ne fait que commencer. 

J'entends ses pas quitter la pièce et il claque la porte. Vivement, je saute sur le dossier et le consulte.

Coupable, quelques larmes glissent sur mes joues que je m'empresse à les essuyer. Cet homme s'appelait Rafaël et il avait deux petites filles. Et je les ai séparé brutalement de leur père.

Mon coeur se serre douloureusement et je me promets que c'est la dernier fois que je brise une famille.

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