Chapitre 37

Je cligne plusieurs fois mes yeux et hésite pendant quelques secondes avant de lancer mon poing dans sa direction. Matteo l'esquive aisément et m'assène une droite contre ma joue. Sonnée par le coup, je perds l'équilibre et tombe sur mes fesses.

— Relève-toi, on a pas fini.

Ridiculisée, je saute sur mes deux pieds et tente vainement à le toucher mais plus je me bats contre lui, plus mes échecs s'accumulent. Je me lève une énième fois, la respiration erratique. Je me poste une énième fois devant lui, mes poings devant mon visage.

Encore une fois, je lance mon premier coup et j'arrive à percevoir son prochain coup dont j'esquive avec justesse mais je n'ai pas vu son coup fatal. Il me fait une balayette et je m'écrase la joue contre le tatami.

Courbaturée, je n'arrive même plus à me lever. Honteuse, je n'ose même plus regarder mon frère droit dans les yeux. C'est une terrible leçon dont je viens recevoir.

— La prochaine fois quand tu va me foutre la honte, je te renverrai aux États-Unis. Là-bas, tu seras libre de ce que tu souhaites faire, crache Matteo en balaçant furieusement ses gants sur le sol.

Il me laisse seule dans la salle de sport et je grimace quand je me tourne sur le dos, fixant désormais le plafond avec les yeux brûlants.

Ça va m'apprendre d'être aussi naïve ! Combien de fois je me fais berner par les autres ? Léna et maintenant Antonio !

D'ailleurs, pourquoi il m'a menti ? Il est connu pour être un sage !

Une chose dont je suis sûre, plus jamais je toucherai à l'alcool !

C'en est fini pour moi. 

Je me redresse et me poste devant le punching ball puis j'entame une série de droite. Je me sens tellement honteuse et furieuse.

Je n'aime pas quand mon frère et moi se disputions et là, inutile de se voiler la face, tout a commencé à cause de moi. Tout en m'entraînant, j'essaie de me rappeler chaque détail de la soirée mais j'ai l'impression que quelque chose m'échappe.

J'ai bu, j'ai enflammé la piste de danse puis j'ai fait un streap-tease sur du Nicki Minaj...

Je gémis de honte et donne plus de puissance dans mon poing avant de m'arrêter.

— J'ai bu plus de dix verres de shots... comment je suis arrivée ici, je me demande, pensive.

J'ôte mes gants, toujours songeuse. Peut-être c'est Matteo qui m'a déposé à la maison. Qui d'autres m'aurait déposé ici sinon ?

Je retourne dans ma chambre, prête à me relaxer dans un bain d'eau chaud mais un tissu noire m'attire l'attention. Je l'attrape et constate que c'est ma robe de hier soir avant qu'une  terrible odeur me gifle le nez.

Je le jette dans l'autre bout de la pièce et là, tout s'assemble dans ma tête. Une lumière s'éclaire dans ma pensée et je me laisse glisser contre le mur, assommée par les souvenirs qui étaient enfouies en moi.

J'ai dansé devant le diable et... et j'ai gerbé sur lui !

Je pousse un petit cri de stupéfaction. Quoi ? Non c'est impossible !

J'attrape ma tête entre mes mains, choquée. Mais le pire c'est que je me suis déshabillée devant lui avant de me coucher. J'ai ôté ma robe devant lui sans aucune once de gêne.

Mais qu'est-ce qui ne va pas avec moi ?

Moi, la fille la plus pudique sur Terre, j'étais pratiquement à poil devant un homme ! Devant lui, en plus !

Je me réfugie dans ma salle de bain avec un sentiment désagréable et quand mes yeux croisent mon reflet, j'ai cru pendant quelques secondes que j'allais tourner l'oeil.

— Putain, j'étais ridicule à ce point devant Matteo, je chuchote, horrifiée. 

Je touche ces sillons noirs mes joues avant de tourne le dos, assez choquée par tout ce qu'il vient de tomber sur mes épaules. Je soupire d'aise quand je plonge tout mon être dans l'eau chaude.

Putain, ça fait un bien fou !

J'ai un peu moins mal à la tête désormais, je suppose que c'est grâce aux bien faits de l'anti gueule de bois que mon frère m'a laissé. N'empêche je me sens toujours comme barbouillée, c'est une sensation très désagréable et je m'en veux d'avoir autant bu comme si je n'avais pas de limites.

J'ai bu à mon insu ! Il ne faut pas oublier, à mon insu.

À la fin de la journée, je me sens à nouveau moi. Je pense que j'ai purgé tous les derniers grammes de l'alcool qui restaient en moi.  J'ai reçu tantôt un message de... Alira !

Déjà, je ne sais pas comment cette folle a eu mon numéro et elle m'a demandé si on pouvait se voir ce soir. J'ai longuement réfléchi, je voulais m'éloigner d'elle et de sa maudite mère mais elles sont si tenace comme des putains de cafards.

— Donc, tu vas y aller ? demande Niguel pendant que je trace mon trait d'eye liner.

— Je pars par ennui.

J'observe Niguel prendre un air amusé et je pivote sur ma chaise roulante pour me retrouver face à lui.

— Qu'est-ce qu'il y a ? dis-je avec un sourcil haussé.

— Ne fais pas genre. Tu es simplement curieuse de ta soeur jumelle.

Je m'étouffe, offusquée.

— Non !

— Almira, tu es comme un livre ouvert pour moi et n'oublie pas, je suis comme toi ! J'ai un frère jumeau et nous avec cette espèce connexion qui nous lie. Même si ça nous arrive qu'on se fâche, il est ma moitié et pour moi, il est primordiale que je le vois tous les jours.

— Je n'ai pas ce connexion bizarre avec elle. En fait, je ne ressens rien pour elle. J'avoue que c'était assez impressionnant découvrir une personne qui me resemble à deux gouttes...

Je me lève et hésite à me chausser de mes nouvelles chaussures.

— Mais je n'ai pas grandi avec Alira.

— Mais quand tu vivais encore ton père, tu ne ressentais pas un vide ? reprend de plus belle mon ami.

Je reste silencieuse, songeuse.

Dans mes souvenirs, je savais que mon père ne m'avouait pas toute la vérité mais jusqu'à sentir un vide... oui j'ai senti un semblant vide mais elle était destinée pour ma mère. Quand je partais à l'école, j'étais jalouse quand je voyais mes camarades de classe avec leur mère et j'en rêvais avoir une.

Mais au fil du temps, ce vide a disparu pour laisser place l'indifférence.

— Non, je souffle.

— Tu as pris du temps pour répondre.

— Je réfléchissais, Niguel.

Il opine, peu satisfait de ma réponse.

— Attends, tu vas mettre ces vilaines chaussures avec cette robe ? Mais tirez-moi une balle, bon sang ! s'écrit-il dramatiquement. Des converses avec une robe, sérieusement Almira ?

Je tourne sur moi-même avec un sourire narquois.

— Mais je suis si jolie avec cette tenue !

Il glousse me semant le doute. Attendez, une robe et des converses se match non ?

Niguel quitte ma chambre toujours en gloussant de rire. Agacée qu'on me critique toujours mon style, j'ôte mes converses pour opter une paire de sandales mais mon Dieu, qu'est-ce que j'ai horreur des sandales !

Une fois prête, je monte dans ma voiture et pars en direction de notre lieu du rendez-vous. Une petite dizaine de minutes plus tard, j'arrive devant un restaurant locale et je commence à regretter aussitôt mon choix pour cette robe.

La plupart des hommes me lancent des regards aguicheurs et je me sens comme un morceau de viande. C'est assez malaisant...

Alira m'envoie un message, m'informant qu'elle m'a vu et qu'elle se trouve au fond du restaurant. Lentement, je me dirige au fond de la salle mais aussitôt je fais demi-tour avant que je sens une main se poser sur moi.

— Tu ne vas pas faire un scandale ici, tout de même ? siffle-t-elle alors que je lui daigne à peine un regard.

— Et si je le fais, qu'est-ce que tu vas me faire ? Tu m'avais dit qu'il y aura que toi et moi non... ta mère.

Elle cille et recule. Elle prend un air blasé.

— Je devais te mentir, admet-elle. Nous devons toutes régler nos différends. Maintenant.

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