Chapitre 40
Mes lèvres s'étirent par tant d'innocence. Je m'en veux presque de lui ôter cette innocence et ce coeur si pur.
— Tu as sans doute raison, je termine dans un souffle.
Je n'ai plus de coeur depuis que mon connard de père a ordonné à ses gardes violer sa propre fille. Quand j'ai su son plan machiavélique, j'étais assez rapide pour sauver Elsie qui était coincée entre trois types, la bite à l'air.
Ce jour-là, je les ai tous tué sans aucune once de pitié. C'était un carnage et j'ai aimé ça.
J'ai aimé tué.
Elsie avait pu préserver sa féminité malgré qu'elle était moitié nu devant mes yeux et j'avais lu dans ses yeux la honte, l'embarras.
Elle s'est fait duper par notre père.
Ce jour-là, mon père a rejoint les enfers et je l'ai étranglé entre mes propres mains.
Depuis que j'ai ôté sa vie, la dernière once d'humanité que j'avais, s'est évaporé avec son maudit âme.
Est-ce qu'un jour je retrouverai une part d'humanité ? Est-ce que je le souhaite ?
PDV Almira
Depuis ma dernière conversation avec le diable, je ne l'ai plus revu.
Une semaine s'est écoulée et je me sens terriblement seule depuis qu'Elsie ne vit plus avec nous, étant donné que son frère l'a chassé de la maison.
D'après Niguel, Gaël l'a hebergé chez lui, voulant passer les derniers moments ensemble avant l'évènement fatidique. J'ose à peine imaginer leur douleur de se dire au revoir et se quitter.
Le mariage est dans quelques jours et croyez-moi, je n'ai nullement l'envie d'y assister pour plusieurs raisons.
De un, j'assisterai mon amie faire la pire erreur de sa vie.
De deux, il est évident que je croiserai Santiago car il est le frère du futur époux.
Le dernier point m'hérisse les poils et je ne sais pas comment vais-je me comporter face à lui. Devrais-je le saluer comme un pote ou bien le gifler devant tout le monde et lui foutre la honte ? Bon sang ! Je suis perdue.
Je dépose la fiole sur le milieu de la table et gribouille un petit mot sur un morceau de papier avant de partir.
On m'a confié un nouveau dossier et Espen a décidé cette fois-ci de garder l'anonymat de la cible. J'avoue, ça m'embête un peu, je participe à l'élaboration d'un meurtre sans savoir qui est la cible mais peut-être son choix a été méticuleusement choisi.
Peut-être, c'est mieux pour moi ne pas connaître l'identité de la cible.
— Tu vas accompagner Elsie ? me questionne Niguel ne m'appercevant.
— Où ça ?
— Eh bien, choisir sa robe de mariée. C'est aujourd'hui qu'elle choisira sa robe, répond mon ami comme une évidence.
J'arrête tout mouvement pendant quelques secondes avant finalement me servir un verre de jus.
Merde, j'ai totalement zappé ! Aujourd'hui, je suis censée lui porter compagnie durant les séances d'essayage mais Alira m'a aussi proposé qu'on se voie à nouveau juste pour se connaître davantage.
— J'ai oublié mais aujourd'hui, je sors aussi avec Alira, j'admets en grimaçant.
— Ça serait bien qu'on ne laisse pas Elsie seule. Je ne peux pas l'accompagner puisque le jefe m'a donné des directions. Ça serait bien que tu restes auprès d'elle, insiste Niguel avec une moue.
Je soupire quand il me fait les yeux doux.
— Oui, je serai avec elle, je cède avec résignation. Je demanderai si Alira voudrait se joindre à nous. Je ne pourrai pas être à deux endroits en même temps !
Devant Niguel, je téléphone ma soeur. Celle-ci accepte sans poser de question à ma proposition et une fois, l'appel fini mon ami me lance un regard du genre « je te l'avais dit, vous avez une connexion qui vous lie ».
— N'ose même pas ouvrir ta bouche sinon je vais t'étrangler avec cette banane ! dis-je aussitôt en le menaçant avec le fruit.
Il lève les mains au ciel.
— Je n'allais rien dire justement.
— D'ailleurs, toi et ton frère, vous avancez sur les recherches ?
Niguel souffle longuement et sert à nouveau du jus de fruit. Face à son silence, je devine pas que les recherches ne sont fructueuses.
— Malgré le mal qui est déjà fait, ça me tient à coeur qu'on continue nos recherches sur Angelo, je continue d'un voix cachotière. J'ai peur pour Elsie.
— Ne t'inquiète pas, avec Gaël on va poursuivre nos recherches malgré la difficulté.
J'acquiesce et plus tard, je récupère Alira avant d'aventurer les routes mexicaines. Pendant le trajet, elle se force à m'adresser la parole malgré l'embarras de la situation. Je trouve cela plutôt cocasse comme moment étant donné nous sommes tous les deux pas très sociables avec le monde.
Nous arrivons devant le salon de mariage où Elsie nous attend pied ferme. J'épargne le moment où sa surprise se lit sur son visage quand elle rencontre pour la première fois ma soeur jumelle.
Et nous voilà au moment dont je craignais, c'est-à-dire, rester scotchée sur une chaise et observer Elsie essayer des dizaines de robes de mariée les plus barbantes que les autres.
Je tape du pied tandis que mon amie sort de la cabine d'essayage avant de tourner sur elle-même.
— Comment tu la trouve ? me demande-elle en reluquant son reflet.
— Horrible, on dirait une caniche dans cette robe, je rétorque avec lassitude tandis qu'Alira glousse de rire. Pourquoi faire tant d'effort pour ce mariage qui te rendra pas heureuse ?
— Le mariage était censé être le plus beau jour de ma vie. Malgré les circonstances, j'essaie ne pas m'apitoyer sur mon sort.
Je roule des yeux, lassée.
Une heure plus tard, Elsie choisit sa robe de mariée mais quand je crois qu'on en a fini avec cette torture mentale, elle prend ma main et m'emmène dans les rayons.
— Choisis une robe. Tu peux choisir une robe aussi, Alira. Je vous l'offre !
— Non, Elsie c'est trop, dis-je perdue devant cette panoplie de robe pailletées.
— J'insiste, Mira. Mon frère ne sera présent au plus beau jour de ma vie, alors je compte sur votre présence.
Je pince mes lèvres et à contre-coeur, je parcoure les rayons avec ma soeur, à la recherche d'une robe qui pourrait me plaire.
Comment lui dire que je n'avais l'intention d'assister à son mariage ? Mais si cela lui tient à coeur, je m'efforcerai d'être présente. Oui, c'est la seule chose que je lui dois.
— Elle n'a pas l'air heureuse, me chuchote Alira à côté de moi.
— Qui serait heureuse de se marier avec un inconnu, Alira ? Devant toi, elle prétend que tout va bien or ce n'est pas le cas. Elsie est très malheureuse même si elle nous le montre pas, je souffle en scrutant une robe vert forêt.
— Tu n'as vraiment pas l'intention de signer ces papiers ?
Cette fois-ci, je me tourne à elle et lui lance un regard interrogateur.
— Bien sûr que non. Déjà que j'étais méfiante envers Santiago mais maintenant, je le hais !
— Ne dis pas ça, Santiago est un type clean.
— Tu dis ce genre de bêtise parce qu'il te fait de l'oeil, n'est-ce pas ?
De suite, elle rougit comme une adolescente et je lève les yeux au ciel.
Il était évident que ce tocard lui fait de l'effet, je ne suis pas aveugle pour ne pas remarquer ces regards doux remplis d'étoiles et de rêve.
Même si je connais à peine Alira, comment pourais-je partager ma vie avec l'homme qu'elle aime ? C'est tellement cruel et je ne le souhaite même pas à mes ennemis.
— S'il était clean comme tu le penses, pourquoi il n'a pas été honnête avec toi depuis le début ? Pourquoi, il t'a pas avoué qu'il a un contrat de mariage avec moi ?
— Peut-être parce qu'il a honte, défend Alira avant de se réfugier dans une cabine d'essayage.
À grand pas, je la suis et m'appuie contre le mur avec un rictus aux lèvres.
Parce qu'il a honte ?
S'il n'a pas été honnête avec ma soeur, c'est parce qu'il se fiche d'elle et qu'il ne partage pas les mêmes sentiments !
Je m'en rappelle soudainement le jour quand je l'ai vu au restaurant et ce foutu baiser sur la joue. Par contre, jamais je dirai cela à Alira. Qui sait, peut-être elle va me piquer une crise de jalousie ici !
— Si j'étais toi, j'aurai une grande conversation avec Santiago. Il n'a pas l'air honnête avec toi, je lance calmement, les yeux posés sur Elsie qui discute avec une conseillère.
Soudain, le rideau se tire sèchement et Alira se pointe sous mon champ vision avec une mine irritée.
— Qu'est-ce que tu essaies de faire ? Le rôle de la soeur ? s'emporte-elle froidement.
— Nous sommes peut-être soeur biologiquement mais je te considère pas comme ma soeur, je réplique vivement. J'essaie juste te conseiller.
— Ouais mais je n'ai pas besoin de tes putains de conseils. Je connais Santiago plus que toi, nous avons grandi ensemble ! Je suis sa meilleure amie...
— Ouais, ouais. Épargne-moi tes discours inspiré d'une série sur Disney Chanel. Fais bon te semble, mais crois-moi, j'aurai raison, je l'interromps avec un sourire carnassier.
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