Chapitre 25
Le week-end passe d'une vitesse fulgurante et me voici devant l'antre du diable, encore une fois. Je pousse un soupir exaspéré et m'engouffre à l'intérieur qui est bizarrement silencieux. Pour un lundi matin à dix heures, je trouve ça étrange.
Soudainement, des éclats de rire parviennent à mes oreilles avant que des pas s'approchent dangereusement à moi. Je n'ai pas le temps de me cacher qu'une femme brune descend les escaliers, uniquement vêtue d'un tanga bleu et les seins à l'air. Elle croise mon regard perplexe et me sourit me montrant son blanchissement dentaire.
Je me suis trompée de maison, ce n'est pas possible...
—Tu es sûrement la femme de ménage, s'exclame-t-elle d'une voix vaseuse. Il faudrait que tu changes les draps et que tu fasses un peu de rangement de la chambre de mon chéri. Nous nous sommes beaucoup amusés ce week-end.
—Je pense que tu te méprends, je...
— Chéri, te voilà ! Ta femme de ménage a un drôle d'accent. Dis-lui de faire son taf, s'il-te-plait, s'écrit-elle alors qu'une masse surgit à ses côtés.
Des frissons me parcourent quand nos regards s'accrochent. Je perçois de la noirceur dans ses prunelles, on dirait bien que le diable est toujours remonté.
Donc, c'est elle sa nouvelle copine ?
Il n'a pas peur de choper une IST ?
— Ma femme de ménage a quelque soucis mentaux, dit-il, me lâchant pas des yeux. Je veux que ma chambre soit propre dans une heure sinon, tu en paieras les frais. N'oublie pas la dernière fois quand je t'ai forcé à me regarder abattre un homme.
Je me fige quand les souvenirs émergent dans ma tête. Effectivement, je m'en rappelle de son sourire fou, ses yeux fous... tout était fou chez lui à ce moment là. Il n'était pas humain, non il n'avait pas pitié à ces hommes qu'il a sauvagement abattu.
Et actuellement, je n'ai aucune idée à quoi il joue mais bien sûr, il fourre ses doigts dans le nez.
— Tu es vraiment pathétique, Espen, dis-je avec un rictus avant de m'adresser à l'autre folle. Je suis Almira, la petite soeur de Matteo et je vais te donner un conseil. Cet homme ne va jamais t'épouser. Il va te baiser, t'abuser et jeter comme avec la dernière fille. Tu n'es que pas passagère.
La meuf sourit crispé et essaie de rester marbre mais je remarque cette lueur d'inquiétude dans ses prunelles onyx. Autant lui balancer la dure vérité tout de suite avant que le diable le fasse à sa manière et croyez-moi, sa manière est plus brutale que la mienne.
Cette pauvre Paola, elle était humiliée.
Je n'aimais pas cette fille mais j'ai eu de la peine quand je l'ai vu partir de la maison en pleurs, à moitié nue.
Mais cette énergumène esquisse un sourire mesquin et se colle au diable avant de sauter sur ses lèvres, caressant son torse d'une main sensuelle.
Je sens une irritation monter en moi et après avoir roulé des yeux, je me réfugie.
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« les méchants, envient et haïssent, c'est leur manière d'admirer. »
Dans un soupir, je ferme le livret et le pose à côté de moi avant de fixer le plafond. Je médite à cette citation qui m'intrigue et je la trouve assez contradictoire.
Depuis quand un méchant admire ? Il ne sait pas admirer car il est aveuglé par la colère. Comment peut-on admirer quand nous sommes rongés par la colère ?
Quand je suis entrée dans ma chambre, j'ai retrouvé mon livret sur le bord de mon lit, toujours dans son état quand le pompier m'a remis entre mes mains après l'avoir retrouvé sous les décombres de la maison.
Un détail m'a échappé. Le livret renâcle la clope et j'ai même remarqué de la cendre piégée entre les pages, prouvant mes doutes.
Le diable l'a bien feuilleté.
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Je sais qu'il me l'a piqué mais au fond de moi j'espérais qui le lisais afin d'apaiser son âme meurtri par ses démons mais faut être assez naïve pour rêver une telle chose pareille pour que ça se produise.
Dans la villa, il y a le diable, sa nouvelle meuf et moi.
Mon ventre crie famine et depuis presqu'une heure, je n'ose pas sortir de ma chambre. Je n'ai pas envie de l'affronter une énième. Est-ce que vous savez que c'est épuisante de l'affronter tout le temps ?
Devant lui, je fais genre que je n'ai pas peur de lui mais à l'intérieur, j'ai le coeur qui bat si rapidement qu'il me menace à tourner l'oeil.
Mon téléphone vibre et quand je lis le message d'Elsie, je chuchote un juron avant de sauter hors du lit. Elle ne sera là uniquement et ce soir et actuellement, il n'est que 13h19.
Je me mords les ongles, hésitante.
Aller Almira, porte tes couilles encore une fois. Après tout, qu'est-ce qu'il va me faire ? À part me tuer avec son regard de faucon, il ne pourra rien faire de mal.
S'il me touche, il brise le pacte entre les quatre clans.
Lentement, je m'extirpe de ma chambre et à la pointe de pieds, je descends l'escalier soufflant un soupir de soulagement. Mais ce fut une illusion quand je les vois immerger du jardin, humides. La meuf, rit aux éclats quand Espen la porte et la jette sans ménagement sur le canapé.
Je fais mine de rien et me dirige à la cuisine avant de fouiller les placards. Je me concote quelques sandwiches et m'assois sur un des hauts tabourets. Je mords un bout dans mon sandwiches mais un bruit attire mon attention.
Le bruit quand deux personnes se galochent.
J'avale de travers quand ce que je refuse d'y penser se déroule sous mes yeux. Le diable et l'autre bimbo se font un lavage de bouche et visiblement ma présence ne les dérangent pas.
Soudainement, tout se passe très vite et je me sens mal à l'aise quand la bimbo monte à califourchon sur lui, détachant son haut de maillot de bain. Espen arrime son regard au mien et une leur y traverse. Il ne semble pas vouloir rompre son regard et je me sens de plus en plus mal.
Un goût amer se coince dans ma gorge quand la bimbo ondule ses hanches sur le diable et je me lève précipitamment. Je me sens nauséeaseuse et je croise à nouveau son regard qui semble vouloir passer un message.
Visiblement, il n'est pas d'accord que je parte mais il se prend pour qui ?
S'ils veulent baiser, il n'ont pas besoin de moi à les épier.
Je claque la porte de la villa et me réfugie dans ma voiture avant de m'éloigner de ce bordel, l'esprit brouillé.
— Il est cinglé, qu'est-ce qu'il essaie de faire, je me chuchote en me mordillant mon ongles.
Je repasse dans ma tête quand Espen embrasse cette fille avec passion et quand celle-ci monte sur lui et commence à entreprendre des bails que je n'ai pas besoin de savoir. Ils ont baisé sous mes yeux.
Qu'est-ce qu'il a voulu essayé en faisant ça ?
Et bordel, pourquoi ça m'énerve tant ?
Ça me tracasse tellement et je ris nerveusement dans ma voiture.
Je stationne ma voiture devant un resto regorgé de mafieux avant de sortir, je décide prendre l'arme dans la boîte à gant et le caler dans ma ceinture.
Rageusement, je franchis le seuil du resto et j'ai conscience que la plupart des clients ont les yeux pointés sur moi mais je suis bien préoccupé à repasser en boucle ce qu'il vient de se passer sous mes yeux.
Je m'assois à une table et appelle une serveuse avant de passer ma commande.
Pourquoi ça m'énerve ?
Il essaie de me ridiculiser, c'est sûr et il a réussi, je me sens si humiliée d'être témoin de leurs ébats.
Je pousse un soupir tremblant et baisse ma tête en essayant de me remettre les idées en place. J'entends la chaise en face de moi crisser sur le sol avant de voir une paire de chaussures cirés. Agacée, je lève ma tête mais surprise est bien grande pour m'empêcher à placer un mot.
— Tu sais que c'est dangereux pour une fille comme toi d'être dans un endroit pareil, s'exclame Santiago avec son éternel sourire charmeur.
— C'est le seul resto qui font des bons burgers, je réplique en haussant les épaules
— Tu es peut-être Mexicaine, tu as les valeurs d'une américaine. Je connais un petit resto local qui font des bons tortillas, on ira un jour si tu veux.
J'esquisse un simple sourire afin de lui répondre et mon repas arrive enfin.
— Dis-moi ce qu'il se passe, reprend-t-il d'un air sérieux.
— Je vais bien !, je m'écris, surprise. Qu'est-ce qui te faire croire que tout ira mal ?
Il penche sa tête sur le côté et hausse un sourcil.
— Parce que tu te ronges les ongles et tes sourcils sont tellement froncés que tu vas te donner une migraine, sourit-il. Tu es la copie parfaite de ta soeur, alors ce n'est pas difficile de savoir comment tu te sens.
J'esquisse un sourire. Mais quelle conne ! Santiago a pratiquement grandi avec Alira et elle et moi nous formons qu'une. Nous nous ressemblons physiquement que c'est assez surprenants et perturbant. Cependant, je pense que nous avons des différences mais lesquels ?
— Je suis grillée alors, j'avoue après avoir piqué une fritte. Mais entre Alira et moi, c'est sûr que nous avons des différences, n'est-ce pas ?
Santiago me vole une des mes frites et il a la chance que je ne suis plus d'humeur à m'énerver. J'ai horreur quand on me vole ma nourriture !
Il semble remarquer mon regard noir et rit.
— Pour l'instant, je ne vois pas. Tu viens tout juste avoir la même réaction de ta soeur quand je lui vole sa nourriture. Il faudra que je t'observe assez longtemps pour détecter ces différences.
— Si tu le dis.
— Donc tu vas me dire pourquoi tu es de mauvaise humeur ?
Je soupire fortement avant de siroter ma boisson.
Mais qu'est-ce qu'il a foutre de savoir ma vie ? Pourquoi il s'intéresse à moi ?
— J'ai eu un petit conflit avec une personne, je marmonne entre restant vague afin de rester discrète sur ce sujet.
— Reyes, je suppose ? Cet homme ne manque pas de culot ! Je ne l'ai jamais apprécié depuis qu'il s'est battu avec mon frère.
— Pourquoi il s'est battu avec ton frère ?
Santiago tourne sa tête vers la fenêtre.
— Sa soeur est promise à mon frère mais il y a eu des rumeurs que mon frère a giflé Elsie. Ça a mis Espen hors de lui. Si mon oncle ne serait pas intervenu, je pense qu'il ferait manger ses couilles.
Ça, Elsie ne m'a pas avoué. J'ai entendu quelques mots sur ces mariages arrangés et je trouve ça complètement horrible. Comment peut-on forcer deux personnes s'aimer ?
Pauvre Elsie, elle est coincé dans une sacrée grosse merde entre Gaël et ce mariage forcé.
— Ce mariage était prévu depuis deux ans mais pour une raison qu'on ignore, Reyes repousse sans cesse cet évènement.
— Il est protecteur envers sa soeur, on ne peut pas lui en vouloir, je suppose avec une moue.
— Sûrement mais ce sont les règles et il doit les respecter. C'est quoi votre lien tous les deux ?
Pendant quelques seconde je le mire sans comprendre avant de bredouiller et fais tomber ma fourchette à mes pieds.
— Il n'y a rien entre nous si c'est ce que tu veux savoir !, je me justifie en récupérant ma fourchette. Pour l'instant, je vis chez lui mais ce n'est que temporaire. Léna t'a sûrement expliqué mon cas.
Il opine, l'air suspicieux.
— Mais jusqu'à t'interdire de rendre visite à ta famille, suppose que vous êtes proche...
— Tu te trompes, Santiago. Je hais cet homme. Il est pire que le diable !
Je crois lire du soulagement dans son regard azuré. Nous continuons à discuter et il s'avère qu'il soit très curieux sur mon enfance. Je lui ai raconté quelques bribes des mes souvenirs les plus marquant sans entrer dans les détails et j'avoue, Santiago est d'une bonne compagnie.
Il est compréhensible et ne s'énerve pas qu'on ne partage pas le même avis d'un sujet.
J'adore ces personnes-là.
— Tu viendras à la soirée ?, me demande-t-il en m'accompagnant jusqu'à ma voiture.
— Je ne sais pas encore. En fait, j'hésite.
— Pourquoi ?
Je grimace et ouvre ma portière.
— Je sais pas à quoi m'attendre. Je vais rencontrer une partie de ma famille et ça m'effraie un peu.
— Pourtant tu le dois. Maintenant, tu sais que tu es une Gonzalez et tu as désormais des devoirs.
Cela me terrorise davantage. J'aurai préféré rester dans le déni.
Depuis qu'on m'a appris que je fais partie dans un de quatre foutus famille mafieuse, je crains que ma vie ne sera plus la même. Les devoirs, les trafics et mon pire ennemi, le mariage arrangé !
Si on m'impose à me marier avec un inconnu, on va bien m'entendre !
— Je réfléchirai, dis-je finalement.
— Préviens-moi quand tu auras pris une décision, sourit Santiago avant me plaquer un bisou sur ma joue droite.
Figée, je le regarde en sentant mes joues se chauffer comme une pauvre ado prépubère. Il rit face à ma réaction et me salue avant de s'engager au chemin opposé.
Que s'est-il passé un instant ?
Je me refuse à penser davantage et décide qu'il est temps pour moi de retourner à l'antre du diable.
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