Chapitre 36
La gamine... a vomi sur moi.
Ça renacle l'alcool et aussi des tacos au thon de ce midi.
J'essaie de prendre un respiration lente, essayant de canaliser cette rage qui nait en moi.
Calme toi Espen. Ne t'énerve pas.
Ne la tue pas !
La gamine se touche la tête et commence à chialer, saignant cette fois-ci mes oreilles.
— Bon sang, mais qu'est-ce qui m'arrive ? pleurniche-t-elle. J'ai encore envie de vomir.
— Les toilettes sont juste là, dis-je d'une voix blanche en lui indiquant une porte.
Elle a gerbé sur ma tenue venue tout droit d'Italie.
Je dois certainement rêver, c'est un cauchemar !
Je jette un coup d'oeil sur ma tenue et j'ai mes yeux qui picotent comme si je veux chialer. Elle a même gerbé sur mes chaussures en cuir.
Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ça ?
Je la rejoins dans la salle de bain et la vois avec la tête penchée dans la cuvette, vomissant de tout son être. Je m'assois sur le bord de la baignoire dans un calme olympien, en essayant d'oublier mon état.
Plus les minutes passent, plus la gamine se calme. Elle se relève puis rince son visage et carnage ! Son mascara coule, créant des sillons noirs sur sa joue.
Cet aspect m'effraie, on dirait une sorcière.
— Ce n'était pas de l'eau, chuchote-t-elle à bout de souffle.
— Sans blague ! Tu t'es fait avoir par Antonio.
Elle peste des jurons et elle revient à la normale, ayant régurgiter toute l'alcool qui bouillait dans son sang. Enfin pas complètement, car elle fredonne toujours cette maudite musique.
— On part, j'annonce en me levant.
— Mais, je...
Elle s'interrompt quand elle croise mon regard sombre. Je coupe la respiration quand j'entre à nouveau dans la salle de réunion. Je prends ma veste ainsi ma clé de voiture.
Je balance ma veste dans la direction de la gamine et passe devant elle, voulant à tout prix à quitter ce carnage qu'elle a commis.
Une fois arrivée à la maison, je la laisse derrière moi mais me retourne quand j'entends un bruit sourd. Mais qu'est-ce que...
Je la retrouve au sol, le visage collée contre le goudron.
— Tellement pétée qu'elle n'arrive plus à marcher, je siffle en l'aidant à se relever.
Mes yeux se posent sur ses phalanges qui saignent à nouveau. Putain, mais elle va choper une infection si ne prend pas soin de ses blessures !
Je me demande si elle a mis la pommade cicatrisante que je lui ai laissé sur son lit.
— Je n'ai plus de force, soupire-t-elle alors que l'odeur nauséabonde me monte à nouveau dans mes narines.
Je grimace, écoeuré.
— Démerde-toi, je ne vais pas te porter, je rétorque avant de m'engouffrer à l'intérieur.
Elle s'attend à quoi ? Que je vais la porter telle une princesse ? Je ne suis pas un gentleman, je ne vois pas pourquoi elle s'attend que je vais la porter.
J'ouvre la porte de sa chambre et la gamine entre en trainant des pieds. Sans crier gare, elle ôte sa robe et la jette dans un coin de sa chambre avant de se glisser sous la couette. Blasé, j'entre dans sa salle de bain avant de récupérer la trousse de secours et reviens à son chevet tandis qu'elle ronfle déjà comme un loir.
J'attrapes ses mains et applique du désinfectant sur ses phalanges blessées. Je jette un coup d'oeil furtif sur son visage amochée par son mascara coulant.
— Je ne sais même pas pourquoi je me comporte ainsi avec toi, je mumurre avant d'appliquer un peu de crème cicatrisante.
Même avec ma soeur, je ne me suis jamais comporté ainsi. Je n'ai jamais été aussi délicat et être au petit soin avec une personne.
Pourquoi je suis comme ça avec la gamine ? Qu'est-ce qui me prend ?
Pourquoi je ne la déteste plus ?
Quand je suis avec elle, je suis poussé à me comporter d'une autre façon. Avec elle, je ne suis plus le mec sans coeur et sans pitié, je suis plus attentionné à ses côtés.
Je n'aime pas ce changement soudain.
Quand elle est là, je suis tenté de la voir et l'observer dans ses moindres gestes. Je cherche toujours des excuses bidon pour la voir.
Et ce soir, la gamine a vomi sur moi. C'est un acte dont je suis capable d'exterminer toute une génération mais je me suis comporté sagement.
Putain, Espen ! Il faut que tu te ressaisisses !
— Almira, je chuchote difficilement.
Ce prénom est comme un mot interdit. Il me brûle le bout de ma langue.
Je l'observe une énième fois. Je dois m'éloigner d'elle à tout prix.
Almira... Almira a un drôle d'effet sur moi et je sais que ça pas me plaire.
Je vais devoir me comporter tel un vrai connard avec elle.
**
*
PDV Almira
Lorsque je sens des rayons de lumière me brûler la peau, je me réveille péniblement. J'essaie de me relever mais une lourdeur à la tête me bloque sur le matelas.
— Putain, je grommelle en tâtonnant ma tête endolorie.
Ma tête me fait extrêmement mal tandis que j'ai l'impression qu'un camion m'a roulé dessus puisque j'ai des courbatures sur l'ensemble de mon corps.
Je gémis de douleur et cache mon visage avec un oreiller.
Je me remémore la soirée de hier soir et comme si mon état n'était pas assez déplorable, je reçois une gifle imaginaire quand je constate qu'Antonio m'a menti droit dans les yeux.
Les margaritas étaient alcoolisées.
Les shots aussi.
Mais quelle conne, Mira ! Depuis quand on fait des shots avec de l'eau ? Je ne réfléchis jamais avec mon cerveau.
— Tu t'es enfin réveillée !
Je grommelle alors qu'on m'enlève l'oreiller sur ma tête. Je lance un regard noir à mon frère qui reste marbre au pied du lit. Je ferme mes yeux, sachant qu'il va me réprimander pour mon comportement de hier.
— Lève-toi, je t'attends à la salle de sport.
Vivement, je me redresse mais regrette aussitôt. Ma tête, putain ! Son regard tombe sur mon soutien-gorge et vivement, je me cache avec la couette.
— Mais je ne pourrais pas ! J'ai la gueule de bois !
— Ce n'est pas soucis. Vingt minutes et pas plus !
Il claque la porte et je siffle entre mes dents, ma tête de plus en plus douloureuse.
Pourquoi il est si en colère ? Ce n'est pas la fin du monde, enfin j'étais tout simplement ivre.
Donc là, Matteo me demande de m'entraîner malgré mon état ?
Pendant cinq minutes, je reste assise sur le bord de mon lit, hésitant à fuguer mais ma conscience me souffle qu'il est préférable d'obéir à mon frère avant qu'il se transforme en super saiyen.
Lourdement, je me lève et c'est si comme si le sol glisse sous mes pieds. La pièce tourne sous mes yeux mais je lutte. Je me change en tenue de sport et me sens si mal. Quand je m'apprête à quitter ma chambre, j'aperçois une boîte sur ma table de chevet et lentement je l'attrape avant de lire la notice.
Un anti gueule de bois.
Je bois la petite bouteille et ne cache que le liquide est écoeurante.
Je rejoins mon frère avec le ventre barbouillé et tout de suite, sans la peine m'adresser un regard, il m'ordonne à faire une série d'abdo. Au milieu de la séance, j'arrête de taper dans punching ball, furieuse.
— Je ne t'ai pas dit d'arrêter, constate Matteo sur un ton tranchant.
— Matteo, tu n'as aucune pitié ! Je suis malade et...
— Qui t'as dit de boire comme une salope, Mira ? Oui je t'en veux, tu m'as ridiculisé devant toutes ces personnes !
— Ce n'est pas la fin du monde, je proteste, vexée.
Il s'esclaffe et croise ses bras.
— La fin du monde ? répète-t-il sidéré. Ici, ce n'est pas comme aux states ! Tout le monde sait que tu es ma soeur et tu as terni ma réputation ! Comment les autres vont me prendre avec sérieux ?
Je pince mes lèvres si fortement, m'empêchant à lui révéler que c'est son connard de pote qui m'a fait boire. Si je lui avoue, je vais créer un carnage dans cette maison.
Matteo tourne autour de moi tel un lion, me scrutant avec son regard d'acier.
— Tu dois le savoir, Mira. Le Mexique n'est pas comme aux states. Un seul faux pas et tu es dans la ligne de mire de tout le monde.
— J'assume la responsabilité mais tu n'as pas à me parler comme ça, Matteo. Tu n'es pas mon père.
Il s'arrête et penche sa tête, la fureur déformant son visage.
— Certes mais je suis ton frère. Il est de mon devoir de te protéger !
Soudain, il met des gants de boxe et se poste devant moi.
— Frappe-moi si tu trouves que j'ai tort, annonce-t-il froidement.
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