Chapitre 24

C'est un homme qui pointe son arme sur le diable tandis que les gardes de ce dernier lèvent leur arme dans sa direction. La tension est palpable dans cette rue soudainement désertique et je sens lentement que le diable me lâche le bras et glousse d'un rire qui frissonne tout mon être.

Pitié, pas de mort...

— Santiago, je te croyais mort sous les décombres d'un immeuble. Que c'est dommage, raille Espen en se postant devant moi comme s'il voudrait me protéger.

Mais pourquoi me protéger ? Qu'est-ce qui lui prend soudainement ?

— Je ne peux pas mourir si vite. Je dois encore te pourrir la vie, Reyes !  Je ne savais pas que tu es devenu un violeur, ton cas devient de plus en plus désespérant, réplique le prénommé Santiago.

Je déglutis, pensant sérieusement qu'il est assez fou pour balancer de telle connerie à la face du diable. Je ne suis pas sûre qu'il va ressortir vivant d'ici !

Discrètement, je m'éloigne du diable et celui-ci ne cille même pas et garde son éternel sourire machiavélique.

— Maintenant, tu me suis ? Ta place est dans le sud, Santiago, pas ici.

Santiago s'approche lentement de nous, ignorant ces dizaines armes pointés sur lui. Mon coeur s'emballe tellement que je suis à deux doigts à tourner l'oeil.

— Tu n'avais qu'à me demander pourquoi suis-je ici, Espen, chuchote-t-il une fois il arrive près de nous. Je suis venue rendre visite ma tante qui est la mère de cette jeune demoiselle dont tu viens agresser.

Je sens le corps d'Espen se tendre telle une arbalète à mes côtés et ma curiosité s'accroît de plus en plus. Léna est donc sa tante, donc ce Santiago doit être un de mes cousins maternel !

— Et tu sais quoi ? Tu viens tout juste agresser une Gonzalez. J'espère que la nouvelle ne parviendra pas aux oreilles du vieux, ajoute-t-il avec un sourire ravageur. Donc si j'étais toi, dégage d'ici.

La respiration coupée par la révélation, je me tourne vers Espen dont ses yeux ont soudainement virés aux noirs. Je connais ce regard et je sais qu'il s'apprête à commettre un terrible erreur.

Dans ma tête, Santiago est un malade mental pour le provoquer ainsi et visiblement il a un grade assez conséquent pour oser s'adresser ainsi au diable. Mais si Espen l'étrangle ici, ça sera la guerre au Mexique.

— Tu ferais mieux de partir. On parlera de tout ça quand je reviendrai, j'interviens avec une voix étranglée.

Enfin il pose ses yeux et mon être frissonne à nouveau. Il hésite mais j'insiste en haussant mes sourcils. Il abdique, peste des injures. Il braque un instant son regard de tueur sur Santiago qui jubile sur place avant d'entrer dans sa voiture, suivit par ses gardes. Quand les voitures disparaissent, je me fais face au type suicidaire.

— Je n'avais pas besoin de ton aide. Je gérais la situation, je rétorque sèchement. Il pouvait te tuer.

— Il voudrait me tuer mais il ne peut pas, réctifie l'homme avec un air amusé. Je voudrais te laisser gérer ce grand merdier mais la fille là-bas m'a forcé d'intervenir.

Il pointe une voiture grise et une silhouette qui émerge. J'ai less lèvres pincées quand Alira s'avance dans notre direction avec une démarche assurée. Depuis tout ce temps elle était là à  nous observer ?

Elle m'adresse un regard furtif avant de sourire à Santiago, posant sa main fine sur son épaule carrée.

— Merci Santiago. Comme tu l'as remarqué, on est toutes les deux des aimants à emmerde, s'exprime-t-elle. Je pense que vous vous connaissez enfin, allons à l'intérieur.

Santiago opine et ma soeur jumelle se tourne dans ma direction.

— Tu as apporté  beaucoup de sacs ou bien ? m'adresse-t-elle.

— Non. Allez-y toujours, je vous suis.

Elle tique et tourne les talons, Santiago à ses trousses. Je pousse un long soupir et récupère mon sac avant de les suivre. Je m'engouffre à l'intérieur de la maison et constate avec surprise que celle-ci est pratiquement vide et une odeur de peinture me pique les narines.

— Vous venez tout juste de vous installer ici ? je demande, surprise.

— Maman a pris cette décision quand tu as accepté de nous accorder une chance à nous connaître, explique Alira en s'asseyant sur le canapé gris. Avant qu'on revienne au Mexique, on vivait à Panama.

Donc, elles ont fait tout ce chemin... pour moi.

Je me sens reconnaissante par tant d'effort et je m'en veux la manière dont je me suis comportée avec elles chez Georges. Mais je garde l'esprit vif, elles n'ont pas encore conquis mon coeur et baisser ma garde si facilement me serait fatale.

Alira me fait le tour de la maison, m'expliquant en même temps le choix de ce quartier défavorisé. Selon elle, c'est le quartier d'enfance de Léna et ça lui tient à coeur de renouer ces liens avec moi dans ce quartier qui pue la merde.

Ma soeur jumelle discute avec moi et je décèle la méfiance qu'elle a contre moi. Je peux complètement être d'accord avec elle, après tout, c'est  pas commun de rencontrer sa jumelle perdue.

— Mais il y a un truc que je ne comprends pas. Qui est Santiago ?

L'intéressé lève son regard bleu sur moi et esquisse un sourire presque charmeur qui me met dans l'embarras.

— Je fais partie du clan Vargas mais je suis étroitement lié avec ta mère, explique-t-il en rangeant son cellulaire dans sa poche. Ma mère était amie avec la tienne mais ma mère est morte suite à un cancer du sein et c'est presque Léna qui m'a éduqué.

— À un moment de la vie, il vivait même avec nous à Panama mais son chef l'a convoqué, il était l'heure pour lui d'assumer son rôle, ajoute Alira en adressant un regard à l'homme.

Santiago est un grand homme mesurant dans les un mètre quatre vingt-cinq. Il est le cliché de latino. Bronzé, des cheveux bruns soyeux, un barbe entretenue et des petits yeux, j'avoue qu'il est charmant, enfin sexy. Je me demande si Alira et lui n'ont pas déjà eu des relations dans le passé. Comment être l'amie d'un mec hyper sexy sans avoir l'envie de le déshabiller ?

— Il y a beaucoup de choses dont je n'arrive pas à comprendre.

— Et je serai là à éclairer ta lanterne si tu le souhaites, intervient une autre voix.

Je fais volte face et aperçois Léna avec les bras chargés de bras. Alira vient à son secours et dépose tous les sachets à la cuisine. Je souris, crispé quand Léna m'enlace comme si sa vie en dépendait.

Qu'est-ce que je suis censée faire dans ce genre de cas ? L'enlacer ?

Non, il est encore trop tôt.

Voyant mon appel à l'aide, Santiago vient à mon secours et détache la femme de moi.

— Je pense que tu devais la laisser respirer un peu, rit-il.

— Excuse-moi, Mira, dit Léna, embarrassée. Ta soeur t'a bien accueilli ? Vous vous n'êtes pas chamaillées ?

— Maman, tu te fais trop de film, soupire Alira. Pourquoi je me chamaillerais avec elle ? Nous sommes assez grandes pour bien se comporter.

Léna sourit et pince la joue ma soeur jumelle.

— J'ai lu un article qui disait que cela arrive souvent que des jumelles se battent et croyez-moi c'est la dernière chose que je voudrais que ça se produise.

— Je ne suis pas une grande bagarreuse, donc il y a aucun risque, dis-je avec la bouche tordue.

Pendant un instant, je m'imagine me battre avec Alira et la scène est plutôt amusante. Entre crêpage de chignons, et s'arracher les seins... finalement, j'aimerais bien que ça se produise.

Les voir toutes les deux être si proche me rend un peu jalouse. Mon père et moi étions aussi proche et parfois il avait le don de m'agacer. Mais ce sont ces petits détails pourtant insignifiantes qui m'empêchent à tourner la page complètement.

Mais désormais, me voici devant ma nouvelle famille et je suis prête à leur donner une chance. Cependant, si j'apprends que cet approchement n'est qu'un pretexte et qu'elles ont voulu me duper, Léna et Alira regretteront de m'avoir croisé.

— Je vais cuisiner des tacos. J'espère que ça vous ira, lance Léna en se dirigeant vers la cusine.

Vivement, je lève ma tête, mon ventre criant famine.

— C'est mon repas préféré ! j'avoue en choeur avec Alira.

Pendant quelques secondes, nous nous regardons furtivement, choquées par ce lien qui nos unie. Outre notre ressemblance, je croyais qu'avoir une jumelle s'arrêtait uniquement à notre physique mais j'ai cette impression qu'on partage le même esprit, le même avis. Enfin, c'est étrange.

Santiago nous quitte et le repas se passe plutôt bien. La nourriture était tout simplement divine et j'étais moins gênée quand Léna me pose une série de questions comme si j'étais à un interrogatoire.

— Je ne savais pas que j'étais une Gonzalez.

— Enrique t'a vraiment éloigné de ta nature, bon sang !  peste Léna avant de siroter son vin.

Mais s'il a voulu m'éloigner de mes origines, c'est pour une bonne raison...

—Mon défunt père était le chef du clan Gonzalez mais aujourd'hui c'est mon frère aîné qui dirige le clan. D'ailleurs, il a hâte de vous rencontrer toutes les deux, reprend-t-elle de plus belle. Il organise une soirée le week-end prochain, ça serait bien que tu viennes Mira.

— Il faut que je réfléchisse. Le week-end prochain j'avais d'autres choses prévues.

Elle acquiesce simplement, déçue de ma réponse mais je ne voudrais pas lui filer la réponse qu'elle espère alors que je ne suis pas sûre de venir. Oui je l'ai menti droit dans les yeux, mais je ne veux pas que tout se passe si vite.

Je dois contrôler la situation.

J'apprends désormais que je fais partie du clan Gonzalez, donc je suis soumise à leurs lois et seul Dieu sait comment je hais les lois même si je m'efforce à les respecter pour le bien de tous.

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